“Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis”. C’est sur cet adage plutôt bateau que je démarre ce nouvel essai, d’une connaissance pas si vieille. Novembre 2017, je rentre après une semaine de route à ses côtés peu convaincu du Mazda CX-5 Skyactiv-D 175. Je relis les commentaires, vais lorgner sur les articles de quelques confrères et me décide enfin à réitérer l’expérience et emprunter le CX-5 mû d’une motorisation chapeautant la gamme et plutôt originale sur le marché actuel : le Skyactiv-G 2.5 L atmosphérique de 194 ch. C’est parti pour le match retour !
On prend le même et on recommence
“Je pense qu’essayer des voitures japonaises en diesel, c’est complètement con, surtout chez Mazda.” C’est sûr ce commentaire laissé par un de nos nombreux lecteurs à la fin de l’essai du CX-5 Skyactiv-D que je me suis rendu à l’évidence, une Mazda n’est pas faite pour recevoir un moteur Diesel. En témoigne la volonté affichée dernièrement par la marque nippone de (je cite), “développer le meilleur moteur au monde”, alliant les avantages du Diesel tout en fonctionnant à l’essence. Une sacrée ambition qui porte le nom de code “Skyactiv-X”.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Mazda affiche de hautes ambitions pour l’un de ses groupes moto-propulseurs puisque chez ce constructeur, l’on croit encore et toujours en l’efficacité d’un moteur atmosphérique, dont beaucoup d’entre nous ont oublié les sensations.
On n’oubliera pas non plus les grandes heures du moteur rotatif dont on attend avec impatience la renaissance qui devrait arriver, ou pas, on ne sait plus trop avec toutes ces annonces contradictoires…
La technologie Skyactiv-G
Mais si on s’intéressait d’un peu plus près à ce fameux moteur ? Je ne vais pas vous relire la fiche d’options et d’équipements, vous en avez déjà eu un aperçu ici. Le 2.5 L Skyactiv-G reprend le bloc ancienne génération et y ajoute toutes les dernières technologies Mazda.
Il s’agit ni plus ni moins du moteur essence à injection directe qui dispose du taux de compression le plus élevé des moteurs essence. Pour les novices, le taux de compression correspond au volume de la chambre de combustion quand le piston est au point mort bas divisé par ce même volume lorsque le piston est au point mort haut. De manière simplifiée, plus le taux de compression augmente, plus le rendement moteur devient intéressant. Il en résulte pour cette nouvelle génération Skyactiv-G un couple plus important à régime identiqu, 15% d’économie carburant, en comparaison avec les moteurs Mazda de précédente génération et enfin une puissance maximale de 194 ch pour une cylindrée de 2.5 L. Pas mal pour un atmo !
Deuxième élément remarquable, la désactivation des cylindres. À vitesse stabilisée, les deux cylindres extérieurs du moteur se désactivent pour une économie de carburant allant jusqu’à 20% en dessous de 50 km/h mais chutant à seulement 5% à 80 km/h (c’est notre gouvernement qui va être content en voyant ce chiffre magique apparaître !).
De la théorie à la pratique
J’espère ne pas en avoir perdu la moitié. Rassurez-vous, on atteint rapidement la pratique. Caractéristique chez Mazda, les moteurs atmosphériques démarrent très haut dans les tours avec une sonorité rauque et digne de biens des petites sportives et ce durant une bonne trentaine de secondes avant d’atteindre un ralenti stable. La zone rouge s’étend de 6500 à 8000 trs/min et la vision d’un tel compte-tours me donne envie de choses pas très catholiques… Enfin pas le genre dont on aime se vanter sur internet, euuuuh plutôt des choses que je qualifierais à la limite de la légalité. BREEEEEEEF, vous m’avez compris : je veux aller taquiner la zone rouge du 2.5 L pour voir ce qu’il a vraiment dans le ventre. Et ô surprise ? On m’a même incité à le faire chez Mazda (promis je ne dirai pas qui, ton identité sera gardée secrète cher ami passionné). En premier lieu, je dois dire que le sentiment de se retrouver haut perché dans un SUV en 2018 mû d’un moteur atmosphérique, c’est assez particulier. On s’habitue vite à cravacher des Diesel à la pelle (et/ou à la peine, rayez la mention inutile) et à profiter d’un couple présent très bas dans les tours. Que nenni le cas présent. Ralenti stabilisé, la sonorité du 4 cylindres est totalement imperceptible. On réapprend surtout à conduire un atmosphérique, à haut régime pour des accélérations les plus efficientes possibles mais surtout avec douceur tant la consommation peut s’envoler avec ce type de motorisation. J’en veut pour exemple un trajet effectué par mes soins à l’aller comprenant de la route à 90 et de grandes zones à voies rapides limitées à 110 voire 130. Le résultat est sans appel avec une conduite brutale : 10.8L/100km contre 7,7L/100km pour le même trajet effectué de manière optimale. Un beau chiffre affiché pour un tel engin et ses 194 ch ! Même si les performances théoriques affichées ne semblent pas crever le plafond de la catégorie au regard du nombre de poneys développés par le moulin, le sentiment de puissance est réel à travers des accélérations continues jusqu’à 7000 trs/min et ce sans prendre la main sur le maniement de la boite automatique à simple embrayage, peu réactive mais d’une douceur exceptionnelle au changement de rapport. L’exercice du 0 à 100 km/h est abattu en 9,2 secondes tandis que la vitesse maximale plafonne à 195 km/h, rien de bien remarquable. Toutefois, la sensation de poussée est continue et franchement pas désagréable sur un tel véhicule.
Le trajet au long-court ? C’est là que se révèle tout particulièrement le CX-5, la boite de vitesses manquant un peu de vivacité (on en demanderait bien un peu plus au kick-down) s’avère d’une douceur exemplaire et à vitesse stabilisée, un véritable sentiment de quiétude règne. La position de conduite, le moelleux des sièges et l’amortissement, tout a été conçu pour que la route défile à n’en plus finir et ce avec un léger sentiment de satisfaction. Car oui, je suis satisfait. Ce 2.5 L en vaut la peine, et le CX-5 aussi. À environ 41 000 €, on n’a pas tout ça chez les allemands.
L’écrin Mazda
Mais ce dont je souhaite vous parler encore plus que d’un simple moteur, bien que celui-ci mérite un article à lui tout-seul, c’est de l’écrin Mazda. Écrin dont la marque nippone a fait son leitmotiv à travers l’expression “Jinba ittaï”, “faire corps avec la machine” comme le dit si bien la publicité. Bon, pour certains, faire corps avec une machine n’a rien de bien exaltant au premier abord. Et croyez-moi je vous comprends trèèèès bien. Ne serait-ce pas un moyen de vous faire accepter psychologiquement le fait que la machine peut prendre le pas sur vous ? Dans certaines voitures modernes, on est déjà presque au delà. Sur ce nouveau CX-5, je dirais que le mélange sonne à merveille. Ou ne sonne pas plutôt, tant le 2.5 L sait se faire discret à la demande, bien que la désactivation des cylindres ne le soit pas, elle, à la demande (vous devez être actuellement ébloui par mon génie et mon humour, et ma modestie bien sûr).
Je me souviens encore pourtant il y a quelques mois m’entendre critiquer l’intérieur du CX-5, le cuir notamment, noir à grains épais, ça ne m’enchantais guère. Je gardais pourtant un souvenir ému du somptueux cuir blanc croisé en juin 2017 sur une Mazda 6 Wagon. Mazda a écouté mes doléances : le voici ce fameux cuir blanc ! Vous voulez que je vous dise ? Ça change l’habitacle. Alors bien-sûr, il reste toujours le système infotainment pour lequel j’attends avec impatience la mise à jour prochaine et l’intégration de CarPlay (une fois qu’on y a goûté…). Le toit ouvrant me fait également penser à un coupé des années 90 tant sa découpe est petite et son utilité presque anecdotique vu la taille globale du pavillon.
Mais finalement, n’était-ce pas exactement tout ce dont j’avais besoin pour enfin reconnaître les qualités de ce CX-5 ? Une belle configuration et un moteur digne d’intérêt ?
Merci à Mazda France d’avoir osé laisser le match retour se dérouler, ce n’était pas gagné !
Crédits Photos : Maurice Cernay
PS : j’ai craqué de nouveau, faible que je suis… Vous souhaitez comprendre ? Rappelez-vous, Miata is Always the Answer… (cliquez là si vous aussi vous n’avez pas peur de succomber).