Essai Audi Q4 40 e-tron & Q4 50 e-tron quattro : les pieds dans le plat

Après la Volkswagen ID.4 (essai à relire ici) et le Skoda Enyaq, c’est au tour d’Audi de dévoiler son interprétation du SUV électrique reposant sur la plateforme Groupe MEB. Le Q4 e-tron emboîte ainsi le pas de ses cousins pour livrer une interprétation typiquement Audi de la “démocratisation” (entre gros guillemets) du SUV familial tout électrique. Sa sortie en Europe s’accompagne également de deux annonces qui continuent de faire couleur de l’encre depuis :

Non content de tout cela, le Q4 e-tron est également le premier véhicule 100% électrique de la marque aux anneaux à reprendre l’un des préfixes (Q en l’occurence) habituellement réservé aux modèles thermiques (l’Audi A3 e-tron ne comptant pas puisqu’il s’agissait d’une PHEV). De quoi y voir un peu plus clair au milieu d’une gamme largement dominée par l’actualité électrique (e-tron, e-tron GT…).

Une gamme déjà complète

Dès sa sortie, Audi propose deux carrosseries de son SUV électrique : Q4 e-tron & Q4 e-tron Sportback. Ce dernier reprend une carrosserie de SUV Coupé, désormais chère à Audi puisque déclinée au sein de toute la gamme (e-tron, Q3, Q5). 4 niveaux de finition sont disponibles :

… ainsi que 3 motorisations :

Les prix démarrent à 42 800 € en version Q4 e-tron et à 44 800 € en version Q4 e-tron Sportback qui embarque de série le fameux Audi Drive Select permettant la sélection et la personnalisation de différents profils de conduite. Les prix peuvent grimper très vite à l’image de l’un de nos deux modèles d’essai (Gris Typhon en photo), un Q4 50 e-tron quattro bardé d’options et affiché à 84 685 €.

Look différenciant ? Pas chez Audi

Plus que d’acheter une voiture électrique, les clients optant pour un véhicule électrique se dirigent avant tout vers une Audi, et ça, le constructeur aux anneaux l’a bien compris. Il y a fort à parier que pour une majorité de clients, le Q4 e-tron soit sûrement leur première voiture électrique mais sûrement pas leur première Audi. Ainsi, tous les gimmicks de style sont bien présents pour ne pas perturber les habitués, à commencer par l’imposante calandre factice surmontant un élément propre à la finition S-Line, la fameuse lame à la finition gris aluminium. Derrière le logo prennent place de nombreux radars & capteurs destinés à la conduite autonome de niveau 2 et qui se font plus discrets que ceux que l’on peut retrouver sous la calandre d’une A6 ou d’une A7 par exemple, bon choix de la part de la marque d’Ingolstadt sur ce point. Enfin, et c’est une première chez Audi, les optiques avant adoptent en option une signature lumineuse personnalisable (4 choix sont proposés).

Le profil est certainement le point de vue le plus familier puisqu’il reprend la ligne de toit des VW ID.4 et Skoda Eniaq ainsi qu’un décroché très marqué au niveau de l’aile arrière. L’architecture du Q4 profite à l’habitabilité puisque qu’avec 10 cm de moins qu’un Audi Q5, il lui rend moins de 5 cm au niveau de l’empattement. À l’arrière, rien ne laisserait transparaitre encore une fois la nature de l’énergie qui propulse notre Audi Q4 s’il n’y avait pas écrit e-tron en grosses lettres sur le pare-chocs arrière (et l’absence de sorties d’échappement, moins notable).

À l’intérieur, le premier point marquant est l’adoption d’un nouveau volant de taille contenue et à double méplat qui fait immédiatement penser à celui d’une certaine marque au Lion. Le logo au centre se fait plus petit et surtout adopte ce qu’Audi appelle le “flat-design”. Entendez par là l’absence totale de relief. Si je laisse à chacun le soin d’apprécier ou non cette nouveauté, force est de constater que les nouveaux boutons des commandes au volant ne sont pas des plus qualitative. En lieu et place de plastique mat, on retrouve d’une plastique brillant avec des touches tactiles et rétro-éclairées. Le plus fort dans tout ça, c’est qu’il y a bien un retour haptique pour se rendre compte si l’on vient oui ou non d’actionner telle ou telle touche. Je préférais les anciens boutons pour ma part (à l’image de ceux que l’on retrouve sur la console centrale). Si Audi était précurseur dans la digitalisation de l’affichage du tableau de bord, le constructeur ne cède pour autant pas au “tout à l’écran” en tout cas sur le Q4 puisque les commandes de climatisation et le raccourci du Drive Select entre autres restent manuels. Toutefois, l’écran central de 11,6 pouces en option est le plus grand jamais installé à bord d’une Audi (10,1 pouces de série). Nouvelle innovation propre au Q4 e-tron, l’affichage tête haute en réalité augmentée qui superpose à la route les indications du GPS de manière active : une flèche pour vous indiquer un changement de direction change ainsi de taille et d’orientation à mesure que se rapproche l’embranchement. Audi fait également la part belle au rangement au sein de l’habitacle en proposant pas moins de 26 litres. On trouve ainsi des bacs de portières capables d’accueillir des bouteilles d’1L ou encore un bel espace sous la console centrale flottante. Côté finition, je ne pourrai juger que du niveau “S-Line” n’ayant que cette dernière à l’essai. Les matériaux sont de bonne facture à l’oeil comme au toucher et peu de plastiques durs viennent jurer. Je reste pour autant encore un fervent opposant au “piano black” entourant toute la partie flottante de la console centrale, sensible à la moindre trace de doigt.

Au volant, encore une Audi, même si… 

Même si quoi ? Eh bien même si l’Audi Q4 e-tron est une ……. propulsion ! Vous m’avez bien lu. Tout comme ses cousins du Groupe, le Q4 est bel et bien une propulsion en versions 35 et 40 e-tron. La transmission intégrale quattro (non permanente) est réservée au Q4 50 e-tron quattro et fait d’ailleurs perdre quelques précieux km d’autonomie (entre 20 et 40). Commençons avec le Q4 40 e-tron si vous le voulez bien (le Bleu Navarre sur nos photos). Nous disposons de 204 ch pour pousser (et non tracter) au bas mot 2050 kg à vide, autant dire un sacré bébé. Les performances affichées sont correctes avec un 0 à 100 km/h abattu en 8,5 secondes et une vitesse maximale de 160 km/h. Ne vous attendez pourtant pas à des poussées stratosphériques pourtant légion à bord d’un véhicule électrique. Le 0 à 50 ne vous collera absolument pas au siège et laisse même transparaitre un côté presque poussif, en tout cas pour un SUB arborant fièrement les 4 anneaux au milieu d’une telle calandre. Ne vous y méprenez pas, il reste ce qu’il faut sous la pédale pour aborder n’importe quel dépassement en sécurité mais force est de constater que les sensations d’accélération sont clairement aux abonnés absents.

Équipé de jantes 20 pouces, notre Q4 40 e-tron se montre très agréable sur parcours autoroutier avec un combo insonorisation / confort d’amortissement des plus exquis. Idéal pour profiter du nouveau système audio embarqué SONOS digne de nos attentes à bord d’un véhicule premium. En ville, le gabarit (près de 4,60 mètres de long) reste imposant et la direction un poil trop dure pour aborder l’exercice le plus sereinement possible. L’affichage tête haute à réalité augmentée ne se révèle pas à l’usage si révolutionnaire que ça (de mon point de vue en tout cas). 3 possibilités pour ralentir la bête : l’utilisation du mode B pour fonctionner avec une pédale unique, très appréciable en ville, l’usage des palettes au volant pour réguler sur 3 niveaux, en permanence et facilement le frein moteur et enfin la pédale du milieu dont les premiers mm de course sont destinés à utiliser le frein moteur plutôt que les freins mécaniques. L’usage des palettes se révèle naturelle au bout de quelques minutes d’utilisations et surtout plus que légitime sur les routes secondaires pour optimiser en permanence votre consommation. Ainsi, ce n’est pas peu fier que je ressors avec une consommation moyenne d’environ 17,5 kWh / 100 kms après une petite journée de roulage à bord du Q4 40 e-tron, soit une fourchette basse d’après les chiffres constructeurs (17,3 – 19,4). De quoi théoriquement vous assurer une autonomie dépassant allègrement les 400 kms, pas mal du tout ! D’autant que le Q4 e-tron supporte une puissance de charge jusqu’à 125 kW, soit 80% d’autonomie récupérés en 20 min et 100% en 30 min sur une borne adéquate. Une caractéristique intéressante à l’heure où certaines charges sont facturées à la minute d’utilisation.

(la consommation affichée est celle du Q4 50 e-tron quattro)

ID.4 GTX aux anneaux

Le cerise sur le gâteau, c’est sans aucun doute la journée passée à bord du Q4 50 e-tron quattro, qui reprend la “mécanique” du VW ID.4 GTX. 299 ch pour 2135 kg à vide mais autorisant tout de même un 0 à 100 km/h en 6.4 secondes et 180 km/h de vitesse de pointe. C’est le premier de ces deux chiffres qu’il faudra retenir, le ressenti à l’accélération n’ayant plus rien à voir avec la version 40 e-tron. Les départs arrêtés sont canon, les reprises dantesques et le style en accord avec les performances proposées : le Q4 50 e-tron quattro ravira les amateurs d’Audi qui en ont un peu sous le capot. Au delà de ça, on se retrouve même avec un comportement que l’on pourrait presque qualifier de dynamique, bien que ce véhicule n’ait rien d’une sportive entendons nous. L’amortissement piloté associé aux jantes de 21 pouces et aux pneus plus larges à l’arrière autorise en mode dynamic un comportement quelque peu incisif et une tenue de caisse parfaitement maitrisée pour un tel gabarit, aidée notamment par les batteries dans le plancher. De quoi exquisser un léger rictus après quelques virages. Un coup d’oeil sur l’évolution de la consommation et de l’autonomie restante l’effacera toutefois volontiers tout comme un freinage appuyé en utilisant cette fois-ci la pédale du milieu, dont le mordant reste à revoir et le côté spongieux peut effrayer. A y regarder à deux fois, je m’aperçois d’ailleurs que ce sont des freins à tambour qui prennent place à l’arrière… Surprenant.

Au final, c’est en mode “Efficiency” et usant des palettes pour ajuster le freinage régénératif que j’ai passé le plus clair de mon temps à bord du Q4 40 e-tron comme du Q4 50 e-tron. Ce mode grève habituellement nettement les performances lors d’une nécessité de dépassement et d’un kick-down plus que long, sentiment gommé ici grâce au côté instantané de l’électrique. Le surplus de consommation à bord du Q4 50 e-tron quattro reste mesuré avec une moyenne de 18,4 kWh/100 kms durant notre essai.

Les pieds dans le plat

C’est finalement cette expression familière qui m’est venue en repensant deux semaines après son essai au Q4 e-tron. Avec un prix d’appel sous les 45 000 €, il est éligible au bonus écologique. Configurable à l’envie et dès sa sortie, il se positionne comme l’alternative électrique dans la gamme Audi plutôt que l’alternative Audi sur le marché de l’électrique. La nuance est sans doute faible et ma manière de rédiger par forcément la mieux adaptée pour exprimer ce que je ressens mais ce qui est sûr, c’est que dès que l’on ouvre la porte, on retrouve une ambiance caractéristique d’une Audi et c’est une bonne chose car je le répète, le Q4 e-tron est destiné à une clientèle ayant pour la plupart déjà franchi le pas du choix de la marque aux anneaux. Inutile donc de m’attarder sur le prix exorbitant dépassant l’entendement pour notre Q4 50 e-tron quattro. Si vous trouvez ça trop cher, vous n’achèterez pas Audi alors que si vous achetez Audi (voire louez pour beaucoup), ce ne sera pas un problème. Si les performances ne sont pas votre premier critère de choix, le Q4 40 e-tron semble constituer une belle version, à condition de cocher les bonnes options. Voici pour terminer notre proposition (insérer ce code dans le configurateur Audi) : AK1GKB3N.

Crédits Photos : Maurice Cernay

Quitter la version mobile

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