Véritable best-seller depuis sa sortie en 2007 avec plus de 2,8 millions d’exemplaires vendus dans le monde, le Tiguan est l’un des modèles les plus importants pour Volkswagen. Neuf ans après et deux restylages plus tard, la concurrence a eu le temps d’affuter son offre et le SUV familial de Wolfsburg commençait à vrai dire à prendre quelques rides. Qu’à cela ne tienne, quelques mois après son annonce au Salon de Francfort, le constructeur nous a invité à découvrir la nouvelle mouture du Tiguan dans les rues de Berlin.
Bien plus qu’une simple nouvelle génération, le Tiguan II est également le premier modèle d’une nouvelle gamme de SUV que Volkswagen s’apprête à sortir dans les trois prochaines années. Il reprend également la dernière plate-forme maison MQB, utilisée notamment sur la Golf 7 ou l’Audi A3, et se dote d’un look plus massif qui l’aide à gagner en charisme.
Le Tiguan cru 2016 monte en gamme, et ça se voit. Par rapport à son prédécesseur, il perd des rondeurs et prend des cm : + 6 cm en longueur (4,48 m), + 8 cm d’empattement et + 3 cm en largeur (1,84 m). Son apparence générale se muscle avec des arrêtes plus tranchées et des lignes plus tendues, des porte-à-faux toujours plus courts, une ligne de ceinture rehaussée et des passages de roues bodybuildés sous lesquels de grosses jantes (jusqu’à 21 pouces) viennent renforcer son côté SUV plutôt que monospace. Par l’ajout de LEDs à l’avant à l’arrière, la nouvelle signature lumineuse du Tiguan participe à lui donner de la modernité, et je dois dire que je suis assez fan de la bouille que ça lui donne. Son dessin s’affirme et là où certains concurrents ont le cul entre deux chaises, lui assume son côté costaud, presque racé. Plus habitué aux nouvelles générations timides dans le groupe, je dois dire que j’ai été agréablement surpris de la rupture voulue par Volkswagen et du relatif changement de personnalité du Tiguan.
Les futurs clients auront le choix entre 12 coloris, dont l’original Orange Habanero (teinte uniquement disponible sur les modèles baroudeurs du constructeur), et une pléiade de jantes pour personnaliser leur Tiguan et lui donner un look tantôt « baroudeur », tantôt chic, et même sportif, avec un superbe pack R-Line, élargissant encore un peu plus la bouille du SUV. Véhicule international puisque vendu dans 170 pays, Volkswagen a réussi à trouver le parfait compromis entre innovation et modernité tout en gardant les gênes stylistiques de la marque pour ne pas troubler sa fidèle clientèle. 25 % des Tiguan étant vendus en Allemagne et 60 % en Europe, les designers de Wolfsburg ont su lui donner un look 100 % nouveau tout en gardant un ensemble consensuel et rassurant qui l’inscrit logiquement dans la gamme, tout en préfigurant les tendances stylistiques des prochains modèles du constructeur.
À bord, les cm ajoutés au Tiguan permettent de jouir de toujours plus d’espace et VW a fait de la nouvelle génération de son SUV une vitrine technologique, en plus d’être, comme souvent chez le constructeur, un modèle de finition.
Difficile de trouver quelque chose à redire sur la qualité de fabrication et le soin apporté à la finition de l’habitacle de ce nouveau Tiguan. Les assemblages entre plastiques moussés et inserts en aluminium sont chirurgicaux et peu importe où l’on pose ses doigts et ses yeux, tout est extrêmement qualitatif et flatteur à défaut d’être très original. Ne dépaysant pas les possesseurs de modèles du groupe VAG, l’ambiance générale reste assez austère, même si l’arrivée de selleries bi-ton (noire/crème ou noire/marron) lui donne un peu de gaité, tout comme le très agréable toit-ouvrant panoramique qui inonde l’habitacle de lumière.
L’ergonomie est quant à elle parfaite et l’intégration du système multimédia Discover Media Pro permet de se passer de boutons sur la console centrale grâce à un plaisant écran tactile de 8 pouces tourné vers le conducteur et de l’usage croissant de la commande vocale. Il embarque toutes les fonctions habituelles de navigation, musique (mention spéciale au très bon système-son Dynaudio), téléphonie et CarPlay/Android Auto, tout en proposant également une pléthore de services connectées nommés « Car-Net ».
Grâce à la connexion de son smartphone ou par le biais d’une carte SIM, ce système « Guide & Inform » intègre un nombre impressionnant de services comme la possibilité de consulter la météo sur place ou à destination, de suivre des flux RSS et notamment les dépêches de l’AFP, d’avoir la liste des parkings autour de soi avec le nombre de places restantes ou encore le prix des stations-service mis à jour en temps réel. Autant de services connectés qui facilitent la vie à bord et améliorent l’expérience de conduite à bord du Tiguan, à l’image de l’intégration de Google Street View/Google Earth et de l’info trafic du géant américain directement dans le système GPS maison.
Coté sécurité, Car-Net intègre un système inédit d’appel automatique aux secours en cas d’accident et envoie en temps réel un rapport technique de la voiture à votre garagiste dès qu’un entretien se rapproche. Offert pendant un an puis payant au-delà, il permet aussi aux clients les plus connectés de suivre depuis leurs smartphones de multiples informations sur la voiture comme sa localisation ou un historique de leurs données de conduite et la possibilité de commander sa climatisation, de klaxonner, ou d’allumer ses feux à distance comme cela se fait sur une grande berline américaine électrique. Le Tiguan est ainsi bien dans son temps, voire même en avance, et comble du luxe, tout est facilement utilisable avec un système à l’interface claire et agréable à utiliser.
Coté confort, des équipements inédits font leur apparition sur cette nouvelle génération, comme les sièges aux multiples programmes de massage, la climatisation tri-zone avec un filtre empêchant les produits polluants et allergènes d’atteindre vos nobles narines ou un coffre s’ouvrant en passant le pied sous la voiture et doté d’un éclairage de chargement. En parlant du coffre, justement, celui-ci gagne 145 L par rapport au précédent Tiguan pour désormais atteindre 615 L lorsque la banquette est avancée au maximum, 520 L en position normale, soit 50 L de plus qu’auparavant. L’adoption de la plateforme MQB offre également 22 mm supplémentaires d’espace aux genoux à l’arrière et 3 mm de plus de garde au toit. Comme tout bon SUV familial, le Tiguan brille aussi par sa modularité avec une banquette arrière 60/40 coulissante sur près de 20 cm et rabattable par le biais d’une petite manette dans le coffre, en attendant une version 7 places rallongée qui sera lancée dans un second temps.
Maintenant que les passagers sont encore plus choyés qu’avant, il fallait bien s’occuper du maître de la voiture : le conducteur. Et là encore, la montée en gamme opérée par Volkswagen est assez impressionnante avec l’arrivée de l’Active Info Display, cet écran de 12,3 pouces en lieu et place de l’instrumentation traditionnelle qui permet de personnaliser l’affichage, et notamment d’intégrer la carte de navigation ou les systèmes d’aides à la conduite entre les compteurs digitaux, eux aussi personnalisables à souhait. Cet équipement, d’abord lancé chez Audi, est un vrai plus pour le conducteur et permet ainsi de laisser l’écran de 8 pouces aux fonctionnalités de divertissement pour les passagers. Et au cas où cela ne nous suffirait pas, un affichage tête-haute est également de la partie avec l’affichage de la vitesse actuelle, des panneaux de signalisation, de la navigation et des diverses et nombreuses assistances à la conduite.
Au-delà des maintenant habituels régulateurs adaptatifs, reconnaissance des panneaux, surveillance des lignes, avertisseurs d’angles-morts ou systèmes de parking semi-automatisés, le Tiguan cru 2016 fait le plein de technologie : son capot-moteur est actif et se soulève dès qu’un piéton est percuté afin de limiter la casse (humaine), alors que de multiples caméras détectent passants et objets sur la route pour freiner automatiquement tout en vous aidant à ne pas abimer ses jolies jantes et pare-chocs proéminents lors des créneaux grâce à une vision à 360° de la voiture.
Nouveauté chez Volkswagen reprise chez Audi, le Tiguan pourra désormais rouler de façon autonome dans les embouteillages jusqu’à 60 km/h en accélérant et en freinant automatiquement mais aussi en contrôlant la direction… Dernier raffinement cher à nos amis campeurs, il reprendra aussi le « Trailer Assist » lancé sur Passat SW, cet assistant de manœuvre avec remorque/caravane qui permet de piloter littéralement l’angle de son attelage.
Le constructeur a littéralement mis le paquet sur la dotation du nouveau Tiguan et le SUV de Wolfsburg se voit ainsi bien mieux équipé (pour le moment) que son cousin aux Anneaux, l’Audi Q5. Il représente désormais la vitrine de VW et embarque tout ce qu’il faut pour protéger et divertir ses occupants (moyennant « quelques » euros supplémentaires de packs, d’options ou de finitions…).
Et puisque Volkswagen ne s’arrête pas en si bon chemin, les efforts opérés sur le look du Tiguan et le soin apporté à l’habitacle et à sa dotation s’accompagnent d’indéniables qualités routières mais aussi, et là réside la surprise, de compétences hors des sentiers battus…
Deux motorisations nous ont été proposées à l’essai et représentent un peu le meilleur des deux mondes entre TDI et TSI. Notre première balade berlinoise s’est faite à bord du TDI 150 4Motion DSG, un bloc diesel déjà connu et éprouvé sur d’autres modèles de la gamme. À défaut d’avoir pu rouler avec pendant suffisamment longtemps pour se rendre compte de ses qualités d’avaleurs d’asphalte, les quelques kilomètres à son bord entre périphérique berlinois et rues embouteillées nous ont permis de distinguer deux points noirs en conduite citadine : sa sonorité est plus que perfectible et devient même agaçant à la longue et ses consommations urbaines, entre 8 et 9,0 l / 100 km, n’aident pas à lui donner un réel intérêt face au TSI. Reste que combiné à l’excellente boite DSG, il emmène sans procurer d’émotions mais vaillamment le Tiguan et représentera indéniablement le cœur de gamme, disponible en BVM ou en DSG, et en 4Motion ou non. Nous reviendrons d’ailleurs sur cette version dans un essai complet pour vérifier nos premières impressions à ce sujet…
Le délicieux TSI 180 4Motion DSG est une nouvelle motorisation apparue sur cette seconde mouture du Tiguan, et est à vrai dire celle qui lui sied le mieux. Pour tester ses qualités, nous avons pu nous échapper de la jungle urbaine berlinoise pour rejoindre la ville de Potsdam. Brillant de souplesse et de douceur et donc hyper agréable en ville, le TSI se fait complètement oublier dans l’habitacle mais pas sous la pédale… Ce dernier est volontaire, doté d’une disponibilité bienvenue et propose agrément de conduite tout simplement parfait. Moteur le plus puissant proposé en France, il offre de surcroit des performances de choix au SUV une fois l’Autobahn rejoint avec une sérénité déconcertante passés les 200 km/h. Bien aidé par une direction dynamique progressive et un châssis adaptatif, le Tiguan garde son cap et préserve l’habitacle des bruits aérodynamiques ; la perception de vitesse à son bord est atténuée, tout comme son appétit avec environ 11,0 l /100 km mesuré sur Autobahn et moins de 8,0 l / 100 km à allure modérée.
Intelligemment conçu, le Tiguan enchaine les kilomètres sans broncher avec une suspension parfaitement ajustée et un confort préservé malgré une assise toujours aussi ferme et des jantes de 21 pouces (!). La direction manque un poil d’information à mon goût dès que les petites routes du sud-est de Berlin se mettent à tourner, mais il garde un équilibre bluffant par le biais d’une répartition des masses mieux pensée, et son châssis lui permet de ne pas se vautrer littéralement dans les courbes. Une polyvalence renforcée par la possibilité de choisir entre différents modes de conduite (Eco-Confort-Sport-Perso), une fonctionnalité utile dès lors que l’on dispose de la suspension pilotée DCC, puisque cela n’influe autrement que sur la réponse de la pédale d’accélérateur et sur le comportement de la boite DSG.
« Access All Areas ». Derrière ce slogan plein d’espoir et de liberté, Volkswagen réussit à offrir au Tiguan une polyvalence certaine et bienvenue pour un SUV à vocation familiale, en lui permettant de ne pas être perdu une fois passé ailleurs que sur de l’asphalte…
Doter un Tiguan di 4Motion, ce n’est pas que pour moins glisser sur les feuilles mortes l’automne ou rassurer belle-maman lorsqu’on emmène sa petite famille au ski l’hiver… Malgré son look ramassé et son impression d’avoir été rabaissé par rapport à la précédente génération, ce cru 2016 m’a à vrai dire bluffé sur le parcours que nous avait concocté le constructeur…
Équipé du 4Motion Active Control, un « Terrain Response » à la sauce VW, le Tiguan s’adapte automatiquement au revêtement sur lequel il est. Une molette logée entre les deux fauteuils permet de jongler entre différentes configurations qui influent sur plusieurs éléments : le système freine ainsi automatiquement la voiture en descente, régule seul le régime moteur pour avoir de la motricité et dispose d’un assistant au démarrage en côte avec un ABS et un ESC calibrés pour l’occasion. L’instrument se transforme alors et propose des données liées à la conduite en tout-terrain, alors qu’un pack OFFROAD est disponible en option pour donner un look et des capacités de baroudeurs au Tiguan (175 € pour s’équiper de plaques de protection sous le moteur et d’un pare-choc revu pour proposer un angle d’attaque de 24°).
La transmission intégrale 4Motion évolue et est désormais doté d’un différentiel Haldex intelligent, qui anticipe la perte d’adhérence de la voiture en prenant en compte de nombreux critères comme l’angle du volant ou la vitesse du véhicule, alors que le couple est lui désormais variable entre les roues d’un même essieu, grâce à la présence d’un différentiel électronique sur chacun d’eux. Cela permet au Tiguan de se dépatouiller de situations pourtant difficiles pour une voiture de ce segment…
Qui a dit que le @vw_france Tiguan ne savait pas aller ailleurs que sur le bitume ? #TiguanExperience pic.twitter.com/qcsAb5y2NC
— Blog Automobile (@blogautomobile) April 15, 2016
Entre croisements de pont, pierriers et montée dans la boue, le Tiguan se débrouille ainsi étonnamment bien, même s’il faut avouer que l’électronique se charge de tout et qu’aucune notion de pilotage n’est ici requise, mise à part l’intelligence de vérifier que la faible garde au sol du SUV ne vous laissera pas sur la tranche… Les nombreuses caméras donnent la possibilité de savoir où se trouvent précisément ses roues et le TDI offre suffisamment de couple pour pouvoir compter dessus devant une montée un tantinet raide et glissante, tout n’est alors que sérénité. Les capacités tout-chemin du Tiguan sont un plus non négligeable qui permettra aux papas et mamans d’offrir aux enfants quelques joyeuses sorties hors des sentiers-battus. Est-ce vraiment utile sur une voiture qui se destine avant tout à ne croiser que péages et radars automatiques ? Certainement pas, mais Volkswagen a eu l’intelligence de pousser le concept de SUV jusqu’au bout en dotant le Tiguan d’une polyvalence assez rare sur le segment.
La montée en gamme de cette nouvelle génération de Tiguan est indéniable et VW produit ici un quasi-fautes pour l’un de ses best-sellers. Modernisé et actualisé pour s’aligner, voire surpasser, ses concurrents, il offre aujourd’hui ce qui se fait de mieux en matière de technologie embarquée et d’agrément de conduite avec son TSI, tout en se dotant d’un physique plus attirant à mon goût qu’auparavant. Le constructeur a également pensé à tout en offrant la possibilité de choisir parmi un panel impressionnant de configurations, de couleurs, de jantes et de finitions pour que chacun trouver Tiguan à son pied (et accessoirement à son budget), allant du Tiguan baroudeur au Tiguan des beaux quartiers. Une prochaine et prometteuse déclinaison GTE sera elle proposée au catalogue, et inutile de vous dire qu’après les excellents impressions que nous avons eues en essayant la Golf et la Passat, nous avons hâte de le découvrir.
Affiché en prix d’appel à 25 250 € (TSI 125 Trendline, donc pas vraiment sexy…), le cœur de gamme se situera lui entre 36 et 40 000 € pour s’offrir un chouïa d’équipements et une motorisation digne de ce nom (TDI 150 et TSI 180 en Confortline, voire Carat). Nos versions d’essai, équipées de packs par dizaines, tournaient elles autour des 45 000 €… La dotation de série du Tiguan a fait un bon en avant et chaque niveau de finition apporte son lot de raffinements, mais la tendance de montée en gamme et de prestations accompagne en toute logique des hausses de tarifs non-négligeables par rapport à la précédente génération.
Volkswagen positionne ainsi désormais le Tiguan comme un SUV premium, une sorte de Passat surélevée si l’on doit schématiser, laissant ainsi de la place et de la clientèle à deux plus petits SUV et à un nouveau Touareg, qui verront le jour dans les trois prochaines années…
Merci à VW France pour l’invitation et félicitations pour l’organisation de cet événement.
Photos : Mathias Dugenetay, Victor Desmet.