A la découverte des DS 9 & DS AERO SPORT LOUNGE

Problème : le salon de Genève est annulé à la dernière minute. Solution : on rapatrie les voitures, on les met dans un studio et on invite quelques médias à venir les découvrir. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés face à face avec les deux dernières nouveautés DS : la DS 9, une grande berline, et le DS Aero Sport Lounge, le dernier concept-car de la marque. On vous emmène avec nous.

Commençons, si vous le voulez bien, par le plus concret : la DS 9. Version simple : il s’agit d’une grande berline, la troisième “vraie” DS après les deux SUV, le gros DS 7 Crossback et le petit DS 3 Crossback. Enfin une berline, serait-on tentés de dire ! Car oui, même dans un monde craquant sous la densité de machins surélevés, la berline statutaire reste un exercice obligatoire pour un constructeur, d’autant plus s’il rêve de grappiller quelques parts de marché dans le secteur premium.

Une berline française premium ? Arg, on s’étouffe, on rit jaune, on pense à la 607, aux 23 000 ventes de la C6, bref, on se dit qu’il va y avoir du boulot. La DS 9 y arrivera-t-elle ? D’un point de vue stylistique, elle a ses chances. Malgré des dimensions (4.93 m de long pour 1.85 m de large) qui pourraient la rattacher au segment E (Audi A6, BMW Série 5), DS préfère la “contenir” au segment D (Audi A4, BMW Série 3) pour d’obscures raisons. Du coup, elle en impose. En bonne DS qui se respecte, la DS 9 abonde de chrome : face avant avec la calandre “DS Wings” (aux très curieux motifs en 3D), lécheurs de vitres sur le profil, baguette reliant les deux feux arrière, soulignés par un jonc allant s’éteindre sur l’aile arrière… Vous en voulez encore ? Alors dites bonjour à un sabre au centre du capot, certes non chromé, mais plutôt en motif guilloché “Clous de Paris”. Terminons sur un sympathique détail : les poignées sont affleurantes, ne se dévoilant qu’à proximité du conducteur.

Too much ? Sur le papier, on frôle l’indigestion. Mais, en la découvrant de visu, l’ensemble passe bien mieux. La couleur (le très joli Crystal Pearl déjà vu sur les autres modèles de la marque) ne doit pas y être étrangère, mais l’ensemble est d’une vraie élégance, statutaire sans (trop) tomber dans l’ostentatoire. Je suis juste un peu circonspect concernant les “cornets” au sommet de la vitre arrière, sensés rappeler les clignotants de la DS d’antan, ici juste utilisés comme feux de position latéraux. Peut-être le signe d’une future commercialisation de la DS 9 aux Etats-Unis, où ces machins sont obligatoires ?

Un dessin extérieur ma foi plutôt réussi, donc. Passons à l’intérieur et mettez-vous à l’aise, car vous entrez dans un petit cocon. Ici aussi, les mensurations généreuses de la DS 9 se retrouvent dans les côtes d’habitabilité, avec un empattement pour le moins généreux de 2.90 mètres. Mais je parle de cocon plus dans l’esprit des boudoirs d’antan, ces endroits uniquement dédiés au bien-être et aux confidences. Car question bien-être, la DS 9 tape dans le mille.

Côté matériaux, déjà. Alors, oui, la version présentée est la plus luxueuse possible, avec son “Inspiration Opéra”, mais le travail effectué est tout de même assez bluffant. Partout, du cuir Nappa : sur les sièges (où l’on retrouve la fameuse confection en bracelet de montre, signature de DS), sur toute la planche de bord (sommet y compris, là où le DS 7 par exemple n’a droit qu’à du plastique moussé), sur les très jolies poignées de maintien, même sur le moyeu du volant. Et quand il n’y a pas de Nappa, il y a de l’Alcantara (sur la totalité du pavillon, pare-soleils compris), du métal guilloché ou du verre. La montre BRM est toujours là, et c’est tant mieux. 

Les places arrière ont, elles aussi, reçu un traitement bien particulier. DS, dans sa schizophrénie habituelle “nous sommes une marque française mais nous n’utilisons que des mots anglais dans nos communiqués”, parle de DS Lounge ; il faut comprendre par là des sièges chauffants, massants et ventilés à l’avant comme à l’arrière. Voilà de quoi faire saliver les hautes strates de l’administration française !

Passons à la technique. Un mot d’ordre pour cette DS 9 : pas de diesel ! L’offre commence avec un essence de 225 ch, avant de passer à de l’hybride rechargeable de, au choix, 225, 250 ou 360 ch (en transmission intégrale pour cette dernière). Les grincheux du “gneu gneu les françaises ont toujours des petits moteurs” seront servis 🙂 les aides à la conduite sont omniprésentes, avec (prenez votre respiration) la DS Active Scan Suspension (suspensions pilotées par caméra), le DS Drive Assist (conduite autonome de niveau 2), le DS Park Pilot (stationnement automatique), le DS Safety (surveillance angles morts, freinage d’urgence automatique), le DS Night Vision (caméra infrarouge), le DS Driver Attention Monitoring (deux petites caméras au sommet du volant vous scrutent en continu et ne sont pas contentes si vous vous endormez), le DS Active LED Vision (phares actifs mais pas matriciels !) ou encore le DS Smart Access (déverrouillage via votre téléphone). Schizophrénie, vous disais-je !

Reste un point qui me gêne un peu : le fleuron du Groupe PSA (et, j’ose le dire, de l’offre française tout court)…est fabriqué en Chine. Peut-être un détail pour vous, mais je dois vous avouer que ma petite fibre patriotique est chafouine. La DS 9 arrivera en concession au second semestre 2020, nous aurons donc le temps de vous en reparler.

Changement total d’univers : dans la seconde pièce du studio se cache le dernier concept de la marque, le DS AERO SPORT LOUNGE (en majuscules s’il vous plaît). On change du tout au tout : bienvenue dans le futur ! Et dans le futur, DS imagine que ses clients seront toujours demandeurs de la position haute et du sentiment de protection (fut-il complètement fictif) d’un SUV, mais que les contraintes de normes environnementales forcent les ingénieurs à imaginer de nouvelles silhouettes plus aérodynamiques. Hop, la silhouette de l’Aero Sport Lounge (flemme de l’écrire en majuscules) est née. Cinq mètres de long, faciès puissant, profil élancé, arrière fuyant : la bête a une sacrée allure. Alors, oui, le traitement est complètement délirant avec ses roues de 23″, ses écrans dans la calandre, ses logos illuminés et tout le tintouin mais quelques détails pourraient bien se retrouver en série -dans l’idée tout du moins : les optiques, par exemple, qui deviennent enfin matricielles, ou les feux de jours. On verra bien !

A l’intérieur, on part dans un autre délire : celui de la, je cite, machine à voyager. Nous ne sommes plus dans une voiture à proprement parler, du coup. La planche de bord disparaît, remplacée par deux grandes lames : une inférieure, en satin de coton, sur laquelle sont projetées les informations de conduite ; celle supérieure, elle, est purement décorative. Elle est recouverte de…paille. Mais attention, en marqueterie de paille ! Tellement plus chic. Le rendu est bluffant, mais la mise en série me rend tout de même songeur.

Vous allez me dire qu’on se fout de la mise en série, et vous avez bien raison. Car un concept-car, et ce DS Aero Sport Lounge en particulier, est là pour nous donner du rêve. Et DS en a bien besoin, d’envoyer du rêve. Quand on est une jeune marque, et a fortiori lorsqu’on essaye de percer dans le premium, on a besoin d’une histoire, de quelque chose à raconter, de quoi faire rêver le quidam. Et l’Aero Sport Lounge, comme le furent la Divine, la E-Tense et la X E-Tense, est là pour créer l’histoire de DS. Comme me le disait un communiquant, DS est aujourd’hui en train de créer ce qui sera une évidence dans 10 ou 15 ans. Si le coronavirus ne nous aura pas tous tué d’ici là, “DS” rimera (du moins l’espèrent les responsables de la marque) avec “savoir-faire français”, “haute couture”, “avant-garde” et tutti quanti. Rendez-vous là-bas ?

Crédits photos : Ugo Missana

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