Essai Audi RS3 Sportback (8Y) : fort, partout, tout le temps

RS3. Deux lettres et un chiffre qui défrayent la chronique du monde des sportives depuis maintenant un peu plus de 10 ans. Associée bien souvent au monde du rap et souffrant parfois d’une image quelque peu vulgaire, l’Audi RS3 c’est avant tout une condensé du savoir-faire de la marque d’Ingolstadt dans une carrosserie d’A3 aux hormones. Un 5 cylindres de légende, des performances ébouriffante associées à des technologies de pointe et à la fameuse transmission quattro, c’est ce que propose cette dernière génération répondant au doux nom de code 8Y. Le B c’est le S, Blogautomobile vous propose à l’essai le RS (remix à notre sauce d’un titre musical connu).

Baroud d’honneur

Si la gamme Audi RS n’a encore jamais été aussi variée qu’en 2021 (on compte pas moins de 13 modèles différents si l’on prend en compte les différents types de carrosserie), elle compte désormais un modèle électrique, la RS e-tron GT. Signe d’un tournant décisif dans la stratégie de la marque ? Pas seulement un signe à vrai dire et pour cause, Audi ne devrait plus commercialiser de modèle thermique d’ici 2033. Pire encore, la marque annonçait l’année dernière que le tout dernier moteur thermique serait dévoilé en 2026. La fin du thermique semble bel et bien actée du côté de la marque aux anneaux, il est donc doux de savourer chaque seconde au volant de ce que l’on peut d’ores et déjà considérer comme un morceau d’histoire chez Audi : l’ultime RS3. Pour ce baroud d’honneur, Audi a mis les plats dans les grands et les ingénieurs ont eu carte blanche pour faire de la RS3 tout ce dont ils rêvaient en la transformant en véritable supercar. On retrouve en effet sous le capot la dernière génération du 5 cylindres 2.5 L turbo développant la bagatelle de 400 ch et 500 Nm de couple, le tout permettant d’abattre l’exercice du 0 à 100 km/h en seulement 3,8 secondes (soit 0,2 de plus que la monstrueuse Audi RS6 Avant) et d’atteindre une vitesse de pointe de 290 km/h via un pack optionnel.

Ce moteur est de nouveau associé à la transmission intégrale quattro et à la boite automatique à double débrayage 7 rapports S-Tronic, revue pour l’occasion. Au rang des nouveautés, il faut bien évidemment noter l’apparition d’un système de Torque Vectoring mécanique (que l’on retrouve de la même manière sur la Volkswagen Golf 8 R) permettant via une gestion électronique d’envoyer 100% de la puissance transmise sur l’essieu arrière à une seule roue permettant ainsi d’amorcer et d’entretenir une dérive plus communément appelée “Drift” (via le mode de conduite “RS3 Torque Rear”). Outre le côté démonstratif d’une telle option, la RS3 gagne ainsi en agilité en courbe et gomme au maximum tout effet de sous-virage, de quoi peut-être convaincre les plus anti-Audi parmi vous ?

Mettez de la couleur dans votre Audi

Côté style, pas besoin de tergiverser longtemps lorsqu’on la croise, c’est définitivement une Audi RS. Calandre imposante, signature LED caractéristique (avec une cinématique spécifique à l’ouverture au niveau des feux diurnes qui affichent tour à tour, R, S et 3 avant d’adopter leur dessin à damiers), ailes larges, ouïes en tout genre (dont certaines factices), et sorties d’échappement ovales. Élément remarquable, ces écopes à l’extrémité des ailes avant permettant de laisser échapper la chaleur des freins mais également d’élargir la largeur de caisse car chose rare, les montes pneumatiques sont plus larges à l’avant qu’à l’arrière (265 contre 245 de large) ! On note également quelques éléments optionnels : les logos noirs, les jantes 5 branches de 19 pouces abritant les freins céramique (option à 5500 €) et une superbe teinte Vert Kyalami qui a sans aucun doute participé à la réussite de cet essai. On note d’ailleurs que sur ce plan là, Audi se lâche complètement et il n’est plus nécessaire de passer par la case “Audi Exclusive” pour apporter un peu de gaité à votre configuration. On retrouve ainsi en option les teintes Vert Kyalami, Bleu Turbo, Jaune Python ou encore Rouge Tango. 

Audi ne s’arrête d’ailleurs pas là puisque l’on retrouve même au configurateur la possibilité d’assortir quelques éléments de l’habitacle à la teinte extérieur, si ça ce n’est pas avoir le soucis du détail. Parlons s’en de cet habitacle au fait. Rien de bien nouveau par rapport à une Audi A3 S-Line bien équipée, c’est là toute la force de la marque. On notera évidemment le volant à méplat avec palettes en suédine avec rappel du point milieu et….. c’est à peu près tout ! Les sièges sont rigoureusement identiques à ceux de la S3 si ce n’est la finition en cuir matelassée proposée ici de série et le mode d’affichage RS Runway (voir photo ci-dessus) du virtual cockpit est réservé à ceux qui cocheront l’option “Pack Dynamique RS Plus”.

Plus qu’une simple A3 ?

La question pourrait paraitre saugrenue mais une fois le régulateur adaptatif enclenché sur voie rapide, cette question illégitime martèle mon esprit à n’en plus finir. Le confort d’amortissement est tout à fait royal, la sono Bang & Olufsen (en option à 970 €) fait le taf et la consommation instantanée peine à toucher les 8.5 L / 100 kms au rythme de croisière de 130 km/h. Seuls les yeux écarquillés des autres usagers se demandant ce qu’une Granny Smith fait sur route ouverte à cette vitesse et le ronronnement faible mais continu du 5 cylindres me rappelle que je ne suis pas au volant de n’importe quelle A3. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher une nouvelle fois de congratuler Audi face à une telle prouesse, conduire d’un doigt un véritable monstre de puissance sans jamais s’inquiéter des événements météorologiques, chapeau bas. Car en effet, il en a fallut de la détermination pour aller au bout de cet essai. 1200 kms réalisés en deux jours pour se rendre au coeur de l’Auvergne, épicentre de l’alerte orange aux pluies / vents / inondations. Le spectacle et les paysages nous l’ont bien rendu, notamment cette ambiance apocalyptique permanente faisant si bien ressortir le Vert Kyalami, mais entre hésitation à chaque flaque d’eau traversée à bon rythme et allure d’esquimau à chaque ouverture de portière pour réaliser quelques images, il n’y avait décidément que la passion automobile pour nous permettre de continuer sans broncher. 

Sachez-le, l’Auvergne entre Noël et nouvel an en l’absence de neige, c’est le terrain idéal pour vous retrouver, vous et votre monture dans les meilleures conditions pour apprécier chaque ruban d’asphalte si sinueux et en si bel état qu’on les croirait dessinés pour la pratique des sports mécaniques. Les premiers kilomètres s’effectuent avec un oeuf sous la pédale, n’ayant que trop peu confiance (à tort ?) dans mes capacités à enchainer et récupérer glissade après glissade un jouet approchant tout de même les 100 000 € options comprises. Toutefois, le constat est là : pas une seule glissage à déplorer malgré la pluie battante et continue et mes sollicitations de plus en plus franches et régulières sur la pédale de droite. Cela me rappelle inévitablement le constat qui m’avait frappé au volant de l’Audi R8 V10 Performance : ça passe fort, partout, tout le temps. 

Fort, partout, tout le temps

Au fil des kilomètres, je prends enfin la mesure de l’outil que j’ai entre les mains, une véritable merveille de technologie, un bijou d’ingénierie dégageant pourtant et c’est là le plus fort dans tout ça, une âme. Oui, une âme. Une âme forte, affirmée et qui semble pourtant si fragile en ces temps de piles à 4 roues. Le seul et unique coupable dans tout ça ? Ce merveilleux 5 cylindres au timbre si particulier. Sous les 2000 trs/min, son ronronnement régulier ressemble à celui d’un flat-4 Subaru. À mesure qu’il prend des tours, le  2.5 L turbo dévoile tout son tempérament : des accélérations régulières, parfaitement linéaires jusqu’à 7000 trs/min, trahies d’ailleurs par la fiche technique indiquant une puissance maximale de 400 ch disponible de 5600 à 7000 trs/min et surtout un couple de 400 Nm disponible dès 2250 et jusqu’à 5600 trs/min, un véritable couteau suisse qui reprend en permanence sans jamais montrer le moindre signe d’essoufflement. Cette linéarité s’accompagne dans l’habitacle d’un son rauque, au caractère noble aidé par la système d’échappement Sport RS (facturé 1200 €) et un travail effectué au niveau de l’habitacle, le son à l’extérieur s’avérant bien plus discret qu’il n’y parait. Point de “Pop & Bang” à foison ici, seules les légères déflagrations calibrées au quart de poil au passage de rapport supérieur flatte l’oreille du mélomane. On se demande d’ailleurs pourquoi on en voudrait plus, si ce n’est pour épater la galerie. Le résultat me convient pour ma part à merveille. 

Pour ce qui est des liaisons au sol et du ressenti, plus globalement du comportement général, on se retrouve avec une résultat tout à fait homogène. La calibrage de l’assistance de direction est tout bonnement parfait, tourner le volant procure une véritable sensation de plaisir, très loin des sensations de sur-assistance que l’on pourrait ressentir au volant d’une simple A3 en enclenchant le mode de conduite Dynamique. Ce dernier s’enclenche d’ailleurs d’une simple pression sur le bouton “RS mode” situé sur le volant, permettant de basculer du mode “auto” à “dynamic” ou “RS Individual”. La pédale de frein pourrait s’avérer un poil moins progressive, aimant tout particulièrement l’attaque franche que je retrouvais au volant de la RS6 Avant, elle aussi équipée de freins céramique (aux 4 coins contrairement à la RS3). L’amortissement piloté du Drive Select remplit parfaitement son rôle, passant d’un confort très acceptable en auto à une fermeté superbement calibrée en dynamic & RS Individual, tout juste cassant sur route très accidentée (mais c’était loin d’être le cas sur les routes Auvergnates). Côté traction et tenue de route, on est loin du ressenti à bord d’une Audi S3 très sécuritaire, on sent la voiture plus joueuse, plus volontaire avec des sorties de courbe vous resserrant immédiatement vers l’intérieur du virage et n’incitant jamais à sur-braquer. Les vitesses atteintes sont très rapidement déraisonnables et la RS3 semble véritablement faire fi des conditions météo, se moquant alors des innombrables flaques piégeuses. Attention toutefois à bien tenir le volant, les Pirelli PZero montés de série ayant une lecture particulièrement fine du revêtement de la route. Ces derniers achevaient d’ailleurs de me convaincre quant aux capacités de la voiture, ils montèrent rapidement en température malgré l’humidité et le froid ambiant et semblaient jouer la partition du quattro à la note près, une belle performance. Enfin, ma plus grande surprise résida dans le fait que même à allure légale sur routes secondaires, on prenait vraiment du plaisir à rouler à bord de cette RS3 avec ce sentiment d’être au volant d’un objet exceptionnel, chose rare pour une compacte sportive, encore plus pour une Audi !

Déjà collector

Après seulement 3 générations, la RS3 8Y est déjà la dernière d’une lignée. Entre performances ébouriffantes, style tonitruant et technologies embarquées, la RS3 en digne futur collector se paye au prix fort, très fort même. La RS3 Sportback démarre à 69 300 €, culmine ici à 93 930 € options comprises pour notre modèle d’essai, auxquels il faudra bien évidemment rajouter un gros malus oscillant pour 2022 entre 21 966 et 33 147 € ! Pas sûr que nous ayons l’occasion de voir beaucoup de RS3 nouvelle génération immatriculées en France et appartenant à des particuliers. Une telle facture encouragera immanquablement la spéculation et les rares futurs heureux propriétaires à laisser leurs belles sous cloche. 

 

Quelques chiffres 

Dimensions : 4389x1851x1436
Poids à vide : 1570 kg
Volume coffre :  282 L
Volume réservoir : 55 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   8.9 – 9.0  L/100 kms
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : à partir de 205 gCO2/km (jusqu’à 217 gCO2)
Cylindrée : 2480 cc
Puissance max : 400 ch de 5600 à 7000 trs/min
Couple max : 500 Nm de 2250 à 5600 trs/min
Vitesse max : 250 km/h (290 avec le pack Dynamique RS Plus)
0 à 100 km/h : 3.8 sec

 

Crédits Photos : Maurice Cernay

 

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