On en parlait il y a quelques semaines ici, Hyundai fait son entrée dans le monde du prestige à quatre roues avec sa nouvelle marque à part entière dérivée de sa grosse berline : Genesis. Et pour se lancer à l’assaut des premiums allemands, le coréen n’y va pas avec le dos de la cuillère…
La G90, nommée EQ900 en Corée, est une imposante berline de 5,20 mètres de long, 2 mètres de large et 2,5 tonnes sur la balance (là où la nouvelle Série 7 passe sous la barre des 1,8 tonnes), qui se cherche à vrai dire un peu au niveau du style. Les designers Genesis, sous l’égide du papa de la Murcielago Luc Donckerwolke, sont restés très “soft” en lui donnant une ligne plutôt consensuelle et directement inspirée de ce que l’on peut déjà trouver sur le segment. Pour être tout à fait franc, je suis un peu déçu du manque d’originalité de cette G90 par rapport aux illustrations plutôt sympas de la voiture qui avaient pu être communiquées, avec cette ligne élancée et plutôt intéressante qu’on ne retrouve malheureusement pas sur la version commercialisée…
La G90 est en fait un condensé de style européen sans véritable identité stylistique avec son museau aux faux airs d’Audi et de Ford, et sa proue directement inspirée de la Classe S et de la XJ. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, donc, même si le tout est plutôt équilibré et bien dosé puisque ne tombant pas dans la berline “too much” bardée de chromes et d’appendices clinquantes, comme on n’aurait pu le craindre pour une voiture destinée avant tout aux marchés asiatiques et américains.
En parlant de ça, les choix mécaniques de Genesis affichent clairement les intentions du constructeur en terme de public visé… Seules trois motorisations essence seront proposées sur G90 : un V6 3,8 L de 315 chevaux, un V6 3,3 L de 370 chevaux, et un bon gros V8 5,0 L de 425 chevaux, tous associés à une boîte de vitesse automatique à 8 rapports et à une transmission intégrale, en option. Ces choix sous le capot ferment ainsi d’ores-et-déjà à la Coréenne les portes du succès en Europe en faisant l’impasse sur un quelconque diesel ou sur la moindre proposition hybride ou électrique.
À bord, la grosse berline proposera tout ce qui fait de mieux en terme de technologie embarquée avec une pléthore de capteurs et d’aides à la conduite pour le chauffeur, comme une conduite semi-automatique, une caméra à 360° diffusée sur un écran tactile de 12,3 pouces, et un siège offrant 22 réglages différents pour trouver la position parfaite. Les passagers seront eux aussi choyés avec des équipements habituels à ce niveau de gamme, comme un système-son Lexicon et des fauteuils arrières de “business class” dotés de tous les artifices habituels : 2 écrans, 14 positions et 5 programmes de massage. Les matériaux comme la finition devraient eux être excellents, et Genesis se vante même de proposer la meilleure insonorisation de la catégorie. Petit détail anecdotique mais étrange : le coffre est lui bien en deçà de ce qui peut se faire chez la concurrence en proposant un ridicule espace de chargement de 484 Litres, soit à peine plus qu’un Renault Captur.
Ni rebutante, ni transcendante, cette G90 restera une vitrine pour Hyundai et vous ne pourrez sûrement l’admirer en France que devant l’Ambassade de Corée du Sud. Affichée à partir de 73 millions de Wons (env. 56 000 €) et pouvant aller jusqu’à plus de 120 millions de Wons (plus de 90 000 €), elle n’a rien d’assez original ou d’assez innovant pour espérer rencontrer une once de succès en Europe face aux cadors germaniques ou britanniques… Genesis, un brin lucide, ne prévoit ainsi pas pour le moment de commercialiser sa berline sur le Vieux Continent, se contentant dès début 2016 des marchés plus enclins à accueillir de bons gros V6 et V8, et appréciant plus que nous le cuir nappa et les chromes sur la calandre : Moyen-Orient, Chine, États-Unis et Russie.
https://youtu.be/EtRBMUFBTtE
Photos : Genesis