Essai Mazda CX-5 Skyactiv-D Sélection : nippon ni mauvais

Tout amateur d’automobile se doit de connaître la Mazda MX-5, le roadster le plus vendu dans le monde avec plus d’un million d’exemplaires depuis 1989. Si ce modèle truste l’esprit du grand public lorsque l’on parle de la marque nippone (avec les moteurs rotatifs), bien peu sont ceux en Europe à penser au reste de la gamme généraliste du constructeur. La faute à une communication plutôt pauvre dans l’hexagone ? Selon une étude l’argus.fr, il n’arriverait qu’en 35ème position des SUV les plus vendus en France en 2016. Toujours est-il que Mazda possède de solides arguments et une vision bien à elle de ce à quoi doit ressembler un SUV. Zoom sur le nouveau CX-5, outsider d’un marché qui tourne presque au pugilat tant les prétendants sont nombreux.

Présenté au salon de Los Angeles fin 2016, le CX-5 millésime 2017 a fait son apparition sur nos routes en milieu d’année : il était temps qu’il passe entre nos mains expertes (ou pas !!!). Si Mazda ne cesse de progresser en France, c’est notamment grâce à une gamme de SUV florissante. Le CX-5 de première génération (inaugurant d’ailleurs la technologie Skyactiv) vite rejoint par le CX-3 constituent à eux deux les meilleures ventes de Mazda en France. La marque japonaise joue donc gros dans l’hexagone en se penchant sur son best-seller. Au programme : grosses retouches stylistiques, nouveaux équipements, apparition du G-Vectoring Control et palette de motorisations très complète.

La stratégie reste rigoureusement identique au reste de la gamme – et à l’ensemble des marques japonaises soit dit en passant : l’accès aux divers équipements par paliers de finition et un choix d’options particulièrement réduit. Notre modèle d’essai dispose ici de la finition haut de gamme Sélection et d’un 4 cylindres Diesel 2.2 L (une cylindrée qui tend à disparaître sur le marché) développant 175 ch accouplé à une boite automatique 6 rapports et à une transmission intégrale. La seule manière de vous différencier des autres clients optant pour cette motorisation et cette finition est donc la couleur, ici un discret mais non moins superbe “Eternal Blue Mica” aux reflets pailletés comme presque seul Mazda sait le faire.

Une gueule de prédateur

C’est de 3/4 avant que votre CX-5 flambant neuf fera tourner les têtes. Mazda respecte à merveille ses nouveaux codes stylistiques, les optiques se font plus fines et le capot très pointu dépassant même légèrement de l’énorme calandre donnant l’impression dans votre rétroviseur que ce gros SUV vient vous manger tout cru. Quand au logo, il essaye sûrement d’imiter Renault avec un losange bientôt de la taille de la calandre.
Le profil est tout aussi racé, une ligne de fuite qui s’arrête dès la fin de la portière conducteur et des vitres latérales seulement soulignées d’un trait chromé. C’est simple, élégant. Ce serait presque parfait si ces vitres arrières surteintées et ces autres jantes qui paraissent minuscules (19 pouces pourtant) ne venaient pas gâcher l’ensemble.
Sans commentaires pour l’arrière. C’est plat, fade, massif sans être imposant, beurk, pas bien Mazda.

Un habitacle mi-figue mi-raisin

Globalement, l’habitacle parait harmonieux voire raffiné, mais si l’on se penche sur certains détails, le constat est moins élogieux. Le cuir, bien qu’agréable au toucher et à l’assise, semble tout droit sorti d’une japonaise des années 90 tant la taille des grains est importante. L’écran de 7 pouces semble perdu au milieu de tout cet espace et bien que le système navigation et multimédia ne souffre d’aucun défaut véritable, il est vieillissant voire obsolète face à une concurrence qui propose tellement mieux : R-Link, i-Cockpit, Virtual Cockpit, Adaptive Info Display et tutti quanti (le jeu consiste maintenant à retrouver quel constructeur se cache devant chaque système).
De plus, même si aidé par l’affichage tête haute, la lisibilité de la cartographie de navigation se fait parfois difficile avec par exemple un tracé bordeaux sur une route en rouge. Notons tout de même que les assemblages ne souffrent d’aucune critique et que Mazda a eu la main généreuse en plastiques poussés. Petite coquetterie avec des inserts plastiques imitations bois. C’est joli et ça se raye difficilement : c’est bien Mazda !

N’oublions pas cependant la caractéristique principale que l’on attend d’un véhicule de ce gabarit : l’habitabilité. Sur ce point c’est vraiment un sans-faute ! Des sièges avant chauffant, larges et confortables (mais d’un maintien latéral médiocre !) et des places arrières où mon 1.85 m s’est senti parfaitement à son aise (avec des sièges chauffant là aussi !) sans pour autant sacrifier l’espace de chargement, et c’est assez important pour le faire remarquer. Le CX-5 est destiné aux familles et ne s’en cache pas. Famille qui apprécie habituellement les toits panoramiques. Sauf que pour le coup, le fameux toit “panoramique” correspond plus à une meurtrière… Ça aussi ça vient des années 90 Mazda ??

L’autoroute volontiers, les petites routes beaucoup moins…

Avec notre moteur Skyactiv-D de 175 ch, il apparait clairement que notre CX-5 de la semaine est avant tout destiné aux longs trajets. Ça tombe bien, nous sommes vendredi en tout début d’après-midi et je quitte la morosité parisienne en direction du soleil Breton (ne rigolez pas). Un créneau avant de partir, je note une direction molle et assez difficile à cerner pour le moment, comme si les roues tournaient avec un temps de retard par rapport au volant entre mes mains. Et en l’occurrence, point de drive select ou autre sélecteur de mode de conduite, la direction est ainsi et tant pis si ça ne me plait pas.
La route ensoleillée de l’A13 dégagée face à moi, tous à l’ouest ! L’effet nouveauté opère et ce sont en général les propriétaires de SUV de marques concurrentes qui jettent un ragréé appuyé sur notre nippon de la semaine. Sur le parking d’une station service d’autoroute, c’est même un conducteur de Tiguan dernière génération qui passe 5 bonnes minutes à inspecter le CX-5 sous tous les angles.
Passé le déjeuner, la fameuse épreuve du péage, une sorte de 400 mètres départ arrêté à la Fast&Furious où l’été venu, une horde de pères de famille au volant de SUV des plus variés se mesurent les uns aux autres pour savoir qui sera le premier à arriver sur la voie de gauche. Bien que les chiffres annoncés promettent un 0 à 100 km/h en 9,5 secondes et que la masse à vide de 1535 kg ne paraisse pas spécialement handicapante, l’épreuve s’avère plus désagréable que prévue. J’eûs espéré que les 175 ch puissent me procurer un minimum de sensations à l’accélération…mais que nenni. D’autant que pied au plancher, le bruit du CX-5 ressemble en tous points à un vieux 38 Tonnes Diesel à l’agonie dans un col de montagne. Je n’avais à ce jour pas encore rencontré de SUV Diesel “moderne” aussi bruyant, et apparemment, l’insonorisation a été travaillée… Alors oui, à vitesse stabilisée, pas un bruit que ce soit au niveau du moteur ou de l’air contre la carrosserie, mais à chaque accélération, c’est une autre histoire.
La finition Sélection comprend l’armada habituelle d’aides à la conduite mais point encore de conduite semi-autonome. On se contente du Side Assist, des caméras habituelles, de l’assistant maintien de ligne et d’un régulateur adaptatif qui a d’ailleurs le mérite d’être très progressif dans ses agissements, et c’est important de le faire remarquer tant ceux d’autres constructeurs attendent d’être pile à la distance de sécurité adaptée pour freiner la voiture d’un seul coup. Le CX-5 s’apprécie aux vitesses légales et si possible sur autoroute, le voyage en famille est définitivement son credo.
Le 130 stabilisé se contente d’une consommation d’un peu moins de 8.0 L/100 km. On est loin des chiffres annoncés, mais avec 3 adultes, tous pleins faits, le coffre rempli, c’est tout à fait honorable !

S’il est parfaitement à l’aise sur l’autoroute, le CX-5 perd toutefois de sa superbe sur petites routes. Entre une prise de roulis conséquente à chaque virage, un amortissement ferme à chaque imperfection et cette direction difficile à cerner, on ne prend décidément pas plaisir à mener ce SUV hors des 4 voies. C’est d’autant plus dommage que le CX-5 millésime 2017 dispose en série du G-Vectoring Control dont je vous parlais au volant de la nouvelle Mazda 3. Mais pour autant, ce système inédit et déployé sur l’ensemble de la gamme (MX-5 excepté) accomplit son travaille à merveille. À travers de grandes courbes, le CX-5 est d’une stabilité assez impressionnante, pas une seule remontée d’information dans le volant laissant supposer un début de sous-virage et c’est bien là l’utilité du G-Vectoring Control : une stabilité optimisée en virage et une quasi-suppression du sous-virage. Malheureusement, ce système seul ne parvient pas à gommer le gros défaut du CX-5 : un amortissement très ferme et une prise de roulis déconcertante, c’est même un paradoxe. Un travail à ce niveau-là est clairement nécessaire pour enfin redonner l’impression au conducteur que Mazda a aussi pensé à lui.

Bilan mitigé

Considéré comme “SUV Compact” par Mazda, le CX-5 se positionne comme l’un des plus grands de sa catégorie. Si j’attendais avec impatience cet essai tant le style de ce SUV me plaisait, j’en ressorts quelque peu frustré. Le look agressif et les prestations autoroutières de bon niveau ne permettent pas de gommer certains défauts impardonnables tant la concurrence a un train d’avance. Que ce soit au niveau de l’infotainment, de la motorisation ou de l’amortissement, ces quelques points de passage obligatoires viennent clairement handicaper le CX-5 sur ce marché aux alternatives nombreuses et omniprésentes. À plus de 43 000 €, ce ne serait pas mon choix.

Merci à Mazda France pour le prêt du véhicule et à Jérémie pour sa disponibilité.

Crédits Photos : Maurice Cernay

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