Essai Peugeot 208 GTi : le point de vue de François

Peugeot 208 GTi (8)

Jamais deux sans trois ! Après Eric et Jean-Baptiste, j’ai pu à mon tour essayer la 208 GTi, avec une différence : cela s’est déroulé sur les 5,2 km du circuit routier du CERAM à Mortefontaine (Oise), le lieu idéal pour montrer ce que la dernière hot hatch du Lion a derrière ses griffes.

Nous savons qu’en ville et sur route le comportement de cette 208 GTi est exemplaire et parfaitement exploitable. Mais, quitte à disposer de la petite bombinette et d’un circuit, l’idée qui s’impose automatiquement est : allons-la tester ! Tss, pas si vite !…

Discrétion de rigueur

D’abord, regardez bien cette 208 GTi car vous n’en verrez pas des masses. Ne voyez aucune prétention dans mon propos, simplement, la teinte Bleu Virtuel de notre modèle d’essai est proposée partout en Europe… sauf au catalogue de Peugeot France. C’est sûrement pour cela qu’elle s’appelle “virtuel”, mais pour une voiture qui vient, avec la 208 XY, de recevoir son label “Origine France Garantie”, ça s’appelle un effet bœuf. Espérons que les services marketing du Lion y remédieront bientôt, car cette couleur sied bien à la 208 GTi : discrète, pas inutilement démonstrative. De plus, le fait que cette peinture soit disponible sur de “simples” 208 VTi ou HDi fait passer inaperçue le pedigree de cette GTi dans le paysage. Ne jamais faire confiance aux apparences…

Le diable se niche dans les détails, c’est bien connu : nervure rouge sous la calandre spécifique à damier noir laqué, optiques propres partagés avec la 208 XY, rétroviseurs chromés, jantes “Carbone” de 17 pouces exclusives, passages de roue élargis, double échappement chromé, et les monogrammes GTi sur les flancs et à l’arrière… Peugeot ne fait pas dans la démonstration, mais cela sied à la philosophie d’une 208 GTi qui refuse tout “tuning” et répond entièrement à une devise de camouflage de ses réelles aptitudes. A l’intérieur, les sièges baquets et les décorations noires tirant sur le rouge donnent une touche sportive, mais -et c’est encore un détail- c’est véritablement le cerclage rouge des compteurs qui vient interpeller le regard : cette citadine nous cache des choses…

Allez, au volant !

Dire que la 208 GTi surprend à l’allumage serait mentir : tout au plus les aiguilles des compteurs font un tour complet avant de revenir au point mort, et les premiers tours de roues se font en douceur: direction très douce pour les manœuvres, quasi-silence à bord et bonne maniabilité, tout se passe normalement. Trop, peut-être ? Une accélération un peu trop franche et on sent que le moteur a du répondant. Alors, après un tour de chauffe pour découvrir le parcours du circuit -ses cônes pour les évitements, ses enfilades de virage, sa portion sur pavés, l’enchaînement de deux bosses et son épingle (en lisière de la forêt de Sainte-Marguerite des Grés), nous sommes lâchés à 4 petites 208 : deux VTi, et deux GTi. Bonne nouvelle pour les GTi : les VTi sont devant, en ligne de mire ; mauvais nouvelle pour les VTi : les GTi sont derrière et piaffent d’impatience ! Il ne faudra que quelques virages pour que les braves “68 ch’vaux” s’écartent et laissent la cavalerie sportive les dépasser !

Et c’est un régal ! A tout instant les 200 chevaux répondent présents. La boîte, bien étagée, est un plaisir à monter. Surtout, c’est lorsque le moteur passe les 3500 tr/minutes qu’il rugit littéralement, pour le plus grand plaisir du conducteur devenu apprenti pilote. On a faim d’entendre le 1,6 l THP monter dans les tours et déclencher cette mélodie qui fait naturellement passer les vitesses un peu plus tard, et freiner parfois plus assez tôt -les commissaires de la piste sont là pour nous mettre en garde. C’est aussi parce que l’on a toute confiance au volant de la 208 GTi : le châssis ne bouge pas et colle littéralement à la route, le freinage est diablement consistant, le moteur a tout le temps ses 275 Nm de couple (jusqu’à 160 km/h en tout cas, je n’ai pas pu vérifier au-delà !), et la direction est efficace. De surassistée à bas régime pour les manœuvres, elle devient très consistante et ultra précise dans l’inscription en virages.

Le fait est que la 208 GTi est ultra-maniable : on ne s’en rend pas compte à l’usage au début, mais l’idée du petit volant est une initiative géniale. Il tient facilement dans les mains, et surtout il est agréable au toucher (gainé de cuir à surpiqûres rouges avec un rappel central rouge) et badgé “GTi” sur son méplat inférieur. Je souscris aux propos de Jean-Baptiste et d’Eric sur la position de conduite: il m’a seulement fallu baisser l’assise de trois crans (ce que j’aurais de toute façon fait m’estimant trop haut-perché sur le siège) pour que mon 1,80 mètre soit parfaitement installé dans le siège et -surtout- que mes yeux aient pleine vue sur les compteurs comme sur la route. Le passage visuel des compteurs à la route est plus rapide sans la jante du volant : aucune gêne ressentie donc, et même un esprit sportif qui rajoute un supplément d’âme à cette 208 qu’on sent expressément pensée pour le plaisir de conduire.

Allez, une petite critique négative quand même sur ce tableau idyllique : la descente des rapports de boîte n’est à mon avis pas suffisamment guidée, à savoir que l’on peut trop facilement passer de 5ème en 2ème sans le vouloir… alors même que la montée des rapports semble instinctive et ultra facile. A revoir peut-être. Et surtout, un détail d’aménagement intérieur peu satisfaisant : l’accoudoir central. Situé assez haut sur le dossier, il n’est déjà pas très confortable à basse vitesse, et devient carrément gênant pour conduire, si bien qu’il faut le remonter contre le dossier pour que le coude droit ne vienne pas buter contre son extrémité en permanence.

Quand j’serai KO (…) dans cette petite-mort…

Après une petite dizaine de tours du circuit du CERAM, je dois me faire une raison. Ou plutôt deux. La première, c’est que j’ai pris mon pied. Littéralement, à hurler un “whaaouuuh!!!” très distingué après une enfilade de virages que je n’aurais pas osée à une vitesse aussi soutenue (mais le châssis y incite, on notera que c’est la seule fois où j’ai senti l’arrière se dérober légèrement de sa trajectoire). Et la seconde, c’est que la récréation est finie et qu’il faut rentrer au parking : les bonnes choses ont toujours une fin, et c’est le coeur battant -mais impressionné !- que je descends de la GTi. On me l’avait confiée “bleu électrique”, mais elle donne en réalité des sensations “orange mécanique” ! Un plaisir sans aucun sentiment de culpabilité, parce que vécu sur circuit et sans mise en danger de la vie d’autrui -même pas celles de deux merles, inconsciemment posés sur le bitume et qu’un coup de klaxon suffit à faire s’envoler avant la tempête.

Pour une citadine qui se veut sportive, digne héritière de ses ancêtres par son slogan “GTi is back” tout en conservant une philosophie très “Peugeot” de discrétion esthétique et d’efficacité mécanique, je me dis que le défi est entièrement relevé, et le pari complètement réussi. Petit volant, moteur puissant, châssis fascinant, et sonorité quasi envoûtante, cette GTi est plus qu’une simple bombinette délurée : c’est une voiture qui a une âme et diffuse un plaisir sain à son propriétaire, fait de pures sensations et d’un sentiment total de sécurité.

Mais que reste-t-il à la 208 VTi ?

Ah oui, l’essai de la GTi n’était pas le seul proposé ce jour-là : deux 208 VTi 68 chevaux étaient aussi proposées, “à titre de comparaison” ! Forcément, quand on sort d’une GTi, ce n’est pas pareil que dans des “conditions normales”… Nous avons tenté malgré tout pendant quelques instants, hors circuit, de retrouver un peu de calme après l’euphorie pour cette prise en main du plus petit bloc essence de la lionne. Cette 208 VTi séduit d’abord par le silence à bord et par le répondant de son moteur, même si l’on monte très vite les rapports pour ne pas trop grimper dans les tours. A bord, le levier de vitesse a changé : ce n’est plus le pommeau aluminium de la boîte 6 du THP 200 mais un simple levier recouvert de plastique gravé au motif des 5 rapports. Pour autant, la direction continue d’être d’une efficacité appréciable : elle reste très maniable en toute circonstance sans que cela n’induise de flou dans la trajectoire prise.

Il n’y a cependant rien à faire: cette 208 peut être d’une attachante honnêteté dans ses prestations, on peut essayer d’avoir le regard le plus bienveillant à son égard, reste que la GTi continue d’envoûter l’esprit. Avec elle, le diable se niche dans les détails, oui, mais il ne tarde pas à faire son nid dans votre esprit.

C’est l’heure, les enfants, il faut partir…

Quelle place laisser à l’impartialité lors d’un essai passion ? Aucune. J’ai aimé, point barre. Plus la GTi que la VTi, bien-sûr, mais les deux font valoir des compétences dans leurs domaines d’actions respectifs, et c’est bien là l’essentiel. Voir les deux GTi partir du CERAM sous mes yeux pour rejoindre leurs pénates respectives ne fut pas un déchirement (il ne faut pas être sentimental, ce sont de solides et farouches petites Lionnes), mais on a plaisir à les suivre une dernière fois des oreilles et des yeux. Un plaisir d’autant plus fugace qu’il sera difficile de les retrouver dans la circulation, tant -répétons-le- elles sont discrètes en conditions normales de conduite. Cela rajoute du charme lorsque l’on en croise sans s’y attendre… Mais à la fin on se dit que ce n’est pas si mal de tenter le diable, surtout quand celui-ci s’habille en GTi.

Crédit photographique : François Mortier pour BlogAutomobile
Grand merci à Aurélie Denizanne Gicquel et Olivier Petit, aux équipes de Peugeot et du Ceram
Aviez-vous remarqué que cette 208 GTi Bleu Virtuel avait déjà été testée par Féline 208 ?

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