Genève 2019 : Bugatti La Voiture Noire

Oh oh, les petits malins de chez Bugatti ! Après quelques semaines à évoquer le glorieux passé de la Bugatti 57 SC Atlantic, ils annoncent avec une transition toute en douceur la production d’un modèle exceptionnel, hommage à l’Atlantic personnelle de Jean Bugatti.

Petit retour en arrière d’abord. La Type 57 a été un des modèles les plus prolifiques et surtout le plus produit chez Bugatti avant guerre. Différents types de carrosseries étaient disponibles, dont le plus rare et le plus estimé était l’Atlantic, composé de deux coques rivetées, lui donnant cette “crête” si caractéristique.

Modèle mythique, produit à 4 exemplaires seulement, sur le châssis surbaissé (S) avec le moteur 8 cylindres en ligne doté d’un compresseur (C). Aujourd’hui, il reste 3 exemplaires : un en possession de Ralph Lauren, l’autre de Peter Mullin et le troisième, détruit dans un accident de train et reconstruit, se trouverait en Europe.

Quant au quatrième, exemplaire personnel de Jean Bugatti, il a tout simplement disparu peu avant la guerre ! C’est à cette voiture précise que Bugatti a choisi de rendre hommage avec La Voiture Noire.

Destinée à être produite en un seul exemplaire (déjà vendue 11 M€ HT à un “amateur de la marque”), la Voiture Noire se veut la réinterprétation moderne de l’Atlantic, celle que Jean Bugatti aurait pu construire aujourd’hui. Bien que Bugatti ne le mentionne pas, le châssis est très probablement dérivé étroitement de celui des Chiron et Divo, toute la poupe semblant identique.

La proue par contre a été remaniée, allongée, pour reprendre des proportions plus proches de celles d’une GT à moteur avant (bien que le moteur reste en position centrale arrière).

Le coup de crayon est joli, lisse et fluide, sans aspérités. La ceinture de caisse très haute et le toit surbaissé donnent une allure ramassée et dynamique. Les panneaux de carrosserie sont intégralement en fibre de carbone à très fin maillage. Les contraintes mécaniques ont hélas imposé la présence de grandes aérations sur les boucliers avant et arrière, cassant un peu la fluidité de l’ensemble. En hommage à la fameuses “crête” de l’Atlantic, un plis de carbone vient marquer la médiane exacte de la voiture de la calandre jusqu’au toit.

La Voiture Noire abrite sans guère de surprise le classique moteur W16 quadriturbo de 1 500 ch et 1 600 Nm de couple. Il est doté d’un échappement spécifique à 6 sorties, comme la Bugatti 57 SC Atlantic. L’habitacle n’est pour l’instant pas encore visible.

Les spéculations allaient bon train avant la sortie publique de la Voiture Noire. Les esprits les plus enthousiastes (dont je faisais partie) rêvaient même d’une Bugatti à moteur avant, ou même d’un nouveau moteur, un 8 en ligne, comme la 57. En définitive, nous avons sous les yeux une voiture certes parfaitement exécutée, mais qui ne sort pas la marque de ce qu’elle sait déjà faire : le coupé à moteur central.

Mais d’autres projets sont en cours (relire notre interview de Stephan Winkelmann ici) et Bugatti a certainement encore de quoi nous surprendre. Quant à La Voiture Noire, il n’est pas impossible qu’elle donne des idées à d’autres riches amateurs pour faire réaliser leur voiture unique. Après tout, Bugatti fonctionnait de la sorte avant guerre, ce ne serait qu’un juste retour de choses, non ?

Crédits photos : Bugatti

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