Essai Audi S3 Sportback 2020 : stop à la surenchère

Le début d’une nouvelle ère ou la fin d’une autre ? C’est bien le dilemme auquel on fait face si l’on se penche quelques instants sur la fiche technique de cette nouvelle Audi S3. 310 ch, c’est cheval pour cheval la puissance exacte sortie du 2.0 L TFSI sur la précédente génération. Cylindrée, puissance, couple maximal, le moteur élu à plusieurs reprises meilleur 4 cylindres au monde ne semble en apparence pas avoir subi le moindre changement et pourtant, de nouvelles normes sont passées par là. Décryptage.

Qui dit quatrième génération d’Audi A3 dit forcément, nouvelle mouture S en approche ! Dans la plus pure tradition des déclinaisons S, la S3 2020 se veut le mix parfait entre châssis affuté, puissance “suffisante” et facilité d’utilisation déconcertante pour n’importe quel conducteur moyen (et ce n’est pas une critique !). Look, plateforme, performances, tout va dans le sens du parfait compromis sans ne négliger aucun aspect, si ce n’est celui du plaisir de conduite quelque peu laissé pour compte, souvent au profit de sensations (trop ?) filtrées.

Sportivité subtile

Lorsque je suis allé récupérer “mon” Audi S3 du week-end, j’ai eu l’occasion de retomber sur une vieille connaissance, l’Audi A3 berline que j’avais essayée un mois et demi plus tôt sur les hauteurs de Marseille (l’essai est à lire ou relire ici), l’occasion pour moi de jouer au jeu des 7 erreurs, bien que le type de carrosserie diffère. Il se trouve que mis à part le “black pack” optionnel comprenant une finition noir laqué sur le contour de calandre, les ouïes en dessous de chaque phare, la baguette latérale en dessous des portes, le contour des vitres et les coques de rétroviseurs, une S3 reste en tout point identique extérieurement à une A3 dotée du pack extérieur S-Line. Seuls deux détails laissent entrevoir le caractère plus enjoué de notre compacte, le logo S3 sur la calandre ainsi que le diffuseur laissant entrevoir les doubles sorties d’échappement de part et d’autre, marque caractéristique de la gamme S. Un peu maigre pour signer un chèque d’un minimum de 55 900 €.

D’autant que les quelques éléments que l’on pourrait penser inédits sont d’une part, en option, et d’autre part, disponibles sur une A3 standard du moment que vous allongez les billets. Les jantes Audi Sport sont d’ailleurs rigoureusement identiques à celles présentes sur l’A3 citée plus haut. Même les étriers rouges peuvent maintenant se retrouver sur une A3 non S. Il n’y véritablement plus que le diffuseur spécifique pour vous démarquer. Est-ce un mal pour autant ? Après tout cela fait belle lurette que les pack S-Line sont disponibles sur l’ensemble de la gamme, au même titre que les packs AMG et M Performance chez la concurrence. La S3 de quatrième génération ne joue donc pas dans la sportivité exacerbée, la RS3 est là pour ça, mais adopte une philosophie sport-chic subtile. Il est d’ailleurs possible de faire encore bien plus discret, voyez plutôt :

Vous l’aurez compris, pour vous démarquer, il faudra cocher nombre d’options de style et ça tombe bien, Audi vous laisse la possibilité d’opter pour des couleurs plutôt voyantes sans même passer par le département Audi Exclusive : Bleu Turbo (la couleur de notre S5 Sportback essayée en février, à relire ici), Jaune Python ou encore Rouge Tango.

Cockpit d’égoïste

À bord, le sentiment de cocon à la place conducteur est criant. L’écran central est très largement incliné vers le conducteur, les buses de ventilation de part et d’autre du tableau de bord cachent les informations au passager, et les quelques boutons restant sur la console centrale sont eux aussi tournés vers le conducteur. Seul le contrôle du volume audio reste facilement accessible à votre compagnon de voyage. Le Virtual Cockpit est bien évidemment de la partie avec la possibilité d’opter pour un affichage Sport des compteurs mais seulement en passant par le menu principal de l’écran central alors que chez VW on retrouve cette possibilité via le bouton “View” sur le volant. Nulle touche de sportivité ou d’exclusivité, l’inscription “S” sur la troisième branche du volant est disponible sur l’A3 tout comme les sièges Sport à réglage électrique à mémoire à la finition particulièrement soignée comme à l’habitude chez Audi. Les quelques plastiques dont la qualité jure au milieu d’un habitacle si High Tech et au design si travaillé sont toujours présents, notamment dans les contreportes et entre l’accoudoir et la console centrale.

Sport avec filtres

Audi ne s’en cache même pas dans son communiqué de presse : “Une boite de vitesse S tronic à sept rapports, une transmission quattro avec commande intelligente et une suspension sport spécifique S avec amortissement piloté en option délivrent une puissance sans effort.” Sans effort, c’est bien l’apanage de cette Audi S3 qui offre des performances de premier ordre sans même lever le petit doigt. Forcément, les sensations s’en retrouvent fortement grevées mais je ne peux pas vraiment considérer ça comme un défaut puisqu’Audi s’attache à cette philosophie volontairement pour sa S3. Et ce n’est d’ailleurs pas en la cravachant sur parcours sinueux que j’ai pris le plus de plaisir à son bord, mais attardons nous tout de même sur ce point.

Le 2.0 L TFSI associé à une boite S-Tronic à 7 rapports restent donc inchangés par rapport à la génération précédente. La S3 a toutefois pris en embonpoint, 70 kg par rapport à la version 2017 que j’avais pu mettre à l’épreuve sur les mêmes routes que je me suis amusé à re-parcourir avec cette nouvelle génération (l’essai de la S3 2017 est à retrouver ici). Les performances ne s’en trouvent donc pas transfigurées bien au contraire, la S3 2020 prend 0,2 secondes de plus sur l’exercice du 0 à 100 km/h que sa devancière, une première dans ce sens ! Les évolutions se retrouvent surtout au niveau du châssis puisque la nouvelle S3 repose sur la plateforme MQB Evo partagée avec la Golf 8 et la nouvelle Seat Leon. La suspension arrière à 4 bras indépendants associée à la transmission intégrale quattro et en option à l’amortissement piloté actif confèrent un comportement hors-pair à cette Audi. Un gros travail a également été réalisé sur la direction dont le feeling s’en retrouve amélioré surtout sur parcours dynamique. D’autant qu’elle se pare d’une assistance variable qui prend en compte le degré de braquage et la vitesse à laquelle vous évoluez pour apporter un degré de précision le plus adapté à la situation, un modèle en la matière même si les amateurs de conduite pure se sentiront sûrement frustrés avec autant d’aides en la matière.

Le train avant est impérial, indéboulonnable. Il suit la trajectoire sans sourciller largement aidé par le train arrière en sortie de courbe pour apporter une fluidité de conduite particulièrement appréciable. Audi affirme que l’amortissement piloté du Drive Select en mode Dynamic a été raffermi. On se retrouve bien avec une sensation d’amorti parfois cassant sur les irrégularités de la route mais le roulis reste pourtant trop présent à mon goût pour correspondre parfaitement à l’usage sportif que l’on ferait de ce mode, autant laisser la suspension en mode Auto qui n’apporte qu’infiniment peu de roulis en plus mais préserve les lombaires (le mode individual est là pour ça). Globalement, la S3 se manie très facilement et pardonne quasiment tout même avec l’ESP coupé du moment que vous ne mettez pas trop d’angle de volant à la fin du freinage. Le freinage parlons-en, c’est pour moi l’un des deux gros points noirs. L’attaque de la pédale n’est pas franche pour un sou tandis que la course semble interminable pour obtenir un freinage digne de ce nom. Je me suis même retrouvé avec une légère fumée au niveau des disques avant sans pour autant avoir l’impression de manquer d’endurance. Le feeling reste donc imprécis, même si j’apprendrai par la suite que quelques uns des 4000 premiers kms de l’auto avaient été réalisés sur circuit. Deuxième point noir et pas des moindres, le moteur. Je n’ai pas retrouvé hélas la fougue que je lui connaissais sous le capot de la S3 de précédente génération, d’autant que les nouvelles normes l’ont rendu complètement aphone. Les rapports de boîte semblent pourtant ne pas avoir évolué, le FAP doit jouer ici un rôle castrateur, dommage.

Sportivité menacée

Si la S3 n’a jamais été une pure sportive par définition, cette nouvelle génération nous confirme la différenciation qu’Audi opère entre sa gamme S et RS. Globalement, on pourrait résumé la S3 à une Audi A3 Quattro avec des chevaux, et on ne serait pas très loin de la vérité, l’A3 standard disposant déjà d’un comportement châssis remarquablement efficace. Peu de changements donc sur le plan de la sportivité. On ne peut pas en dire autant de la partie high-tech qui prend encore un peu plus le pas sur la conduite et transfigure cette S3 en une routière hors-pair qui n’a absolument pas à rougir face au segment supérieur, même si la consommation affichée ne semble pas tellement adaptée à l’exercice. De 8.0 L annoncés, nous en sommes sortis avec 11.4 L / 100 kms de moyenne. Côté malus, on devrait dépasser allègrement les 8000 € dès l’année prochaine avec un rejet minimal de 183 g pour une S3 Berline. Affichée à 73 555 € avec l’intégralité de la liste des options disponibles au catalogue, notre S3 pour un week-end est définitivement entrée dans une nouvelle ère.

Crédits Photos : Maurice Cernay

Quelques chiffres

Dimensions : 4350x1820x1440
Poids à vide : 1500 kg
Volume coffre :  325 L
Volume réservoir : 55 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   8.0  L/100 kms (*modèle d’essai)
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 188 gCO2/km (*modèle d’essai)
Cylindrée : 1984 cc
Puissance max : 310 ch entre 5450 et 6500 trs/min
Couple max : 400 Nm entre 2000 et 5400 trs/min
Vitesse max : 250 km/h
0 à 100 km/h : 4.8 s

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