Alors oui ça fait quelques temps que je n’ai pas fait de résumé du week-end. Mais il y a des Grand Prix qui valent bien leur article. Et c’est le cas de ce Grand Prix d’Italie 2020.
Il est vrai que ce début de saison n’est pas forcément des plus palpitants. Les Ferrari sont complètement à la ramasse (absence de puissance moteur et voiture mal née). Elles ne peuvent donc pas concurrencer les Mercedes comme ces deux-trois dernières années. Résultat: Mercedes cavale seule en tête des courses et du championnat et seul Verstappen est par occasion dans le coup pour mettre à mal les Flèches d’Argent (comme au Grand Prix du 70e anniversaire). Mais les courses se suivent et se ressemble (pour ce qui est du top 3).
Un contexte marqué par la domination Mercedes.
Et ce Grand Prix d’Italie 2020 à Monza, temple de la vitesse, n’aurait pas échappé à un résultat similaire, malgré un changement de règle majeur : la fin des modes moteur. Les pilotes n’utiliseraient plus qu’un mode moteur des qualifications à la course. Adieu le mode party de Mercedes. l’écurie allemande y voit une tentative de réduire sa domination. En vain. La Mercedes est toujours aussi rapide et fait un beau pied de nez à ses adversaires qui pensaient s’en rapprocher avec ce changement. Résultat : pole position pour Hamilton (sa sixième en huit courses), suivi de son coéquipier Bottas. Seule surprise : la deuxième ligne de la grille composée d’une McLaren et d’une Racing Point.
Un Grand Prix d’Italie 2020 d’une toute autre saveur et imprévisible !
On s’attend donc à ce que les Mercedes confirment là où elles ont échouées face aux Ferrari l’année dernière. Mais à l’extinction des feux, alors qu’Hamilton s’envole, Bottas se loupe et laisse à Sainz la seconde place. Mais le finlandais est aux abords de la chicane déjà sous la menace de l’autre McLaren, Norris s’étant envolé au départ. Le britannique parvient toutefois par l’extérieur à passer Bottas à l’abord de la deuxième chicane. Ce n’était que le début de la fin pour le finlandais : Perez, puis Ricciardo passent également la Mercedes et à la fin du 1er tour, Bottas est 6e et sous la menace de Verstappen, puis de Stroll.
Pas un bon départ pour les Red Bull donc. Verstappen perd des positions au départ et Gasly frictionne sa roue avant gauche contre Albon qui repart loin. Le train s’était alors formé quand au 5e tour, Vettel commence à rencontrer des soucis de frein. Au 6e tour, l’allemand tire tout droit à la première chicane en défonçant les morceaux de polystyrène, qui ont pour but de ralentir les pilotes prenant cette échappatoire. Vettel abandonnera à la fin de ce tour. Coup dur pour Ferrari chez eux après l’élimination en Q1 de Vettel la veille. Albon dans le même temps est pénalisé de 5 secondes pour avoir tassé Grosjean sans laisser l’espace conventionnel.
Par la suite, les positions se stabilisaient et même Bottas ne remontait pas dans le classement. Le finlandais se plaint alors du mode moteur choisi par Mercedes qui rend selon lui sa course compliquée. Hamilton lui a creusé l’écart avec les McLaren et fait son bout de chemin. Jusqu’au 20e tour.
Ce Grand Prix d’Italie 2020 bascule à ce moment là sur un événement en apparence anodin. La Haas de Magnussen subie une casse selon ses dires. Le danois est dans le dernier secteur, passe la parabolique puis ralenti et se range sur le côté, pas très très loin de l’entrée aux stands. Le drapeau jaune est brandi et Gasly plonge aux stands. Mais la position de la Haas n’étant pas la plus optimale, la voiture de sécurité est lancée. Hamilton profite de l’occasion pour plonger dans les stands et bénéficier de cet arrêt gratuit. Mais personne d’autre ne rentre. A part Giovinazzi, plus loin dans le peloton. Incompréhension de tous puisque les pilotes bouclent bien deux tours avant de s’engouffrer dans les stands.
La réponse est donnée par l’enquête ouverte par les commissaires à l’égard : la voie des stands était fermée ! Les commissaires s’occupant alors à pousser la Haas dans la voie des stands. Par conséquent, les pilotes ne pouvaient entrer aux stands avant qu’ils soient autorisés. La course est alors relancée au 24e tour et Leclerc alors 6e au restart se défait des deux Alfa Romeo devant lui pour pointer au 4e rang. Mais un tour plus tard, à l’entrée de la parabolique, le monégasque perd le contrôle de sa Ferrari et s’encastre dans le mur de pneus. Le drapeau rouge est cette fois brandit.
Entre temps le verdict de l’enquête contre Hamilton et Giovinazzi tombe : les deux pilotes sont pénalisés d’un stop and go de 10 secondes, la pénalité la plus lourde possible ! Pénalité qu’ils doivent respecter dans les 3 tours. Le drapeau rouge n’aide pas dans ces conditions. Stroll, 2e de la course, qui ne s’était pas arrêté, bénéficie du drapeau rouge, pouvant directement changer ses pneumatiques pendant l’interruption. Gasly qui s’était arrêté juste avant la voiture de sécurité est 3e.
Le Grand Prix d’Italie 2020 reprend après 25 minutes d’interruption au 28e tour avec un départ arrêté. A l’extinction des feux, Stroll se manque et Gasly prend la 2e position alors que les Alfa Romeo le suive. Raikkonen se montre menaçant à l’abord de la deuxième chicane. Derrière, Stroll loupe son freinage et tire tout droit, ne perdant pas de position. Hamilton s’arrête à la fin de ce tour pour réaliser sa pénalité, ce qui lui vaut de repartir bon dernier à 30 secondes du nouveau leader … Gasly ! Raikkonen derrière est en souffrance avec des pneus tendre. Il se fait rapidement passer par Sainz qui était derrière les deux Alfa suite au tour approximatif de Stroll. Raikkonen ayant fait un peu le bouchon, cela donne à Gasly 3-4 secondes d’air devant Sainz, dont la McLaren est plus performante.
A dix tours de l’arrivée, l’écart est d’environ 3 secondes et fluctue légèrement à la hausse comme à la baisse. Mais plus on approchait de l’arrivée, plus l’écart rétrécissait entre les deux et à l’avant-dernier tour, Sainz est dans la zone DRS de Gasly. Le français réussira à retenir l’espagnol derrière lui en l’empêchant de prendre le plus d’aspiration dans la ligne droite. Gasly remporte ce Grand Prix d’Italie 2020 pour 0,415 seconde !
La Scuderia AlphaTauri, anciennement Toro Rosso, remporte ainsi son premier Grand Prix sous cette dénomination, et pour le 50e Grand Prix couru avec Honda. Mais le deuxième de l’écurie de Faenza depuis la victoire de Vettel en 2008 … à Monza déjà !
Quant à Gasly, il efface une date que les fans français de Formule 1 n’en pouvaient plus d’entendre : la victoire de Panis au Grand Prix de Monaco 1996 n’est plus la dernière victoire tricolore en F1 !
Crédits photos : F1, Pierre Gasly, Scuderia AlphaTauri