Surfant depuis 2007 sur la vague du succès des SUV, le Volkswagen Tiguan s’est au fil des ans affirmé comme une des références du marché. Pour 2016, Volkswagen a entièrement revu sa copie. Fini les lignes arrondies, place aux angles et à l’agressivité !Après une première phase de découverte que vous pourrez relire en cliquant ici, place maintenant à ce qui importe vraiment pour le futur acheteur que vous êtes peut-être : qu’est ce que ça donne au quotidien ? Pour répondre à toutes vos interrogations, je me suis dirigé vers l’est de la France où se mêlent petites routes de campagne, l’autoroute A4 et le massif Vosgien. On pourra même envisager de pousser jusqu’en Allemagne qui sait… Pour cette mise à l’épreuve d’un usage à la vie quotidienne, je dispose d’un Tiguan 2.0 TDI 190 ch 4Motion en finition Carat Edition, soit la plus haute finition disponible sur le modèle (remplacée tout récemment par Carat Exclusive). La gamme Tiguan a en outre récemment été complétée par l’ajout d’une version 240 ch du 2.0 TDI et d’une finition R-Line au look plus agressif via l’ajout d’un kit carrosserie du plus bel effet.
Une gueule résolument germanique
Les amateurs du genre ne seront pas déçus, le style du Tiguan deuxième du nom est définitivement germanique. Calandre imposante, optiques avant et arrière anguleuses et effilées, arrêtes saillantes sur le capot (un peu à la manière des C63 AMG) et sur le long des portières bref, l’agressivité est de mise. De quoi flatter le père de famille sûrement adepte du « Les françaises c’est de la merde » ou bien « Une Allemande ou rien ! » (rhooo, tout de suite les préjugés…). Les jantes 18 pouces Nizza me permettent ainsi d’échapper aux nouvelles jantes 19 pouces bicolores noir/argent semblant tout droit sortir du rayon tuning du centre Norauto le plus proche (ne croyez pas que je dénigre Norauto, j’y vais moi-même régulièrement). Elles devraient de plus privilégier le confort de roulement et gommer en partie le côté « tape-cul » de la plupart des Volkswagen.
Volkswagen Airlines bonjour
Côté habitacle, les détracteurs des marques allemandes ne bouderont pas leur plaisir à crier ouvertement : bonjour l’austérité ! C’est vrai que pour le coup, il y a du noir, un peu de noir, encore du noir par-ci par-là et pour couronner le tout : du noir. Sièges ? Cuir noir. Plafonnier ? Suédine noire. Tableau de bord et contreportes : plastique noir. Décorations intérieures ? Noires. Pourtant, de nuit, l’habitacle prend un air de cockpit aéronautique avec des liserés lumineux bleus le long des portières et un tableau de bord héritant de la technologie Virtual Cockpit d’Audi. Ajoutez à cela l’affichage tête haute et vous obtenez le vaisseau parfait pour la conduite nocturne. Bref vous l’aurez compris, nous sommes bien à bord d’une Volkswagen. La qualité des matériaux est au rendez-vous, l’assemblage ne souffre d’aucune faiblesse. On trouve rarement des choses à redire à l’intérieur d’une Volkswagen, surtout pour ce niveau de finition. Personnellement, je regrette l’absence de sellerie cuir/alcantara qui casserait l’austérité ambiante, ajouterait un soupçon de sportivité et donnerait juste ce qu’il faut de cachet à l’ensemble.
107.7 FM : conditions apocalyptiques si vous prenez la route
Apocalyptique, c’est le mot. Me trouvant bien malin de prendre la route le jeudi soir depuis la région parisienne, veille de jour férié et donc de week-end prolongé, je me retrouve immanquablement dans les bouchons parisiens et ce pour bien plus longtemps que je ne l’avais imaginé. Autre choix débile une fois de plus, je choisis la Nationale 4 pour rejoindre les alentours de la capitale européenne (cf Strasbourg). Raté, je me retrouve derrière une file importante de voitures et surtout de camions. La route devient une véritable piscine (je compte sans exagération 1,5 cm d’eau sur la route) et malgré la nuit, les pauvres gens inaptes à la conduite nocturne humide et le trafic ambiant, un sourire narquois apparaît sur mon visage : le 4Motion, c’était vraiment une bonne idée !
Vous connaissez tous les voies rapides avec une voie de gauche à moitié inondée avec une fâcheuse tendance pour les utilisateurs de cette dernière à l’aquaplaning. La situation était celle-ci. C’est d’ailleurs dans ce genre de situation que toutes vos compétences (aussi maigres soient-elles) de conduite/pilotage sont remises en cause. La peur de LA glissade fatale vous envahit et vous craquez comme tous les autres : direction la voie de droite, collé-serré à la voiture qui vous précède, le tout à 50 km/h avec un risque d’accrochage amplifié. Mais pas cette fois !
Le 4Motion constitue en effet une des meilleures technologies actuelles de transmission intégrale (pour un constructeur généraliste). Les 4 roues motrices sont permanentes et non pas Haldex comme certaines Audi Quattro (avec entrée en action des roues arrières seulement en cas de difficulté). Ainsi, la répartition du couple est automatique et perpétuelle entre les 4 roues. La gestion de cette dernière m’est d’ailleurs apparue comme proche de la perfection. À aucun moment la tenue de route n’a été prise à défaut malgré un squat permanent de la voie de gauche à environ une bonne centaine de km/h et la traversée régulière de flaques d’eau ressemblant d’ailleurs plus à des mares qu’à autre chose. Le sentiment de sécurité reste bien présent et plus important que dans un monospace, c’est du solide !
Routes et cols : un vrai Panzer !
Le choix du 2.0 TDI 190 n’était pas anodin, il constitue sans aucun doute avec le 2.0 TDI 150 la motorisation la plus prisée pour ce modèle (en France en tout cas). Malgré une inversion des courbes de tendance quant à l’achat du Diesel, les SUV restent majoritairement abreuvés de ce que certains qualifieront comme le carburant du diable. Mais pour voyager en famille au long-court, rien de tel qu’un bon vieux gros Diesel au couple conséquent et disponible à bas régime pour faciliter les dépassements, les insertions, ou bien tout simplement la reprise en sortie de virage. Sur autoroute, rien à y redire. Mais l’Alsace et les Vosges sont des régions rarement plates et plutôt propices à la grosse attaque en virage. Mais pas cette fois. Transportant ma petite famille et leurs bagages, il serait malvenu de faire l’idiot au volant d’un véhicule à vocation familiale. Malgré tout, cela n’empêche en rien de profiter du confort des palettes au volant pour éprouver la souplesse du moteur à bas régime et le confort de la remarquable BVA DSG7.
190 ch et 400 Nm de couple me paraissent le compromis idéal pour une utilisation variée. Oui mais voilà, c’est pied au plancher – que ce soit avec la pédale de droite ou du milieu- qu’un des éléments essentiels de la performance nous revient avec la puissance d’un boomerang en pleine face : le poids (la masse pour les plus tatillons d’entre vous).
À vide ? Près de 1750 kg, rien que ça… Ajoutez à cela 3 adultes et leurs bagages ainsi qu’une dizaine de cartons de vin d’Alsace (que du bon !) et vous vous rapprochez sans mal des deux tonnes ! C’est là que tout se joue, le couple entre en action. Les jolies petites routes alsaciennes sont un vrai régal, on profite de la bonne allonge du moteur et du passage de vitesses automatique. Très vite arrive en ligne de mire le massif Vosgien et le fameux col du Bonhomme pour les initiés. Rien ne va plus, la prise de masse de l’auto se fait immédiatement sentir à l’attaque du col, la prise de roulis reste limitée en virage mais pour ré-attaquer en montée, ce fut laborieux ! Je n’avais vraiment pas l’impression de disposer de 400 Nm de couple. Je ne m’attendais bien évidemment pas à une sportive, mais pour avoir essayé de nombreux SUV à puissance, masse et couple équivalents, le moins que l’on puisse dire est que ce 2.0 TDI 190 ne me laissera pas un souvenir impérissable de vivacité.
Séance « bobo parisien dans la boue »
Après un petit détour de l’autre côté du Rhin pour éprouver la vitesse de pointe du Tiguan, qui s’en sort d’ailleurs avec un impressionnant 238 km/h compteur (avec un seul adulte et sans bagages), l’idée m’est venue d’un petit détour par la charmante ville de Gaggenau. Ce nom ne vous dit sans doute rien, mais il renferme entre autres le musée Unimog, vous savez, ces camions bons à tout faire de la marque à l’étoile. Bien que ce ne soit pas présentement le bon sujet et malgré sa petite taille, je vous conseille de faire un détour pour admirer ces morceaux d’histoire 100% germaniques.
Qu’importe, je n’aurais certainement pas tenté l’expérience avec un R-Line, mais là c’était plus que tentant. Les ingénieurs de Volkswagen ont eu la merveilleuse idée de greffer en plus de la transmission 4Motion un véritable arsenal de technologies d’aides à la conduite permettant de progresser sur terrain semi-accidenté si vous me passez l’expression, en tout confiance. À l’activation du mode « offroad » (auquel s’ajoutent un mode ornière et un mode neige), l’ESP se désactive automatiquement et les rapports se font plus longs afin d’éviter la fameuse perte de couple qui en tout-terrain peuvent vous mettre en fâcheuse posture. Ne disposant pas de boite courte (il s’agit plus d’un SUV familial et urbain après tout), je laisse la voiture gérer ma progression et ne m’occupe que de la direction et de la pression sur l’accélérateur. Une légère descente et hop ! Vous ne gérez plus que la direction, le système de contrôle en descente s’occupe de gérer la vitesse de la voiture. En effet, dans un forte descente, cela vous évite de rester sans cesse le pied sur la pédale de frein et empêche ainsi les à-coups que vous seriez tenté de faire pour progresser plus rapidement. Évidemment, l’homme reste maître en ces lieux et je peux à tout moment choisir d’appuyer sur l’une ou l’autre pédale. Il est tout de même très intéressant de voir que ce système de contrôle en descente, initié par Land Rover (une fois n’est pas coutume) il y a quelques années tend à se démocratiser au sein de marques plus généralistes amenées à produire des SUV.
Un vrai franchiseur non, mais assurément un vrai SUV avec l’ensemble des technologies nécessaires au tout-terrain (pont autobloquant et boite courte gérés automatiquement), chapeau Volkswagen !
« Papa, quand est-ce qu’on arriiiiiiive ? »
Pères (ou Mères !) de famille, vous n’y couperez certainement pas. Cette fameuse question devenue légende est sur la bouche de tous les enfants dès que le voyage dépasse 7 minutes et 37 secondes exactement (des études ont été faites là-dessus, si si !). Alors si en plus vous avez à gérer le confort de vos passagers, jouer à Tetris pour les bagages et autres broutilles, chaque trajet deviendra vite un enfer. Pour le coffre ? Pas d’inquiétude, il est un des plus grands de la catégorie et rien que le fait de rabaisser le double-fond au maximum vous permettra de ramener de bonnes bouteilles pour les longues soirées d’hiver (oui, c’est ce que j’ai fait, où est le problème ?).
Le cuir noir que j’ai pourtant critiqué il y a peu est sans doute le meilleur des choix pour qui veut garder un habitacle présentable et à l’abris des traces sur les sièges plus de 6 mois (ça aussi ça vient d’une étude). Deux petites mesquineries en revanche sur ma configuration à presque 50 000 €, l’absence d’ouverture assistée/automatique de coffre (qui finalement s’avère très pratique) et l’absence (!!!) de réglages électriques pour le siège passager avant, et sur le plus haut niveau de finition ! M. Volkswagen, faut qu’on parle.
En résumé
Le Tiguan 2ème du nom deviendra à coup sûr LA référence à abattre. Tablant sur un style typiquement germanique, une habitabilité remarquable, quelques éléments viennent toutefois entacher selon moi la copie. Qui de nos jours propose encore des tablettes dé-pliables pour les passagers arrières ? Ajoutez à cela quelques « oublis » subtils dans la dotation de série (quel que soit le niveau de finition d’ailleurs) et vous obtenez quelques angles d’attaque à exploiter. La bataille est lancée !
Merci à Volkswagen pour ce prêt à fort taux kilométrique !
Crédits Photos : Maurice Cernay