Depuis des mois et des mois le Nissan Juke, un petit véhicule atypique au look pour le moins non-conventionnel, suscite agacement et convoitises parmi les constructeurs de tout poil au regard de son insolent succès aussi inattendu qu’incontestable… Oui mais voila, la concurrence en a assez de se faire dépasser par la droite et depuis quelques semaines les constructeurs généralistes passent à la contre-attaque et nous proposent des alternatives nombreuses et séduisantes au petit SUV nippon. Le Peugeot 2008 se pose comme l’un des très sérieux challengers de ce segment en devenir et à Sochaux on lui a fixé un objectif clair et résolument ambitieux : devenir le premier de la classe. Alors on passe aux évaluations et ça tombe bien, j’ai une certaine habitude de cette pratique…
C’est en Alsace, entre Strasbourg et Ribeauvillé, que Peugeot nous a conviés pour découvrir son nouveau petit SUV. Outre le fait que la région soit très agréable à parcourir (et je sais de quoi je parle…) le choix n’est nullement anodin de la part du constructeur au lion puisque le 2008 peut être considéré comme un enfant du pays. En effet c’est dans l’usine de Mulhouse et aux côtés de sa petite sœur 208 que sa production a été lancée (devancée pourrait-on même dire) avec quelques semaines d’avance sur les plannings initiaux. Un premier élément de satisfecit pour les dirigeants de l’entreprise car le réseau attend impatiemment cette nouveauté, il est parait-il « chaud-patate » (sic.) et le lancement commercial du 2008 se fera ainsi dès le 16 mai ce qui devrait permettre d’enchainer très vite sur la suite du plan-produit avec la très attendue 308 qui ne devrait plus se dissimuler très longtemps.
Oh regarde ! Une 208 SW ! Ah ben non en fait…
De toute évidence le choix des designers de chez Peugeot n’a pas été de faire un Juke-like mais plutôt un véhicule plus sérieux et mature. Pas de petite boule de nerf mi trapue mi haute sur patte avec des lignes dans tous les sens et des effets de style résolument ostentatoires, pas non plus de gros artifices issus du monde du tout terrain genre pare-buffle anti-caniche ou roue de secours en sac-à-dos et exit également les couleurs flashy (encore que sur ce point on sent que la tentation a été forte au regard des accessoires de personnalisation disponibles).
Maintenant soyez rassurés le 2008 n’est pas pour autant un véhicule dont le design hésiterait entre l’austérité monacale franciscaine et la désespérance d’une grise journée d’hiver au milieu de la taïga russe, il est seulement un véhicule que Peugeot a souhaité cohérent, sérieux, soigné et statutaire. Alors certes on pourra lui reprocher son aspect break surélevé mais il ne faut pas oublier que la gamme 208 n’aura pas droit à un dérivé SW contrairement à la Clio chez Renault, et sur ce point le 2008 se devait de répondre aux multiples attentes des clients actuels et futurs de la marque, c’est par une pirouette mais c’est chose faite. Et puis il faut également reconnaître que le design du véhicule a été particulièrement travaillé pour qu’au final il ne soit justement pas qu’un simple break surélevé. Ainsi la verticalité plus marquée de la face avant par rapport à la berline, les phares surlignés de DEL qui reprennent les caractéristiques stylistiques des derniers concepts de la marque, le capot nervuré, les coques de rétroviseurs chromées, la « vague » de profil qui émerge au dessus des portes arrières et qui se trouve accentuée par une pièce elle aussi chromée qui se prolonge sur le béquet, le bossage du toit ou encore les feux et leurs trois griffes lumineuses verticales sont autant d’éléments de style bien intégrés qui rendent l’engin homogène, plutôt athlétique et surtout indéniablement valorisant. En plus le côté baroudeur n’a pas été oublié avec les protections de bas de caisse, les barres de toit et le carter en aluminium à l’avant et à l’arrière et, bien entendu, la hauteur de caisse rehaussée.
Au final on se trouve devant un petit véhicule de 4,16 m qui a su faire la synthèse d’un très grand nombre d’inspirations diverses et s’il ne plaira peut-être pas à tous il devrait cependant pouvoir séduire une très large clientèle issue pour l’essentiel de la catégorie des citadines mais aussi pourquoi pas de celle du segment supérieur des compactes qui souhaiterait réduire la taille de son véhicule ou, plus prosaïquement, celle de ses dépenses automobiles, la crise est là…
Ouh qu’il est mignon le volant à sa mémère… Piti piti piti !
Dans l’habitacle repris quasi intégralement de la berline 208 ce qui surprend le plus en entrant est bien cet étonnant volant dont la taille, incroyablement réduite par rapport ce qu’on connait habituellement dans la production automobile, est en train de devenir une nouvelle marque de fabrique du Lion. On oublie d’ailleurs totalement dans un premier temps de regarder le reste de la planche de bord et on ne songe qu’à une chose, prendre en main le susdit mini-volant. Pour ma part j’aurais aimé que sa jante soit un tantinet plus large mais je m’y suis fait presque instantanément et, durant la conduite, c’est incontestablement un élément déterminant du confort de conduite et de la sensation de dynamisme du 2008. Assis plutôt en hauteur comme il se doit dans un bon SUV et bien installé dans des sièges à la fois confortables et offrant un bon maintient latéral on peut alors faire le tour du propriétaire de cet habitacle.
Première remarque, on s’y sent plutôt bien car la sensation d’espace est très agréable. Cette dernière est accentuée par la planche de bord, assez verticale, qui ne se montre pas envahissante, par le vaste pare-brise, les fenestrons avant (qui permettent aussi d’admirer les coques des rétroviseurs…) et surtout par le superbe toit vitré qui laisse pénétrer la lumière et qui évitera pratiquement à coup sur la sensation de claustrophobie aux passagers arrières, un équipement vivement conseillé pour profiter vraiment de ce 2008. Ces mêmes passagers arrières auront par ailleurs d’autres raisons de se sentir bien car l’espace qui leur est dévolu est là aussi bien agréable même si l’on peut regretter (et même s’étonner) que le plancher ne soit pas plat et qu’il faille donc composer avec un tunnel central et qu’il n’y ait pas non plus d’accoudoir central. A noter enfin le coffre très pratique qui propose une belle contenance de 350 litres avec un seuil de chargement bas, un très beau rail en métal pour vous accueillir, un filet de maintien et une modularité idéale puisque les sièges se rabattent particulièrement facilement en offrant un plancher plat intégral qui permet d’afficher près de 1200 litres de capacité de chargement.
L’ensemble de cet intérieur présente bien et même si tous les plastiques ne sont pas d’une qualité exceptionnelle, les matériaux utilisés, notamment pour les inserts, sont bien choisis, cohérents entre eux et offrent une qualité perçue globale de très bon niveau qui, en finition haut de gamme, donne à ce 2008 des airs de véhicule premium Le style sera par contre probablement plus clivant, c’est naturellement une affaire de goût mais pour ma part je ne suis que moyennement séduit par le design général qui, même s’il est assez épuré, manque parfois de fluidité. Ainsi la « tablette tactile » accueillant le système multimédia est positionnée sur une « excroissance » un peu disgracieuse de la planche de bord pour être facilement accessible (et elle l’est parfaitement) et la colonne de direction, très visible, apparaît bien longue alors qu’elle ne dispose pas des matériaux les plus valorisants et qu’on y retrouve les très anciens commodos du groupe. Je ne me suis pas non plus habitué à la forme et à la préhension du levier de vitesse et, en ce qui concerne le frein à main, son dessin est certes original mais il n’est pas très facile à débrayer et ne permet pas de gagner tant de place que cela.
Maintenant qu’on aime ou pas (et au final je ne déteste vraiment pas) il faut reconnaître que l’ensemble est parfaitement pensé, très ergonomique, très intuitif et qu’en quelques toutes petites minutes on retrouve toutes les fonctions du véhicule les yeux fermés.
Wééééééééééééh, quand je tourne la clé le moteur démarre…
On en est toujours à la bonne vieille clé à ce niveau de gamme chez Peugeot et c’est tout de même un peu dommage car, s’il faut bien avouer que cela reste un détail, disons que dans cet univers plutôt high-tech un petit bouton « start » n’aurait pas été incongru. Bon passons ! Le véhicule s’ébroue très légèrement et les compteurs s’allument en faisant faire un rapide aller-retour aux aiguilles. Ce combiné d’instrumentation, et surtout son placement assez surprenant, très en hauteur sur la planche de bord, a depuis le lancement de la 208 souvent été à la base d’interrogations liées à sa lisibilité par rapport à la jante du volant et je me suis moi-même posé la question au préalable. Eh bien sur ce point il convient de se montrer absolument catégorique il n’y a strictement aucun problème de lisibilité, bien au contraire puisque les compteurs se trouvent pratiquement dans l’axe de vision du conducteur et qu’il n’a que peu de distance à faire avec ses yeux pour passer de la route aux aiguilles et inversement. Dans ce 2008 on a en plus droit à un petit élément visuel agréable puisque sur la plupart des versions les compteurs (qui me font toujours furieusement penser à ceux du concept Audi Nuvolari de 2003) sont cerclés par un très esthétique jonc lumineux bleu, ça en jette. Par contre je suis bien content qu’on puisse retrouver un répétiteur numérique de la vitesse sur l’écran central parce que sur le tachymètre les vitesses ne sont pas écrites horizontalement mais autour du cercle, du coup pas de problème à 90-110 mais c’est un peu plus délicat à 50, en même temps c’est peut-être mes yeux…
A son lancement le 16 mai prochain le 2008 sera proposé avec trois motorisations diesels, 1,4l. HDi 68 ch., 1,6l. e-HDi 92 ch. (proposé également avec la boite pilotée BMP6) et le 1,6l. e-HDi 115 ch., et deux motorisations essences, le nouveau trois cylindres de 1,2l. VTi de 82 ch. (lui aussi disponible avec la boite pilotée mais à 5 rapports) et le quatre cylindres 1,6l. VTi de 120 ch. A noter que ces deux blocs essences seront bientôt épaulés par les versions THP en 110 et 130 ch.
N’ayant pas pu participer à l’ensemble des essais presse de cette 2008 mais seulement à la deuxième journée il ne m’a pas été possible de tester les motorisations les plus hautes de cette Peugeot mais ce n’est peut-être pas un mal car ce crossover n’a pas forcément besoin d’une débauche chevaline pour donner du plaisir à son conducteur.
Un virage à gauche, un virage à droite… un autre virage à droite, miam !
Bien qu’ayant commencé très calmement par le moteur essence de 82 ch. sur un parcours peu sinueux et plat on sent presque instantanément le potentiel du châssis du véhicule. Avec 118 Nm et un 0 à 100 km/h annoncé en 13,5 secondes le bloc ne transforme pas ce 2008 en super sportive mais néanmoins il est plutôt agréable à conduire et offre un bon compromis pour une utilisation essentiellement urbaine même s’il ne rechigne pas à être un peu cravaché sur route. Par contre il faudra composer avec sa musicalité très moyenne car il donne un peu la sensation de « grattouiller » à chaque accélération et se montre tout de même assez bruyant.
Le e-HDi 92 ch. l’est également mais ses capacités me sont apparues très adaptées au véhicule pour un usage polyvalent, il offre de bonnes reprises sur tous les rapports grâce à son couple important (230 Nm) et peut même facilement monter dans les tours sans faiblir. Du coup sur un parcours bien plus vallonné et tortueux on peut essayer de pousser ce Peugeot dans ses retranchements… Et là je dis bon courage car, ce n’est pas un scoop, mais cela doit être souligné une fois encore, à Sochaux on sait faire des voitures dynamiques qui tiennent la route et qui offrent en plus un confort de très bon niveau.
Très sincèrement, il faudrait se montrer particulièrement de mauvaise foi pour critiquer les capacités routières de ce 2008, il est naturellement très à l’aise en ville compte-tenu de son gabarit mais se montre également particulièrement à la hauteur sur route, et encore plus si celle-ci a le bon goût de ne pas être rectiligne. La direction est douce et précise, le petit volant devient un véritable régal à manipuler, le véhicule ne prend pratiquement pas de roulis malgré sa hauteur et on enchaîne les virages joyeusement grâce à un train avant qui répond au doigt et à l’œil et à un train arrière absolument imperturbable. On rajoutera à cela une suspension qui gomme efficacement les irrégularités, un confort d’assise très appréciable et une bonne visibilité périphérique. Un grief malgré tout en ce qui me concerne, je n’ai pas aimé le maniement de la boite de vitesse, non qu’elle soit mal guidée mais plutôt parce qu’elle est un peu caoutchouteuse et que la forme du levier ne m’est pas apparue très agréable à manipuler. On pourra aussi regretter que seuls les blocs les plus puissants bénéficient d’une boite à 6 vitesses, ce sixième rapport serait le bienvenu sur l’autoroute pour faire baisser le niveau sonore un peu élevé à 130.
Un mot rapide sur le moteur diesel de 68 ch. qui ne doit pas être à écarter au moment de l’achat car certes il offre des prestations qui le rendent probablement un peu moins polyvalent (encore que…) mais il est également très souple, moins sonore que le 92 ch. et il se montre vraiment très frugal.
T’as un SUV et tu montes pas dans les arbres, non mais allô quoi !
Malgré son look de baroudeur le 2008 n’est évidement pas un 4×4 (et ne sera d’ailleurs pas décliné en transmission intégrale) mais Peugeot à tout de même souhaité proposer sur son bébé un équipement qui pourrait bien lui donner un petit argument de vente supplémentaire. Le « grip control » (c’est son petit nom) dont sont équipés en série les modèles les plus huppés est un système qui optimise la motricité et que l’on peut gérer via une molette située entre les sièges avant selon le type de terrain sur lequel on s’aventure : boue, neige, sable, etc. Sur 2008 il est également couplé à une monte pneumatique particulière dite Mud & Snow (en 16 ou 17 pouces) dont les sculptures sont plus prononcées et qui offre la particularité d’être la même pour l’été ou pour l’hiver. Plus besoin donc de changer ses pneus à l’automne et au printemps et c’est un avantage non négligeable en particulier sur les marchés où une monte hiver est obligatoire.
Pour démontrer l’efficience de son système Peugeot avait organisé un petit atelier dédié et il faut bien reconnaître que si le 2008 ne se transforme pas en franchiseur de l’extrême grâce au grip control il se sort néanmoins de situations dont peu d’autres véhicules pourront effectivement s’extirper. Du coup les petits chemins de sous-bois ou de montagne ne font vraiment pas peur à cette Peugeot et on peut même s’y amuser joyeusement grâce à la garde au sol importante, ce que je n’ai pas manqué de faire…
Ok monsieur Peugeot, il me plait ton truc, annonce ton prix…
Comme toujours les versions d’essai sont intégralement équipées de toutes les possibilités offertes sur le véhicule et proposées en finition haut de gamme, on peut donc allègrement dépasser les 25 000 € avec son 2008 si l’on décide de le prendre en version Féline Cuivre HDi 112 mais l’entrée de gamme (Access) est elle fixée à 15 200 € ce qui positionne ce petit SUV sur une gamme tarifaire très agressive même si sur cette finition la notion même de« liste d’équipement » peut-être discutée… Par ailleurs le 2008 peut s’enrichir d’un certain nombre d’équipements plutôt réservés aux segments supérieurs jusqu’ici comme le système « park assist » qui apportera une aide bienvenue aux allergiques du créneau. Moyennement un abonnement annuel un peu supérieur à 100 € Peugeot vous proposera également les Peugeot Apps, des applications multimédias connectées qui vous aideront à trouver la station essence la moins cher autour de vous ou un bon restaurant via l’application guide Michelin. Enfin pour ceux qui trouvent ce SUV un peu tristoune il est possible de rendre son 2008 plus fun grâce à la ligne de personnalisation « Downtown » de Peugeot c’est-à-dire un ensemble de stickers et d’inserts de couleur fluo pour l’extérieur et l’intérieur, ça ne plaira pas à tous mais si j’avais été moyennement séduit à Genève sur les véhicules présentés j’ai beaucoup plus apprécié l’alliance du brun Makaha et du orange flashy du véhicule exposé à Ribeauvillé.
Lancé en Europe dans les jours qui viennent ce 2008 a également de grandes ambitions mondiales puisqu’il s’attaquera à la Chine dès l’an prochain puis au Brésil l’année suivante. Indéniablement c’est un produit abouti, bien construit, bien pensé, bien motorisé (il ne lui manque qu’une bonne boite automatique qui devrait arriver dans les deux ans grâce à la collaboration avec GM), dynamique, confortable et polyvalent qui devrait trouver sa place dans un marché porteur et qui annonce, on l’espère, des jours meilleurs pour les salariés du groupe.
Un grand merci à l’équipe Peugeot pour leur accueil chaleureux et leur grande disponibilité ainsi qu’à Pierre Binet de chez Heaven conseil
Crédits photos : Eddy P.