Aujourd’hui, peut-on se faire plaisir avec une voiture à 25 300 € ? La MX-5 de base nous prouve que oui.
Permettez-moi de dévier de la présentation traditionnelle d’un essai (historique-extérieur-intérieur-conduite-prix-conclusion). En général, quand un constructeur nous prête une voiture, elle est haut de gamme, avec plein de gadgets et des jolies roues de 68 pouces qui deviennent mon cauchemar dès que j’approche d’une place de parking. C’est cool, on peut se la péter au volant et les voitures sont plus jolies pour les photos. Mais là, en mettant mon mail à Mazda pour réserver la MX-5, j’ai spécifiquement demandé la version d’entrée de gamme. Pourquoi ? Parce que c’est la moins chère, mais aussi la plus légère de la gamme : 975 kg sur la balance. Et puis la MX-5 haut de gamme a déjà été magnifiquement essayée par Hugo (cliquez ici et régalez-vous).
Du coup… Qu’est-ce qu’on n’a pas pour 25 300 € ?
On n’a pas:
- D’aide au stationnement arrière. Bon. La MX-5 de quatrième génération (nom de code ND) est la plus courte de la lignée, avec un petit 3,975 m de long pour 1,735 de large. Un gabarit largement acceptable et qui se glisse dans des petites places de parking sans trop réfléchir.
- De sono Bose. Alors, en général, quand on achète une MX-5, on ne s’attend pas à se retrouver dans son salon. Du coup, la radio de base est largement suffisante, d’autant plus qu’elle vient avec un lecteur CD et le Bluetooth.
- De climatisation automatique. Oh là là, quel dommage, je vais devoir régler moi-même la température et l’intensité de la soufflerie, ça me fatigue d’avance. Pour autant, 1) la clim manuelle est de série et 2) rappelez-vous, un roadster possède en général une petite astuce consistant en un toit rabattable. En tout cas, la MX-5 en est équipée.
- De GPS. Bon, sachant que le moindre smartphone à 100€ peut être équipé d’applications de navigation bien mieux foutues que 97% des systèmes embarqués, je pense qu’on peut se passer de cet équipement.
- De sièges en cuir. De toute façon ça glisse.
- De feux et d’essuie-glaces automatiques. Je pense qu’on peut encore tourner des commodos ?
- D’avertisseur de franchissement de ligne et de freinage automatique. Mince de mince, comment on va faire sans ça ?
Mais alors, qu’est-ce qu’on a pour 25 300 € ?
On a :
- Un joli petit roadster. Pour cette quatrième génération de MX-5, les designers Mazda n’ont pas hésité à envoyer balader tous les codes stylistiques des précédentes itérations. Du balai, les optiques oblongues ! Au placard, le grand sourire de la calandre ! Du vent, la petite bosse sur le capot ! Ciao, la silhouette rondouillarde ! Place à des lignes beaucoup plus acérées, à des phares perçants et une allure générale beaucoup plus élancée. Malgré des dimensions rikiki, mon MX-5 réussit à avoir une sacrée présence sur la route : il en devient même menaçant quand on le voit arriver dans le rétro ! Du coup, il troque la bonne bouille pleine de sympathie des anciennes générations pour quelque chose qui parle plus à l’entrejambe. Question d’époque, mais je trouve l’ensemble plus que réussi : c’est un oui pour moi.
- Un intérieur moderne et sportif. Le truc qui marque vraiment à bord de ce MX-5, c’est cette sensation d’être dans un cocon : les montants de pare-brise sont épais, la position de conduite est très allongée (et donc très basse), les sièges sont enveloppants et la planche de bord finalement assez massive…enfin, comparée à ma seule référence : le premier mimix de 1991, où la sensation de plein air est juste incroyable. Non pas qu’on ne sente pas le vent à bord du ND, ne vous méprenez pas ; c’est juste qu’avec tous les éléments précités, couplés aux gros arceaux derrière les sièges et au filet coupe-vent, on a -un peu- moins ce sentiment de ne faire qu’un avec l’extérieur. Votre brushing restera donc intact quelques secondes de plus.
- Toujours sur l’intérieur, s’il faudrait râler sur quelques points, il faudrait noter la position un peu bof des commandes de l’écran central, implantées juste derrière le levier de vitesses : combien de fois j’ai coupé la radio en passant la seconde… De même, et si on n’achète pas un MX-5 pour ses aspects pratiques, dommage que la boîte à gant ait migré de la planche de bord à un espace entre les dossiers : alors, certes, la contenance est identique, mais l’accès y est infiniment plus galère. En tout cas, le coffre dispose d’un espace décent, puisque j’ai réussi à y faire rentrer une valise cabine, un attaché-case et quelques babioles en rab (en bonus, le ND est le premier MX-5 à bénéficier d’un bouton au niveau de la malle pour l’ouvrir. Ça change de la serrure à clé). Les week-ends en amoureux sont donc jouables.
- Une voiture follement attachante à conduire. Enfin, je pense ne pas vous apprendre grand chose de ce côté-ci. Sur le papier, le moteur n’envoie pas nécessairement beaucoup de rêve : 4 cylindres, 1.5l de cylindrée, 131 ch, 150 Nm de couple, j’ai connu plus excitant. Oui, mais ! La voiture, rappelez-vous, ne pèse que 975 kg. Et puis j’ai de merveilleux souvenirs de ma virée dans la première MX-5, pourtant encore moins puissante (rappelez-vous, c’était ici). Les auspices étaient donc favorables pour ce petit week-end. Et elles se sont réalisées ! Tous les ingrédients sont là. La boîte de vitesse ? Toujours aussi parfaite, que ce soit dans le guidage ou les débattements. En bonus, l’apparition d’une sixième vitesse rendra les trajets autoroutiers à la fois plus vivables et plus économiques. La position de conduite ? Aux petits oignons ! Le volant, parfaitement vertical, est un régal à prendre un main, tandis que le levier de vitesse est idéalement placé. Le moteur ? Une petite merveille ! Malgré sa faible puissance, il réussit à emmener l’auto de 0 à 100 km/h en 8.3s, ce qui n’a finalement rien de ridicule. Et c’est le caractère du bloc qui est encore meilleure : en bon atmo qu’il est, il faut pousser haut pour en extraire tout le jus. Mais c’est surtout la bonne humeur que dégage ce moteur qui m’a plu ! Plein de bonne volonté, il se fait une joie de monter dans les tours, tout en restant souple et disponible à tout régime. Et bravo à l’échappement, qui produit une note juste parfaitement en accord avec la philosophie de la bête : présent, gentiment sportif et plein de joie…tout en étant capable d’être parfaitement vivable en ville et à vitesse stabilisée.
- Un châssis absolument parfait. C’est d’ailleurs la base de la MX-5 (à tous points de vues) : une répartition des masses 50/50, un moteur à l’avant, des roues arrières motrices. C’est grâce à ce cocktail explosif que le petit roadster tient une place si importante dans le cœur des passionnés…et cette dernière génération ne fait pas exception. Vous voulez prendre une trajectoire au cordeau ? Grâce à la direction précise et à l’équilibre général de la bête, les vitesses de passage en courbe peuvent devenir assez impressionnantes. Vous voulez faire le kéké ? Il suffit de la brusquer un peu et l’arrière commencera à se déhancher gentiment. Mais la voiture restera en communication avec vous. Vous la sentirez partir, vous arriverez à garder le contrôle, vous pourrez la remettre en ligne le plus facilement du monde. Avec, en bonus, un ESP qui a le bon goût de ne pas être trop intrusif. C’est, très honnêtement, une des sensations les plus gratifiantes que je connaisse.
- Une auto qui reste économique. Alors, oui, on peut avoir plus pratique pour moins cher…mais on peut aussi avoir plus chiant. Surtout plus chiant, d’ailleurs. Et puis l’avantage d’une voiture légère avec un petit moteur, c’est qu’elle ne coûte finalement pas grand chose au quotidien : j’ai terminé le week-end avec un petit 7.2 l/100 km sans ménager la petite le moins du monde, par exemple. On peut aussi citer des pièces d’usure (plaquettes, pneus…) qui devraient durer plus longtemps que sur une voiture “normale”…et, comme la voiture ne pèse pas grand chose, ces pièces sont dimensionnées en rapport, et sont logiquement moins coûteuses à racheter. Couplez ça au côté indestructible des Mazda et vous devriez en avoir pour votre argent 🙂
Donc voilà ! Je pense pouvoir répondre à la question du départ. OUI, pour 25 300 €, on peut se faire plaisir tous les jours avec un engin drôle, joyeux, communicatif. Est-ce que ça vaut le coup de taper plus haut dans la gamme MX-5 ? Pas de mon point de vue, clairement. Ancelin vous présentera prochainement la Fiat 124 Spider, cousine de la MX-5, mais avec un moteur turbo de 140ch. Curieux de voir ce qu’il en pense !
Merci à Mazda France pour le prêt.
Crédits photos : Ugo Missana.
Je suis sur Twitter : @JBPssx.