Genève 2019 : le design italien en renaissance ?

Moribonds, rachetés, démantelés, vidés de tout sens, les carrossiers italiens de la grande époque ont connu l’apocalypse. Mais la tendance des dernières années est à une lente renaissance, confirmée lors de ce dernier salon de Genève. Petit tour d’horizon, sans ordre particulier.

La plus proche de la production, la plus belle (avis totalement subjectif, j’en conviens) c’est elle. En développement depuis quelques années, elle fut annoncée sous la forme du concept PF-Zero en 2018. Pininfarina Automobili est dorénavant constructeur à part entière, passé dans le giron de l’industriel indien Mahindra, ce qui lui assure une certaine assise financière et les moyens de développer ses projets.

La Battista est 100% électrique, développée avec l’aide du petit constructeur croate Rimac, expert en la matière, qui collabore déjà avec Aston Martin ou Koenigsegg. Comme c’est souvent le cas pour les supercars électriques, les chiffres annoncés donnent le tournis : 1 900 ch, couple de 2 300 Nm, 0 à 100 km/h en moins de 2 secondes et même autonomie correcte de 450 km.

Mais là n’est peut être pas le plus important, car Pininfarina a réussi à dessiner une bien jolie berlinette, moderne mais sans excès tapageurs, ailerons surdimensionnés et autres aspérités douloureuses. On peut lui trouver nettement des ressemblances avec d’autres productions (McLaren par ci, Pagani par là), mais on pense avant tout à ce qu’aurait pu être une Ferrari F8 Tributo si Pininfarina en avait signé le dessin. Point fort de cette berlinette : la proue, composée d’un aileron en deux parties, comme posé en lévitation au dessus des ailes. C’est limpide et innovant ! Ce même aileron dispose de “flaps” déployables (comme une Pagani Huyara), pouvant aider au freinage. La Battista sera produite à 150 exemplaires à partir de 2020.

Réglé comme un métronome, Touring Superleggera nous gratifie de son modèle annuel. Pas de réelle surprise cette année avec la version découvrable de la Sciàdipersia révélée en 2018. La base technique est toujours la même : le coupé Maserati Granturismo, ici dans sa variante cabriolet GranCabrio bien sûr.

La voiture donneuse est totalement rhabillée avec de nouveaux panneaux de carrosserie en aluminium façonnés à la main, à l’ancienne. Que l’on apprécie ou pas le dessin, il faut reconnaître que l’exécution est sans faille. Touring ne modifie pas la mécanique (V8 de 460 ch), mais peut refaire la sellerie et l’habitacle sur demande. La production totale des Sciàdipersia (coupé et cabriolet) sera limitée à 15 exemplaires.

Aujourd’hui propriété de Lamborghini, lui-même propriété d’Audi, et donc de Volkswagen (ouf !), Italdesign a fait les beaux jours du design italien sous la direction de Giorgietto Giugiaro, son fondateur. Ce dernier a quitté l’entreprise (on en reparle juste en dessous) et ItalDesign ne semblait plus qu’être un studio de design avancé pour le groupe allemand. Voici un retour en douceur aux affaires avec la Davinci, concept de grand coupé à portes papillon.

Oui, des portes papillons, qui ont fait les beaux jours des concepts des années 80 et 90. Ici, elles s’étirent sur quasiment la longueur de l’empattement pour procurer un accès exceptionnel à l’habitacle.

Présentée en version électrique, elle peut aussi être équipée d’un moteur thermique V8 de 4 litres à la demande (vous avez dit Audi ?). C’est peut être sa seule particularité intéressante, tant ses traits sont plutôt anonymes et déjà vus sur des Audi A5 ou A7 par exemple. Elle ne préfigure aucune version de production, mais se pose en simple vitrine du savoir faire du carrossier/bureau d’étude.

Giorgetto Giugiaro n’est pas resté longtemps inactif, car il a fondé avec son fils Fabrizio le bureau de design GFG Style. Le Kangaroo est leur troisième étude et il semble qu’ils ont eu du mal à se décider sur le type de voiture à construire. Les SUV ça marche fort, mais les coupés c’est plus beau et les supercars ça fait toujours parler. La solution est toute simple : créer un SUV hypercar coupé, électrique. J’exagère un peu, car le résultat n’est pas si catastrophique qu’on pourrait le croire, loin de là.

Paré d’une robe orangée très seventies, le Kangaroo est même plutôt harmonieux, si l’on oublie qu’il est haut perché sur ses grosses roues de 22″, malgré la hauteur de caisse variant sur une amplitude de 14 cm. On peut voir une évolution de l’idée du concept Giugiaro Parcour ou, encore plus lointain, la mythique Mega Track. Petite originalité : l’ouverture des portes en deux parties, combinant vitrages “papillon” et portes en élytre. Très seventies encore une fois, et sûrement un cauchemar à mettre au point.

Les caractéristiques techniques sont classiques : 480 ch, 4 roues motrices et directrices, vitesse de 250 km/h, etc… Le Kangaroo n’est qu’une étude de style, pas de production prévue à ce jour semble-t’il. Mais GFG Style sera certainement à l’écoute d’éventuelle propositions !

Crédits photos : Ugo Missana, Pininfarina, Italdesign, Touring Superleggera, GFG Style

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