AgroCarburant: La Face Cachée

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Revenons sur l’actualité automobile de la semaine dernière. Dyneff annonce le déploiement du Superéthanol E85 dans ses points de ventes, essentiellement dans le secteur Sud de la France. La plupart nomme cette énergie Biocarburant. Étymologiquement parlant, nous devrions l’appeler Agrocarburant. Etant donné qu’il ne provient ni de la vie, ni issu de l’agriculture Biologique. La politique de communication pour ce carburant porte d’emblée à confusion tout comme ce fût le cas pour le yaourt Actimel de la marque Danone dans une stratégie de détournement d’informations. L’humanité et les grandes puissantes sont confrontées à un triple enjeu énergétique: la planète se réchauffe, le carburant fossile diminue, la population augmente. Allons voir ce que l’on dit dans le dos des automobilistes. Le Superéthanol E85: ange ou démon? Un agrocarburant qui préserve l’environnement?

Ce que l’on ne montre pas dans les médias…

Plusieurs mouvements écologistes, citoyens dénoncent les biocarburants. Une illusion programmée qui nous ferait perdre de vue l’essentiel : stopper la déforestation et diminuer la consommation de carburant.

L’environnement…

Le danger est que la production de biocarburants accompagne une consommation croissante de carburant, se bornant à en faciliter l’approvisionnement. Il faut 232 kilos de maïs pour produire 50 litres d’éthanol : de quoi faire un plein de voiture, ou apporter les calories nécessaires à l’alimentation d’un enfant pendant un an. Faisons un calcul simple. L’eau utilisée pour 1kg de Maïs est de 238 litres d’eau pour 1 kg ensilage (la consommation d’eau d’un français est de 150 litres par jour). Pour un plein de votre automobile, 55 216l d’eau est utilisée soit l’équivalent utilisé par un homme pour une année. En période de remise en question sur la biodiversité , de discours alarmistes tous les soirs au JT sur la fonte des grands glaciers du Pôle Nord, la sécheresse de certains pays, l’avancée du désert. J’avoue que ce simple constat me dérange. Vu ainsi, l’Agrocarburant ne serait pas une visée environnementale. Mais bien un lobbying de l’Etat afin d’atteindre les obligations Européennes et les objectifs des pétroliers.

Pour le moment nous n’avons que le sommet de l’iceberg. Un terrain de foot disparaît toutes les 10 secondes pour laisser place à la culture de palmiers en Indonésie. Résultat, aujourd’hui, les Orang-outan  n’ont plus d’habitats, meurent ou sont tués. Nous aurons la possibilité d’en voir seulement dans des zoos de fortunes. La sécheresse qui a frappé les États-Unis l’été dernier, la pire qu’ait connue ce pays depuis les cinquante dernières années, serait en cause. Tout comme les tornades meurtrières de Mai dernier. Certes, la perte d’une partie de la production entraîne des hausses de prix. Mais si une partie du problème est d’origine naturelle, l’autre est d’origine humaine.

Faire ce type de constat n’est pas être pro écologiste, ou contre l’automobile. Réduire l’analyse à ce niveau est enfantin. Cependant, dans l’intérêt de tous il est important de s’en soucier maintenant. Les requins lutins peaufinent le grenier alimentaire juste avant les naissances afin de pouvoir partir en laissant une aire alimentaire digne à ses petits. Pourquoi un animal préhistorique du détroit de Tokyo, tapi à 300m de fond peut le penser. Pas nous.

La population…

Focalisons nous quelques secondes sur la population. La Brésilienne par exemple. Les travailleurs sont contraints d’acheter à des prix impensables au sein même des plantations de canne à sucre. Pour rembourser les dettes cumulées, ils travaillent jusqu’à 12h d’affilées sous une chaleur de 30°. Comme une impression de déjà vu, non? Je dois certainement me tromper aucun employé au XXIe siècle meurt d’épuisement, sauf là-bas. En Indonésie, en plus de leurs tâches quotidiennes, les femmes travaillent gratuitement dans les plantations afin d’aider leurs maris dans les champs afin qu’il atteigne les quotas fixés. En 2007, les producteurs d’huiles de palme ont licenciés 700 travailleurs syndiqués, les ont délogé et viré leurs enfants des écoles. Cela ne choque personne j’espère. Sinon, en Malaisie, les femmes pulvérisent les herbicides et pesticides toxiques à mains nues sans masques. En France, nous avons les liquides anti-bactéricides même dans la voiture. Bien sûr, le syndicalisme n’y peut rien. En Colombie ils sont simplement torturés puis tués. Il ne fait pas bon vivre dans les pays qui nous permettent d’aller s’empoisonner au Mc Do!

L’alimentation…

Le Fonds monétaire international considère que l’augmentation de la demande en agrocarburants compte pour 70 % dans la hausse des cours mondiaux du maïs, en 2006 il a atteint son plus haut niveau à la bourse de Chicago. Les filières alcool et huile des agrocarburants réquisitionnent un maximum de terres agricoles. Ceci s’est répercuté au Mexique, le prix de la farine de maïs, la base alimentaire a fortement augmenté. Les denrées premières sont aujourd’hui importées! 25% du maïs, 50% du blé, du riz et 90% de graines oléagineuses. Souvenons nous que ce pays avait une autonomie alimentaire, les paysans locaux pouvaient largement nourrir leurs familles possédant tous une terre. Les mouvements paysans mexicains s’insurgent de cette politique alimentaire, pour eux , il est irresponsable de réserver d’aussi grandes surfaces à la production d’agrocarburants.Il ne faut pas s’aveugler, ce coût-ci se retrouvera dans la filière bovine d’après les experts de la Deutsche Bank.

Le tableau dépeint est dure. Pourtant ceci est bien une réalité que l’on ne peut pas nier. Certaines questions demeurent, jusqu’où pouvons-nous se penser écologiste même modéré en détruisant d’autres terres? A quel titre pouvons-nous traiter les gens ainsi? Serait-ce des simples normes européennes? Serait-ce une façon de gagner des votes?

Les Puissances dans tout cela…

Depuis quelques années, l’Union européenne soutient les productions agricoles à vocation énergétique. Adoptée en 2003, la directive “ biocarburants ” (2003/30 CE) fixe des objectifs d’introduction d’agrocarburants sur le marché européen (2 % en 2005, 5,75 % en 2010), autorise les exemptions de taxe pour ce type de carburant et alloue une aide à la production de 45 euros par hectare. Depuis 2012, la production mondiale d’éthanol imposée par les gouvernements devrait atteindre 85,2 milliards de gallons. À eux seuls, les États-Unis produiront 15,2 milliards de gallons, ce qui nécessitera plus de 40% de leur récolte annuelle de maïs. On pourrait penser que c’est là le prix à payer pour réduire notre consommation d’énergie fossile et préserver l’environnement… une grave erreur!

Carte des Stations E85

Les études ont montré que, si l’on tient compte de l’énergie nécessaire pour produire le maïs et les fertilisants, transporter les grains, procéder à la distillation, l’éthanol ne permet pas de réduire les émissions de CO2. Un calcul simple plus haut démontré par des études sérieuses ici. Même les groupes environnementaux qui vantaient jadis l’éthanol ont changé de discours. Comme il est politiquement rentable de plaire au lobby de l’éthanol, la classe politique continue de présenter ce produit comme la panacée et de subventionner sa production, en dépit de l’inflation alimentaire et des famines que cela provoque dans les sociétés les plus démunies. Depuis le Grenelle de l’environnement, la “vache sacrée” de l’environnement est tombée. La presse met à jour bien des paradoxes. Pourtant, afin d’intégrer ce carburant dans les foyers, la politique automobile en France est royale! Lorsque vous achetez une voiture Fuel Flex, votre carte grise vous sera offerte. Sauf en Languedoc-Roussillon et en PACA.

 Les principaux producteurs d’éthanol sont actuellement les États-Unis, le Brésil et la Chine, tandis que les principaux producteurs de biodiesel sont issus de l’Union Européenne (85% de la production mondiale) : l’Allemagne (53% de la production européenne), la France (16% de la production européenne) et l’Italie (12% de la production européenne). En termes globaux, presque la moitié de la production globale de biocarburants vient des États-Unis (éthanol à partir du maïs), 25% du Brésil (éthanol à partir du sucre de canne) et 18% de l’Union européenne (biodiesel à partir du colza).

Saviez-vous que le groupe de la grande distribution Intermarché a son usine de transformation depuis cette année de graisses animales en biodiesel? Parvenus au Havre sous forme liquide après un premier traitement et l’addition de méthanol, ils subiront une trans-estérification pour devenir EMHA (esters méthyliques d’huiles animales). Selon la réglementation française en vigueur, ce biodiesel, mélangé à du biodiesel d’origine végétale, sera incorporé dans du gazole d’origine fossile à hauteur de 7% (bientôt 10%) pour le carburant des particuliers, et jusqu’à 30% pour les flottes des collectivités ou les entreprises de transport. Dans sa configuration définitive, ecoMotion réunit les Mousquetaires, deux tiers du capital, et Saria Industries France, un tiers. Ce groupe familial, désormais allemand, est l’un des leaders européens de la collecte et de la valorisation des graisses animales. Son chiffre d’affaires avoisine les 300 millions d’euros en France (20 sites) et 800 sur le Vieux Continent. Trois usines ecoMotion sont en service : deux en Allemagne, une au Danemark.

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Il est crucial de comprendre que ce qui est nuisible n’est pas le produit en tant que tel, mais les politiques qui ont encouragé une surproduction, détournant ainsi des ressources alimentaires et des terrains qui auraient pu être utilisés à d’autres fins. Les pro agrocarburant nous diront que le rejet des voitures est l’équivalent du rejet CO² des forêts rasées. Certes. Mais le jour où il n’y aura plus de forêt, disons adieu à la chaîne alimentaire. A Nous en sommes. L’agrocarburant seconde génération serait une première solution à celui d’aujourd’hui.

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