Essai Audi RS6 Avant (C8) : toujours la reine des familiales

Depuis près de 20 ans, l’Audi RS6, en plus de coiffer la gamme RS, est devenue une véritable institution, porte-étendard de la fameuse voiture destinée aux “papas pressés”. Si la première génération proposait un V8 4.2 développant 450 ch, sa remplaçante surprend  son monde en 2007 en embarquant le fameux V10 du groupe qui équipe notamment la Lamborghini Gallardo. Depuis 2012, Audi est revenu sur une architecture d’un 8 cylindres en V, d’une cylindrée de 4.0 L cette fois-ci, c’est ce même moteur en partie revu qui équipe la 4ème génération objet de notre essai qui répond au doux nom de code C8. Saura-t’elle nous séduire autant qu’elle a séduit des générations d’essayeurs ?

Choix naturel

Lorsque j’ai reçu de la part d’Audi France la liste des modèles RS disponibles à l’essai, autant vous dire que je n’ai pas hésité longtemps à choisir celle qui pour moi reste l’un des modèles les plus emblématiques à ce jour de la gamme aux anneaux. Un peu comme la 911 chez Porsche, la Golf chez VW, la Clio chez Renault où le roadster MX-5 chez Mazda, la RS6 fait partie des incontournables dans la vie d’un essayeur. Curieusement, l’essai de la dernière génération de RS6 en date que je m’apprête à réaliser constitue également mon tout premier essai d’un modèle “RS”. Jusqu’alors, je n’avais eu l’occasion d’essayer à proprement parler que la TT S, la S3, la S5 Sportback et bien évidemment la R8 V10 Performance. Un sacré palmarès me direz-vous mais vous comprendrez également sans mal que ne pas avoir jusque là touché du doigt le moindre modèle RS commençait sérieusement à me taper sur le système. Je m’aperçois d’ailleurs que je raconte des bêtises, j’ai tout de même eu l’occasion d’essayer la RS e-tron GT il y a de celà seulement quelques semaines. Bref, choisir la RS6 au milieu de cette belle liste s’est rapidement avéré le meilleur choix possible, un choix relativement naturel.

Douce évolution

Comme introduit en préambule, la RS6 de quatrième génération, disponible uniquement en version break “Avant” tout comme sa prédécesseuse, marque une évolution du genre plus qu’une révolution. Que ce soit au niveau du style, notamment à l’arrière, ou sur le plan technique. Le V8 4.0 L maison gagne une micro-hybridation 48V permettant de couper le moteur à la décélération et de gagner ainsi quelques précieux grammes de CO2, au point de faire passer la RS6 aux yeux de l’Etat français comme une véritable voiture hybride ce qui aurait pour effet positif dans de nombreuses régions d’échapper au malus exorbitant de 30 000 €, à vérifier tout de même. Ce dernier développe 600 ch soit 40 de plus que la RS6 C7 dans sa version de base mais 5 de moins que la version Compétition. Il est même suprenant de constater qu’en presque deux décennies d’existence, la RS6 n’eut gagné “que” 150 ch, là où la BMW M5, sa principale rivale en a gagné 200 sur la même période voire 225 sous le capot de la M5 Compétition F90 et même 235 depuis cette année avec l’arrivée de la M5 CS. Une sorte d’aveu d’abandon de la course à la puissance ?

Petit tour du propriétaire. Par rapport à l’ancienne génération, la calandre de l’Audi RS6 C8 se fait moins haute et plus large mais toujours aussi imposante. Les optiques sont moins longues, plus fines et obéissent à une identité visuelle commune à toute la gamme. Surtout, elles différent de l’Audi A6 de série et c’est une première sur le modèle. Cela rappelle le parti pris de BMW à propos de la M3 berline reprenant la face avant du coupé (on remarque cette spécificité depuis les générations E90/E92). La signature LED, véritable caractéristique de la marque aux anneaux abandonne les lignes tendues horizontales pour de fins tirets obliques parallèles. Le profil gagne en musculature malgré la prise de quasiment 3 cm en hauteur. Les surfaces vitrées restent réduites et surtout, le bas des portières est largement creusé pour laisser apparaître de belles jupes latérales habillées de carbone (en option dans le pack esthétique carbone, facturé 5600 €). À l’arrière, les deux évolutions notables sont la taille des feux, largement augmentée et reliées par une fine baguette de finition. L’évolution la plus notable concerne le diffuseur, extrêmement proéminent et qui laisse apparaître les deux sorties d’échappement ovales, caractéristique notable des Audi RS. Le bilan est très positif. La RS6 gagne encore en musculature et échappe à une configuration trop vulgaire (merci les équipes d’Audi France) en s’habillant d’un Bleu Navarre Mat (facturé 7000 €) tranché par le rouge ardent des étriers du pack Dynamique RS Plus et secondé par des jantes de 22 pouces en aluminium coulé à 5 branches à la finition polie brillant. Là encore, la facture grimpe de 2800 €.

Ambivalence à son paroxysme

C’est toute la force du break RS6 : sa double identité. D’un côté, elle reprend sans exception l’intégralité des aides à la conduite et des équipements luxueux de l’Audi A6 : toit panoramique, climatisation 4 zones, assistance complète de conduite en ville, Système Audio Bang & Olufsen 3D Advanced Sound (facturé 6 250 €). De l’autre, elle se pare d’éléments distinctifs habituellement réservés aux plus belles GT de ce monde. Finitions carbone, couronne du volant en Alcantara, sièges Sport semi-baquets matelassés. Le meilleur des deux mondes ? On s’en rapproche dangereusement. Le mieux dans tout ça ? Son physique de déménageur faire la part-belle à l’habitabilité avec un espace aux jambes pour les passagers arrières qui figure parmi les meilleurs de la catégorie. On peut en caser 4 comme moi (1m84) et aligner des centaines de km sans le moindre soucis. Le summum dans tout ça ? Un coffre de 565 L à la forme particulièrement adaptée au chargement de gros bagages. Nous sommes dans un break ne l’oubliez pas.

Désolé pour les traces de doigt sur l’écran…

Évidemment, cette polyvalence exacerbée se retrouve derrière le volant et tout est fait pour oublier les 2150 kgs à vide de la bête. Transmission intégrale quattro avec différentiel Sport, Suspensions adaptatives pneumatiques RS, Châssis Sport RS plus avec Dynamic Ride Control et surtout, 4 roues directrices livrées de série, une première pour la RS6 ! En conduite coulée, l’Audi RS6 C8 est un véritable délice à mener. L’échappement Sport RS se fait discret à la demande pour laisser les 1820 W du système B&O s’exprimer librement. L’ambiance feutrée à l’intérieur est nettement renforcée par l’Alcantara à profusion, des contreforts des portières jusqu’au pavillon. Seul bémol dans tout ça, la cavalerie à disposition dans cette situation est malgré tout trop importante et les sensations aux abonnés absents. S’il est aisé de doser l’accélération pour ne grappiller que 10 km/h dans un feulement de V8 aussi discret que possible, la qualité d’amortissement malgré les jantes de 22 pouces et de l’insonorisation vous poussent à vouloir cruiser comme si vous vous trouviez de l’autre côté du Rhin. Une bonne musique et c’est parti, un bon 220 km/h pour être tranquille. C’est à peine si vos passagers arrières sentiront une différence et si Madame confortablement installée à côté de vous, le siège ventilé positionné sur “climatisation niveau 1”, ne sera troublée dans son sommeil. Les nombreux arrêts à la pompe risquent toutefois de mettre un coup à votre moyenne. Autre élément perturbateur, en tout cas en région parisienne : les autres usagers. Queues de poisson à tout va, appels de phares, regards haineux, je n’ai quasiment jamais autant eu de réactions désobligeantes au volant d’une voiture qu’à bord de cette RS6. Était-ce mon jeune âge ? Était-ce le fait qu’une RS6 roulant aux allures légales sur le réseau principal dérangeait tant que ça ? Je n’en sais trop rien mais force est de constater qu’en achetant une RS6, vous signez immanquablement pour l’image qui va avec. 

Trop fort, tout le temps

Sur le réseau secondaire en tout cas, je peux vous assurer que la tranquillité était de mise. Avec 600 ch sous le capot, un 0 à 100 km/h abattu en 3,6 secondes et une vitesse de pointe posée à 305 km/h (grâce au pack Dynamique RS Plus), l’inverse en aurait été surprenant voire carrément décevant. Si je suis pour la liberté de chacun d’acheter le véhicule qui lui plait, quelques heures passées derrière le volant de la RS6 m’ont laissé à penser que la signature d’une décharge d’humilité lors de l’établissement du bon de commande ne serait pas de trop. La RS6 fait tout, très rapidement, très efficacement, facilement mais aussi violemment. Tout a été conçu à bord pour que le premier conducteur venu puisse prendre en main cette voiture sans se sortir au premier virage mais garder un oeil sur le compteur pour se rendre compte des vitesse atteintes doit devenir LE réflexe absolu. Il est bon de se rappeler que l’heure du véhicule 100% autonome n’est pas encore venu et que vous restez seul maitre à bord quoi qu’il se passe. Apprenez par exemple qu’un coup de volant viril avec le pied sur le frein et les pneus froids se traduit immanquablement en survirage, et ça peut surprendre sur un tel gabarit, moi le premier. Une fois les PZero en température, les prestations sportives sont totalement folles. Les accélérations sont stratosphériques et vous propulsent en avant, le capot se soulevant allègrement et la bande son mêlant souffle des deux turbos et grognement du V8 toutes valves ouvertes. Le freinage est tout aussi impressionnant et surtout, d’une efficacité redoutable dès la première pression sur la pédale du milieu, merci aux disques de freins céramiques et aux étriers dont la taille de ceux de devant rivalise avec celle de mes avant-bras. 

Le ressenti dans la direction est plutôt fidèle pour positionner le train avant. Les assistances ne durcissent pas exagérément les mouvement du volant comme on n’en a que trop l’habitude sur des engins de ce gabarit. Les roues arrières directrices aident largement à l’agilité sans pour autant avoir l’impression d’un début de dérive du train arrière comme on peut le sentir sur une Mégane 4 RS par exemple. Côté amortissement c’est un sans faute également. La taille des jantes laisserait pourtant à penser qu’au moindre nid de poule, l’intégralité des mes vertèbres se désintégreraient en un éclair mais il n’en fut rien. Toute imperfection est absorbée admirablement sans la moindre remontée parasite dans la direction ni rebondi intempestif. La magie de l’amortissement piloté assorti d’une suspension pneumatique opère. Tout est parfaitement dosé et les performances délivrées sont ébouriffantes même si au final, les sensations ne sont pas forcément au rdv. Les premières poussées du V8 4.0 L biturbo surprennent évidemment quiconque n’est pas habitué à ce niveau de puissance mais on s’y fait vite et le reste devient assez plat. La RS6 est une véritable Audi, elle obéit au doigt et à l’oeil, délivre des performances de premier ordre en toute sécurité pour qui saura garder un tant soit peu d’humilité derrière son volant. 

Un week-end, pas plus

Je vais sûrement passer pour un essayeur pourri-gâté mais tant pis, je prends le risque. Prendre le volant de cette RS6 le temps d’un week-end avec une météo idéale a été une expérience hors du commun. 175 000 € entre les mains (avec options) et de telles performances à disposition, ce n’est décidément pas tous les jours qu’on y a le droit et je vous assure que je n’ai pas boudé mon plaisir. En revanche, les réactions des autres usagers a sérieusement entamé mon enthousiasme à conduire un tel engin en région parisienne, si on met également de côté la peur de se faire car-jacker à quelques feux rouges mal famés. La consommation moyenne s’élevant à plus de 17.0 L / 100 kms sur le week-end s’est quant à elle occupée d’entamer mon compte en banque. Alors évidemment, si j’avais une famille et deux trois autres jouets sympathiques dans mon garage, nul doute que j’envisagerais très sérieusement la RS6 comme familiale à tout faire. Elle reste à ce jour la proposition la plus complète en terme de non compromis sur la sportivité et la praticité qu’il m’ait été donné de conduire. Puis un break, c’est quand même vachement plus original qu’un SUV de nos jours non ?

Quelques chiffres

Dimensions : 4995x1951x1460
Poids à vide : 2150 kg
Volume coffre :  565 L
Volume réservoir : 73 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   11.6  L/100 kms
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : à partir de 263 gCO2/km (jusqu’à 289 gCO2)
Cylindrée : 3996 cc
Puissance max : 600 ch de 6000 à 6250 trs/min
Couple max : 800 Nm de 2050 à 4500 trs/min
Vitesse max : 250 km/h (305 avec le pack Dynamique RS Plus)
0 à 100 km/h : 3.6 sec

Merci infiniment à Audi France pour la confiance accordée lors de ce prêt.

Crédits Photos / vidéos : Maurice Cernay

 

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