Découverte Ford Edge : “Born in the USA !”

Edge

Le Ford Edge n’est pas en soit une nouveauté puisque nos amis d’outre-Atlantique connaissent ce nom depuis maintenant quelques années. Pour les cinéphiles, il s’agit des SUV noirs des méchants dans le film « 007 Quantum Of Solace ». Vous me croirez ou non, c’est par ce biais que je l’ai découvert et que je ne suis ainsi pas arrivé en terre totalement inconnue pour la découverte de cette deuxième mouture (la première pour nous européens), m’étant renseigné auparavant sur le modèle en question.

Munich. Non, je ne suis pas allé visiter le fameux BMW Welt ni essayer de surprendre des prototypes de la marque en phase de tests sur les routes bavaroises. Il s’agissait bien de notre destination pour les essais nationaux du dernier SUV Ford arrivé sur le marché européen : le Ford Edge. Je préfère vous prévenir tout de suite, ne vous attendez pas à acheter un morceau de rêve américain puisque les motorisations disponibles sur le vieux continent sont entièrement spécifiques à ce marché.

Nos chers amis d’outre-Atlantique disposent de V6 essence tandis que nous, moins bien lotis diront certains, n’avons le droit qu’à deux 4 cylindres diesel. L’un développant 180 ch, associé à une BVM 6 rapports, et l’autre de 210 ch associé à la nouvelle boite automatique Powershift que vous aurez le loisir de découvrir sur d’autres modèles à venir. Pas si américain que ça puisque les motorisations sont puisées chez PSA, la plateforme est européenne et l’assemblage est quant à lui effectué au Canada. Plus internationale comme voiture tu meurs. C’est d’ailleurs la nouvelle voie entamée par Ford avec le programme « One Ford » censé concevoir des modèles destinés au monde entier et plus uniquement à des marchés spécifiques. Bien sûr, certaines versions resteront allouées à la Chine ou aux États-Unis, mais ce Ford Edge constitue un beau premier exemple de la volonté de globalisation du constructeur américain.

Ils sont là, tous frais, tous rutilants, tous prêt à mordre l’asphalte, tous………………… orange ?! Eh ben on dirait que oui, orange… Je me vois encore dans l’avion prier pour pouvoir disposer d’un exemplaire dans une couleur un peu plus originale que les sempiternels blanc, noir et autres cinquante nuances de grey (oui oui je sais, elle était nulle celle-ci, il faut dire qu’il ne doit pas être loin de 22h à l’heure où je rédige ces quelques lignes). Donc, j’ai devant moi une superbe ribambelle de Ford Edge Sport 210 ch powershift en orange, au moins pas de problème pour ce qui est de la répartition des modèles avec mes autres très estimés confrères.

La couleur y est sans aucun doute pour quelque chose, mais la première impression en arrivant sur les lieux des réjouissances de la journée est… américain. Ce que j’entends par là ? Imposant, clinquant, tape-à-l’oeil, ailes larges et musclées, américain quoi, je me comprends c’est le principal (ah flûte, il faut que vous compreniez également…). Arrêtons nous donc plus en détails sur la face avant. Le capot, affublé de deux grosses nervures acérées renforce le caractère agressif de cette dernière. Les optiques, rectangulaires et plutôt banales, sont placées en hauteur et aux extrêmes de part et d’autre de l’énorme calandre noire qui a d’ailleurs perdu ses chromes pour faire son entrée sur le marché européen.

De profil, on se serait aisément passés des morceaux de plastique sur les bas de caisse qui viennent en partie gâcher l’allure plutôt dynamique de l’ensemble, notamment sur cette finition Sport. Le hayon très incliné casse un peu le côté mastoc de l’auto et apporte la petite touche de finesse qu’il manque en général aux SUV américains. Oui mais voilà, ajoutez à cela les optiques arrières largement inspirées/dérivées de celles des monospaces de la gamme actuelle et vous obtenez un SUV européen, et c’est bien ce qui me gène sur cette deuxième génération. Le Ford Edge abandonne ainsi son côté massif et s’affine pour s’adapter à un marché exigeant. Il y perd en charme ce qu’il y gagne en crédibilité visuelle pour le consommateur européen.

Est-ce « Born in the USA » pour l’habitacle également ? Au niveau de la finition, cela ne fait aucun doute, mais c’est également « Bonjour Tristesse «  pour l’ensemble. Noir c’est noir, il n’y a décidément plus aucun espoir à espérer de ce côté là. Le Ford Edge reprend le modèle d’habitacle initié récemment sur le dernier S-Max, on en perd presque l’impression de se trouver dans un SUV. Aucun côté particulièrement massif, pas de molette allouée à un quelconque système de terrain adaptatif, pas de chrome, même pas de plastique gris, c’est vraiment « full black ».

À défaut d’avoir un dessin séduisant, les sièges avant sont en revanche d’un confort exemplaire proposant à leurs occupants les options chauffants/climatisés/massants. La console centrale fait également contre grand prix de beauté preuve de style épuré. Surplombés d’un écran tactile de 8 pouces plutôt intuitif, les quelques boutons restants laissent pourtant penser avoir été jetés sur une plaque de plastique noir au hasard. La cartographie du GPS reste également bien en deçà de la concurrence, le temps de retard de la petite flèche sur l’écran par rapport à notre position réelle était assez impressionnant, sans compter les quelques moments où cette dernière se déplace d’un seul coup sans prévenir, pas toujours facile à suivre.

4,81 m de longueur, ça commence à faire. Ne proposant que cinq places assises, le Ford Edge autorise sans problème les (très) grands gabarits à venir s’installer aux places arrières qui accueilleront sans problème trois adultes tout en garantissant un confort optimal, ça a du bon la king size américaine ! Et ça vaut aussi pour la vertigineuse profondeur de l’espace de rangement placé sous l’accoudoir central et le coffre d’une taille de 602 litres.

Notre première étape pour rejoindre la profonde campagne bavaroise passe par quelques portions d’autoroute illimitée, l’occasion de vérifier si les performances sont au rendez-vous. Je m’engage avec précaution puis écrase la pédale d’accélérateur en espérant un kick-down du tonnerre (le kick-down, mais oui vous savez, le rétrogradage automatique de la BVA lorsque vous écrasez la pédale de droite pour vous donner plus de couple). Il n’en sera rien. Le couple pourtant camionnesque de 450 Nm ne se fait en tout cas pas vraiment ressentir à l’accélération. Les 210 ch m’encourageaient à m’attendre à une petite poussée mais rien de tout ça. Petite vérification sur la fiche technique, ah oui quand même ! Bien plus de 2 tonnes à déplacer avec deux personnes à bord et tous les pleins faits. Je commence à appréhender la réaction du père de famille au volant de son gros SUV prêt à dominer l’autoroute avec toute sa famille et ses bagages à bord.

Il m’aura fallu plusieurs kilomètres pour atteindre la Vmax annoncée de 211 km/h, et non sans mal. Qu’importe, je suis en train de m’égarer et de me concentrer sur des caractéristiques qui ne sont pas les siennes, contrairement à son homologue américain qui a sûrement eu le droit à un peu de « noblesse moteur ». Concentrons nous plutôt sur qu’apporte ce nouveau venu sur le segment des SUV familiaux. En termes de taille, il vient en effet se placer au niveau des BMW X5, VW Touareg, Mercedes GLE et autres Range Rover Sport pour ne citer qu’eux. Oui mais voilà, en termes de prix on est dans un autre monde. La concurrence visée se trouve donc plutôt au niveau des coréens avec le Kia Sorento ou le dernier Hyundai Santa Fe qui a déjà fait l’objet d’un essai sur ces pages, à retrouver sur ce lien. Nul doute que bien des clients préféreront pour une somme avoisinant les 50 000 € une part de rêve américain face au manque d’image et à la décote vertigineuse des SUV coréens.

Nous quittons donc l’autoroute afin d’apprécier les qualités routières et dynamiques de notre Ford et nous enfonçons petit à petit dans la Bavière où l’activité principale nous apparaît comme évidente : la sylviculture (pour les novices, tout ce qui a attrait à la culture du bois).

Sur route, ce n’est toujours pas un foudre de guerre, mais le confort de roulage est exemplaire malgré quelques effets « bateau » en virage : ça tangue ! Les imperfections de la route sont absorbées sans le moindre sursaut, la transmission intégrale est gérée automatiquement avec une répartition du couple entre les 4 roues recalculée toutes les 16 ms garantissant une motricité optimale : nous découvrons ainsi la transmission Intelligent-AWD. Il lui manque sûrement un système d’adaptation au terrain sur lequel on évolue, ce que propose en revanche nombre de ses concurrents. Le service marketing nous a ainsi répondu que le Ford Edge n’a pas vocation à emprunter ne serait-ce que des chemins hors-bitume, et il a raison. Franchement, qui parmi les propriétaires des SUV mentionnés plus haut ont déjà testé en conditions réelles l’efficacité des capacités tout-terrain de leur engin ? Soyons honnêtes, pratiquement personne. Le véhicule dont nous disposons a pourtant été chaussé de pneus Pirelli Scorpions (pneus mixtes référence en la matière), sûrement par prévention des quelques envies irrésistibles des essayeurs, et force est de constater qu’ils avaient raison. Nous n’avons pas pu résister à l’emmener hors-bitume dans les champs environnants.

La terre était fort humide, ce qui n’a pas empêché notre modèle de se comporter admirablement bien sans patiner une seule fois, pas d’inquiétude si vous voulez donc vous rendre chez Mamie Josette un jour de pluie dans sa maison perdue au milieu des Vosges, n’étant accessible que via un chemin qui ne semble jamais avoir connu autre chose qu’une fine couche de boue. C’est donc bien ici que les 450 Nm de couple se mettent à l’oeuvre et non sur l’autoroute pour des accélérations brutales n’ayant pas lieu d’exister pour un utilisateur lambda. Ces pneus ont également développé tout leur potentiel lorsque la pluie s’est mise à tomber fortement et qu’une couche d’eau de quelques centimètres recouvrait l’intégralité de la chaussée, nul besoin de réduire le rythme déjà soutenu, le Ford Edge démontre son savoir-faire dans une telle situation.

Malgré ce qui pourrait être considéré comme un manque (système d’adaptation au terrain), le dernier né de la gamme propose un système de direction assistée adaptative qui ajuste la sensibilité de cette dernière en fonction de la situation et notamment de la vitesse à laquelle vous roulez. Assez dubitatif sur le ressenti de cette technologie, un rond point serré efface tous mes a-priori : la direction est d’une légèreté sans pareille dans une telle situation, l’engin se conduit d’une doigt (et de l’auriculaire qui plus est !).

Enfin, Ford propose en option un système de réduction active de bruit vous assurant luxe (bon ça ce n’est pas vraiment acquis), calme et volupté (eux en revanche, ils y sont !). Des micros placés à côté des poignées avant de maintien au plafonnier ainsi qu’un autre dans le coffre absorbent le bruit pour en ressortir un bruit blanc, un peu à la manière des casques audios à réduction de bruit active. Personnellement, je n’ai pas vraiment ressenti les effets de cette technologie tant vantée par le constructeur, la faute à une focalisation de ma part sur le bruit de tracteur du 4 cylindres Diesel auquel je n’étais plus habitué (je veux un V6 essence !).

Résumons, pour moins de 50 000€, vous disposez d’un SUV au style tapageur, doté d’une motorisation modeste (je n’irai pas jusqu’à anémique, ne vous méprenez pas) privilégiant sobriété, avec des espaces alloués aux bagages et aux passagers exemplaires, aux innovations technologiques belles et bien présentes, et surtout, à une image bien plus flatteuse que ses concurrents coréens et pour moins cher ! C’est presque l’Amérique, laissez vous tenter !

Crédits photos : Maurice Cernay

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