25 ans après l’apparition de la S3 première du nom sur le marché, Audi lève le voile en avril dernier sur la version revisitée de sa quatrième génération. Contrairement à bon nombre de facelifts, cette dernière inaugure son lot de nouveautés pas uniquement esthétiques mais clairement orientées performance et plaisir de conduite. Nous sommes allés les essayer sur les plus belles routes de Majorque.
Le plein de nouveautés
À l’occasion de la mise à jour de mi-carrière de l’Audi A3 dévoilée en 2020, la S3 récupère dans un premier temps bon nombre de mises à jour esthétiques intérieures et extérieures mais en profite surtout pour s’affûter d’un point de vue technique. Coté moteur, on retrouve le bien connu 4 cylindres essence 2.0 L TFSI qui développe désormais 333 ch (+23 ch) et propose 420 Nm de couple maximal (+20 Nm). Ce pic de couple est d’ailleurs disponible sur une plage d’utilisation particulièrement large, entre 2100 et 5500 tr/min ce qui promet une polyvalence à toute épreuve. Le 0 à 100 km/h est annoncé en 4,7 secondes et la vitesse maximale, limitée électroniquement, plafonne à 250 km/h.
Un nouveau mode de conduite « Dynamic Plus » fait son apparition parmi les choix du Drive Select. Ce dernier promet une conduite plus dynamique mais surtout plus permissif avec un ESC dont l’intervention sera encore retardée (sans pour autant autoriser une désactivation complète de la dite aide). La grosse nouveauté réside néanmoins dans l’apparition d’un répartiteur de couple mécanique sur l’essieu arrière, déjà aperçu sur la grande sœur RS3 ou encore la Golf R de dernière génération. Malheureusement, pas de mode Drift au programme. Son action reste néanmoins bien présente avec une répartition variable du couple entre les deux roues arrières laissant ainsi espérer un caractère survireur jusque là quasiment inexistant sur les produits Audi S. On est loin de la technologie Haldex d’il y a 25 ans.
Pour les amateurs de retours auditifs, l’Audi S3 2024 peut être équipée d’un système d’échappement Akrapovic en option, avec silencieux en titane. N’oubliez pas de prévoir 5000€ supplémentaires si l’envie vous prenait de cocher cette case au moment de la commande.
Coté châssis, on retrouve une amélioration des éléments de freinage avec l’apparition de disques ventilés désormais perforés et au diamètre agrandi. Les éléments physiques de la suspension ont également été revus avec de nouveaux roulement à pivots et des triangles au profil modifié. Enfin, il vous sera possible d’opter en option pour des pneus Falken haute performance, de quoi envisager un petit tour sur circuit pour les amateurs du genre ?
Design affirmé
De la même manière que l’A3, l’Audi S3 voit son design extérieur revisité à l’occasion de ce facelift. Une nouvelle calandre singleframe hexagonale est de la partie tandis que les ouïes extérieures sur le bouclier ont été agrandies. Le logo « S » disparaît totalement de la calandre, dommage de perdre ce signe distinctif qui restait selon moi de bon goût. La signature lumineuse des phares matrix LED est personnalisable selon 4 choix disponibles, à la manière de la RS3 d’avant facelift. De nouvelles jantes au dessin particulièrement réussi font leur apparition (en ayant le bon goût de ne pas être entièrement noires !) tandis que vous pourrez toujours choisir des étriers de freins peints en rouge pour encore plus de sportivité. Enfin, une baguette latérale chromée fait son apparition sur la jupe inférieure.
Les mises à jour à l’arrière sont bienvenues et accentuent un côté sportif qui restait trop discret à mon goût sur les versions avant facelift. Les optiques sont revues avec une signature lumineuse en forme de multiples chevrons. Le bouclier arrière intègre un diffuseur clairement plus agressif qui rappelle celui de la RS3. 2 nouveaux coloris sont disponibles : Vert District (déjà présent au catalogue constructeur sur d’autres modèles) et Bleu Ascari (comme sur notre modèle d’essai). L’Audi S3 reste disponible en 2 types de carrosserie : Sportback & Berline (Sedan).
Pas de révolution à l’intérieur
Peu de changements sont à signaler au sein de l’habitacle dont l’ambiance noire omniprésente reste de mise, perturbée uniquement de nuit par une ambiance lumineuse configurable à l’envie. Vous pouvez malgré tout choisir en option des surpiqûres rouges pour la sellerie (en option à 500 €). Les mises à jour consistent notamment dans le renouvellement des différents matériaux, sièges et appliques décoratives comprises (dont certaines sont… en option). Le levier de vitesse (si l’on peut encore l’appeler comme ça) a été remplacé et le dessin des buses d’aération a lui aussi été modifié. On note un effort notable dans le choix de matières plus nobles, mieux finies qu’auparavant, ce qui restait l’un des points de déception de la S3 quatrième du nom face à ses ancêtres. Je reste pour ma part assez circonspect face au nombre d’options que vous devez cocher pour obtenir un habitacle digne d’un badge Audi Sport : le réglage électrique des sièges avant (830 €, sans fonction mémoire !), le pack Navigation (1350 €), le pack Climatisation Plus (400 €), l’Audi Phone Box (360 €). Au final, la note passe de 63 000 € à 77 670 € pour notre modèle d’essai (liste d’options et tarifs à retrouver sur le configurateur).
Au volant : plus affûtée que jamais !
Sur le papier, la nouvelle Audi S3 a tout pour ravir l’amateur de sensations qui sommeille en vous, à condition une fois de plus de cocher les bonnes options (notamment les trains roulant adaptatifs avec Audi Drive Select). Première constatation, malgré la présence du système d’échappement Sport Akrapovic et le mode Dynamic Plus enclenché, les retours auditifs au poste de pilotage se font aux abonnés absents. Et c’est malheureusment à peine mieux à l’extérieur. On est loin, très loin de l’expérience que l’on pouvait retrouver à bord d’une Volkswagen Golf R 7.5 équipée de la même option.
Dynamiquement, l’Audi S3 Sportback 2024 impressionne toujours pas ses départs arrêtés canon (-0,1 seconde par rapport à l’Audi S3 d’avant facelift), facilités par la présence de la transmission quattro et des temps de passages de rapports de la boîte DSG7 divisés par 2. La gestion de la boîte S-Tronic reste à ce propos assez remarquable, y compris sur parcours très escarpé où un retour première est nécessaire en épingle pour ressortiren rythme. On notera d’ailleurs un passage de rappot 1->2 assez violent avec quelques bruits de boîte intempestifs pas forcément rassurant. Après discussion avec quelques confrères, nous avons été plusieurs à noter ce “soucis”. Un autre aspect intéressant, la boîte vous laisse selon le mode de conduite la pleine gestion du rapport engagé. Si vous abordez une épingle en 3ème en mode Dynamic Plus avec le passage des rapports manuel enclenché, n’espérez pas via une simple pression sur l’accélérateur lancer un kick down automatique, c’est à vous de tomber les rapports à la palette. Une assistance en moins qui vous donne plus de latitude dans l’impression d’être véritable acteur de la conduite.
D’un point de vue freinage, l’Audi S3 millésime 2024 semble une fois le mode Dynamic Plus enclenché moins vérouillée qu’auparavant avec plus de légereté dans la direction et un train avant moins paresseux lorsque l’on place l’auto sur les freins. Une fois dans le virage, je regrette toutefois un léger manque de précision et de sensation dans le volant, la faute à une assistance électrique de direction sans doute un poil trop marquée. Mais c’est vraiment pour chipoter, on reste un bon cran au dessus de ce que l’on peut retrouver sur une BMW Série 1 à titre de comparaison. Du reste, la S3 Sportback est tout bonnement impériale y compris sur voie étroite. Le gabarit reste idéal pour une prise en main rapide, la position de conduite tout à fait compatible avec les personnes de >1m80 et je me surprends à plonger de virage en virage avec un côté “petite teigne” que je connaissais pas à la S3. Le répartiteur de couple sur le train arrière bénéficie largement au comportement avec de belles améliorations : on perd légèrement cette sensation de “rail” pour gagner en agilité lors des changements d’appuis tout en gagnant en précision du train avant pour placer l’auto en virage. Il est rare qu’un constructeur revoie autant sa copie d’un point de vue technique lors d’un “simple” facelift.
Conclusion : enfin du sport !
On ne peut pas dire que l’Audi S3 ait brillé par le passé par un caractère sportif transcendant. Son credo restait la performance accessible à tout un chacun, le tout dans un environnement souvent trop rassurant. En résultait un comportement routier convaincant, mais peu joueur et rarement propice a s’extasier derrière le volant. Ce facelift plus que tout autre démontre la volonté d’Audi de rattraper la concurrence sur le plan de la sportivité sans oublier pour autant une polyvalence exacerbée. L’Audi S3 2024 allie définitivement fun et qualités routières comme peu d’autres, au point de me donner envie de l’essayer sur un circuit rapide (qui a dit le Nürburgring ?). Léger rappel avant de vous précipiter chez votre concessionnaire, l’Audi S3 Sportback s’affiche avant options à 63 000€, auquel il faudra rajouter un malus CO2 de minimum ….. 48 901€, sauf si vous avez 3 enfants ou plus. Dans ce cas, un abattement de -20g CO2 / enfant est possible et fait tomber le malus à moins de 1000€. Qui aurait cru un jour que la fiscalité automobile en France soit propice à une envie de repeuplement démographique ? Mesdames, Messieurs, à vos lits, prêts ? Partez !
Quelques chiffres
Dimensions Lxlxh : 4350x1810x143 mm
Poids à vide : 1610 kg à vide
Volume coffre : 380 L
Volume réservoir : 55 L
Consommation mixte annoncée (WLTP) : 8.4 L / 100 km
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : entre 191 et 197 gCO2 / km selon finition
Moteur : 4 cylindres en ligne turbo 1984 cc
Puissance max combinée : 333 ch à 5600 tr/min
Couple max thermique : 420 Nm à 2100 Nm
Vitesse max : 250 km/h
0 à 100 km/h : 4,7 s