Essai : le tour de la Peugeot 508 1.6 PureTech 180 EAT8 GTLine en 7 questions

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Une auto rouge devant une piste rouge

Décidement en pleine forme, Peugeot continue de renouveler sa gamme et c’est au tour de la grande berline routière de s’y coller. Une grande berline c’est fait pour tailler la route : essai de Paris jusque dans le Vercors avec le modèle essence de 180 chevaux.

Les griffes du Lion !

1. C’est quoi ?

C’est la nouvelle Uber-Mobile ! Et je suis même prêt à parier que c’est aussi bien plus que ça (je le souhaite à Peugeot en tous cas), car si la 508 actuelle termine une carrière bien remplie en étant surtout écoulée comme voiture de société et comme outil de transport de masse, surtout en livrée noire – cuir noir, la nouvelle pourrait avoir plus d’ambition. Car elle est nettement plus lookée : saluons le style Peugeot, renouvelé, qui lui donne une sacrée allure, avec les veilleuses à LEDs en forme de croc de tigre préhistorique à l’avant et le bandeau fumé qui relie les feux arrière, ça claque. De la berline conventionnelle et assez banale, on passe au truc qui fait se retourner les têtes, un peu à la manière d’une Volkswagen Arteon, essayée ici en version TFSI 280. Alors certes, et mes estimés collègues vous le confirmeront, on prend l’habitude de voir quand une auto a la capacité d’intriguer les autres automobilistes. C’est renforcé par le fait que, délicieux privilège, j’ai pu rouler avec cette nouvelle 508 avant qu’elle ne soit réellement commercialisée, mais on a l’impression qu’avec elle, Peugeot n’a pas raté son coup. C’est d’ailleurs ce que pensait aussi mon collègue l’estimé et excellentissime JB, lors de sa première prise de contact début juillet d’une 508 PureTech 225. Donc, si les chiffres de vente sont le reflet des questions posées, des pouces levés et des regards stupéfaits rencontrés lors de cet essai, dans six mois, notre bon Carlos Tavares, il se fait plaquer les balls en gold. Et par effet ricochet, Carlos Goshn se fait plaquer les siennes en platine, avec des diamants. C’est le dernier chic.

2. Et tes premières impressions ?

Ben franchement, c’est étonnant. On retrouve certes les codes des dernières créations Peugeot, mais entre le design des compteurs digitaux, l’implantation de la console centrale, qui enserre bien le conducteur, le dessin des sièges, tout est très stylé, encore plus dans cette finition GTLine, qui en impose avec ses belles jantes. Et pour avoir longtemps vilipendé les créations françaises pour la médiocrité de leurs motorisations, je me dis qu’il va être agréable de voyager avec cette auto. Le quatre cylindres fait 1,6 litres seulement, mais développe tout de même 180 chevaux à 6000 tr/mn et 250 Nm à 1750 tr/mn. Miam.

Une pure allure de grande routière

3. Et du coup, pour tailler la route ?

Ben franchement, c’est royal. Silence à bord (le 1,6 tourne à un petit 2200 tr/mn en 8à 130 km/h), belle qualité d’amortissement (avec les roues de 18 pouces de mon modèle d’essai), bons sièges (pas de maux à signaler après plusieurs heures de route), une sono Focal convaincante, une bonne connexion Bluetooth®, une ergonomie que l’on apprivoise vite grâce aux touches « piano » de raccourcis des menus, tout va bien. Ce n’est pas tout : avec le grand hayon qui permet d’accéder facilement aux 487 litres du grand coffre, on peut partir équipé (bon, pour chipoter, on notera quand même que sous son apparence de grand volume, le coffre de la 508 est en régression car l’ancien en faisait 512 et les déménageurs préféreront les 608 litres d’une Renault Talisman).

Le pauvre blogessayeur base peut partir en vacances avec sa guitare, et faire la manche pour payer le plein du retour… Heureusement elle est sobre.

Pour chipoter aussi, un petit mot sur l’arsenal sécuritaire : régulateur adaptatif et maintien de ligne actif font partie de la dotation (et aussi détection des piétons de nuit, un système intéressant et étonnant), mais l’ensemble est quand même assez sensible et donne une direction assez collante qui reprend souvent la main sur l’autoroute. Du coup, je l’ai rapidement déconnectée, en me promettant de la remettre en action pour le retour en petite forme, au beau milieu de la nuit.

L’intérieur ? Stylé aussi…

On compense avec une bonne nouvelle, en bonus : une belle sobriété : 6,9 l/100 sur autoroute pour une routière essence de 180 chevaux, c’est pas mal du tout. Et pour compenser, après quelques jours en montagne, des petits trajets quotidiens, du tourisme et un A/R à Grenoble en mode « je vais claquer la pôle », la conso se monte à 9,4 l/100.

Les sièges sont parfaits
A plus de 1,85 m, vous avez la tête dans le plafond. Au moins vous êtes calés.

4. Que du positif, donc ?

Oui, à deux ou trois détails près : d’abord, dans cet intérieur très moderne, l’absence de prise USB est étonnante même s’il y a bien une prise 12V dans le rangement situé à gauche du sélecteur de vitesses. Ensuite, j’ai quand même noté une petite sensibilité au vent latéral qui impose de fréquentes petites corrections au volant. Enfin, je sortais d’un essai d’un autre modèle PSA avec le 1.6 PureTech en 225 chevaux (une DS7 Crossback, à lire bientôt sur le blog), et j’ai trouvé qu’avec le 180 chevaux, la boîte EAT8, excellente au demeurant, est plus sollicitée : elle rentre assez souvent la 7voire la 6à la moindre contrariété, ce qui n’est pas non plus un vrai problème existentiel car tout se fait dans une grande douceur, mais on est là pour causer bagnoles, alors pardonnez-moi d’entrer dans ce genre de détails. Comment expliquer cela ? C’est peut-être lié à une valeur de couple moindre (le couple passe de 250 à 300 Nm sur le PureTech 225), même si l’on pourrait imaginer que la berline étant beaucoup moins lourde que le SUV qui est taillé comme un congélateur empli en vue d’une période de disette, en tire un vrai bénéfice en faisant moins travailler son groupe moto-propulseur. Moins lourde, suppose-je ? Eh bien pas du tout : la 508 PureTech 180 pèse 1420 kilos et la DS7 Crossback PureTech 225 en fait 1425. Comme quoi, les apparences… Bon, je chipote, mais ça ne retire pas grand-chose au résultat : la 508 reste une vraie bonne routière au point que j’ai taillé un Paris-Grenoble quasiment d’une traite, sans éprouver de raisons de m’arrêter autre que de découvrir les délices de la collection printemps / été 2018 de chez Haribo.

5. L’absence de prise USB, c’est nul.

En fait, c’est moi qui suis nul. Car j’ai mis plusieurs jours à la trouver (en même temps, je suis né grand prématuré dans les Ardennes, ça fait des handicaps physiques et sociétaux à combler). En réalité, il y en a deux, mais elle sont supra bien planquées, dans une petite cavité sous le sélecteur de vitesse, et comme le genou est plaqué là-dessus, ce n’est qu’en montant dans l’auto de nuit que je me suis rendu compte de leur existence. Les ergonomes de Peugeot ont failli avoir ma peau. Mais j’ai gagné.

6. Et sur le côté sportif de la chose ?

Là, hélas, je suis un peu plus mitigé. Et pour quelques raisons : d’abord, le moteur est assez linéaire, ce n’est pas le grand frisson mécanique. Que voulez-vous, je suis un vieux truc et dans ma jeunesse, 180 chevaux, on ne rencontrait pas ça tous les jours et quand ils s’exprimaient, on les sentaient vraiment tous (ah, la joie inénarrable des turbos à l’ancienne et des moteurs à carbus !). Et j’avais donc quelques raisons de me réjouir, avec modération et en toute responsabilité, bien entendu, en découvrant la montée dans le Vercors entre Grenoble, Lans-en-Vercors et Autrans. D’autant que je connais les trajs’ par cœur, puisque l’an dernier et quasiment à la même époque, j’y étais allé en Nissan 370 Z Roadster BVA. Mais là, au volant de la 508, je m’attendais à un peu plus d’émotions.

Pourtant les chiffres sont là, avec le 230 km/h en pointe et le 0 à 100 en 7,9 secondes, mais au volant, y’a comme un sentiment de trop peu, peut-être parce que ce moteur est très linéaire et pas super expressif sur le plan sonore. Faudrait essayer la version de 225 chevaux, pour voir (elle fait le 0 à 100 en 7,3 et fait pointer l’engin à 250 km/h, mais surtout, donne des reprises de 80 à 120 km/h en 4,3 secondes au lieu de 5,1). Néanmoins, ce moteur essence reste intéressant, que ceux qui ne jurent que par « le couple du Diesel » aillent se rhabiller : la version BlueHDI 180 EAT8 accélère de 0 à 100 en 8,3 secondes et en met 5,7 pour les reprises de 80 à 120 km/h ; bon, ok, elle se rattrape avec un bon 235 km/h en pointe. Pas très utile dans les environs de Lans-en-Vercors.

Et puis la boîte EAT8 ne va pas au bout du jeu : pas possibilité de la bloquer en mode purement manuel (le petit bouton « M » que l’on trouve à l’arrière du levier sur une DS7 Crossback 225, par exemple, est ici remplacé par un bouton d’aide au parking). Certes, les palettes au volant sont réactives, mais la boîte donne un peu de frustration. Par contre, rien à dire au niveau du châssis, de la vivacité, de la précision de conduite. Et c’est d’ailleurs justement pour cela et aussi parce que dans sa livrée rouge de la finition GTLine, elle a la tête de l’emploi, que j’avais envie de réclamer un peu plus de performances et surtout de sensations au volant. Par contre, Peugeot a entendu les critiques précédentes et, dans le Drive Select, le mode « sport » n’est plus associé à cette horrible sonorité artificielle qui sortait des haut-parleurs. Même les compteurs ne changent plus d’affichage : ça, par contre, ils auraient pu nous mettre un compte-tours rouge… Putain, ils sont jamais contents les blogessayeurs !

Il n’empêche que revenu à des intentions moins belliqueuses, je me retrouve à faire du tourisme contemplatif dans la vallée entre Autrans et Méaudre. Le silence de l’auto permet d’entendre les cloches des vaches, et c’est la sérénité absolue. Enfin presque absolue : personne n’a réussi à trancher sur le pouvoir de nuisance des cloches des vaches de montagne sur le caractère des marmottes.

C’est beau, le Vercors

7. Bilan des courses…

La nouvelle 508 est pleine de qualités. Elle est stylée (de l’avis général), elle est supra confortable, bien équipée. Son châssis est souverain, même à l’attaque sur les routes de montagne mouillées, grâce au grip des Michelin Pilot Sport 4 ; souverain au point qu’on aimerait presque avoir plus de moteur. Et même dans ce cas, si j’en crois l’avis de mon estimé collègue JB, connu pour l’acuité de sa vision et la précision de son jugement, la PureTech 225 n’est pas non plus réellement sportive. Néanmoins, si j’avais les 6000 euros d’écart (40 000€ pour la PureTech 180 en finition GT Line), je crois que je ferais l’effort (c’est trop cher ? Dans ce cas, une nouvelle 508 est à vous pour 32 300€). Moins pour les 45 ch d’écart que pour les 50 Nm supplémentaires. Le couple, l’apanage des grandes routières…

Just cruisin’

Photos : Gabriel Lecouvreur

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