Essai Maserati Gran Turismo MC : La gardienne du temple

Maserati est un peu l’Aston Martin Italien, une aura et un design qui fait la quasi-unanimité autant auprès des passionnés que du badaud de passage. Après un gros passage à vide dans les années 90, la marque au trident, sous l’impulsion du Groupe FCA, prend un chemin complètement différent de la marque anglaise. Bonne ou mauvaise idée?

Aujourd’hui, les ventes de Maserati c’est 50 % de Levante, sur une gamme de quatre modèles différents (Ghibli, Quatroporte, Gran Turismo et Levante). On peut donc employer le terme de best-seller pour le dernier-né sans se tromper. La descente en gamme délicate mais réussie avec la Ghibli, donne à Maserati une croissance digne d’un pays émergent. De 6 300 unités en 2012, à 50 000 en 2017. Et cela ne va pas s’essouffler, bien au contraire, puisque Maserati annonce un petit SUV placé sous le Levante afin de concurrencer directement le Porsche Macan. Car là est la cible principale du constructeur italien, celui de Stuttgart.

Après avoir fait personnellement le deuil de Porsche et de leurs gammes dignes d’un constructeur généraliste, j’avais pardonné l’arrivée d’un SUV dans la gamme au Trident, préférant un Levante à un ostentatoire Ferrari quatre portes aux allures de baroudeur. Pour le moment, l’honneur est sauf, enfin pour le moment…

Revenons à l’essentiel, une pure GT comme on en fait plus. À l’image d’une Aston-Martin DB9 à la carrière aussi longue, la Gran Turismo semble intemporelle, une des dernières dessinées par des humains, et non par une soufflerie. Les GT à moteur avant restent une hérésie pour n’importe quel ingénieur, mais il en dégage une pureté stylistique indéniable, avec leurs capots interminables. Une beauté qui vous envoute suffisamment pour vous faire oublier quelques défauts, comme les feux arrière disgracieux. Le marché US représentant 34% des ventes, on sent la jurisprudence de la 3200 GT et des feux “boomerang”. Bref, avec ce petit lifting 2018, la Gran Turismo vieillit bien sans artifices.

L’intérieur serait critiquable à bien des égards, pour certains esprits tatillons, car il subit un peu la comparaison des autres modèles de la gamme, beaucoup plus récents. Mais au démarrage du mélodieux V8, vous vous moquez totalement de voir si l’interface média est compatible avec votre smartphone. Ici le grondement n’est pas artificiel, pas de “By-pass”, vous avez sous ce capot le dernier V8 Ferrari atmosphérique encore en production !

Telle une diva, elle vous intimide dès les premiers kilomètres, enfin ce sont surtout les 180 000 € qui vous crispent. Très bien élevée, elle fait tout pour vous mettre rapidement à l’aise. Vous êtes confortablement installé, la boite séquentielle répond au doigt et à l’œil, enfin surtout au doigt, et vous rassure quelque peu sur une autre espèce menacée, la boite manuelle. Les envolées lyriques du V8 atmosphérique sont d’une beauté dont seuls les motoristes italiens ont le secret. Il faudrait peut-être l’inscrire au patrimoine matériel de l’humanité, ou penser à un programme de sauvegarde, et ainsi réintégrer l’espèce en Europe.

Dans la vallée de la Chevreuse, la mise en confiance aidant, je commence à augmenter le rythme, je cravache les 460 ch et les premiers gros freinages répétés marquent la frontière entre une grosse GT et une supercar. L’équilibre général est parfait, le V8 Ferrari monte dans les tours sans aucune inertie, d’ailleurs vous ai-je déjà dit à quel point j’aimais ce moteur ? Bref, à un rythme de croisière plus « légal », la Gran Turismo permet d’avaler les kilomètres dans un certain confort, tout en acceptant le job, et ainsi d’épargner les quelques 300 personnes qui ont une grosse tendance à se jeter sous vos roues quand vous roulez à plus de 80 km/h sur une route nationale sans séparateur central. N’ayant pas à effectuer le plein, ni de me préoccuper de l’usure des pneumatiques, je ne trouve aucun défaut à cette voiture, une vraie machine à émotions.

Là est tout l’intérêt de cette voiture, l’émotion. Alors oui le Levante est un gros succès commercial, et pas besoin d’être un expert du marché automobile mondial pour prédire que le futur petit Levante le sera tout autant, car aujourd’hui les gens veulent du statutaire, via des marques qui ont construit leurs images sur la sportivité, et surtout la passion ! Quel adolescent aujourd’hui rêve d’un Porsche Cayenne ou d’un Bentayga ? (Hors footeux en centre de formation, ou fan de Rap US). La machine à cash fonctionne, Lamborghini emboite le pas, mais n’oubliez pas de réinjecter un peu de passion de temps en temps. Alors Monsieur Maserati si vous voulez vendre plus de SUV, n’oubliez pas le concept Alferi !

Merci à l’équipe Maserati pour leur disponibilité

Crédit photos: Damien Rondeau

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