Essai Smart Fortwo Brabus : un achat nécessaire.

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Dans le monde des voitures que l’on pourrait qualifier d’inutiles, on a : les supercars, les SUV surpuissants, la Morgan Threewheeler et la Smart Fortwo Brabus ! Malgré tout, n’importe quel journal/Blog/média spécialisé arrivera à vous convaincre du bien-fondé de l’existence de ces dernières. Amis de l’apparence avant tout et du gaspillage d’argent réjouissez-vous, la nouvelle Fortwo Brabus débarque sur nos routes dès cet automne !

Outre-Rhin, Brabus est connu (et reconnu !) comme un des préparateurs historiques de la marque à l’étoile qui, ô hasard, est à l’origine de la création de la marque Smart.
S.M.A.R.T. (Swatch Mercedes Art Car) est, comme son nom l’indique, le fruit de la collaboration entre la célèbre maison d’horlogerie suisse et le constructeur allemand. A l’apparition du concept de la micro-citadine 2 places, bien peu étaient les individus ayant imaginé un jour voir apparaître une déclinaison sportive de cette dernière. Chose faite dès 2002 où Smart-Brabus GmbH voit le jour, autorisant ainsi les distributeurs Smart à proposer à leur clientèle dans leurs concessions la fameuse micro-sportive.
Devenue la star incontestée des arrondissements chics de la capitale, la Fortwo Brabus s’est rapidement faite une place dans le cœur des parisiens branchés et dans l’esprit des autres. Bien plus qu’une voiture, elle est devenue un élément incontournable du Triangle d’Or parisien. La nouvelle mouture de la Fortwo, apparue en 2014 et fruit de la collaboration avec Renault (je ne vous apprends rien) voit ainsi enfin une déclinaison Brabus apparaître au catalogue.

Brabus, c’est d’abord un style : de grandes jantes en alliage de 16 ou 17 pouces, une calandre spécifique avec un monogramme présent également devant le rétroviseur, une jupe avant spécifique et enfin un diffuseur arrière couplé à deux sorties d’échappement (lui-même retravaillé par Brabus) chromées. Pas d’ailes élargies au programme ni autre appendice aérodynamique pouvant conférer à la petite boule de nerfs un look encore plus bestial.
En revanche, le programme « Tailor Made » vous permettra à coup sûr d’exprimer les confins de votre inspiration en vous permettant de personnaliser ab-so-lu-ment tout ! De la teinte des jantes aux surpiqûres de sièges contrastées en passant par la couleur de la capote en toile, la seule limite est votre imagination et, à n’en point douter, votre porte-monnaie (ou du moins la prix que vous êtes prêt à mettre dans une Smart).

Forte du trois cylindres développant 109 ch (soit 7 de plus que la première génération) et d’un couple poussé à 170 Nm pour un format excédant à peine les 2.7 mètres, la Fortwo promet de décoiffer en ville ! Oui mais voilà, elle a aussi pris de l’embonpoint et reste juste en dessous du seuil symbolique de la tonne (995 kg), qui est pourtant dépassé en version cabriolet (1040 kg). A comparer aux 131 ch et aux 975 kg de la Mazda MX-5 ND. Oui oui oui, on sait, cette référence revient (trop) souvent dans nos comparatifs, mais dès que l’on parle de voiture « plaisir », admettez que l’on trouve difficilement mieux.

C’est dans la région de Düsseldorf que je suis allé découvrir cette nouvelle Fortwo Brabus. A vrai dire, l’invitation portait sur la Fortwo & la Forfour, mais j’ai volontairement choisi d’orienter cette découverte sur la Fortwo au format et à la philosophie bien plus atypique (j’espère en revanche pouvoir vous en dire plus très bientôt à propos de la Forfour). J’ose le dire, j’ai rarement été aussi impatient de découvrir une nouveauté et de m’installer à son volant… Il faut dire que le programme de la journée comportait une session sur piste.
Une Smart sur circuit, il y a de quoi être intrigué ; d’autant que le modèle précédent n’était pas réputé comme un modèle d’équilibre. La première étape consistait bien évidemment à traverser la ville pour quitter l’aéroport, et indéniablement, on sent très vite que ce sera le terrain sur lequel elle sera le plus à l’aise.
Format compact, couleur voyante (bien qu’ayant opté pour un Light Racing Green plutôt discret pour commencer) et bonne reprise sont au programme.

L’amusement est de mise, surtout en découvrant la tête des autres usagers surpris de voir arriver dans leurs rétroviseurs une horde de Smart aux couleurs pétantes prêtes à tout pour se faufiler au plus près du feu tricolore ou de la sortie à emprunter. J’ose même essayer à un feu rouge la fonction qui s’apparente à un « Launch Control » permettant un départ sur les chapeaux de roues. Mode Sport engagé, pied gauche sur la pédale de frein et pied droit enfoncé sur la pédale d’accélérateur, le feu passe au vert eeeeeettttttt …………………………….. RIEN.
Ça pousse un peu soyons honnêtes, mais pas de quoi écarquiller encore plus les yeux de mes voisins de feu tricolore déjà ébahis par la présence de cette mini boule de nerfs à leurs côtés. Tant pis, le reste du trajet urbain s’effectue donc à allure somme toute modérée (je me comprends), me permettant de découvrir la présence du start&stop, qui se fait malheureusement sentir assez violemment par quelques tremblements plutôt désagréables lors de son enclenchement. Dommage pour une voiture qui va pour la plus grande partie de son temps circuler en milieu urbain et donc dans les bouchons.

Discipliné comme je suis, je continue de suivre le trajet GPS sans sourciller pour m’apercevoir qu’il m’amène tout droit sur l’autoroute ! Heuuuuu, j’ai comme une appréhension pour ne rien vous cacher… Je tremble même légèrement en apercevant au loin ce fameux panneau blanc circulaire barré de fines rayures noires parallèles. Evidemment, je ne suis ici que pour toi cher lecteur, et, n’écoutant que mon courage, je m’engage sur cet autobahn qui me conduira probablement tout droit en enfer. 100, 110, 130, tout va bien pour le moment, la petite Fortwo reste collée au sol et ne souffre pas tellement du vent latéral. Je passe sans y penser la barre des 150 km/h et compte bien aller vérifier les 165 km/h annoncés en vitesse de pointe, bien que les mouvements de caisse soient de plus en plus inquiétants à chaque dépassement de poids-lourd… Une descente, une camionnette devant moi me permettant de prendre l’aspiration, c’est l’occasion ou jamais ! Les 165 km/h compteur sont atteints, j’irai même jusqu’à chatouiller la barre des 175 km/h. Après cette dangereuse échappée, je me ravise rapidement et opte pour un style de conduite bien plus cool : chaque dépassement de camion se traduisait à cette vitesse par un mouvement latéral de la voiture d’au moins une vingtaine de centimètres. Imaginez ça un jour d’orage… Même mon passager n’était pas rassuré, d’autant qu’à partir de 130 km/h les vibrations et bruits aérodynamiques se font très présents sur la version Cabriolet qui m’accompagne depuis le début. Mais quel pied de dépasser de grosses berlines allemandes (qui tournaient au ralenti bien évidemment) avec un si petit………machin ! La signature LED, les couleurs pimpantes, le format compact, la reprise plutôt surprenante pour une telle auto, tout pour que les badauds vous regardent en mode « WTFFFFF ». C’est insolent à souhait et personnellement, j’adore ça !

Comme une réponse à mes appels au ciel, le GPS à l’ergonomie plutôt bien travaillée (merci Renault) m’indique d’emprunter la prochaine sortie. Direction les petites routes de campagne ! La petite Brabus va-t-elle démontrer ici tout son potentiel ? Rien n’est moins sûr.
Encore une fois, le format « boîte » de l’auto me freine quelque peu lors des premiers virages serrés et je n’attaque pas vraiment, la première image me venant à l’esprit étant celle d’une tortue sur le dos, incapable de se retourner pour repartir et acceptant ainsi son cruel et inévitable destin. Mais les quelques envolées lyriques -bien que limitées- de l’échappement sport m’invitent à balayer mes préjugés et à ne compter que sur moi-même (et le châssis Sport Brabus Performance) pour envoyer sec ! Je ne me fais pas prier et le premier virage sec est pris à la corde, à un rythme soutenu et quelle surprise ! Pas un seul mouvement de caisse désagréable, pas un seul crissement de pneu, et une prise de roulis carrément inexistante.
Bon, les sièges eux sont également d’un maintien inexistant, malgré un amortissement plutôt ferme et une gestion de la direction presque idéal, mon corps entier (plutôt frêle je dois bien l’admettre) se balade sans vergogne à l’intérieur de l’habitacle (frêle aussi !).
Cette première expérience réussie me pousse à emmener la petite Brabus Cabriolet à aller encore plus loin. Cette fois-ci la voiture sous-vire quelque peu mais pas un seul mouvement du train arrière, l’ESP veille au grain. Mais après quelques virolos avalés les uns après les autres, force est de constater que la version Cabriolet n’est pas la mieux adaptée à ce jeu-là malgré la présence d’une barre stabilisatrice : je ressens presque la caisse se vriller et quelque chose me dit que la Fortwo Cab n’est pas faite pour attaquer sur petite route de campagne. La boite automatique à 6 rapports, bien qu’agréable, n’est en outre pas un modèle de rapidité.

En définitive son terrain de prédilection reste les petites rues parisiennes en été : elle dispose d’une pêche nécessaire à surprendre tous les VTC, et d’un look insolent à en faire rager Lady Gaga (optez pour du Tailor Made, quitte à vider son porte-monnaie…).

Chou blanc donc ? Bien-sûr que non ! Smart a pensé à tout. Un arrêt de plusieurs heures sur la piste d’essai d’Aldenhoven est au programme. Une ribambelle de Fortwo Brabus Coupé nous attend, prête à mordre l’asphalte et à être poussées dans leurs retranchements. Un tracé composé de cônes et bottes de paille a été mis en place, le faisant plus ressembler à une piste de karting qu’autre chose. Ça va être sportif ! Je m’élance le premier sur la piste pour un tour de reconnaissance derrière une Safety Car assez loufoque (à vrai dire, je préfère la voir devant moi que dans mon rétroviseur) et c’est parti, je lâche les 109 chevaux !
J’enchaine les tours avec une facilité déconcertante, la petite bombinette se conduit d’un doigt et se place exactement là où vous le désirez. Une large courbe se présente devant moi, il ne m’en fallait pas plus pour tenter de brutaliser la petite Brabus… Quelques coups de volant malicieux et je me retrouve à glisser des quatre roues pendant une bonne centaine de mètres dans un large gauche sans ressentir le moindre problème de rigidité, la voilà la Smart parfaite !!! Je ne me fais pas prier pour recommencer et encore recommencer jusqu’à maîtriser parfaitement les réactions de la voiture assez sécurisantes, mais tellement fun à mettre en œuvre ! Un des passages à risque est constitué de deux murs de paille successifs à éviter. Imaginez-vous sur les Champs Elysées en train de foncer et zigzaguer successivement entre un groupe de touristes armés d’appareils photos, un cycliste imprudent à Velib ou encore un taxi de plus garé en double file, tout simplement grisant ! Autant vous dire qu’en sortant de la voiture, ma banane sur la figure et l’exclamation de l’instructeur « What a massive tire screeching  !!! » ont fini d’achever ma journée. Il m’en faut une !

Je récapitule. La Fortwo manque un poil de punch, je ne trouve pas que la boite soit un modèle de rapidité ni d’efficacité, elle ne rassure de loin pas à haute vitesse au milieu du trafic (bein que je ne me sois jamais senti dans une « petite » voiture), la version Cabriolet manque cruellement de rigidité à rythme soutenu, le maintien des sièges est inexistant et enfin elle est chère, très chère, vraiment très très chère. Comptez au minimum 19 350 € pour une Fortwo Brabus auxquels il faudra rajouter 3 300 € pour une version cabriolet, quelques euros si vous désirez une version bien équipée, et encore 3000 € voire plus pour profiter du programme Tailor Made qui ouvre les portes à toutes les folies ! Dans un sens c’est un peu ça acheter une Fortwo Brabus, un élan de folie, alors autant aller jusqu’au bout !

Merci au groupe Daimler et plus particulièrement à PM Dutartre pour la pimpante invitation !

Crédits Photos : Maurice Cernay

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