Essai Volvo XC60 D5 AWD R-Design : comme à la maison

Je te l’avais dit, souviens-toi. Toi et moi, c’était bien trop court. A peine le temps de faire connaissance entre deux trains. Et s’envole le souvenir. Ta douceur, le grain de ton cuir, ton dynamisme, ta tenue de route. Oui, Volvo XC60, nous nous retrouvons enfin après une trop brève rencontre en juillet. L’été était jeune, la journée brève et j’avais fait la promesse de t’essayer à nouveau. Promesse tenue.

Voici donc mon second essai du Volvo XC60 sur ce mirifique blog. Si le premier contact m’avait permis de conduire sur la même journée deux version D4 et même la T8 hybride (essayée par l’inénarrable Gab’ ici), je restais sur ma faim. Vous n’avez pas idée du rythme trépidant des essais presse (non non, je ne me plains pas…). Bref, après un premier essai plutôt encourageant, il m’en fallait plus, et surtout la pratiquer en situation réelle : chargée, avec famille à bord, loin des essais préformatés. Difficile de louer une famille pour un essai presse, je vais donc utiliser la mienne qui s’est prêtée de bon gré à l’exercice (et ils avaient sacrément intérêt).

Perception du véhicule chez Volvo à Nanterre. Je voulais un T6 essence, j’ai un D5 diesel. Je voulais une finition haute Inscription Luxe, j’ai le moyen de gamme tendance sportive chic R-Design. A bien y réfléchir, le choix est quand même judicieux. Les gros SUV familiaux ne réalisent encore que peu de vente en définition essence, la faute notamment à une consommation jugée excessive et à des niveaux de malus écologique dissuasifs. L’avenir c’est bien sûr l’hybride plugin, mais la techno est encore onéreuse. Allez, profitons donc de ce D5 R-Design AWD !

Esthétiquement, je ne vais trop pas revenir dessus. Le design des Volvo depuis la sortie du XC90 est devenu des plus consensuels. Lisse, sobre, élégant, avec cet indéfinissable charme qu’elle sont seules à avoir. Ici, pas de lignes caricaturales, de prises d’air agressive juste là pour frimer. Même cette version R-Design reste de bon goût : la calandre perd toutes ses barrettes chromées pour devenir noire, le bouclier est un peu plus aéré et les belles jantes 5 bâtons passent au 21″. Sobre et discret je vous disais. Un petit côté “américain” à la Lincoln, mais sans le chrome bling bling. La voiture du parfait père (ou mère) de famille qui veut céder à la mode SUV avec style. D’ailleurs, détail classique qui ne trompe pas : de nombreuses têtes se sont retournées à mon passage partout où j’évoluais. J’ai beau être coutumier du fait (oh oh, vil frimeur !) c’est toujours agréable. J’ai même repéré un quidam qui lorgnait avec insistance la planche de bord sur le parking d’une fromagerie jurassienne ou je faisais mes emplettes.

Il est temps de monter à bord (et vraiment “monter”). Ici, pas d’ambiance cuir beige/bois blond que j’apprécie tant, l’harmonie est plus conventionnelle avec du cuir noir et des appliques couleur alu. Qualité des matériaux quasi au-dessus de tout soupçon, assemblages de bonne qualité, c’est assez nettement du premium, ou en tous cas bien au dessus du standard, et valorisant sans être ostensible, et toujours avec des petits détails qui font tout comme des drapeaux suédois gravés dans l’alu ou cousus sur les sièges.

La position de conduite est facile à ajuster. Le volant est plutôt vertical, donnant une posture assez traditionnelle. Je n’ai pas l’impression d’être assis sur un tabouret dans un tracteur, mais bien dans une berline de luxe. La planche de bord, les commodos, l’écran multimédia, tout semble sorti tout droit d’une voiture de la gamme 90. Ce n’est pas forcément un mal car le dessin et l’ergonomie de cet habitacle sont très réussis. Les compteurs sont remplacés par un écran LCD disposant de quelques options de personnalisation (rien de comparable à un Virtual Cockpit d’Audi, mais c’est déjà bien assez). La dalle multimédia me pose quelques soucis. Primo : elle est immense et garde en mémoire une infinité de traces de doigts. Volvo livre même une chiffonnette pour tenter d’y remédier, avec un succès mitigé. Deuxio : elle dispose de beaucoup de fonctions. Mais vraiment beaucoup. Peut-être trop. Et elle oblige à multiplier les balayages d’écran, recherche d’icônes parfois absconses et appuis frénétiques pour certaines fonctions, au point de distraire le conducteur.

Comme quasiment toutes les Volvo de parc presse, mon exemplaire dispose de l’indispensable système audio Bowers & Wilkins à 3400 €. Ah oui, c’est cher, mais si vous aimez vraiment la musique, vos oreilles vont vous remercier. Clair, puissant, il détaille à merveille les arrangements de jazz les plus complexes. Il a quand même deux défauts : on ne peut pas l’emmener dans son salon quand on sort de la voiture, et il manque de paramétrages. Pour la prochaine fois, un petit equalizer pour diminuer un peu les basses ? Et oubliez la sélection “Auditorium de Göteborg”, c’est surfait, juste bon à épater les essayeurs, et va dénaturer vos enregistrements en rajoutant de l’écho qui n’a pas lieu d’y être. Contentez-vous du mode normal, ce sera parfait.

Rotation du petit bouton carré tout choupi pour démarrer. Aïe… C’est très clairement un diesel. Bruyant et rugueux à froid, il n’est pas vraiment agréable à entendre et la XC60 mériterait un peu plus d’isolant. Au moins, les vibrations sont inexistantes. Le D5 est, comme tous les blocs Volvo modernes des gammes hautes, un 4 cylindres de 2 litres. Déjà rencontré sous le capot de la S90, il m’avait assez impressionné par sa technologie sophistiquée. Doté de 2 turbos qui fonctionnent soit en bas, soit en haut régimes, il dispose également d’un système d’injection d’air précomprimé dans le circuit d’admission pour palier au temps de latence du turbo. Dans les faits, le système est efficace, mais pas non plus révolutionnaire. La puissance du bloc atteint la valeur respectable et “suffisante” de 235 ch. Quant au couple, il est de 480 Nm à 1750 trs/min. Dans la circulation urbaine, il est assez facile d’oublier que l’on conduit un gros bébé de 2 tonnes et de 4,70 m de long. Les dimensions sont plutôt faciles à appréhender et les armes ultimes du conducteur urbain moderne, à savoir les caméras et la vue 3D, viennent à votre secours dans les passages étroits et délicats. Les relances sont faciles, immédiates, et le XC60 s’insère bien dans la circulation, aidé par une boîte automatique douce et réactive. Le moteur persiste hélas à vouloir se faire entendre, c’est vraiment dommage.

Ça a l’air grand, mais il manque encore beaucoup à charger !

Mais voilà mon doux foyer et ma famille aimante ! Allez hop, on charge le coffre et c’est là que vient le premier problème. C’est trop petit ! C’est un peu ma faute aussi : j’ai pour principe de ne jamais charger au-dessus du niveau du couvre bagages, pour garder une belle vue arrière et éviter de me prendre un ballon/une bouteille/une raquette dans le dos lors d’un freinage brusque. Si pour un usage courant les 505 litres du coffre sont largement suffisants, le départ pour une semaine avec plein de trucs et machins que Madame ou les petits monstres veulent absolument emmener devient plus délicat. Avec un BAC+8 spécialité Tetris et un peu de patience on finit par y arriver, mais le départ en grandes vacances me fait peur. Quant au coffre de toit, à la simple évocation de cet accessoire grossier vous me trouverez prostré en position fœtale devant le premier Norauto venu. Tout le monde est à bord, et le confort est plutôt impressionnant. L’habitacle est très largement taillé pour que chacun y trouve ses aises.

Espace aux jambes, aux coudes, au-dessus de la tête, tout est là. Les petits passagers arrières disposent de 4 aérateurs et de leur platine de commande dédiée. Une prise 12V est également là. A l’avant, plusieurs USB et 12V aussi, tout pour la parfaite petite famille connectée. Direction l’Autobahn et c’est bien là le milieu naturel du XC60. Les relances sont faciles et étrangement assez silencieuses une fois qu’on a dépassé les 70 km/h. Vraiment curieuse, cette sensation d’être dans une voiture à l’acoustique bien étudiée pour les hautes vitesses. Quant au confort… c’est royal, impérial, divin. Le mot n’est pas trop fort. Le ruban d’asphalte est totalement gommé par les souveraines suspensions pneumatiques optionnelles (à 2 300 €). Vous trouvez que j’exagère ? En tous cas la petite famille s’est assoupie très rapidement, doucement bercée par la trompette de Miles Davis et les suaves ondulations bien filtrées de la voiture. D’ailleurs moi-même, testant la conduite semi autonome de la Volvo, je me sentais doucement partir au pays des rêves. C’est un peu le piège de cette technologie. En toute théorie, le XC60 peut conduire seul sur autoroute en dessous de 130 km/h. Il va accélérer, freiner, prendre les grandes courbes quasi sans défaillir. Tout tient dans le “quasi”. Il faut avant tout, réglementation oblige, que le volant soit tenu en main, faute de quoi le système se déconnecte. Et d’autre part, le système a encore du mal dans certaines situations : courbes trop accentuées, confusion dans les panneaux de limitation, etc… Il faut donc rester vigilant, même si globalement le système “fait le job” dans 90% des situations. Mais 10% c’est encore beaucoup trop pour se relâcher. Néanmoins, l’Auto Pilot c’est le confort absolu dans les encombrements, au point qu’on souhaite presque en rencontrer pour en profiter (non, je n’aime pas me faire du mal !).

Après un voyage très calme et relaxant sur autoroute, il devient temps d’attaquer un peu les ptits virolos. Allons-y franchement : le XC60 n’est pas franchement fait pour ça en théorie. Assez encombrant et plutôt lourd, ce ne serait pas vraiment le premier choix qui vient à l’esprit pour une course de côte ou pour arsouiller en montagne. Pourtant, le couple du D5 permet d’envoyer assez fort. Passage en mode Dynamic, qui abaisse la caisse de quelques centimètres et optimise le passage des rapports. Il se défend quand même pas mal mais garde un défaut que j’avais déjà noté lors de mon premier contact : les suspensions ont une certaine tendance à s’affaisser, pour privilégier le confort. En conduite rapide, c’est mal venu et ça nuit clairement au dynamisme de l’ensemble. Quant au confort, il est quand même mis à mal par les mouvements de caisse et les ondulations. Le pneumatique perd de sa superbe en conduite rapide sur route sinueuse, à ne pas oublier pour le confort de vos passagers. Si vous décidez de revenir à un rythme plus raisonnable en réponse immédiate aux gros yeux de Madame signifiant clairement “tu trouves pas que tu vas un peu vite là ?”, la situation se rétablit d’elle-même et le SUV redevient tout confort et douceur. Décidément, c’est une familiale, pas une sportive, mais on s’en doutait un peu ! La réserve de puissance est surtout là pour assurer le quotidien en toute sérénité, pas pour jouer à Sébastien Loeb dans la montée de Pike’s Peak. Et la conso dans tout ça ? Plutôt raisonnable, elle va tourner entre 7 et 8 litres / 100 suivant vos conditions de roulage. Pas si mal vu le poids.

Je pourrais vous parler du mode tout terrain, mais en fait non. Je ne l’ai pas vraiment testé, laissant cela à ceux qui savent faire comme le toujours sémillant Ancelin. Sachez néanmoins que le mode Off Road va surélever la voiture d’environ 4 cm. Rien de spectaculaire, mais ça peut toujours aider dans certains cas. La transmission devient intégrale permanente et une boussole s’affiche sur le tableau de bord pour les aventuriers du quotidien. Ca fait gadget, mais c’est amusant.

Les concurrents du XC60 ne manquent vraiment pas : Mercedes GLC, Audi Q5, BMW X3, Alfa Romeo Stelvio ou encore Jaguar F-Pace. Des concurrents tous très récents (2 ans pour le “doyen” GLC) et boxant dans la même catégorie premium. Puisque le mot est lâché, parlons prix. Tout d’abord, Volvo a pris le parti de lancer le XC60 en finitions hautes, transmission intégrale, et gros moteurs. Forcément, le prix s’en ressent. Pour abaisser le prix de base, il faudra attendre un peu les version D3, traction, BVM qui devraient sortir au printemps 2018, à peu près en même temps que le petit XC40. Le prix de base d’un XC60 s’établit pour l’instant à 47 000 €. “Mon” D5 R-Design atteint 74 000 € par le truchement d’un certain nombre d’option, dont certaines se révèlent quasi indispensable. Rien que la sérénité apportée par la caméra Surround View 360 à 1 050 € justifie la dépense. Le prix est sensiblement comparable à ceux de la concurrence, preuve s’il en était besoin que Volvo avance son complexe sur le terrain du premium.

Voici le moment délicat de le rendre. Et celui-ci c’est à regret, même si les SUV ne sont pas, loin s’en faut, mon choix privilégié. Facile à vivre et à conduire, le XC60 joue avant tout sur la partition confort grâce à sa très grande homogénéité et avec un certain goût du détail. Pour tout dire, c’est presque mieux qu’à la maison : sièges cuir, climatisation, moquette épaisse, excellent système hifi, calme, volupté (si l’on met de côté le bruit du moteur vraiment trop présent et rugueux). Il manque juste un feu de cheminée et un bon verre de single malt. Le second, pas en conduisant bien sûr. Quant au premier, si Volvo me trouve une solution, je suis preneur !

Je remercie vivement Volvo pour ce prêt long courrier

Crédits photos  : Régis Krol

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