Maintenant je comprends

Le Mans Classic

Le Mans Classic

Mans Classic

Le sport auto n’a jamais été ma tasse de thé. Et puis Peugeot m’a invité au Mans Classic.

Non, je n’ai jamais vraiment apprécié le sport auto. Ca fait belle lurette que je ne suis plus la F1 mais je me rappelle que, quand je la regardais gamin, c’était plus pour les spots de pub qui entrecoupaient les courses que pour les voitures. Dans Forza Motorsport, je préférais mille fois engager une voiture de série bolidée à mort par mes soins plutôt qu’une voiture de championnat de classe équivalente. Alors, oui, comme tout le monde j’imagine, je frissonnais devant les caméras embarquées des spéciales de rallye (comment les mecs font ??) mais bon, je passais à autre chose une fois la vidéo terminée.

Du coup, je ne me précipitais pas sur les invitations qu’on recevait par les marques pour suivre un événement sportif. Je me souviens avoir répondu oui à Volkswagen pour couvrir le Monte-Carlo en 2014 mais bon, entre la nuit à l’Hermitage et l’hospitalité sur place chauffée avec traiteur, je ne suis pas sûr que mon expérience ait été représentative de ce qu’on peut vivre au bord des pistes. L’autre course à laquelle je me suis rendu, c’était la manche française de rallycross à Lohéac en 2018, mais j’étais payé à faire des tweets et je n’ai pas vraiment fait autre chose du week-end.

Et puis arrive le 23 juin 2022, où je reçois en toute fin de journée un message instantané du service comm’ de Peugeot. “Puis-je te proposer de nous retrouver avec l’Aventure Peugeot au Mans Classic autour de la CD Peugeot SP66 ? Départ le 1 juillet matin, retour le 2 au soir en 508 PSE”. Le Mans Classic. Mes amis en reviennent systématiquement avec des étoiles dans les yeux. J’avais classé l’affaire dans la catégorie “mouais à faire éventuellement un jour” (dans laquelle je range également “travailler mon cardio”, vous voyez l’idée), mais puisque l’occasion se présente, autant la saisir. J’ai répondu oui.

D’autant plus que cette “CD Peugeot SP66”, dont j’ai découvert l’existence grâce au communiqué de presse joint au message, m’intriguait. Elle vous est également inconnue ? Laissez-moi vous raconter. Tout commence en 1961, où Charles Deutsch (créateur de la marque à ses initiales) et Lucien Romani commencèrent à étudier une nouvelle voiture avec une idée en tête : participer aux 24 Heures du Mans. Elle sera légère, aérodynamique et motorisée par le 1130 cm³ de la nouvelle 203 fourni en scred par Peugeot. Tout est prêt pour les 24 heures du Mans de 1966, où CD engage trois SP66 -et qui ont donc pu assister à cette incroyable affrontement entre Ford et Ferrari, fort bien relatée dans le film éponyme. Le destin des trois françaises sera moins glamour avec trois abandons, deux pour accidents et un pour panne d’embrayage. Peu importe, Deutsch réaligne deux autre SP66 l’année suivante…qui subiront le même destin. C’est la fin de la marque CD.

Bref, tout ça pour vous dire que l’atelier de restauration de l’Aventure Peugeot a entièrement retapé une d’entre elles (celle qui a perdu son embrayage en 66, pour être tout à fait précis) et cette participation au Mans Classic est en quelque sorte la concrétisation de ce beau travail. La voiture, conduite par Etienne Bruet et Thomas de Chessé, est-elle là pour rafler la mise ? “En aucun cas”, me répond Christian Guillaume, responsable de l’atelier de restauration, “on est là pour faire rouler le patrimoine”.

Et c’est donc pour encourager l’équipe que nous arrivâmes (bam, passé simple dans tes dents) samedi midi au Mans avec nos rutilantes Peugeot contemporaines. Et c’est là que la magie a commencé à opérer. Je me dois de l’avouer, j’ai bénéficié de conditions plus que privilégiées : accès aux loges, aux paddocks, à la pitlane, à une tribune… Je suis bien conscient que je n’ai pas vécu l’expérience du quidam lambda. Mais voilà, après deux jours et 22 kilomètres parcourus à pied (ça use les souliers), je pense avoir compris le truc. Compris pourquoi les sports mécaniques peuvent autant attirer les gens.

Compris pourquoi les gamins rêvent de se retrouver au volant des bolides qu’ils voient passer. Compris pourquoi des gens peuvent passer des heures à se cailler les miches au bord d’une route. Compris pourquoi on peut être dingue d’un moteur en particulier, de sa sonorité dans telle condition, de guetter ses retours de flamme au rétrogradage. Compris pourquoi on pouvait devenir mécano et ruiner tous ses week-ends à peaufiner encore et toujours le bolide sur lequel on travaille. Compris l’essence de la ferveur autour du sport auto.

C’est à la fois évident et impossiblement compliqué à expliquer par écrit. Comment vous dire ? Il y a une ambiance, un bouillonnement, un truc pas palpable mais là, présent partout autour de soi. Une sorte de communion ; des gens venus d’un peu partout dans le monde pour célébrer leur amour pour les bagnoles. Plus particulièrement, l’amour des vieilles bagnoles de compétition, rassemblées sur ce mythique circuit que sont les 24h du Mans.

Il y a vraiment cet effet de groupe, en fait. Et puis le mieux, c’est de le faire entre potes. “Il y a un départ type Le Mans pour le plateau 4, je file à la ligne droite des stands”. “Le Groupe C commence, on va au raccordement pour les freinages !”. “Vous êtes où ? Au Dunlop ? Bougez pas je vous rejoins”. “T’AS ENTENDU LE BRUIT DE LA MAZDA ????”. Et tant d’autres choses à partager ensemble.

Ouais, prenez ce Mans Classic comme le rassemblement d’une énorme bande de potes. Des potes fortunés, qui n’hésitent pas à arsouiller dans leurs bagnoles de plusieurs millions d’euros, des moins fortunés qui se font ce plaisir de s’offrir une place, des jeunes, des vieux, des français, des anglais, des américains, des blancs, des…ouais non que des blancs en fait ; bref, une diversité assez incroyable est là, unie, avec pour seul but de pour partager un bon moment, s’éclater et se faire de bons souvenirs à garder pour plus tard.

Peut-on trouver ce genre de scène autre part ?

Je n’ai pas pour habitude de remercier les marques pour leurs invitations mais je vais faire ici une exception : merci, merci, mille mercis à Peugeot et à l’Aventure Peugeot pour l’invitation, pour les conditions privilégiées, pour la découverte. Suite à ce week-end, comme je vous le disais, je comprends mieux la ferveur autour du sport auto. Est-ce qu’il va faire de moi un aficionado absolu de la moindre manifestation sportive, j’en doute, mais pourquoi pas se faire une virée entre potes de temps en temps. Je reviendrai.

Ah, et si vous aussi vous voulez voir une CD Peugeot SP66, il y en a une au musée des 24h dans la très belle expo temporaire “Allure Le Mans” retraçant les aventures de Peugeot sur le circuit. Et il y a la 9X8 !

Crédits photos : l’Aventure Peugeot, Régis Krol, Pierre Clémence, Ugo Missana, ThomasD., Jean-Baptiste Passieux

Je suis sur Twitter : @JBPssx

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