Essai Citroën Space Tourer BlueHDI 180 : le transporteur venu d’ailleurs

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Conçu en collaboration avec Peugeot et Toyota, le Citroën Space Tourer apporte une belle dose de modernité dans le transport des familles nombreuses.

« Tiens, tu arrondis tes fins de mois en transportant des touristes chinois dans les beaux quartiers ? », me lance, goguenard, Benoît M., mon photographe attitré qui pourtant se dégonfla à l’idée de tirer le portrait de cette belle camionnette !

L’artiste nikonisé choppe des goûts de luxe. Faut dire, on sortait juste d’une Jaguar F-Pace V6 S et, encore, la prochaine, c’est #megaouverturedechacras. Alors, ce Citroën…

Pourtant, quelle erreur de jugement. Le Space Tourer, surtout dans cette déclinaison BlueHDI 180, boîte automatique EAT6 et en finition Shine, constitue une sorte de haut de gamme pour les familles, juste avant les versions Business dédiées aux pros, avec peinture noire et possibilité d’aménager l’intérieur avec des sièges qui sont positionnés en vis à vis, notamment avec 6 sièges individuels dans la finition Business Lounge. Et sur la même base, la version utilitaire s’appelle Jumpy et pourra aussi bénéficier de ce HDI 180 (en réalité, 177 ch à 3750 tr/mn).

Haut de gamme, donc, ne serait-ce que par son tarif : à partir de 51 200 €. Pour comparaison, le même moteur en finition inférieure Feel est à 43 550 € et le Space Tourer débute à 37 900 € en BlueHDI 95 et boîte manuelle 5 rapports. 95 chevaux : priez pour ne jamais avoir à rouler avec du vent de face.

Du haut de gamme, disais-je, ce que confirme le niveau d’équipement : passons sur la peinture « sable » en option (650 €), et qui constitue une nouveauté au nuancier 2017 de Citroën, et dont était équipée le Grand C4 Picasso essayé très récemment sur le blog.

De même, les jantes de 17 pouces et le système Grip Control (option à 500 €). Car pour le reste, c’est quand même très bien équipé : démarrage sans clé, affichage tête haute, intérieur cuir avec sièges avant massants et chauffants, sièges coulissants au second rang, climatisation automatique bizone, feux et essuie-glace automatiques, ouverture des portes latérales à distance via la télécommande, info-divertissement de pointe, régulateur de vitesse adaptatif, alerte de maintien de ligne…

C’est donc le créneau de ce Citroën avec ce nouveau Space Tourer : proposer un grand véhicule familial ou professionnel avec l’équipement et l’agrément d’une auto particulière. Qu’en est-il vraiment ?

3 tailles, 3 marques, 2 moteurs, 4 puissances

Fruit d’une alliance Citroën / Peugeot / Toyota qui remet donc le couvert après la triplette C1 / 108 / Aygo, le Space Tourer s’appellera Pro Ace Verso chez Toyota ou Traveller chez Peugeot.

Il repose sur la plateforme modulaire EMP2 (Grand C4 Picasso, Peugeot 3008…) et est disponible en 3 longueurs : courte (4,60 m de long, 5 places), moyen (mon modèle d’essai, 4,95 m de long, 8 places) et long (5,30 m, 8 places), et avec 2 moteurs (1.6 HDI, 95 ou 115 ch ou 2.0 HDI, 150 ou 180 ch). Dans tous les cas la hauteur de 1,90 m lui permet d’entrer assez facilement dans les parkings souterrains.

A l’intérieur, et sans avoir pu juger de la différence avec la finition Feel, ce Space Tourer Shine présente carrément bien. Certes, c’est un peu moins soigné que dans le Grand C4 Picasso essayé récemment, mais pour un engin d’origine « utilitaire », c’est quand même plutôt bien fait, avec une belle planche de plastique très présentable sur le haut de la planche de bord, et des inserts métalliques qui soulignent l’ensemble. Le tableau de bord est bien lisible et la planche de bord assez épurée.

On trouve facilement une bonne position de conduite grâce au siège réglable en hauteur et au volant sur les deux plans. La commande de boîte de vitesse est cette petite molette ronde ; venant d’une Jaguar, pas de surprise. C’est complété par un bouton « M » sur sa droite pour la sélection manuelle, via des palettes au volant. Mon Space Tourer était également équipé du Grip Control, via une autre molette situé à gauche du volant.

Comme une Aston Martin (ou presque) !

Bon, ok, c’est un peu capillotracté, mais factuellement, ça se tient : le Space Tourer a un vrai point commun avec une Aston Martin et ça, c’est la classe. Tout comme l’Aston Martin Lagonda produite entre 1974 et 1990, le Space Tourer dispose d’un toit vitré dédié aux passagers arrière, et pas aux conducteurs.

Tout ça pour dire que les passagers bénéficient de belles attentions : tablettes sur le devant des sièges, 4 prises 12 V dans l’habitacle, rideaux sur les vitres, ça le fait. Et curieusement, ça le fait un tout petit peu moins pour le conducteur, niveau ergonomie : la commande du régulateur de vitesse est bien planquée à gauche derrière le volant et est totalement invisible de nuit, tandis que, chose surprenante sur un engin aussi volumineux, il n’y a quasiment aucun espace de rangement à proximité du conducteur. Le vaste bac en bas de la porte est quasiment impossible d’accès, porte fermée, avec la protubérance du siège.

Ce dont tout le monde profite, par contre, c’est d’une des grandes qualités de l’auto : un silence remarquable qui contribue à un confort réel. Si pour vous, ces congélateurs à roulette ont autant d’agrément qu’une vieille Estafette, faites un tour dans les dernières générations façon Space Tourer, vous serez réellement surpris.

Même à froid le 2.0 HDI, bien planqué au fond du compartiment moteur, reste relativement discret. Et l’autre bonne nouvelle, c’est la qualité de son mariage avec l’EAT6. Par rapport à la même combinaison (mais en 150 ch) essayée dans le Grand C4 Picsaso, j’ai trouvé la boîte encore plus douce (il n’y a plus cette petite sécheresse au passage 1-2, tout juste sent-on un peu de patinage en seconde lorsqu’on la sollicite en ville, par exemple), tandis que le moteur, toujours aussi généreux en couple (400 Nm à 2000 tr/mn), dévoile sa bonne volonté bien plus bas, dès 1400 tr/mn. De fait, sans forcer du tout et dans une grande douceur, le Space Tourer Blue HDI 180 taille sa route et nul doute que ses nombreux passagers l’apprécieront.

Sur le plan dynamique, il faut reconnaître que sa masse reste assez raisonnable, puisqu’il ne fait « que » 1670 kilos dans la configuration de mon modèle d’essai. Du coup, si on a un effet un peu « balourd » au niveau des trains roulants (en même temps je n’ai roulé qu’à vide, c’est paradoxal, mais bon, peut-être que son comportement chargé aurait un peu adouci le fonctionnement des suspensions), le Space Tourer se distingue par une direction assez précise et un train avant qui ne se vautre pas en entrée de courbe. Je l’ai trouvé dynamiquement plus alerte qu’un de ses concurrents, le VW Multivan T6, essayé il y a presque un an.

Et ce d’autant que les 180 chevaux ne sont pas là que pour décorer. Certes, la vitesse maxi est bridée à 170 km/h chrono (rappelons que le VW Multivan, dans sa version TDI 204, dépasse les 200 chrono), mais le Citroën abat le 0 à 100 en 9,8 secondes, ce qui est assez dynamique. Pour comparaison, le Space Tourer HDI 95 fait 14,7 et 145 en pointe, et la vie doit paraître bien longue.

Rien de cela au volant du BlueHDI 180 d’autant que, on l’a dit, la boîte seconde bien le moteur et que le couple est généreux dès les plus bas régimes. Et ce même avec une transmission secondaire un peu longuette, avec 1400 tr/mn à 90 km/h en sixième et 2000 tr/mn à 130 km/h. Et quand on joue un petit peu sur petite route (fermée, comme le veut la mention adéquate), avec une 2ème qui monte à 90 et une 3ème à 130, on se retrouve presque à faire des appels de phare à de vieilles GTI façon R5 GT Turbo.

De fait, cette grosse camionnette est bien alerte dans le trafic ce qui, allié à son niveau de confort et de silence, en fait un peu une nouvelle référence dans le segment. Eh oui… Et si la porte du hayon est lourde et encombrante, on apprécie la vitre de custode qui s’ouvre… ainsi que le coffre qui laisse encore 603 litres même avec la troisième rangée de sièges. Quant à la conso, elle est annoncée à 5,7 l/100 en mixte officiel (soit en fait assez peu plus que la version HDI 95, qui elle annonce 5,5), et en réalité, je m’en tiens à 9 l/100, ce qui n’est pas si mal vu l’aéro de parpaing.

Photos : Gabriel Lecouvreur

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