Essai DS 9 E-Tense 4×4 360 : présidentiable ?

À l’automne dernier, DS profitait des cérémonies du 11 novembre et de l’apparition du président français Emmanuel Macron pour un nouveau coup de communication : une nouvelle version “présidentiable” du SUV haut de gamme DS 7 Crossback. Subtilement (ou pas) dénommé “Elysée”, le véhicule blindé abrite sous son capot une motorisation hybride rechargeable de 300 ch, voit son empattement rallongé de 20 cm pour un espace aux jambes supérieur pour les passagers arrières et voit apparaitre çà et là quelques sigles “RF” dont la signification ne vous échappera évidemment pas. A la découverte de ce nouveau porte-étendard de la flotte du gouvernement, une question me turlupine : alors que le président confirme son attachement à la marque haut de gamme du groupe Stellantis, pourquoi la nouvelle DS 9 n’a-t-elle pas retenu les faveurs de ce dernier ? Eléments de réponse dans cet essai pas comme les autres.

Difficile, très difficile de passer après mon estimé collègue Jean-Baptiste pour l’essai d’une nouveauté française plutôt bien médiatisée. D’autant que ses deux essais à retrouver ici et sont tout ce qu’il y a de plus complets. Je n’ai toutefois pas pu résister à la tentation de répondre par la positive à l’invitation qui nous a été adressée en début d’année pour prendre part aux essais dans le sud de la France des versions E-Tense 250 & E-Tense 4×4 360 de la DS 9, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, je suis un novice quasi-complet en ce qui concerne les produits DS, mes derniers souvenirs avec la marque remontant à l’essai de la DS 3 facelift de 2016 dans sa version 1.2 Puretech 130. D’autre part, chaque tentative de la part d’un constructeur français pour aller chatouiller la concurrence allemande est soit un bide complet, soit un succès limité à l’hexagone et quelques rares autres pays du vieux continent. Dans tous les cas, c’est forcément une aventure. Une aventure que je ne voulais cette fois-ci ne surtout pas manquer. Retour en 3 axes sur les atoûts présidentiables de ce nouveau fleuron de l’industrie automobile tricolore.

Le look : chic oui, sport non

Comme l’a déjà très bien résumé Jean-Baptiste, la version haut de gamme de la DS 9 ne se distingue extérieurement que par quelques menus détails par rapport à la version du tout-venant. Le détail principal étant sans aucun doute les jantes “Munich” de 20 pouces, un détail primordial à mon sens pour ne pas donner à la berline française un air trop fluet dans ses lignes très fluides. Elles sont chaussées de série en Michelin Pilot Sport 4S et abritent une version plus musclée du système de freinage avec des disques avant ventilés de 380 mm pincés par des étriers siglés “DS Performance” à 4 pistons. Les voies ont été élargies de 24 mm à l’avant et de 12 mm à l’arrière tandis que l’assiette a quant à elle été rabaisée de 15 mm à l’avant et de 5 mm à l’arrière, accentuant plus encore l’effet plongeant de la ligne globale lorsque l’on observe la berline de profil. Pas de facétie particulière au nuancier de couleur, notre DS 9 s’habille d’une teinte Gris Artense que je ne trouve curieusement plus sur le configurateur de la marque. Une couleur claire qui permet de mettre en lumière les lignes tendues de la DS 9 tout en camouflant en partie certains chromes exubérants, trop présents à mon goût. DS insiste énormément sur le côté avant-gardiste du design mais je ne vois dans le dessin de la DS 9 que peu d’originalité par rapport aux productions précédentes de la marque française, si ce n’est cette superbe lunette arrière finement dessinée surmontée de deux petits feux. Du reste, rien ne laisse supposer mis à part quelques fins connaisseurs que vous êtes aux commandes d’une cavalerie de 360 ch cumulés. Globalement, l’ensemble est statutaire, dans la lignée du DS 7 Crossback et conviendrait aisément à transporter un chef d’Etat. Reste la carte du blindage à explorer, et bien évidemment à cocher la case “Bleu Midnight” au moment de la configuration. 

Technologie et confort : pas tout à fait l’Elysée…

Ça aussi on l’a déjà dit, la DS 9 a un train de retard en ce qui concerne la technologie embarquée. Pas besoin de refaire tout un paragraphe à ce sujet, la prose de Jean-Baptiste (encore lui !) suffira à vous donner les informations dont vous avez besoin. Juste un avis personnel tout de même, au sujet de l’ergonomie. Contrairement à l’extérieur, on peut dire que DS va jusqu’au bout des choses en ce qui concerne l’avant-gardisme au sein de l’habitacle. La planche de bord, le volant, les motifs de la sellerie, les interfaces numériques, rien ne ressemble aux choix stylistiques des autres constructeurs. Pour autant, je fais clairement une overdose de losanges, il y en a absolument partout ! Des boutons jusqu’à la forme des compteurs, tout ceci va mal veillir à n’en point douter… Tout est assez déroutant et j’ai du mal à faire fi des nombreuses formes géométriques sur le tableau de bord et l’écran central pour trouver l’information que je recherche au premier coup d’oeil.

Pour ce qui est du choix des matières, DS a plutôt bien travaillé. On trouve du cuir à profusion dans notre finition Rivoli+, sans même avoir à cocher l’option “Intérieur Opéra” facturée 5 250 € supplémentaires et disponible en noir ou rouge rubis. En revanche, le bas blesse au niveau des seuls plastiques peristants : l’ajustement de ces derniers est loin, très loin d’être exemplaire (on peut même s’en apercevoir en zoomant légérement sur quelques photos dans cet article, au niveau du revêtement autour de la colonne de tranmission). Mi-figue mi-raisin pour l’intérieur donc, même si je me dois de nuancer mes propos en rappelant qu’à l’arrière, c’est Versailles. Pas au niveau d’une Mercedes Classe S ou d’une Lexus LS mais tout de même, l’espace aux jambes est bluffant et il ne manque plus qu’une tablette de travail derrière le siège avant droit pour que notre cher président puisse y poser ses dossiers chauds de la journée. 

Sur la route : la DS 9 survivrait-elle à l’attentat du Petit Clamart ?

C’est sans aucun doute l’un des événements les plus marquants de la 5ème République, auquel la marque aux chevrons a été à l’époque associée avec brio. Le 22 août 1962, le président de Gaulle échappe à une tentative d’assassinat lors d’une attaque commando perpétrée dans la commune du Petit Clamart alors que lui et son épouse tentaient de rallier l’aérodrome de Vélizy-Villacoublay. La survie de ces derniers est souvent mise sur le compte du courage exceptionnel du chauffeur mais également des qualités intrinsèques de la DS 19 présidentielle, criblée de balles et ayant permis au convoi d’arriver à destination à vive allure, malgré un pneu crevé. Lourd héritage pour la DS 9 qui si elle ne dispose ni de pneus increvables, ni de vitres et carrosserie blindées entend bien nous démontrer que rouler à vive allure en DS dans un confort présidentiable, c’est possible ! Et c’est d’ailleurs tout ce qu’on attend d’une DS après tout, surnommée dans les années 60 “Reine de la route” : du grand tourisme à tous les étages. C’est aussi bien comme ça que le marketing DS vante sa version 4×4 360 auprès de la presse du jour : “chez DS, nous privilégions le confort et y associons la performance”. Votre serviteur est là pour vérifier tout ça. 

Côté confort, je dois dire que rouler à rythme de sénateur au volant ou en passager de cette DS 9 est une sinécure. Sièges moelleux, insonorisation Pullman, système audio Focal, on peut s’endormir aisément sur la Marseillaise volume à fond. Je n’irai pourtant pas jusqu’à dire que l’on puisse le faire sur n’importe quelle route. DS met volontiers en avant ses suspensions pilotées à l’aide d’une caméra anticipant les aspérités de la route pour raidir ou au contraire ramolir indépendamment chaque amortisseur. Je m’attendais à un résultat à tomber par terre mais j’en attendais sans doute un peu trop. Certes le confort est excellent, mais loin de dépasser pour autant celui des grandes berlines allemandes, même s’il l’égale sans mal.

Côté performance, pour rejoindre notre fameux aérodrome à vive allure, DS a mis les petits plats dans les grands et comme son nom l’indique, notre DS 9 du moment propose 360 ch issus du mariage du 1.6 L Puretech de 200, d’un premier moteur électrique de 110 ch sur l’essieu avant et enfin d’un deuxième de 113 ch sur l’essieu arrière. Si vous suivez bien, ça donne une transmission intégrale. Les performances sont de tout premier ordre avec un 0 à 100 km/h abattu en 5,6 secondes et un 1000 m départ arrêté expédié en 25,4 secondes. La vitesse maximale s’affiche à 250 km/h, on peut bien qualifier cette dernière de “vive allure”, un premier point pour la DS 9. A noter que les 360 ch combinés sont disponibles seulement s’il vous reste suffisamment de batterie, sans quoi votre vaisseau impérial se transformera immédiatement en simple amas de métal propulsé par un 4 cylindres 1.6 L de 200 ch… Espérons que le chauffeur de notre président entende bien adapter sa conduite pour en avoir toujours suffisamment sous le pied, en cas d’attentat, on se sait jamais. Toujours est-il que même si l’on attendait pas la DS 9 nous surprendre sur terrain sinueux, la berline française réussit l’exercice avec brio. Il y a pourtant 1 900 kg à déplacer et à freiner mais notre exemplaire semble faire fi des lois de la physique et propose un châssis imperturbable au freinage, dans les courbes longues et étroites et même à la relance. C’est du sacré beau travail. Tout n’est pas parfait loin de là et si la direction en mode Sport manque clairement de consistance, la DS 9 semble toutefois coller à la route en toute circonstance. Un freinage appuyé ? Pas de problème. Tenir une corde en épingle sans crisser des pneus ? Elle peut le faire. Attention, on est loin du niveau d’une compacte sportive mais force est de constater que le travail sur cette DS 9 E-Tense 4×4 360 (c’est long d’écrire son nom complet) ne s’est pas limité qu’au groupe motopropulseur. Les français savent faire des châssis à n’en point douter.

Présidentiable ?

Alors M. Macron, on achète ? On n’achète pas ? Ca se discute. D’un côté les lignes statutaires correspondront à merveille aux désidératas de la fonction, de l’autre les performances semblent également remplir leur office. Pour autant, s’il attend de la DS 9 un exemple en matière de technologie et d’innovation en France, il faudra repasser plus tard (ou même jamais ?). Pour vous lecteurs, qui n’êtes sans doute pas président mais peut-être clients, il vous faudra débourser au minimum 70 400 € pour espérer posséder le nouveau vaisseau amiral tricolore. C’est cher payé compte-tenu des certaines lacunes, mais très peu cher au regard du fait de posséder un futur morceau d’histoire de l’industrie automobile française ? L’avenir nous le dira. Au fait, si l’une de vos réticences est le pays de fabrication, sachez que les DS 9 E-Tense 4×4 360 voient 20% de leur assemblage finalisé en France, la ligne de production en Chine n’étant pas équipée pour permettre d’assembler le deuxième moteur électrique sur l’essieu arrière. Sinon, vous avez aussi la 508 PSE, à retrouver à l’essai ici

Quelques chiffres

Dimensions : 4930x1930x1460
Poids à vide : 1905 kg
Volume coffre :  510 L
Volume réservoir : 42 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   1.8 L/100 kms (11.8 L / 100 kms constatés en conduite sportive)
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 49 gCO2 / km 
Moteur : 4 cylindres essence 1598 cc + 2 moteurs électriques 
Puissance max combinée : 360 ch à 6000 tr/min
Couple max : 520 Nm à 2500 tr/min
Vitesse max : 250 km/h
0 à 100 km/h : 5.6 sec

 

Crédits Photos : Maurice Cernay

 

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