La Civic, j’en entends parler depuis un moment. Je ne compte plus le nombre de fois où mon père relate ses souvenirs au volant de sa Civic 16S, qu’il a lâchement du abandonner au profit d’un Espace II, naissance de jumeaux oblige (désolé Papa). Le temps passe, et c’est à mon tour d’avoir le permis et mes propres autos. Non je n’ai pas acheté d’Honda Civic, mais entre mon irrésistible envie d’essayer une vraie sportive pour clôturer l’année 2017 et le besoin de découvrir pourquoi tant de monde voue une culte dévorant à cette voiture, me voici au volant de la dernière Civic Type R moins de 24h après Noël, merci Honda !
Bleu, Blanc, Rouge, Noir, j’hésite… Quelle peut bien être la couleur qui se marie le mieux à tant de lignes torturées ? Je me suis longtemps posé la question, puis ai fait mon choix. Ce sera donc dans l’ordre : Rouge / Noir / Blanc / Bleu.
Ah ? Un mail. Flûte, elle est noire.
1/ Ma station de lavage se frotte déjà les mains
2/ Je pleure déjà à l’idée de faire des photos d’une voiture noire (sérieusement vous avez déjà essayé ? Sans un minimum de matériel pour minimiser les reflets dus à la lumière grise et rasante d’hiver, c’est une galère sans nom).
Première claque
Voilà plus d’un an que je voulais l’essayer cette Civic. Enfin pas tout à fait, plus exactement cela faisait plus d’un an que j’avais demandé la Civic Type R à l’essai, on en était alors encore à la génération précédente (la FK2). Pour des raisons d’organisation, cela n’avait pas pu se faire. Du coup, je m’étais juré que celle-ci ne me passerait pas sous le nez ! C’est dire si je l’attendais cet essai, du coup c’est avec une petite appréhension que je me rends au parc presse Honda. Va-t-elle me plaire ? N’avais-je pas attendu tout ce temps pour que l’histoire se termine avec une grande déception ? Je m’étais tout de même renseigné au préalable, avais lu d’autres essais sur différents supports, normalement il n’y avait aucun doute : elle devait me plaire. Une signature plus tard, je franchis les portes automatiques de l’accueil et me retrouve enfin face-à-face avec ma promise.
” Ah oui, d’accord, ça claque.”
À vrai dire, elle m’intimidait quelque peu. Ses optiques avant acérées, sa lame avant proéminente (le premier qui dit “tondeuse” sort d’ici), ses jantes de 20 pouces, ses hanches galbées, son interminable aileron et enfin ses feux de gabarit allumés (identiques à la version Export US) qui me donnent l’impression qu’où que j’aille, cette Civic me surveille toujours du coin de l’oeil.
Si je me fie aux regards incessants où que je passe, la Civic Type R FK8 ne laisse définitivement pas indifférent. J’ai d’ailleurs retenu deux comparaisons qui lui collent plutôt bien : “la voiture de Dark Vador” ou encore “une Lamborghini Veneno taille réduite”. Je trouve la dernière particulièrement adaptée, tout y est, même la fine ligne rouge qui parcourt les parties inférieures de la voiture dans leur intégralité.
Deuxième claque
Bien que ses lignes extérieures suggèrent plus une voiture radicale qu’une compacte polyvalente, la Civic Type R dispose de tous les attributs de la parfaite compagne du quotidien. L’équipement est pléthorique (merci au pack GT directement intégré dans la dotation de série). Je retrouve même avec joie l’indispensable Car Play, une évidence pour n’importe quelle voiture neuve en 2017 (avis personnel). Les rangements à disposition sont d’une taille remarquable, les vide-poches des portières et notamment l’espace sous l’accoudoir central font pour ma part partie des plus grands rencontrés jusque là sur une voiture moderne. Et ce coffre ! 420 Litres de volume de chargement à disposition pour lesquels vous pouvez composer avec la banquette rabattable 1/3-2/3. Il faut dire qu’avec une longueur dépassant allègrement les 4,50 mètres, la Civic Type R FK8 s’éloigne presque du segment des compactes.
Globalement, la finition est en net progrès ! Reste uniquement les commandes au volant peu flatteuses et qui viennent gâcher l’ensemble. Dommage….
Troisième claque (la vraie !)
Ce qui pêche souvent sur les compactes sportives, c’est la position de conduite. Siège trop haut, volant trop loin, dossier trop droit. En dépit de nombreux réglages disponibles, il est bien souvent difficile de se sentir comme dans une véritable sportive à 100%. Mais pas ici.
Ça me fait presque mal de le dire tant j’aime nos “hot hatchback” nationales, mais les ingénieurs de chez Honda savent ce qu’ils font lorsque l’on parle de sportive : la position de conduite est idéale !
Je règle mon baquet rouge ardent au plus bas et retrouve une position identique à celle que j’ai pu trouver dans la Nissan 370Z ou encore le Toyota GT86. Les jambes presque allongées me permettent de régler le volant bas et au plus proche pour me retrouver allongé, on est très loin de la position de chaise que je peux avoir dans ma Twingo RS…
L’assistant chef de projet de la Civic Type R Hideki Kakinuma l’a dit lui même : “Notre vision pour la Civic Type R : une maniabilité en laquelle le conducteur peut avoir entièrement confiance et l’impression que l’on pourrait continuer à conduire éternellement.”
C’est cette dernière partie de la phrase qui m’a frappé. Éternellement, je sens que je pourrais rester éternellement au volant de cette Civic. Pas seulement à user les gommes sur une petite route sinueuse, juste cruiser tranquillement sur le périphérique parisien désert aux abords de la Défense un dimanche à 3h du matin, entouré d’autres sportives japonaises mythiques pour lesquelles le joueur de Gran Turismo que je suis porte une affection toute particulière. Vous voyez le tableau ? Je sais, ça fait très cliché “Fast & Furious Tokyo Drift” (forte connotation kéké tuning inside), mais c’est à peu de choses près ce que j’ai vécu grâce à Mickaël et sa merveilleuse Integra Type R DC5 à l’honneur sur certains clichés de cet article.
Ça tient vraiment pourtant à peu de choses, se dire qu’une voiture a une âme, qu’elle réveille en vous certaines émotions. Ce n’est ni sur un freinage appuyé, ni sur une accélération démentielle que l’on tombe amoureux d’une voiture. Des centaines de chevaux et un 0 à 100 km/h avalé en moins de 6 secondes, n’importe quel constructeur peut le faire. Juste un ensemble de détails, d’ambiances, de mythes qui règnent autour d’une voiture, un peu comme lorsque j’avais gouté pour la première fois aux plaisirs simples d’une Mazda MX-5, le charme opère.
Quatrième et dernière claque
Le paragraphe précédant sonnait comme une conclusion (d’ailleurs au moment où j’écris je me demande bien comment je vais réussir à conclure maintenant, quel idiot…), mais je n’ai pas encore abordé le plus important : le comportement routier.
Vous aviez déjà pu avoir un aperçu sur circuit , que donne la Civic Type R millésime 2017 sur l’asphalte (mouillé qui plus est) de Monsieur tout-le-monde ? J’entendais tout et son contraire à propos de la génération précédente, sinon un ressenti général plutôt péjoratif.
Avec un an passé au volant de 308 GTi, Seat Leon Cupra, Megane RS 275, Audi S3, je pensais avoir suffisamment de passif dans mes essais pour être en mesure de juger en toute impartialité les qualités de cette nouvelle prétendante (même si après relecture, je m’aperçois que c’est un peu le fouillis dans mes critiques, tant pis ça reste comme ça).
La première surprise, c’est le talon-pointe automatique et ce quelque soit le mode de conduite enclenché, et c’est plutôt une bonne chose, ça permet de se concentrer sur le reste ! La prise en main du levier de vitesses me rappelle une fois de plus la Mazda MX-5, verrouillage franc, débattement pile comme il faut, et tenue du levier jouissive (on va éviter le hors-contexte svp).
Malgré le sol gras, la motricité pour faire passer les 320 ch aux seules roues avant est stupéfiante si l’on écrase pas dès le début la pédale de droite. Tout au long de l’essai dynamique, il en ressort que les Continental Conti Sport 6 développés conjointement entre Continental et Honda pour le sacro-saint record de la boucle Nord du Nürburgring sont d’un grip très satisfaisant sur route humide.
Les virages se suivent les uns après les autres, et le 2.0 L VTEC ne semble s’essouffler à aucun moment. Si la mélodie n’est pas son fort, son volontariat et sa disponibilité à haut régime me ravissent tout autant ! Le mode Sport est amplement suffisant pour se faire plaisir sur route ouverte et la direction bien qu’un peu lourde permet de ressentir absolument toutes les informations du revêtement.
L’attaque de la pédale de frein me fait immédiatement penser à une “vraie” sportive, il faut y aller franco ! Un freinage appuyé suivi d’un relâchement progressif de la pédale jusqu’au point de corde d’un de mes virages favoris me permet même d’obtenir un beau survirage en sortie de courbe sans pour autant déclencher l’ESP qui viendrait mettre à mal la performance, le différentiel à glissement limité se chargeant seul d’une relance ébouriffante. C’est ÇA que j’attendais. Une sportive de caractère, qui en demande au conducteur et qui vous le rend km après km, un véritable bonheur à mener.
Coup de coeur 2017 !
Que dire, si ce n’est que cette 10 ème génération de Civic dans sa déclinaison “Type R” a rempli toutes mes attentes.
Performante ? Sans nul doute, les 7min 43s réalisées au Nürburgring en témoignent.
Polyvalente ? Si vous assumez le look de Batmobile, sans aucun problème ! De nombreux rangements, de l’espace pour les passagers, un amortissement ferme mais tout à fait vivable malgré les jantes de 20 Pouces. Attention tout de même aux lames avant et arrière proéminentes qui à l’approche d’un trottoir peuvent vous procurer de belles frayeurs.
Finalement, c’est mon petit coup de cœur de l’année 2017. Comme quoi, il ne fallait pas grand chose.
Ah si, un chèque de 38 910 €, et un autre pour l’État et ses satanés malus, gâcheurs de rêves !!!
Merci à Honda France pour l’aimable prêt et à Mickaël pour sa patience et sa merveilleuse Integra DC5 !
Crédits Photos : Mickaël Roux (pour admirer son travail, c’est ici)