Essai : Ford Fiesta ST 200, la GTI du moment ?

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Il est 21h30 et Ugo, censé me ramener la Ford Fiesta ST 200 depuis Paris, n’est toujours pas là. Je piaffe d’impatience. Je dois essayer la voiture ce soir car le lendemain nous nous rendons en Belgique au Zoute Grand Prix et je ne tirerai rien d’essentiel d’un parcours autoroutier puis citadin. Je suis également pressé car je lis partout que cette voiture est la meilleure GTI de son temps, il me FAUT l’essayer comme il se doit. Ugo arrive vers 22H00. On engloutit rapidement un petit quelque-chose et me voilà dehors à tourner autour de notre fort jolie Fiesta ST.

Celle-ci arbore une teinte gris uni qui lui va à merveille : Storm Grey que ça s’appelle. C’est la couleur exclusive de cette édition ST 200. Ugo adore les jantes spécifiques de ce modèle et, sans aller jusque-là, il est vrai qu’elles sont plutôt jolies avec leur alliance de noir mat et d’aluminium. Pour l’extérieur, nonobstant les badges ST 200, les différences s’arrêtent là. Mais après tout la Fiesta ST de base était suffisamment jolie pour ne pas subir de modifications, non ?

Je m’installe à bord et je regrette soudain d’avoir mangé avant. Désolé si je suis un peu dur mais il est vrai que cette génération de Fiesta accuse le poids des années. Bientôt neuf ans tout de même. Toujours est-il que le retour en arrière est violent, surtout en ce qui concerne la console centrale, bardée de boutons qui mériteraient une bonne demi-heure d’explications pour être maîtrisés. Si encore c’était joli… M’enfin… Je ne trouve pas non plus que les baquets soient très beaux, malgré les surpiqûres argentées spécifiques, au contraire de ceux de la Focus RS.

Toujours est-il que je m’installe à bord et trouve une position de conduite agréable avec la possibilité de régler mon siège et le volant en hauteur mais aussi et surtout en profondeur. Les sièges avants bénéficient d’un soutien lombaire que je croyais bienvenu. Croyais ? En effet. Ce soutien lombaire, malgré de nombreuses recherches, n’est pas réglable et pourtant très prononcé. À tel point que mon passager et moi-même avons souffert du dos, surtout sur l’autoroute. C’est vraiment dommage car hormis cela la position de conduite est plutôt bonne et les baquets, pourtant décriés esthétiquement, ne me maintenaient pas si mal.

Je prends la route et je suis, au tout début, assez mitigé. Rien de particulièrement sportif ne me saute aux yeux : la direction est très assistée, la boite n’est pas super agréable et le freinage ne semble pas au dessus des deux points précédents. Mais cette réflexion est totalement idiote, j’attends tellement de cette voiture que je me mets à juger de son caractère sportif à 50 km/h en en ville. Cela dit certaines voitures communiquent dès la mise en route. En même temps je ne peux me plaindre : la voiture est ferme mais pas inconfortable et le moteur, coupleux, permet de rouler en ville comme toute bonne citadine lambda. Niveau polyvalence ça roule.

Lorsque se profilent les premiers lacets (enfin “lacets”, on est dans le Nord…) c’est là que je vais comprendre pourquoi cette voiture est considérée comme la GTI du moment. A mesure que la vitesse augmente, la ST200 se transfigure en une petite chose démoniaque. Tout d’abord le moteur. Je n’ai malheureusement pas essayée de Fiesta ST pour comparer directement ce qu’apporte le surplus de 10% de puissance, 200 chevaux au lieu de 182, et de 20% de couple, 290 Nm au lieu de 240 Nm. Ces valeurs pouvant même atteindre respectivement, par un overboost de 20 secondes maximum, 215 chevaux et 320 Nm. Mais il est plein à tout les régimes et se permet même de devenir rageur passés les 5000 tours pour s’envoler, toute proportion gardée, à 6000 tours sans s’essouffler une seconde. En ce qui concerne ses performances pures, cette ST200 n’est pas spécialement véloce sur le 0 à 100 km/h avec 6,7 secondes, soit seulement 0,2 secondes de mieux que la ST standard. Mais lorsque l’on se penche sur les chiffres, elle fait entre autre 1.2 seconde de mieux sur le 50 à 100 km/h en 4ème ou encore 2 secondes de mieux sur le 80 à 120 km/h en 6ème.

Ces performances ne sont pas seulement dues à l’accroissement des performances moteur mais aussi à la réduction de la démultiplication finale de la transmission (de 4,06 à 3,82 pour les initiés). Et également à un autobloquant électronique qui a été retravaillé. On aurait du avoir un autobloquant mécanique, comme la 208 GTI 30th, mais tel n’a pas été le cas. Pour autant, rien à redire sur la motricité de cette petite Fiesta. On obtient ici une voiture qui bénéficie d’un super étagement de boite avec, finalement, des rapports qui passent bien avec un verrouillage ferme et agréable. Pinaillons : on aurait pu apprécier un peu plus de consistance.

Mais cet ensemble boite moteur n’est rien comparé au châssis de cette Fiesta ST200. Revu bien plus en profondeur comparé au design intérieur et extérieur, il reçoit une barre de torsion arrière 27% plus rigide et une barre anti-roulis avant qui passe de 19 mm à 21 mm, associée à un amortissement recalibré. Qu’on soit tout de suite très clair : je n’avais pas eu un tel ressenti châssis depuis très longtemps. La voiture communique de manière excellente sur le grip et l’état d’adhérence des roues avants et arrières. De fait, on a une réelle confiance en la voiture et on sait où elle est et ce qu’elle fait à chaque moment. Puis surtout, surtout, on s’amuse. On prend un vrai plaisir à emmener cette ST 200 de virage en virage. Si la direction s’est désormais affermie avec la vitesse (bien) elle ne communique pas davantage (pas bien). C’est vraiment dommage car on aurait atteint la perfection d’une voiture très communicative. Le freinage, puissant et consistant, est très agréable et ne souffre d’aucune critique autre qu’également un petit manque de communication.

C’est tout ? Non pas vraiment. Il y a un point que je n’ai pas encore abordé. Je m’attendais vraiment à avoir un train arrière qui enroule autour du train avant, mais non. En la provoquant fortement dans un rond point, le train avant commence a élargir sa trajectoire et l’on peut s’amuser à le rattraper en lâchant vivement l’accélérateur de façon à faire dériver la poupe qui se prête très bien à l’exercice. Alors vraiment immobile du train arrière cette petite ST200 ? Que tu crois ! Enfin que je croyais. J’arrive fort dans un magnifique virage à droite, je prends les freins et braque vivement. Le train avant se plante dans le sol, comme indéboulonnable et le train arrière se décale dans un mouvement on ne peut plus sain pour s’aligner dans le virage. On relâche alors les freins pour débraquer et remettre du gaz afin de s’extraire très facilement de la fin du virage. Magie, magie. Vous ajoutez à cela le feedback du châssis absolument parfait durant toute l’opération et vous obtenez un plaisir inquantifiable qui devrait être remboursé par la sécurité sociale. C’est pour ce genre de moment que je suis passionné d’automobile. Quel pied !

Et comparé à la Renault Clio IV RS Trophy essayée ici ? S’il faut avouer que je n’avais pas détesté cette voiture, j’avais en revanche décrié une sportive édulcorée, sans sensations. Les performances étaient pourtant bien là mais quant à en profiter au volant… Ici, vous l’avez bien compris, cette Ford Fiesta ST 200 est à mille lieux d’être sans sensations, elle offre un feed-back sans commune mesure. Est-elle pour autant aussi performante ? Avec vingt chevaux de moins et une boite manuelle on serait tenté de dire que non. Mais avec un châssis aussi affûté, on pourrait douter qu’elle soit réellement larguée. En fait vous voulez que je vous dise ? On s’en fiche. Cette voiture fait partie de celles qui vous donnent la banane alors qu’elle soit d’un pouillième de milliseconde devant ou derrière ses concurrentes, qu’importe.

Chose amusante, si je me base sur ce qui m’a été fourni par Ford niveau tarifaire, la Ford Fiesta ST 200 est la plus chère de sa catégorie avec un prix de 27 300 €. La seule faisant exception étant la Citroën DS 3 Performance à 27 950 €. Mais Ford ne fait référence dans ce comparatif qu’aux Renault Clio 4 RS et Peugeot 208 GTI (pour ne citer que les principales concurrentes) alors même que j’aurais tendance à comparer la ST 200 aux 208 GTI 30th/PS et Clio 4 RS Trophy, non ? A ce moment là elle devient moins chère de 2000 € ! Une affaire, ou presque.

Qu’en conclure ? Je pense que vous avez bien compris que cette petite sportive m’a convaincu. Ford a su non seulement faire une voiture efficace mais aussi plaisante à conduire. Nombre de constructeurs devraient prendre exemple sur eux et même des constructeurs premium. Cependant, et c’est pourtant un point sur lequel je ne m’attarde que peu d’habitude, l’intérieur et surtout le tableau de bord posent un réel problème, gageons que ce ne sera plus le cas sur la prochaine génération. Espérons par ailleurs qu’elle conservera ce pur esprit GTI. Je ne m’inquiète pas tellement de ce point, Ford semble être sur la bonne voie.

Un grand merci à Ford pour ce prêt qui nous aura emmené jusque Knokke avec un grand sourire.

Et n’oubliez pas le Vlog réalisé en la compagnie de cette fabuleuse Ford Fiesta ST200 et d’Ugo !

Photos : Ugo Missana

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