Nouveau moteur d’entrée de gamme pour le TT de chez Audi : 180 chevaux, c’est suffisant pour garder l’esprit TT ?
Quoi de neuf dans le monde de l’Audi TT ? C’est très simple, la nouveauté, elle est sous le capot !
À son lancement, la 3ème génération de TT a été d’emblée proposée avec trois déclinaisons de 2.0 : un TDI de 184 chevaux, et deux TFSI, de respectivement 230 chevaux (et 370 Nm) et 310 chevaux (et 380 Nm dans la version TTS), et elle a été généreusement traitée sur notre mirifique blog ici en coupé et là en roadster. Et ce n’est qu’un pis-aller, en attendant la motorisation 5 cylindres turbo de 400 chevaux, qui devrait sortir cet automne et réjouir les plus sportifs. Bref : la TT dispose d’une vraie gamme de moteurs.
Cela dit, on ne peut pas reprocher à Audi de vouloir étendre sa gamme vers le bas. Car, même s’il est un peu en fin de vie (à ce niveau de puissance, VAG fait désormais appel au 2.0 TFSI de 190 ch sur ses dernières générations de véhicules comme les A4 et A5), le bloc 1.8 TFSI (1792 cm3, 82,5 x 84,2 mm) rend encore de valeureux services, notamment dans la Skoda Superb ou la Seat Ibiza Cupra que mon collègue l’excellent Victor a récemment essayé pour vous.
Et pour ceux qui sont allergiques au Diesel (encore plus dans un coupé, et encore encore plus dans un cabriolet), cette motorisation 1.8 TFSI permet d’économiser un peu plus de 5000 €, soit 100 € le cheval, par rapport au 2.0 TFSI 230 (avec en Roadster un prix d’accès fixé à 39 250 € contre 44 410 €). Pas négligeable pour l’acheteur qui n’est pas totalement motivé par les performances. Et pour celui qui ne veut pas d’un roadster, le TT Coupé 1.8 TFSI s’affiche à partir de 36 250 €
Et justement, les performances, elles régressent beaucoup ? Sur le papier, pas vraiment ! Car renoncer au 2.0 TFSI 230 pour choisir le 1.8 TFSI vous conduira à dévaler les autoroutes allemandes à 237 km/h au lieu de 250 km/h, ce qui n’a rien de franchement déshonorant (enfin un peu, mais pas tant que ça). Et au péage, une fois votre écot laissé dans la machine et la barrière ouverte, vous accélérerez de 0 à 100 km/h en 7,2 secondes au lieu de 6,2 secondes. En d’autres termes : en France, vous devriez perdre vos points à peu près de la même manière. C’est à dire, assez vite.
Alors, un pur good deal, ce TT 180 ?
On le voit, pas de quoi révolutionner la position des astres célestes ni se retrouver coincé derrière des hordes de Dacia Duster dCi tractant des caravanes sur la route des vacances. De là à avancer que le 1.8 TFSI constitue le meilleur deal de la gamme TT, il n’y a donc qu’un pas… que je ne peux franchir avant d’avoir abordé le chapitre dédié à transmission. Car d’un fort joli rouge Tango (option à 765 €) et doté de la finition S-Line à 4500 € (qui comprend les jantes de 18 pouces, les sièges sport, le châssis sport plus bas de 10 mm, le volant à trois branches et à méplat, des applications en alu, et surtout, le fameux Virtual Cockpit et autres goodies, à ne pas confondre avec le pack S-Line, plus cosmétique, à 1450 €), « mon » TT Roadster était livré avec la boîte manuelle à 6 rapports.
À ce stade de la narration, n’attaquons pas la substance du 1.8 TFSI, qui est une vraie bonne pâte : il délivre ses 180 chevaux au régime modeste de 5100 tr/mn, mais est capable d’allonger la foulée jusqu’à la zone rouge, située à 6750 tr/mn. Et de toute évidence, il en garde un peu dans les bielles, en délivrant un couple, que l’on qualifiera de moyen, de 250 Nm (ce même bloc sort 320 Nm dans l’Ibiza Cupra), mais quasiment dès le régime de ralenti : 1250 tr/mn ! Encore mieux qu’un Diesel ! On voit qu’avec cette cartographie, Audi a plus visé la disponibilité que les performances absolues avec cette version ; en même temps, faut bien respecter les hiérarchies au sein de la gamme : un 1.8 qui dépote de trop aurait menacé le 2.0…
Bon, et cette transmission, alors ? Et bien c’est simple, elle tire long. Très long. Aussi long qu’un jour sans bière ou pire, sans lire la bonne parole de Sainte Chantal P. Calculez vous-même la vitesse théorique, en sachant qu’à 3000 tr/mn en sixième, le compteur affiche un bon 143 km/h (ce qui est très dangereux pour la santé).
Malgré son couple disponible tout de suite, sa valeur relativement faiblarde fait que, lorsque l’on se contente de rouler tranquillement, presque à l’éco-conduite (les indications de changement de rapport, dans le compte-tours, privilégient vraiment les bas régimes), en suivant le trafic, les performances apparaissent finalement modestes et les reprises, plutôt placides ; on suit le reste du trafic sans problèmes, mais on ne le survole pas. Pas de risque, le train avant de cette traction n’est jamais saturé et le contrôle de traction peut rester en veille : voyons le côté positif des choses, c’est au bénéfice de l’équilibre du châssis.
Assez discret en bas du compte-tours, le 1.8 abat ses cartes et dévoile vraiment ses ressources entre 4500 et 6000 tr/mn, et avec le Drive Select placé sur « Sport », la sonorité est plutôt suggestive ! Mais voilà, avec une deuxième vitesse qui tire jusque 110 km/h et une troisième jusque 170 km/h, même la conduite dynamique sur petite route se heurte à cette démultiplication bien trop longue et l’on cherche toujours le petit coup de rein qui sied à toute auto sportive… et qui ne vient jamais. Car si les performances sont honorables dans l’absolu (on est quand même rapidement en très grand excès de vitesse sur le réseau secondaire), il manque ce petit côté épicé qui donne envie de jouer plus que de raison : de l’allonge, oui, de la violence, non…
Nul doute qu’avec ses 370 Nm (à 1600 tr/mn), le 2.0 TFSI 230 ch propose des sensations de conduite bien plus dynamiques ; on comprend d’ailleurs pourquoi certains esprits éclairés le trouvent suffisant, même face au TFSI 310 (qui ne délivre « que » 380 Nm…).
L’esprit du TT avant tout…
Mais finalement, en me baladant tranquillement sur les petites routes entre Dinan, Saint-Malo et le Mont Saint-Michel, ces considérations liées aux performances m’apparaissent carrément secondaires. Car en ce moment précis, il fait beau et chaud (en Bretagne ! – note : avec le réchauffement climatique, faut investir en Bretagne, dans 10 ans, ça va surpasser la Côte d’Azur), la vie m’apparaît assez douce et le TT Roadster aussi, malgré une certaine fermeté de la suspension sur ce châssis sport.
On l’a dit, le 4 cylindres est souple comme une gymnaste roumaine qui se prépare pour les barres parallèles, et au volant, je musarde avec style et gourmandise. Le petit levier de vitesse et sa grosse boule en alu recouverte de cuir tombe bien sous la main, et à un rythme balade qui s’apprécie dans la vraie vie, le TT 1.8 TFSI repart à 1500 tr/mn en sixième, de quoi économiser pas mal de changements de rapports. Et cela a des vertus, car je me sors d’un essai de plus de 1000 kilomètres avec une très raisonnable moyenne à 7,3 l/100, avec des extrêmes à 6,8 l/100 sur autoroute (pas mal avec une auto essence de 180 ch) et à 8 en jouant gentiment sur les départementales bretonnes et normandes. Avec le réservoir de 50 litres, l’autonomie est donc correcte pour ce genre d’autos.
Peu de changement de rapports, disais-je : et c’est pas plus mal, car des fois, en changeant de rapport, la tranche de ma main gauche, probablement mal conçue, heurte la molette du MMI… Ce qui a un impact sur le GPS dans le Virtual Cockpit…
Lors de ma découverte de ce tableau de bord fort original (essai de l’A4 TFSI 252 : ici), j’avais trouvé sympa ce tableau de bord et je frimais un peu quand je montrais la voiture à des proches, mais en vrai, j’avais principalement roulé avec les grands compteur et le petit GPS. Là, au volant du TT Roadster, ça a été l’inverse : petits compteurs et grande carto. Est-ce l’effet « plein air » ou est-ce que le cerveau humain (le mien en tout cas) met toujours un peu de temps à accepter une innovation de rupture ? Amis neuro-chirurgiens, à vos commentaires !
Même dans sa motorisation de base, le TT Roadster me paraît délivrer toute la substance de l’esprit TT et ce, pour trois raisons. Un : un intérieur chic et épuré à la fois (les commandes de clim’ sont à elles seules un cas d’école), design et bien construit (qualité des sièges matelassés, des placages alu, feeling des commandes et du levier de vitesse), c’est chic et cossu en même temps.
Nul doute que les clients d’Audi doivent être attachés à ce feel good factor. Deux : des attentions bien pensées. Que ce soit la rapidité avec la capote rentre ou sort de son logement (à peine 10 secondes, en roulant jusque 50 km/h, joli score), la capacité du filet anti-remous à vous préserver même sur autoroute, la qualité très correcte de la sono même décapoté, la gestion différenciée de la clim’ et de la radio capoté ou pas, ou bien encore les commandes de siège chauffant et de chauffage de nuque qui sont situés sur les deux aérateurs près des portes : tout cela concourt à faire durer les moments de vie au plein air. Le soir, quand une petite brise bretonne se met à souffler, le niveau 2 du chauffage des sièges et de la nuque vous permet de rester en t-shirt et de profiter du moment présent. Carpe Diem, ce TT Roadster !
Trois : mine de rien, c’est quand même un peu une voiture de sport ! Quand on la brusque, on est en droit d’attendre une direction précise et réactive (avec 1363 kilos, le 1.8 TFSI pèse 20 kilos de moins que le 2.0, soit pas de quoi saturer un train avant par ailleurs bien conçu), un châssis qui jugule roulis et cabrage avec des roues de 245/40 R 18 bien accrochées au sol, des freins précis, puissants et dosables, le bonus étant une boîte de vitesse aux débattements court et rapides. On a tout ça, même si je serais prêt à conseiller la S Tronic, dans l’espoir de mieux valoriser le potentiel du moteur en toutes circonstances : certes, elle demande un supplément de 2500 €, ce qui lui met le prix d’accès à 41 750 €, mais ça lui fait aussi gagner 6 grammes de CO2 et 0,1 l/100 en conso normalisée. Y’a pas de petites économies.
Crédits photos : Gabriel Lecouvreur & SJ