Pour encore beaucoup de gens, acheter une Mazda n’arrive même pas au stade de simple pensée lorsqu’il s’agit d’un renouvellement de voiture. Ce qui est dommage, car la marque propose des produits extrêmement aboutis et très agréables à conduire. La preuve avec ce CX-5.
Quand on parle de Mazda à un passionné d’automobile, il est probable que les MX-5, RX-7, RX-8, les participations (et les victoires !) aux 24h du Mans et le fameux moteur rotatif arrivent immédiatement dans son esprit. La gamme actuelle, peut-être en seconde position. Ou…beaucoup plus loin, s’il est un peu fermé d’esprit. Pourtant, Mazda offre une gamme complète (Philippe est parti essayer la nouvelle Mazda 3 il y a quelques jours, à relire ici), et nous nous intéressons aujourd’hui au crapahuteur de la gamme, j’ai nommé le CX-5.
Le CX-5 est un modèle qui occupe une place assez particulière dans la gamme Mazda, puisque, à l’instar de la dernière Clio chez Renault, c’est lui qui a lancé les nouvelles directions stylistiques et technologiques de la marque pour les années à venir. Ainsi, à l’extérieur, c’est le style Kodo qui est à l’honneur. « Mais, Jean-Baptiste, ça veut dire quoi « Kodo » ? ». « L’âme en mouvement ». C’est beau. On observe donc, à l’avant, une imposante calandre en forme de diamant très verticale, dont le mince filet de chrome vient mourir dans les phares effilés. Le capot creusé -dont les formes se terminent devant les énormes rétroviseurs- souligne les passages de roues. De profil, des lignes de carre dynamisent un latéral qui reste un peu trop vertical et plat à mon goût. Et, quitte à continuer sur les regrets, dommage que le dessin des portes (qui descendent tout en bas de la carrosserie) oblige à tant de tôle visible et nue lorsqu’on les ouvre. La qualité perçue s’en trouve affectée, comme nous l’expliquait Eric il y a quelques semaines. Terminons sur un arrière assez massif, mais que je trouve très agréable, avec ses feux en amande, un hayon qui descend assez bas et les deux sorties d’échappement.
Cependant, lorsqu’on ouvre la porte, on se rend compte que l’âme en mouvement aurait besoin d’un peu de Prozac : tout est noir, noir, noir, triste et noir. Les tissus sont noirs, les plastiques sont noirs, le noir laqué est…noir (et moche, vous commencez à me connaître), le dessin de la planche de bord est triste, les contre-portes sont noires. Un peu déprimant. Et pourquoi avoir mis une montre digne des 80s, et de plus placée bien trop bas pour être visible ? On pourra tout de même se consoler avec l’excellente qualité des plastiques et des ajustements (il faudrait juste relever le pommeau de levier de vitesse qui pivotait sur ma voiture ; on m’a promis que ce n’était pas normal et je les crois, mais il faut tout de même le remonter) et l’équipement très satisfaisant de cette version Dynamique (la troisième sur quatre disponibles) : on note par exemple la clim auto bizone et l’écran tactile (qui peut aussi se piloter via une molette derrière le levier de vitesse) regroupant un GPS TomTom et l’ensemble des systèmes audio (radio, CD, MP3). L’ensemble est plutôt intuitif et réactif, mais le système audio n’est malheureusement pas vraiment à la hauteur : les basses sont soit bien trop présentes, soit totalement absentes, tandis que les aigus sont bien faiblards. Les plus mélomanes devront donc opter pour le haut de gamme Sélection qui dispose d’une sono Bose.
Mis à part ça, on retrouve le sourire en découvrant un espace arrière royal, notamment au niveau des jambes, mais aussi un coffre très accueillant et carré. La banquette se rabat en 40/20/40 via un système de tirettes dans le coffre qui permettent d’obtenir un plancher quasiment plat, ce qui est très appréciable. Les familles peuvent donc se rassurer : les départs en vacances se feront en toute quiétude.
Mais il est temps de mettre notre âme en mouvement. Pour cela, il suffit d’appuyer sur le bouton Start/Stop. Le 2.2l SkyActiv-D 150 ch de notre modèle d’essai s’ébroue assez bruyamment (lors des démarrages à froid, le régime de ralenti se stabilisait à 1700 tr/min avant de redescendre un peu plus tard à 800 sans que je ne comprenne pourquoi). « Mais, Jean-Baptiste, ça veut dire quoi « SkyActiv » ? ». Ce terme regroupe tout simplement l’ensemble des technologies permettant de réduire la consommation. Soit, sur notre moteur d’essai, un taux de compression le plus bas au monde (14:1 pour les connaisseurs, si vous n’y connaissez rien sachez que c’est remarquable). Cela permet aussi une température moins élevée lors de la combustion : des matériaux à base d’aluminium, plus légers que la fonte, ont ainsi pu être utilisés. Et, de manière générale, c’est toute la structure de la caisse qui a été allégé : citons des éléments de carrosserie en aluminium, l’emploi d’acier à haute élasticité, des boucliers en résine… Tout cela permet de réduire le poids de l’auto à « seulement » 1 420 kgs. Et, pour compléter le tout, ajoutez un Stop&Start (appelé i-stop chez Mazda) discret et réactif. Je dois dire que, malgré l’aérodynamisme plutôt relatif de la bête, la consommation reste très raisonnable, puisqu’après un week-end passé en « bon père de famille » (comprenez en allant voir mes grands-parents en Picardie avec toute la famille, coffre chargé à bloc), la consommation moyenne s’élèvera à un petit 6 l/100 kms. Le moteur SkyActiv est aussi le seul moteur diesel du marché à passer les normes Euro 6 sans aucune modification (bisou le système de dépollution PSA avec filtre supplémentaire à l’AdBlue), ce qui est tout de même impressionnant.
Mais, si la consommation reste réduite, le maître mot était de ne rien perdre sur le plan de la conduite. Et, là aussi, mission réussie ! Commençons par la commande de boîte, inspirée de celle équipant la MX-5. Le résultat est parfait : débattements courts, guidage précis, verrouillages francs. C’est assez étonnant, considéré l’usage très axé famille de la voiture, mais c’est aussi terriblement plaisant. Et on ne s’arrête pas là : la direction est légère mais très précise (malgré un volant un poil trop grand à mon goût –la 208 est passée par là), et le moteur, s’il est inaudible et permet de faire péter les scores d’écoconduite à régime stabilisé, reprend également dès les plus bas régimes (le fameux trou sous les 1500 tr/min, typique des diesels turbocompressés, est ici bien moins perceptible) pour pousser tout de même très fort jusqu’à la zone rouge. Là aussi, on pourrait ne pas y penser lorsqu’on découvre ce CX-5, et, là aussi, c’est très très bon. Par contre, nous étions en présence de la version 4×2, ce qui signifie que, dans les chemins boueux, le CX-5 avoue assez rapidement (et logiquement) ses limites, d’autant plus qu’il n’est pas doté d’un antidérapage évolué comme c’est le cas sur le Peugeot 2008 ou le Scénic XMod. Pour plus de polyvalence, orientez-vous donc vers la version 4×4 proposée contre 1 800 € supplémentaires. Concernant la conduite de nuit, les feux au xénon directionnels (de série sur Dynamique) rendent l’exercice très confortable, bien aidé par un système de feux de route automatique efficace et réactif.
Au fil des kilomètres, je me suis rendu compte que la Mazda était doté de pas mal d’équipements de sécurité dont la technologie est parfaitement dans le coup (bisou la Citroën DS4). Notre version était ainsi équipée de série d’un avertisseur d’angle mort (RVM), un avertisseur de changement de ligne (LDWS, qui se signale par un bip –strident, qu’on désactive très rapidement- ou par une vibration dans les haut-parleurs –plus discret, et j’ai malheureusement peur que ce ne soit pas suffisant pour réveiller un conducteur endormi ; une vibration dans le volant ou dans l’assise aurait été plus efficace), ainsi qu’un système de freinage automatique, poétiquement appelé SCBS. Pour ce dernier système, j’étais face à un dilemme : d’un côté je voulais absolument l’essayer pour vous commenter son efficacité, mais d’un autre je me suis rapidement rendu compte que le seul moyen de le tester était de lancer la voiture contre une autre. Ce qui signifie que, en cas de défaillance du système, j’étais dans la mouise la plus totale (mais bon, au moins, ça ne se déroulera pas devant un parterre de journalistes). Ma cible sera donc le Peugeot Partner d’un pauvre type qui n’a rien demandé à personne, coincé devant moi dans les bouchons de St Germain en Laye. Avant de m’élancer, je me remémore que le système, qui scanne ce qui se passe devant la voiture grâce à une caméra implantée derrière le rétroviseur central, est actif entre 5 et 30 km/h. Je me cale donc un peu en dessous de 20 km/h, et, tout en priant, je place mon pied juste au-dessus de la pédale de frein en espérant pouvoir avoir le temps de détecter une anomalie et d’écraser la pédale avant de ruiner l’avant de ma belle Mazda. Ce ne sera pas le cas puisque la voiture se stoppera d’elle-même à quelques centimètres de l’arrière du Partner, accompagné d’un curieux bruit (une sorte de « chrrunk ») et d’un mouvement de pompage de la pédale de frein (car j’avais quand même appuyé dessus lorsque j’avais senti la voiture piler, les instincts primaires étant relativement compliqués à contrôler). Dieu merci, je rendrai la voiture intacte cette fois-ci.
Terminons, comme d’habitude, avec les tarifs. La version de base Harmonie, équipée d’un moteur essence de 165ch tout de même, commence à 25 490 € avec un équipement bien fourni puisqu’il comporte l’ABS, l’ESP, l’aide au démarrage en côte, le fameux système de freinage automatique, les jantes 17’’, la clim manuelle, les 4 vitres électriques, l’ordinateur de bord et j’en passe. Notre version, elle, s’échange contre 31 600 €. De visu, ce n’est pas donné, mais tous les équipements de série rendent le rapport prix/équipements assez attractif. Il faut aussi ajouter que la quasi-absence d’options (rien à part la peinture métallisée) permettra de ne pas plomber la note finale.
Vous voulez un crossover familial accueillant et sobre mais qui donne une sacrée pêche au conducteur et qui sort de l’ordinaire ? Ne cherchez plus : la Mazda CX-5 est faite pour vous. Une proposition polyvalente et très homogène, qui offre une bouffée d’air frais entre les cohortes de VW Tiguan et de Peugeot 3008. La prochaine fois que vous changerez de voiture, faites-moi plaisir, pensez à Mazda.
Merci à Marie et Guillaume de Mazda France pour l’organisation de l’essai et leur disponibilité.
Crédit photos : Jean-Baptiste Passieux