Essai : Infiniti Q50 2.0t – A la carte..

Infiniti Q50 2.0 - 03

Peut-on compenser le déficit d’image par une surabondance de technologie ? Excellente question, à laquelle nous allons tenter de donner une réponse à travers le cas de l’Infiniti Q50, qui vient justement de se doter d’une nouvelle motorisation 2.0 turbo.

Par Gabriel Lecouvreur – Photos : Benoît Meulin

L’Infiniti Q50 s’adresse aux conducteurs épicuriens de la même manière que les gourmands salivent d’avance à la perspective de s’enfiler un bon T-Bone de 750 grammes baignant dans son jus de cuisson. Attention, pas un T-Bone de fast food, non. Allez, tiens, disons un bon gros de chez Morton’s Steakhouse, pour ceux qui connaissent (www.mortons.com, pub gratuite). Éclairages tamisés, boiseries dark cherry, petits boxes privatifs, service attentionné, ça vous coûte un bon gros paquet de dollars mais on ne les regrette pas et ça laisse des souvenirs. Sans même mentionner la perspective d’un carrot cake de 500 grammes. Et hop, plus que 4 fruits ou légumes aujourd’hui !

C’est qui le patron ?

Imaginez que le T-Bone vous arrive exactement comme vous le souhaitez. « La cuisson de votre steak, Monsieur ? Le filet bleu, le faux-filet à point et la partie près de l’os bien cuite, s’il vous plaît » : respect du client, extase dans la bouche, service personnalisé. La totale.

L’Infiniti Q50, donc, c’est ça. Voire plus. C’est réversible. Vous vous êtes trompés d’avis ? Vous pouvez encore changer en cours de route. Alors que même chez Mortons, essayez de renvoyer votre steak, pour voir la tête du serveur.
Bon, il veut en venir où avec ses métaphores bovines, le gars ? Faut le nourrir, ou quoi ? En fait, c’est simple : comme avec la gastronomie, il est tout à fait possible d’avoir une approche complètement épicurienne en automobile. Chacun a son opinion là-dessus, mais je pense que le plaisir en auto tient dans l’économie de moyens. Pensée, action, résultat : le moins de filtres pour le plus de sensations possibles.

Avec sa Q50, Infiniti propose la solution qui doit convenir à tous les goûts : ça s’appelle le DAS, Direct Active Steering, soit la première direction by wire au monde. Finis pivots, colonne et rotules, c’est ringard, tout passe par des boîtiers électroniques et des potentiomètres. Infiniti nous explique que « associé au contrôle actif de sortie de voie ALC (active lane control), la technologie révolutionnaire DAS améliore le contrôle et la précision de conduite ». Non seulement ça l’améliore, mais en plus ça doit être paramétré à votre goût. Une pression de l’index sur l’écran digital du bas (celui du haut affiche la carte du GPS), sur l’icône « Infiniti Drive Mode Selector » permet d’accéder à un second menu, qui donne le choix entre l’effort au volant (léger, standard et fort) ainsi que la réponse (souple, standard et rapide). Là, on se retrouve chez Mortons ! Et si je prenais la direction légère pour la ville, normale pour la route et rapide pour les virages ?
Super idée ! Banco.

C’est palace ?
Les évidences, hélas, se heurtent parfois à la réalité. Si elle est effectivement légère en ville, la DAS ne me donne pas entièrement satisfaction par un rayon de braquage dans la moyenne. Sur route, le paramétrage normal donne relativement satisfaction, jusqu’à ce que l’on se rende compte qu’il est nécessaire de procéder à de micro-corrections à vitesse stabilisée sur autoroute. La direction manque alors un peu de centrage. En mode « fort & rapide », les impressions ressenties me semblent plus en phase avec la dimension dynamique de l’auto.

Sur une portion de route tenue secrète, quelques enchaînements de virages effectués de manière répétée en jouant sur les combinaisons de réglages de direction me conduisent à deux réflexions.

La première, c’est que toute dimension sensorielle est éminemment personnelle. Mon feeling est différent du tien, et réciproquement. Tant mieux, d’ailleurs.

La seconde, je ne peux que là copier une des rares grandes plumes de la presse auto traditionnelle, hélas aujourd’hui à la retraite (sauras-tu trouver qui c’est, jeune amateur de blogs ?), qui écrivait jadis : « il vaut mieux du réglé que du réglable ». Tout en reconnaissant la débauche de technologie que représente cette DAS, on peut également louer la clarté de sa vision et la concision de sa pensée.

Mon tout, c’est qu’une fois que l’on a trouvé les réglages qui vous conviennent, il ne paraît plus tellement nécessaire de les modifier. Pour moi, ce sera donc « fort & rapide » : quand je tourne le volant, j’aime bien que les roues suivent, ce qui me conduit presque à demander encore plus de réactivité…

Vie à bord…

Une fois cette question réglée et en prenant un peu de recul, on se rend compte qu’on est bien, dans cette Infiniti Q50. La finition est impeccable et les belles matières flattent l’œil : jolis sièges en cuir et broderies sur le dossier, placages d’aluminium sur la console centrale, assemblages soignés, l’Infiniti n’usurpe pas son entrée dans le monde du premium. La position de conduite et le volant sont réglables dans tous les sens, l’ergonomie est bien pensée, les menus de l’ordinateur de bord et de l’écran central sont logiques.

Le bien-être passe aussi par le silence de roulement, ce qui permet d’apprécier d’autant plus l’installation audio Bose® Premium Sound, riche de 14 haut parleurs diffuse un son de grande qualité avec des basses qui ne saturent pas facilement. L’Infiniti Q50 soigne indubitablement ses occupants. Les suspensions contribuent au confort général : douceur en compression, bonne tenue en détente, maintien de caisse. En dépit des roues de 19 pouces de notre modèle d’essai en finition Sport, nul besoin ne se fait sentir d’un système piloté.

Et le moteur ?

Cette version 2.0 turbo est la nouveauté de l’année et vient en complément du 2.2 Diesel (170 ch et 400 Nm) ainsi que du V6 3.5 Hybride (364 ch et 546 Nm). En quelque sorte, ce nouveau 2.0 turbo a totalement sa place dans la gamme, tant par sa puissance (211 ch et 350 Nm de couple) que par sa philosophie. Les geeks de l’auto ne manqueront pas de remarquer que ce moteur est en fait identique à celui de la Mercedes C250, boîte auto 7 rapports comprise.

Compte tenu de son patrimoine génétique, l’on ne sera pas étonné de savoir que la douceur prime sur beaucoup de choses. Le 4 en ligne étale d’abord sa souplesse dans un bruit assez quelconque tandis que la boîte égrène les rapports dans la soie, de manière quasi imperceptible. En conduite de bon père de famille responsable et perrichonophile, l’allure dynamique de la Q50 relève du suggestif.

L’orteil droit se fait plus lourd ; le gros du couple fait son apparition vers 3000 tr/mn et le moteur se met à rugir gentiment (à mugir, donc), de 5500 à 6500 tr/mn. La poussée est consistante sans être violente mais les 211 ch sont bien présents. La BVA 7 fait plutôt bien son boulot à pleine charge ; en mode standard (trois modes de conduite sont dispo : standard, sport et neige), elle passe le rapport supérieur trop vite (en montée, lorsque l’on module sa vitesse, par exemple). On retiendra surtout qu’elle tire long : sur le 7ème rapport, ça mouline à 2000 tr/mn à 115 km/h et 3000 à 170. Calculez de vous-même : ça donne une vitesse de pointe théorique de 380 km/h. De quoi déposer un Airbus A320 au décollage à Roissy ! Heureusement, à la moindre sollicitation ou faux plat, la boîte remet la 6 rapidement. La vitesse de pointe est donnée pour 245 km/h et l’on apprécie la relative sobriété de l’auto, puisqu’à l’issue d’un long essai mené sur un rythme pressé mais prudent (mais pressé quand même), nous avons scoré un 9,1 l/100 (pour une conso officielle mixte de 6,5 l/100 et des rejets de 151 g de CO2). L’autonomie est supérieure à 750 km, ce qui est assez remarquable dans la catégorie.

Faut-il l’acheter ?

Dans notre beau pays bien diéselisé, une berline essence n’a pas vocation à se retrouver au hit-parade.

Si l’on fait un état des lieux de la concurrence, que trouve t’on ?
L’Audi A4 2.0 TFSI 225 ch débute à 37100 €.
La BMW 328i automatique (245 ch) débute à 42800 €.
La Mercedes C250, identiquement motorisée, est à 40 200 € hors options
La Lexus IS300h de 223 ch commence à 38490 €.

Ces tarifs sont plutôt inférieurs à ceux l’Infinit Q50 2.0t qui, dans notre version d’essai Sport, s’affiche à 45950 € (mais la gamme débute à 41500 €). Néanmoins, l’équipement est fourni avec un focus sur la sécurité remarquablement complet : régulateur de vitesse adaptatif, alerte au maintien de ligne, vue panoramique avec aide au stationnement et détection des objets périphériques…

À l’heure du bilan, l’Infiniti Q50 2.0t fait valoir une personnalité distincte dans ce segment, avec une allure soignée et sportive à la fois et un confort à bord tout à fait remarquable. Son moteur d’origine Mercedes lui donne des performances de grande routière, même si le package est légèrement moins épicé que la plastique suggestive nous le faisait espérer. Si la direction électronique DAS tient un peu du gadget, le niveau d’équipement et la qualité de la finition en font une offre qui a sa place dans le monde select du premium. Bref, l’Infiniti Q50 2.0t s’adresse au jeune cadre dynamique, père de famille, qui cherche une berline essence se distinguant de la masse du parc auto. Une pure analyse de profiler !

Note : nous avions précédemment essayé le Q50 dans différentes configurations ici.

Quitter la version mobile

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