Essai : Jaguar XF 30d, sur les traces de ses devancières

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Après quelques années sombres où fiabilité et innovation n’avaient plus rien en commun avec la marque anglaise, Jaguar renaît de ses cendres sous la houlette du groupe Ford avant de passer sous le contrôle du constructeur Indien Tata en 2008. Malgré de grandes inquiétudes « prononcées » par les passionnés, ce dernier est pour beaucoup dans le renouveau de la marque qui a commencé par un modèle : la XF.

Jaguar est connue et reconnue dans le monde pour ses berlines statutaires et son glorieux passé en compétition. La XJ avait il y a quelques décennies glané le titre de « plus belle berline  du monde», mais qu’en est-il de la XF qui nous apparaît ici sous sa seconde mouture ?

C’est pour répondre à toutes vos interrogations que nous nous sommes mis en quête d’histoire en parcourant les alentours du mythique circuit des 24h du Mans, en pleine effervescence à moins d’une semaine du départ, et où la marque au félin a triomphé pas moins de 7 fois au siècle dernier.

Apparue en 2008, la XF première du nom inaugurait un style totalement nouveau (merci Ian Callum) et avait surtout la lourde tâche de succéder à la très controversée S-Type à laquelle les puristes n’auront pas pardonné son style trop rondouillard (pourtant niveau fiabilité, ça correspondait aux habitudes de Jaguar non ?!). Exit les doubles optiques rondes si chères à la marque, on innove ! L’allure générale restait plus conventionnelle et moins osée que pour sa devancière, il s’agissait de faire du volume. Et pour faire du volume, il faut malheureusement rentrer dans le lot. Ian Callum a tout de même apporté sa patte en conférant à la XF de première génération des optiques avant rappelant le dessin d’un œil de félin tandis que les optiques arrières, très effilées, viennent parfaire un profil classique mais élégant.

Le restylage intervenu quelques années plus tard fera perdre la boule à bien des connaisseurs incapables alors de différencier la face avant d’une XJ de celle d’une XF, les phares de ces deux dernières étant quasiment identiques. Malgré tout, on observe ce phénomène chez une grande majorité des constructeurs. Le style s’installe, on rentre peu à peu dans une logique de gamme et de code stylistique commun pour tous les modèles : Jaguar se construit une nouvelle identité.

C’est en obéissant à cette nouvelle identité que la deuxième génération de la XF arrive sur nos routes. Bien que la presse spécialisée y ait tout d’abord vu un énième relooking, il s’agit d’un véhicule totalement nouveau, reposant sur la plateforme en aluminium de sa petite sœur XE (dont vous pouvez retrouver nos impressions ici et ).

Il est vrai que vue de face, elle n’a pas beaucoup changé cette Jag’. Le dessin des optiques avant et arrière est nettement inspiré de ceux de la XE, le tout en plus « étiré » si vous me passez l’expression. À vrai dire, une XF m’a suivi durant quelques kilomètres quelques jours avant de récupérer la « mienne ». Même après examen minutieux de ses lignes dans mes rétroviseurs, je pensais précéder une XE.

De profil, on retrouve une ligne classique qui reprend très nettement encore celle du petit modèle, à une chose près : le porte-à-faux arrière. Reposant sur la même plateforme, la XF est en revanche plus longue et il faut bien que ces quelques centimètres se retrouvent quelque part, eh bien on a trouvé où. La XF, non dénuée d’élégance ressemble pourtant à une XE avec un sac-à-dos (je pense que vous comprendrez bien l’image !). Ces quelques centimètres se retrouvent donc au niveau de la malle arrière à la profondeur plutôt impressionnante. On aurait aimé que ces derniers soient au bénéfice des passagers arrières qui ne disposent que d’un espace au jambes correct voire seulement acceptable pour les grands gabarits, ce qui est plutôt handicapant pour une grande berline. D’autant plus qu’ils se retrouveront bien souvent la tête dans le plafonnier (mon mètre 84 a eu du mal à s’y sentir à l’aise).

Enfin, la poupe ressemble une fois n’est pas coutume à s’y méprendre à ……….. ààààà….. la XE, oui, vous avez deviné !!! C’est me concernant là que la bât blesse. Tandis que la précédente génération optait pour un style bien à elle, la seconde mouture utilise des codes stylistiques qui ne lui appartiennent pas, les optiques reprennent ainsi beaucoup trop à mon goût le dessin de celles des Audi, on perd en personnalité ce que l’on gagne en sobriété. Heureusement, la signature lumineuse reste quant à elle très largement inspirée de celle de la F-Type.

Traditionnellement, une anglaise, et plus précisément une grande berline anglaise se doit d’être parée de cuir pleine fleur ainsi que de bonne ronce de noyer pour les inserts décoratifs de console centrale, contreporte etc. Pour le cuir, il y a ce qu’il faut. Le choix d’un habillage « Latte » se marie à la perfection à la peinture extérieure « Noir Saphir » (aux reflets bien plus bleu qu’il n’y parait) et aux inserts couleur ébène (tant pis pour la ronce de noyer). Vous ne pouvez d’ailleurs sûrement pas imaginer ma satisfaction lorsque j’ai découvert la configuration qui m’était proposée. Enfin une anglaise digne de ce nom, qui échappe à la mode de la carrosserie blanche et à l’habitacle noir avec inserts piano black bien mieux adaptés aux germains, d’ailleurs spécialistes en la matière.

Une anglaise se doit d’être élégante, discrète, distinguée, de se comporter en véritable lady. Sur ce point, d’un point de vue observateur, la XF réalise un sans-faute.

Oui mais voilà, la marque au félin ce n’est pas uniquement luxe, calme et volupté. C’est également un rugissement qui a en son temps fait trembler la célèbre ligne droite des Hunaudières. De la Type C à la XJR-12 en passant par la Type D rendue tristement célèbre en 1955 suite à l’accident survenu dans la ligne droite des stands dont elle serait à l’origine (la polémique sur ce sujet reste entière), le passé Manceau de Jaguar était tout aussi important que sa réputation de fiabilité hasardeuse (temps révolu je vous rassure). Suite à 1955, une malédiction frappe d’ailleurs tous les vainqueurs des 24h au volant d’une Jaguar, ils disparaissent prématurément dans des conditions plutôt obscures. C’est ce que se laissent à penser bon nombre de passionnés, férus d’anecdotes du genre, construisant la légende de cette course mythique.

À quelques jours de la 84ème édition des 24h du Mans, l’idée m’est venue de rôder autour du circuit pour m’imprégner de l’ambiance d’avant-course et de suivre les traces des devancières de ma monture pour quelques jours.

C’est avec une certaine excitation que je prends les commandes de ma voiture de maître, mue par un V6…………..Diesel ! Qui se révélera idéal pour faire de la route.

Le périple commence bel et bien par l’autoroute A11 reliant la région parisienne au Mans. Les première accélérations franches me collent littéralement au large siège conducteur et me font atteindre des vitesses inavouable bien trop rapidement, je n’ai pourtant pas encore enclenché le mode « dynamique ». Les 300 ch et les 700 Nm de couple sont bien présent, le premier arrêt au péage me permettra d’ailleurs de vérifier sans tarder les 6,2 secondes annoncées pour abattre le 0 à 100 km/h. Autant vous dire que les autres usagers ont été bien surpris d’autant de fougue de la part d’une respectable dame anglaise (le fait de ne pas voir derrière le volant un soixantenaire casquette vissée sur le crâne probablement aussi).

Je poursuis ainsi ma route à un rythme de sénateur et apprécie tout particulièrement l’insonorisation remarquable me permettant d’apprécier les qualités acoustiques proposées par le système audio Meridian (que je critiquais pourtant dans mon essai du Range Rover Evoque, à croire que la forme de l’auto joue beaucoup sur ce point là). Les premières gouttes de pluie se font sentir mais la XF ne bronche guère, pas un seul mouvement de travers, pas une seule glissade ou aquaplaning malgré de grandes flaques d’eau traversées à vive allure. Les ingénieurs ont ainsi l’air d’avoir fait des merveilles sur cette propulsion ! La quiétude est de mise et Mozart accompagne parfaitement mon périple vers la Terre Sainte.

C’est donc sans crainte que j’enclenche le mode « ECO » qui adoucit considérablement l’ensemble des commandes de la voiture tandis que la réponse du moteur sur simple pression de la pédale d’accélérateur se fait beaucoup plus retenue mais largement suffisante pour montrer au coco en A250 qui vous colle au train que le roi de l’autoroute, c’est encore vous ! Ce même mode ECO me suivra d’ailleurs jusqu’à l’arrivée à notre première étape : le petit village de La-Chartre-Sur-Le-Loir. Ce dernier renferme pour les novices le célèbre Hôtel de France qui accueille depuis des décennies, à pourtant plus d’une quarantaine de kilomètres du circuit, nombre d’équipes concurrentes avant la fameuse course. Au fil des ans, il est devenu un lieu de pèlerinage où s’arrêtent volontiers une partie du public anglais (représentant une très grande partie des spectateurs des 24h) pour s’imprégner de l’ambiance du lieu sacré et se ressourcer avant un week-end fait bien souvent de camping et de concours du plus grand mur de canettes de bières ! Un moyen de purifier son âme avant la grande messe en quelques sortes.

Grand bien nous a fait de nous arrêter en ce lieu puisque nous sommes tombés sur une des 60 voitures participantes. Et non des moindres puisqu’il s’agissait d’une des 4 Ford GT en pleine séance photo ! Les quelques badauds du village attirés par tant d’effervescence ne sont d’ailleurs pas restés indifférents aux lignes de notre beau félin.


C’est chargé à bloc que j’entre dans le GPS l’adresse du circuit Manceau en privilégiant bien évidemment les petites routes de la région Sarthoise. Aucune nouveauté particulière de ce côté là puisque la XF hérite de la même interface que le reste de la gamme Jaguar/Land Rover et par la même occasion de la lenteur particulière de l’ensemble du système associé à une ergonomie des commandes tactiles parfois hasardeuse. Les effets du mode « Dynamique » que j’ai choisi d’enclencher pour parcourir les 46 km qui me séparent du circuit me feront vite oublier ces quelques menus détails pour me concentrer sur l’essentiel : la conduite. Avec près d’1,8 tonnes sur la balance malgré l’utilisation massive d’aluminium, un gabarit imposant et un couple camionnesque, je m’attendais à une voiture plutôt difficile à mener tout particulièrement dans les virages serrés. Il n’en sera rien. Malgré des commandes durcies et un répondant moteur à la hauteur de mes attentes, la XF se laisse mener avec une facilité pour le moins déconcertante. Le ressenti de direction est idéal et vous permet de placer le museau de la XF également là où vous le souhaitez sans être perturbé par un train avant baladeur dû à une mauvaise gestion de la traction puisqu’ici, c’est une propulsion !

Quid de cette dernière ? Au rythme auquel je file vers le circuit, je n’ai bien sûr pas envisagé de déconnecter l’ESP et malgré quelques menues glissades sur sols détrempés lors de freinages appuyés avant d’attaquer en courbe, la gestion du train arrière est tout à fait exemplaire. Le gabarit de l’auto n’est d’ailleurs pas un handicap puisque malgré sa taille, la XF ne tangue point en virage comme on pourrait s’y attendre. Je vois déjà arriver les sceptiques… « Conduire de cette manière avec une berline et un V6 Diesel, quel intérêt ?! ». Pratiquement aucun j’en conviens, si ce n’est l’intérêt de vérifier la logique de la présence d’un mode « dynamique » sur une telle voiture, et pour moi c’est tout vérifié ! Un chauffeur aura ainsi loisir à partir en retard pour récupérer son patron tout en s’amusant au volant en toute quiétude.

« Les Hunaudières », c’est bien ce qu’il y a de marqué sur ce panneau. J’y suis enfin ! Petite précision qui ne sera qu’une piqûre de rappel pour la majorité d’entre vous : le circuit de 13,6 km emprunté par les 60 bolides courant les 24h du Mans est constitué de routes départementales sur lesquelles la circulation est ouverte le reste de l’année bien évidemment. Et c’était le cas ce jour ! Au vu de l’effervescence qui régnait sur les lieux, on se doutait bien qu’un événement se préparait ! Le fait de croiser des protos LMP1 sur des camions-plateaux finissait de me convaincre : c’est ce week-end !

Direction le virage d’Indianapolis pour une séance photo et bien évidemment, quelques virages bien appuyés afin de faire honneur aux illustres devancières ayant foulé cette route sacrée.

La largeur monumentale du virage pour une voiture conduite par le commun des mortels (enfin presque) m’autorise pour le coup à tenter une désactivation de l’ESP. Malgré une courbe prise à la corde et un rythme une fois de plus honorable, le train arrière reste peu joueur. On retiendra ainsi une certaine efficacité de la XF dès lors que le conducteur se met à rêver de noms tels que « Arnage » ou « Mulsanne ».

Petit détail amusant, la XF dont je disposais bénéficiait du système caméra 360 avec une caméra placée à l’avant en plein milieu de la calandre. Il vous est possible tout en roulant de mettre en route cette caméra (mais également toutes les autres) qui retranscrit ainsi en direct et en grand angle sur l’écran de la console centrale ce qui se passe devant vous permettant à chaque passager de n’en louper aucune miette. Des fois que vous hausseriez le rythme, sait-on jamais… Oui mais non pas en Diesel, c’est mal ! J’en profite d’ailleurs pour présenter toutes mes excuses aux lecteurs eco-friendly qu’il peut m’arriver de froisser dans certains de mes essais.

Passage obligatoire par le musée où je tombe nez à nez avec une illustre aînée : la Jaguar XJR-9 et ses roues arrières carénées dans sa fameuse livrée « Silk Cut ». Voilà de quoi finir en beauté cette journée. Je choisirai d’ailleurs de ne pas emprunter de tronçon autoroutier pour le retour afin d’apprécier les qualités routières de la XF plus en détail. Mode ECO toujours enclenché, le ronronnement du V6 au redémarrage après un feu rouge vient seul troubler l’insonorisation déjà vantée plus haut, vous savez, ce bruit d’Audi A6 TDI de première génération qu’il m’est d’ailleurs grisant d’écouter au ralenti je l’avoue (on va encore me prendre pour un fou).

Voilà. Quoi ? Ah oui le prix… Vous êtes sûrs ? Bon, à vos risques et périls.

Une Jaguar XF V6 30d Portfolio configurée comme celle-ci vous coûtera la bagatelle de 87 000 € !

Pour ce prix là, on s’attend à la perfection. On en est pourtant encore un peu loin malgré toute la bonne volonté engagée par Jaguar pour faire de cette XF une alternative logique à la concurrence germanique. Il reste en effet bon nombre de détails de finition à revoir, notamment à l’intérieur. Lorsque l’on entre dans une logique de chiffres, on perd forcément un peu en qualité. Vous aurez au moins le bénéfice de rouler décalé et « classe », le nombre de têtes retournées vous admirant au volant d’un tel engin vous bluffera à coup sûr ! Allez Jaguar, encore quelques efforts, on tient le bon bout !

Je tiens une fois de plus à remercier Jaguar/Land Rover France pour l’organisation du prêt du véhicule et tout particulièrement M. Dagnon pour sa confiance renouvelée et sans faille.

Un grand merci également à mon fidèle photographe Nicolas Rhein pour avoir supporté mes humeurs et ma conduite. 

Crédits Photos : Nicolas Rhein / Jaguar 

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