Traitez moi de maniaque, de psychopathe ou simplement de collectionneur. Toujours est-il que le « hasard » fait que j’en suis déjà à l’essai de mon 4e break bleu performant en un peu plus d’un an. Il y a eu pour commencer une Mégane GT Estate de 200 ch, puis les choses se sont emballées très vite : Golf R de 300 ch, Volvo V60 Polestar de 380 ch. L’étape d’après, ça va être quoi ? Panamera Sporturismo e-hybrid de 680 ch ? Aahh, pourquoi pas… Mais non, j’ai décidé de redescendre un peu sur terre avec une voiture nettement plus abordable. Peugeot vient en effet de restyler en douceur sa compacte 308 (lire à ce sujet l’essai de notre cher Jean-Baptiste ici et la musclée GTI par Ancelin là), ce qui me donne une occasion d’en essayer la version break SW. Il faut dire aussi que JB, connaissant ma passion irraisonnée du sujet, avait poussé le vice en m’adressant en secret une photo d’une SW GT en livrée Bleu Magnetic.
STTTTOOOOPPPP !! On arrête tout ! Et là vous allez me dire : mais pourquoi un break ? La mode est aux SUV pour déplacer une petite famille, mon brave. Le monospace c’est fini. Et même le Scenic a su plutôt habilement se renouveler en se rapprochant sensiblement des codes des SUV. Les breaks, c’est bon pour les VRP vendeurs de chaussettes dans la Nièvre ou la Haute Marne (contrées charmantes au demeurant, mais ce n’est pas le sujet). Hé bien déjà, j’aime être à contre-courant. Et puis ensuite, j’ai toujours trouvé une certaine élégance aux breaks, du moins les mieux dessinés. Mais est-ce qu’ils sont pour autant aptes à déplacer avec style et efficacité une petite famille moderne ?
Au-dessus, un grand écran tactile, qui a le bon goût d’être enfin rapide, réactif et agréable à manipuler. S’il y avait une chose à retenir du restylage, ce serait peut être cela. Il regroupe, outre les fonctions GPS et audio, les commandes de clim. Dommage, cela impose quelques appuis pour des commandes de confort plutôt basiques. Bon point par contre pour l’intégration d’Apple CarPlay et Android Auto, devenues très vite indispensables. Je vous parle vite fait de l’audio : sans le système optionnel Denon, c’est plutôt correct, à condition de supprimer l’option Loudness et de régler l’égaliseur. Quant au Denon, je ne l’ai hélas pas essayé.
Je démarre via le petit bouton sis sur la console centrale. Le 4 cylindres THP s’ébroue en douceur tandis que les aiguilles analogiques prennent leur envol. Contrairement à la 3008, ici point de dalle LCD, mais des bonnes vieilles aiguilles, encadrant un petit écran multifonction. La boîte est exclusivement manuelle sur la version essence de la 308 GT. Tandis qu’elle devient exclusivement automatique à 8 rapports (EAT8) sur la version diesel de 180 ch. Allez comprendre les mystères du marketing… (mais il se murmure que l’EAT8 fera son apparition d’ici quelques mois sur la version essence, qui gagnerait quelques chevaux au passage).
Les premiers tours de roue sont surprenants. Est-ce la combinaison de la relative légèreté de la 308 (1315 kg), du pétillant bloc de 205 ch et du petit volant ? Toujours est-il que l’ensemble est très dynamique et s’avère très plaisant à conduire. Malgré les 4 mètres presque 60 (4,58 pour être précis), les évolutions en ville se passent en douceur, comme les rapports de boîte d’ailleurs. Le coude bien posé sur l’accoudoir central, je peux cruiser tranquillement. Seuls bémols : le pommeau du levier est à la fois un peu trop gros et assez glissant. Du cuir eut été plus opportun que du plastalu ©. Mais le rythme peut enfin s’accélérer un peu et c’est là que la 308 est dans son élément. En bon papa pressé, j’ai naturellement choisi le modèle GT, équipé du moteur THP de 205 ch. Ce bloc, conçu avec l’aide de BMW à l’époque où les deux constructeurs collaboraient, est vraiment étonnant de par sa disponibilité à bas régime. Le couple de 285 Nm est dispo très bas et permet de relancer efficacement pour atteindre son meilleur vers les 4000 tours. Le tableau est hélas un peu terni par des rapports un chouille trop longs. La zone rouge calée à 6000 tours sur l’étrange compte-tours inversé (comme une Aston Martin, t’as vu chérie ?) met un peu trop longtemps à être atteinte. Mais après tout, il ne faut pas oublier la philosophie « GT » : performant, mais sans excès. Si vous en voulez plus, passez à la GTI. Et c’est dommage, car le châssis… oh… le châssis… Ma référence pour l’instant reste l’Alfa Romeo Giulia Veloce.
Les places arrières sont elles aussi généreusement calibrées. La place du milieu est bien sûr réduite, et seules les places latérales sont équipées de points Isofix. Un point qui m’a surpris : pas d’aérateurs à l’arrière. C’est plutôt surprenant dans la mesure où la concurrence (Golf, Mégane) le propose. Mais la 308 GT propose quand même un petit accessoire bien sympa : une vraie prise de courant 220V. C’est toujours bien pratique pour recharger des ibidules, batteries de drones ou d’appareil photo et autres jouets. Pas de tablettes rabattables non plus, et les rangements sont assez chiches, y compris à l’avant.
Et c’est bien là qu’on voit la différence SUV / break. Quand une Peugeot 5008 propose une console centrale géante réfrigérée, des tablettes, des bacs de porte gigantesques, la 308 n’a pas grand-chose en face. La boîte à gant est certes réfrigérée, mais il n’y a qu’un seul porte gobelets dans tout l’habitacle. Détails, broutilles ? Peut-être, mais à l’heure de vivre à 4 ou 5 pour une transhumance estivale de 10h, cela peut avoir son importance pour caser lunettes de soleil, bouteille d’eau, sandwiches, couverture, le chat et autres bricoles. Il ne faut pas non plus dramatiser : le confort même à l’arrière reste d’excellente facture, il y a bien de quoi ranger les affaires courantes et au moins en 308 GT vous arriverez plus vite 😀
Bon, résumons : la 308 GT est super sympa à conduire, il y a pas mal de place à l’intérieur, mais par contre le SUV c’est quand même plus agréable à vivre en famille (ou pas, d’ailleurs). Match nul ? Oh non… Il me reste à sortir deux arguments qui vont faire mal au SUV. Tout d’abord le prix. Une 308 GT essence démarre à 33 000 €. Quelques options plus tard, vous voici à 35 000 €. Prenons le cousin 3008, une très bonne voiture que j’ai vivement appréciée. 36 000 € de prix de base en GT Line, THP 165. Et bien plus de 40 000 € avec les options. 5000 € d’écart. Certes la 3008 est en boîte auto, mais quand même ! La 308 dispose d’ailleurs de 40 ch de plus et d’un coffre plus logeable. Autre point qui m’a surpris : la consommation. Menée « gentiment mais pas trop quand même », la 308 m’a gratifiée d’un excellent 7,5 l / 100 km de moyenne, là où le 3008 m’a donné presque 9 l.
Bref, vous l’avez compris, pour moi le break est une alternative à étudier très attentivement au moment du choix, et d’autant plus dans ces versions « sportives mais pas trop quand même ». En face de cette GT, nous retrouvons la Mégane du même nom (tarif similaire en boîte auto EDC6, un peu moins logeable, mais avec l’excellent 4Control) ou la Ford ST (250 ch quand même, châssis pointu, mais qui commence à faire son âge). Quant à la 308 SW, c’est une très bonne proposition, forte d’un véritable caractère grand tourisme et disposant d’un châssis magnifique. Elle laisse par contre sur le bord de la route quelques aspects pratiques dont elle aurait pu bénéficier lors de son restylage (instrumentation numérique et manque de rangements notamment).
Mille mercis à Peugeot pour le prêt de cette voiture bleue
Crédits photos : Régis Krol