En 2014, Lexus présente son coupé RC, dont le style est très largement inspiré du concept-car LF-C2 sorti un an plus tôt. C’est la première fois que le constructeur propose un véritable coupé grand tourisme dans sa gamme après les très réussis coupé-cabriolets (à mon goût) IS C et SC. Cette dernière avait d’ailleurs été élue “pire voiture du monde” par un trio anglais bien connu au début des années 2000. Intéressant d’ailleurs de voir comment le plus emblématique d’entre eux (comprenez Jeremy Clarkson) a retourné sa veste lorsque la LFA fit son apparition dans le paysage automobile de l’époque. En tout état de cause, son avis était très ferme sur la déclinaison F du coupé : une catastrophe. Alors non, nous n’essayons pas la RC-F restylée pour donner tort à notre cher ami anglais (notre essai est à relire ici) mais la RC300h, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle diffère en bien des points de sa soeur aux hormones.
Le coupé qui plait
Certaines autos plaisent à beaucoup d’entre nous sur le blog, alors lorsqu’elle est proposée en plusieurs déclinaisons de motorisations, c’est tout bénéf’ pour nous puisqu’on peut chacun trouver un prétexte pour essayer l’auto. “J’ai le droit, on n’a pas encore essayé ce moteur”. Malin. En plus bien évidemment de vous proposer un contenu plus que complet sur le blog ! Peu nombreuses sont les autos à ne pas avoir eu le droit ne serait-ce qu’à quelques lignes sur les pages de votre blog préféré. La Lexus RC fait apparemment partie de cette catégorie puisque que j’ai eu la chance d’essayer a RC-F et que mes collègues se sont quant à eux démenés pour vous proposer à l’essai la RC200t (aujourd’hui disparue dans la nouvelle gamme) et la RC300h.
Pour cette nouvelle mouture, Lexus ne semble pas avoir changé grand chose voire carrément rien du tout ! Les optiques avant abandonnent la petit coche en dessous du phare pour proposer un bloc d’un seul tenant. La grille de calandre quant à elle se fait moins complexe en dessin et adopte une grille en nid d’abeille, plus aérée, donnant à la face avant un soupçon de finesse qu’il lui manquait auparavant.
Le profil, comme à chaque fois lors d’un facelift reste inchangé. Les flans juste devant les roues arrières arborent fièrement un logo “Hybrid”. Tu le vois que je roule écolo ? Seules les jantes de 19 pouces adoptent là également un dessin plus simple à 5 double-branches. On se trompe rarement en choisissant ce type de dessin, d’autant lorsque le constructeur ne choisit pas d’affubler ses roulettes d’une couleur noire inutilement tape à l’oeil (même si vous avouerez qu’avec une finition Gun Metal, la RC ne donne pas dans la discrétion non plus). À l’arrière en revanche, les optiques perdent de leur finesse et rendent l’ensemble inutilement massif. Heureusement encore que Lexus a pensé a enlevé les strilles des sorties d’air factices comme présentes auparavant.
Le fond, pas la forme
À l’intérieur non plus les changements ne sont pas flagrants. La console centrale déjà datée à sa sortie en 2014 n’a pas bougé d’un iota et même si la finition reste exemplaire, le dessin semble franchement sortir de la décennie précédente. D’autant lorsque la fente du lecteur CD et si visible. L’écran a été remplacé par un plus large de 10’3 pouces. Ce dernier reste toutefois uniquement contrôlable via le pad entre le vide-poches central et le levier de vitesses. Pas très ergonomique d’autant que la navigation entre les multiples menus est loin d’être parfaitement intuitive. De ce côté là, les allemands sont clairement en avance. À 63 190 € dans notre version d’essai, la finition F-Sport Executive se différencie par un équipement complet (la gamme débute à 54 000 €). Sièges ventilés / chauffants, équipements de sécurité active, suspension variable adaptative avec sélecteur de mode de conduite, système audio Mark & Levinson, tout y est. Comptez facilement 10 000€ à 15 000€ de plus pour une configuration équivalente chez Mercedes si vous choisissez d’opter pour le Coupé E200, sans hybridation toutefois. Une autre vision du grand tourisme.
Les plus grands changements opèrent là où on les voit pas. La motorisation reste inchangée et la RC300h abrite toujours un 4 cylindres essence de 2.5 L associé à un moteur hybride duquel vous pourrez tirer au grand maximum 3 km d’autonomie en tout électrique. La puissance combinée reste donc inchangée et culmine à 223 ch. Plutôt peu pour un si grand gabarit de près de 2 tonnes. C’est côté structure et châssis que la magie Lexus opère avec une caisse rigidifiée, une direction retravaillée pour plus de précision, et un amortissement amélioré pour permettre des débattements de suspensions plus importants afin d’absorber les aspérités de la route tout en veillant à réduire au maximum le roulis. Le résultat est plutôt enthousiasmant. La RC300h ne se transforme pas en bête de piste loin de là et n’envisagez même pas de vous attaquer à la course de côté voisine. La copie reste en revanche honorable puisque sur tracé sinueux, les mouvements de caisse paraissent maitrisés avec des débattements contenus et un roulis qui surprend par son absence lors d’appuis mesurés en courbe. Le ressenti de la direction brille toutefois par sa médiocrité, très difficile de se faire une idée d’où se trouvent exactement vos roues avant, la démultiplication semble infinie. Dommage, on prendrait presque du plaisir à allonger tranquillement de longues courbes.
Sérénité de rigueur
La RC300h est toutefois maitre lorsqu’il s’agit d’enchaîner sereinement les kilomètres du moment que vous ne choisissez pas de brutaliser la pédale de droite sous seul prétexte que vous avez enclenché le mode Sport +. La cinématique du compte-tours singe celui de la RC-F en sur-lignant la zone rouge…………en rouge (fallait la trouver celle-là) puis le reste du compteur d’un épais bandeau blanc qui se remplit à mesure de votre montée en régime. Ça me rappellerait presque les heures interminables que j’ai passé à admirer en vidéo le même exercice à bord d’une certaine LFA, la comparaison s’arrête là tant les montées en régime du 4 cylindres s’avèrent tout aussi désagréables à l’oreille que leur discrétion à vitesse stabilisée.
Sur parcours mixte en conduite coulée, la RC300h me gratifie d’un admirable 6,5 L / 100 kms tandis qu’à allure modérément dynamique sur autoroute au régulateur, la moyenne monte à 8,5 L / 100 kms. Honnête mais avec un moteur si humble, il serait affolant d’observer des chiffres plus hauts. À vitesse stabilisée, chaque lever de pied se traduit en passage automatique vers le “tout électrique” jusqu’à ce que la pédale de droite soit trop sollicitée au goût du système. Je me surprends alors à effleurer avec le minimum de pression l’accélérateur pour rester dans mon humeur “je sauve les ours blancs”, ce qui surprend d’ailleurs les usagers autour qui associent apparemment la ligne de mon immense coupé japonais du moment à une déferlante de puissance, il n’en est rien. Il faut dire qu’avec 8,6 secondes sur l’exercice du 0 à 100 km/h et des reprises manquant clairement de punch, la RC invite au cruising, profitant des sièges ventilés, du système audio Mark & Levinson pour se refaire l’intégrale d’Hans Zimmer à 120 km/h sur la voie de droite de l’A10. L’isolation du monde extérieur est totale. La Lexus RC est une voiture d’égoïste, en témoignent également les sièges arrières qui se rapprochent plus des strapontins d’une Porsche 911 que des fauteuils d’une Maybach S650.
Seule au monde
Si la Lexus RC300h propose une vision originale et bien à elle du grand tourisme à la japonaise, ses performances en deçà de ce que sa ligne suggère et son manque d’image face à une concurrence allemande bien fournie l’handicapent sur un segment en perte de vitesse en Europe. Dommage que le gap soit si grand entre cette sage RC300h et la bestiale RC-F. Les motorisations V6 proposées à nos amis d’outre-Atlantique trouveraient pourtant en France toute leur place pour proposer une concurrente légitime face à la déferlante germanique. Lexus redoute sûrement le cannibalisme intra-gamme (c’est une nouvelle expression pour laquelle je viens de déposer un copyright pour les petits malins qui traineraient par ici avec des idées douteuses). Il faut dire que proposer un tel bloc sur la RC ferait grimper le prix pour se rapprocher doucement de ceux d’une LC500h, à la ligne nettement plus flatteuse pour l’ego. Peu d’espoir pour que ce véhicule pourtant attachant demeure au catalogue en France pour la génération prochaine.
Crédits Photos : Maurice Cernay
Merci à Lexus pour l’aimable prêt.