L’une des dernières fois où je t’ai aidé sur l’un de tes tournages, c’était à bord de la 911 GT3 Touring avec boîte PDK. Tu en étais vraiment fan. La perfection de cette voiture se reflétait dans les mots que l’on peut retrouver dans ta vidéo. La seule chose que tu me répétais sans cesse, c’était ta déception de ne pas l’avoir essayée en boîte mécanique. Sache-le, mon pote, je l’ai fait pour toi.
Il y a quelques jours, Porsche France nous avait invités tous les deux pour essayer la gamme des 911 type 992. Tu es parti trop tôt, et j’avais une seule envie : essayer cette voiture pour toi. En arrivant à l’aéroport de Clermont-Ferrand, une seule voiture a attiré mon regard : la GT3 Touring. Pourtant, sur le parking, étaient alignées la nouvelle GT3 RS, la 911 Dakar et la Sport Classic.
En plus d’être une perfection mécanique avec son moteur flat 6 atmosphérique, sa boîte de vitesses mécanique et sa transmission aux roues arrière, cette voiture aurait eu tout pour te faire succomber. Tout d’abord, sa peinture : le Forest Green Metallic. Cette teinte PTS (Paint to Sample) sied à merveille à cette auto. Et pour parfaire ce look que tu aurais tant aimé, les jantes sont teintées avec la peinture Neodyme. N’est-ce pas, mon pote ?
Le style de cette GT3 Touring, c’était ta came ! Déjà, ses dimensions sont parfaites pour une utilisation quotidienne : 4m57 de long pour 1m85 de large. Sa hauteur de 1m28 lui permet d’affirmer sa musculature sans afficher une largeur excessive. Et que dire des ouïes sur le capot avant ? Ou encore de ce popotin généreux et parfaitement dessiné, dénué de l’aileron de la GT3 standard. Je suis conquis, c’est dit !
À l’intérieur, je suis sûr que tu aurais préféré une teinte cognac pour les sièges, et surtout les sièges Sport Plus à 18 positions. Les sièges baquets intégraux de type 918 me semblent trop sportifs pour une 911 GT3 Touring. Sur une GT3 classique, je ne dis pas, mais ici, avec une voiture conçue pour voyager, le confort est la priorité.
Le volant en mains, je me rappelle ce tournage que nous avions réalisé ensemble. Ta générosité sans faille avait une fois de plus fait ses preuves. Au lieu de prendre le volant et de me laisser filmer, tu m’avais cédé la place. J’avais ainsi pu réaliser un nombre incalculable de passages pour ta vidéo. Tout cela pour une seule raison : me permettre de découvrir la perfection incarnée par cette voiture. La position de conduite est idéale. Le volant se place naturellement dans les mains et la visibilité est imprenable.
La jante du volant en alcantara, bien que légèrement trop fin à mon goût, présente un diamètre absolument idéal. La 911 type 992 est équipée d’un système d’info-divertissement à la pointe de la technologie. Toutefois, sachez que je n’ai même pas exploité le système audio, car j’avais derrière moi le plus mélodieux des systèmes hifi du monde : le Flat 6 atmosphérique 4.0 litres de Porsche.
J’en viens rapidement à la partie moteur de cette voiture car, pour moi, elle constitue l’élément essentiel de cette fabuleuse machine. Pour paraphraser ta vidéo : “Il est tout simplement extraordinaire. Il se réveille tout doucement entre 1000 et 2000 trs/min. Entre 2000 et 2500, il commence à s’étirer. À 3000, il commence à donner de la voix. Entre 3 et 5, c’est sublime. Entre 5 et 7, c’est somptueux. Entre 7 et 9, c’est délicieux.”
Oui, 9000 trs/min, mesdames et messieurs. C’est tout de même bien différent d’une voiture électrique… Merci, Porsche, de continuer à produire de tels moteurs. Sur les routes sinueuses d’Auvergne, la voiture est dans son élément. Le moteur peut s’exprimer pleinement et sans retenue. En seconde, la vitesse atteinte est déjà telle qu’on peut dire adieu à son permis sur le réseau secondaire…
Cette boîte mécanique est tout simplement parfaite… Elle représente le summum de l’ergonomie. Elle est ferme, mais justement dosée. Elle verrouille impeccablement chaque rapport. Elle peut être d’une grande douceur ou diablement ardente et brutale à chaque changement de vitesse. Certes, elle est un peu longue et son étagement n’est pas idéal. Mais honnêtement, une Touring avec une boîte PDK ? N’est-ce pas contradictoire ? Tu aurais partagé mon avis. Qui recherche la perfection à tout prix ? Ce sont les petites imperfections qui rendent les choses attachantes, n’est-ce pas ?
Ainsi, pour te rendre hommage, je m’attache sans relâche à faire hurler le Flat 6, diablement jouissif, de cette automobile si fascinante sur les routes désertes et envoûtantes de cette superbe région qu’est l’Auvergne.
Le châssis de la Touring est celui de la GT3. Vous avez entre les mains un scalpel. La voiture devient le prolongement de votre corps. Vous pouvez positionner les roues exactement où vous le désirez. Vos yeux guident, vos mains décident, et la voiture obéit. Les virages s’enchaînent, et vous ressentez une connexion immédiate avec le véhicule.
Le confort est peut-être un peu en retrait, mais c’est la brutalité de cette voiture qui me fait vibrer en cet instant. Et puis je pense que si il y avait eu les sièges sport plus plutôt que les baquets type 918, le confort aurait été meilleur. Quoi qu’il en soit, le confort est vraiment la dernière de mes préoccupations à cet instant.
Le freinage est, quant à lui, à la hauteur de la réputation de la marque de Stuttgart. Ça freine fort et constamment. Avec les freins céramiques qui équipent cette voiture, cela ne m’étonne guère. Cependant, assurez-vous de bien les chauffer. Dans le cas contraire, vous aurez l’impression de freiner avec une voiture d’une autre époque lors de la première sollicitation inattendue.
Au fil des kilomètres que je parcours au volant de cette voiture, je réalise qu’il me manque quelque chose. Et c’est toi, mon pote. Toi avec qui je pouvais rire sans cesse sur des centaines de kilomètres, sans jamais la moindre méchanceté. Toi qui m’as tant appris sur l’automobile et cette passion qui te consumait. Toi qui aurais tant aimé participer à ces essais qui, j’en suis sûr, avaient été organisés en grande partie pour toi.
Tu vas laisser un vide immense dans ma vie, toi qui étais si important pour moi. On s’était rencontrés lors de mon premier essai pour BlogAutomobile, celui de la Ford Ecosport en novembre 2015. Malheureusement, tu nous as quitté, et honnêtement, je ne sais pas si je parviendrai à essayer d’autres voitures sans toi à l’avenir.
Je sais que tu m’aurais dit de sécher les larmes qui coulent sur mon visage pendant que j’écris ces mots. Et tu m’aurais poussé, certainement avec un bon coup de pied aux fesses, à continuer de vivre cette passion que tu chérissais tant.
À JB.