Essai Audi S5 Sportback 3.0 TDI : une question de stratégie

Vous pensiez que le Diesel allait peu à peu disparaitre ? Que nenni ! Audi se moque ouvertement du pas si lointain “Dieselgate” et enfonce le clou en proposant désormais des motorisations TDI pour sa gamme “S” en Europe. Pour des raisons de réglementations certes, mais selon la marque pour répondre également à une demande pendant un temps délaissée par le constructeur aux anneaux. On se rappelle en effet volontiers du Q7 V12 TDI et de son couple emblématique de 1000 Nm. Cette nouvelle S5 Sportback TDI réussira-t-elle à marquer autant les esprits ? Pas si sûr, mais elle ne manque pour autant pas d’argument à faire valoir.

Facelift discret mais efficace

Audi profite du salon de Francfort en septembre 2019 pour dévoiler le facelift de mi-carrière de l’A5 qui inaugure par la même occasion une version mise à jour du 3.0 L TDI maison, poussé à 347 ch et doté d’une micro-hybridation 48V. Les retouches esthétiques sont mineures et concernent comme à l’habitude la calandre, légèrement plus plate et surmontées des 3 fentes inaugurées par l’Audi A1 en référence à l’Audi Sport Quattro, reine des rallyes durant les années 80. Le contour des anti-brouillard se fait plus acéré et donne une impression de largeur à la face avant tandis que les optiques adoptent une nouvelle signature lumineuse. Adieu les longues et fines enfilades de LED, bonjour aux plaques lumineuses héritant de la technologie Matrix LED Audi permettant aux designers d’exprimer à encore toute leur créativité.

Notre configuration met particulièrement en valeur le côté sportif de l’auto et fait plaisir à voir pour une allemande. Audi casse les codes et ose des couleurs auparavant réservées aux supercars ou à l’inverse, aux citadines. Ainsi, il est possible d’opter dans le configurateur pour notre superbe Bleu Turbo mais également pour le Rouge Tango ou encore le somptueux Vert District qui confère une véritable présence à l’Audi A5. Pas moins de 8 modèles de jantes sont également disponibles, en 19 ou 20 pouces (20 pouces sur notre S5). Enfin, les étiers peuvent être peints en rouge et les ouïes avant comme le contour de calandre et les rétroviseurs en noir via un pack style spécifique. Si avec ça vous arrivez à me choisir une Audi noire à jantes noires, c’est que vous le faites exprès !

Les changements sont plus nets à l’intérieur avec une nouvelle console centrale qui voit disparaître la molette de sélection et l’apparition d’un écran digne de ce nom de 10,1 pouces inaugurant la dernière version du MMI Touch Display. Autre nouveauté, la possibilité de choisir entre une configuration 4 ou 5 places sur la Sportback qui conserve son coffre très accueillant de 480 litres et un accueil royal pour les passagers arrière. Mais n’en doutons pas, LA place centrale de cette Audi S5 Sportback, c’est bien évidemment la place du conducteur. Les Sièges Sport S optionnels recouverts de cuir nappa fin avec estampillage S sur les dossiers sont des oeuvres d’art à eux-seuls. Le volant Sport à méplat recouvert partiellement de cuir perforé tombe parfaitement en main, les incrustations en fibre de carbone véritable se mêlent aux contreportes en Alcantara et au plastique moussé de la planche de bord. Le Virtual Cockpit est bien évidemment configurable à l’envie en choisissant même deux modes d’affichage principaux “Normal” ou “Sport”. Audi démontre ici tout son savoir-faire en matière de qualité perçue et ravira l’amateur de voitures germaniques le plus exigeant.

Réjouissances à la pompe

Alors oui, pour le millésime 2020, Audi abandonne son fameux V6 3.0 L TFSI de 354 ch au profit du non moins connu V6 3.0 TDI de “seulement” 347 ch. Un V6 pour un V6, c’est déjà un bon point, réjouissez-vous mes frères ! Le couple fait quant à lui un bon non négligeable pour passer de 500 Nm à 700 Nm ! Du côté des performances, le 0 à 100 km/h perd toutefois 0,2 secondes pour n’atteindre que 4,9 secondes. La vitesse maximale reste inchangée à 250 km/h (autolimitée). Mais ce serait un peu simpliste d’en rester là et vous ne me reprocheriez que de ne survoler le sujet. En effet, ce V6 TDI est associé à une micro-hybridation 48 V qui en plus d’apporter un gain d’efficience est véritablement vecteur de performance. Le compresseur électrique agit en effet directement sur l’admission dans les phases d’accélération pour optimiser le passage de rapport déjà particulièrement réactif sur la boite Tiptronic à 8 rapports. A la fin, c’est une consommation moyenne affichée de 7.0 L / 100 kms (WLTP), mieux encore à norme équivalente, la différence s’accroit pour atteindre quasiment 2.0 L / 100 kms (7,7 vs 6,1 selon les chiffres NEDC précédents). Un atout de poids pour une voiture finalement destinée aux gros rouleurs plus qu’aux amateurs de track-days. 

Alors évidemment me concernant, on y perd au change, d’autant que le prix d’entrée de gamme pour la S5 Sportback a pris quasiment 4 000 € au passage. Mais est-ce vraiment une mauvaise voiture pour autant ? Assurément non ! Elle démontre une polyvalence que je ne lui aurais pas soupçonnée. Sur autoroute, c’est un rail, la consommation reste inlassablement sous les 9.0 L / 100 kms malgré un régulateur à 150 (en Allemagne comme vous vous en doutez). Confiné dans mon siège semi-baquet, je profite du système Bang & Olufsen Premium Sound avec son 3D, un must-have à cocher lors de la configuration qui s’échangera contre un chèque de 1 030 € et qui grimpe directement dans mon top 3 des systèmes audios que j’ai pu expérimenter en voiture.

L’Audi Drive Select ne propose pas de mode “Sport”, sûrement pour éviter de se mettre à dos les détracteurs du Diesel. On retrouve donc un mode dynamic qui agit sur la direction, les suspensions, la réponse du moteur en fonction de la course de la pédale d’accélérateur, le passage des rapports et enfin le bruit. Oui oui vous avez bien entendu. Même si à faible charge et bas dans les tours on reconnaît sans aucun doute le léger claquement du bloc Diesel, à mesure que vous progressez dans les tours, le son devient plus rauque, plus présent, plus plein. Et ce n’est pas du tout désagréable au contraire Audi a fait les choses bien. Le son n’est pas juste un artifice issu des haut-parleurs mais bien un son quasi naturel obtenu grâce à un gros travail sur l’échappement, au niveau du silencieux de gauche. Je dis “à gauche” parce qu’à droite, il n’y en a pas, la double sortie est totalement factice. 

Et si le sinueux n’est pas le terrain de prédilection de notre S5 Sportback de quasiment 1,9 tonne à vide, elle n’en demeure pas moins surprenante par sa tenue de caisse en virage. Inutile de s’accrocher au volant, la S5 semble se camper naturellement sur ses positions avec un débattement de suspensions particulièrement faible sans pour autant ressentir que la voiture “tape” à chaque imperfection de la route. Une véritable prouesse avec ses jantes de 20 pouces et un châssis carrément typé sport. Malgré des accélérations fulgurantes qui en auront surpris plus d’un (à croire que la couleur Bleu Turbo donne envie de faire la course), la conduite “sportive” reste quelque peu artificielle. La voiture fait absolument tout pour moi et je n’ai qu’à tourner le volant dans un sens ou l’autre sans à aucun moment me demander “ça passe là ?”. C’est une Audi, ça passe forcément. 

Peut-on lui en vouloir ?

C’est l’heure de la douloureuse, et il vous faudra débourser 100 160 € pour configurer votre S5 Sportback à l’identique, à comparer aux 80 200 € pour accéder au modèle de base. A noter que les prix pour les S5 Coupé et Sportback sont les mêmes à l’euro près. Que dire sur cette S5 Sportback si ce n’est qu’on ne peut malgré tout rien lui reprocher. Au contraire, son positionnement prend du sens face à la RS5 disponible elle aussi en Sportback et à partir de 97 570 €. Peut-être que faire cohabiter S5 et RS5 faisait doublon ? Peut-être que la demande d’un modèle Diesel sportif est réellement importante ? Toujours est-il que le passage au Diesel fait doublement baisser la note : pour le client comme pour le constructeur. Pour le client une consommation et des rejets de CO2 moindres (et donc un malus réduit pour les clients français). Pour le constructeur, double effet kiss-cool, c’est quelques grammes de CO2 en moins à ajouter sur la note pour début 2021, lorsque les amendes CAFE pleuvront.

En quelques chiffres

Dimensions : 4670x1850x1370
Poids à vide : 1885 kg
Volume coffre : 480 L
Volume réservoir : 58 L
Consommation mixte annoncée (WLTP) : 7.0 L / 100 kms
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 183-190 gCO2/km
Cylindrée : 2967 cc
Puissance max : 347 ch au régime de 3850 trs/min
Couple max : 700 Nm entre 2500 et 3100 trs/min
Vitesse max : 250 km/h
0 à 100 km/h : 4.9 sec

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