Essai Seat Ateca : et si l’avenir était le 3 cylindres 1.0 ?

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Downsizing par ci, downsizing par là. Les petits moteurs migrent des citadines aux compactes premium et, maintenant, aux SUV. Alors ça vaut quoi, un Seat Ateca 1.0 TSI ?

Sur le blog, on aime bien, entre autres, se poser de vraies questions existentielles. Genre est-ce que la spéculation automobile est un désastre sans fin, qu’est-ce que le plaisir de conduite, où même, est-ce que la volupté de conduire de gros multicylindres ne va pas disparaître, genre, est-ce que l’avenir, c’est le 4 cylindres 2.0 ? Et encore, une belle Volvo V90 T6 valant les émoluments de plusieurs vies d’un scribouillard précaire dans mon genre, ne faut-il pas réduire la voilure ? Tiens, la tendance du moment, c’est le petit 3 cylindres. On en voit partout.

Dans des citadines, c’est à peu près normal, et parfois c’est réussi, comme dans le cas de la VW Up ! 90 TSI (je suis moins fan de l’agrément dans les Twingo et les Smart). On en trouve aussi dans des compactes premium, pourquoi pas, sauf que dans le cas de l’Audi A3 1.0 récemment essayée par mon collègue le brillantissime Régis, la facture dépassait les 37 000 € et on peut comprendre que certains trouvent que ça pique un peu dès que l’on regarde sous le capot (d’où mon conseil : ne l’ouvrez surtout pas !).

Nonobstant, l’on peut revenir à des tarifs plus raisonnables tout en montant en gamme et en répondant à une tendance forte du marché. Figurez-vous que pour 21 990 €, on peut avoir un SUV (trois lettres qui comptent triple sur le Scrabble des constructeurs) avec ce petit 3 cylindres 1.0 de 115 ch (à 5000 tr/mn) et 200 Nm (à 2000 tr/mn), ce qui lui garantit le 0 à 100 en 11 secondes, 183 km/h en pointe et une conso moyenne de 6,2 l/100.

A noter que sur l’Ateca, la finition de base Référence ne va qu’avec les moteurs les plus modestes, donc, notre 1.0 TSI et le 1.6 TDI 115 (nettement plus cher à 25 745 €). Si l’on veut grimper d’un cran dans la gamme, la finition du dessus, Style, commence à 27 100 € (avec le 1.4 TSI 150). Notre 1.0 TSI est donc le seul moyen de se procurer un Ateca pas trop cher. Et pour rappel, mon collègue le flamboyant Thomas avait déjà essayé pour le blog un Ateca TDI 150 4Drive (à partir de 32 680 €).

Et comment on le reconnaît cet Ateca de base ? C’est très simple : il a des roues de 16 pouces et n’a pas l’éclairage full LEDs, juste une signature dans les veilleuses…

Auto Emoción ?

Une Seat, c’est latin et les Latins, c’est chaleureux et exubérant (gros cliché, certes, mais la pub de la marque ne se prive pas de les utiliser, alors…). Et pourtant : déjà, lors de son essai de l’Ateca TDI 150 Style, mon collègue Thomas ne trouvait pas l’ambiance extraordinaire.

Dans cette version Référence, disons que, well, disons que, en fait, c’est, comment dire, euh… Bon, on ne va pas tourner autour du dictionnaire des synonymes toute la nuit : en fait, c’est profondément déprimant ! Du noir. Partout. Un petit écran central (« couleur » selon la pub Seat, en fait, y’a du blanc, du rouge et du noir). Des plastiques durs et granuleux provenant de stocks qui servaient à fabriquer des Skoda Fabia dans les années 90. Un levier de vitesse en plastique dur qui ressemble presque à un instrument de cuisine. Des tissus de siège gris pas super folichon. Rhoo la déprime !

Ouais, c’est rude. Et pourtant. Il ne faut pas s’arrêter à cette impression. Certes, il n’y a pas de navigation et même une Dacia propose désormais une caméra de recul. Là, il faut se contenter d’un capteur. Mais pourtant, il y a aussi un régulateur de vitesse, une clim séparée, un ordinateur de bord avec plein de fonctions (température d’huile, d’eau, vitesse moyenne, tout ça…). Je m’attendais à tomber sur des vitres manuelles et en fait, y’en a quatre électriques et celle du conducteur est à impulsion. Et si les sièges ne sont pas super beaux, ils se sont révélés hyper confortable lors de cet essai d’un peu plus de mille kilomètres.

Et puis, oh, on est dans un SUV spacieux à moins de 22 000 €, vous ne vous attendiez pas non plus à de la ronce de noyer et du cuir Connolly ? Y’a assez d’espace pour 4 voire 5, et pour partir, comme je l’ai fait, en week-end avec armes, bagages, et même des trucs en plus à photographier. Donc Seat va à l’essentiel et à ce tarif on ne peut pas lui en vouloir.

Certes, il y a quelques options : le bleu Méditerranée est la seule teinte d’origine. Pour le blanc Bilan de mon modèle d’essai, c’est 210 € de plus. La clim et le régulateur, c’est 400 €. Tout cela reste raisonnable.

Emancipez-vous !

José Manuel Garcia vit dans la banlieue de Martorell, elle-même dans la banlieue de Barcelone. C’est un écolo engagé, adepte du tri sélectif, des circuits courts, de l’agriculture et du commerce responsable. Dans la vie, il est responsable « efficience » sur l’Ateca. Du coup, il a collé une grosse insigne « Ecomotive » sur la malle. Sympa. Parce que « Locomotive », ça l’aurait moins fait, bien que sonnant plus hispanisant.

Et puis il a programmé un petit logiciel d’éco-conduite. Le problème, en fait, c’est que José Manuel Garcia est un putain de psychopathe.

Comment interpréter autrement les conseils qu’il a mis en place ? Ne pas rétrograder au-dessus de 1300 tr/mn ! Suivre les indications de changement de rapport, quand celles-ci vous disent de passer la 6 alors que vous êtes tranquille, dans une montée à 2000 tr/mn en 5ème, un orteil caressant sensuellement les gaz, avec 4 personnes à bord ! Quand il vous dit de remonter les vitres alors que la clim’ est allumée et qu’il fait 29°C dehors (bon, ça, ok).

Non, si vous suivez les indicateurs d’éco-conduite, ça va avoir deux conséquences : vous allez vous faire déboiter par des Aixam et vous finirez par couler une bielle tellement le pauvre petit 3 pattes fonctionne en sous-régime permanent.

Car l’avantage comparatif des 3 cylindres, c’est qu’ils ont les mi-régime plus soyeux, joyeux et aériens que les 4 cylindres de gabarit équivalent. Bien élastique (couple à 2000, puissance max à 5000), ce petit trois cylindres ne promet pas la lune mais tout ce qu’il a à donner, il le donne avec volonté et enthousiasme. Et ça, ça change « l’expérience de conduite » comme on dit en marketing.

Bilan des courses

C’est là qu’entre en scène Luis Ramon Lopez, le voisin de Jose Manuel Garcia. Ces deux-là se tirent la bourre. Luis Ramon est responsable des boîtes de vitesse et c’est, lui aussi, un putain de psychopathe. En sixième, cette pauvre Ateca 1.0 doit se tirer un petit 1900 tr/mn à 90 et 2800 tr/mn à 130. Résultat : les relances sont un pas pauvrettes. Même sans vouloir être le roi de l’autoroute, rétrograder d’un, voire de deux rapports, est souhaitable (encore une fois, la majorité de cet essai a été réalisé avec une auto bien chargée). Et c’est dommage, car on sent que le petit 3 cylindres est plutôt volontaire dans l’effort, et qu’il ne consomme pas tant que cela, en plus : j’ai scoré du 6,1 l/100 sur route et du 7,1 l/100 sur autoroute, les kilomètres défilant en silence et en confort. Mais une démultiplication un rien plus adaptée lui rendrait un peu plus de joie de vivre et ça, au volant, ça serait bon !

Cela a malgré tout un avantage : ça incite à une conduite apaisée. Cela dit, le petit trois cylindres fait quand même le boulot, et ne s’effondre pas dans les rampes d’autoroute en sixième, même si on n’espérera pas accélérer en côte en conservant la sixième. Cela dit, le 1.0 TSI préfère tourner dans des régimes qui lui sont plus favorables, et si c’était autorisé, il tiendrait, genre 150 de croisière à 3200 tr/mn indéfiniment…

Et quand il a suffisamment d’espace, il allonge la foulée : la preuve avec cette Vmax (obtenue en Allemagne, on se calme, Chantal !) :

L’Ateca est donné pour 183 km/h chrono

En attendant la suite…

Car il y a une autre bonne nouvelle. Le petit 3 cylindres semble bien perdu sous le capot (sérieux, quand on voit l’espace disponible, on se dit qu’un small block V8 genre Rover 3.5, ça rentrerait à l’aise !) et cela a un second effet Kiss Cool : un train avant léger est toujours plus précis et cette Seat Ateca se laisse emmener dynamiquement en virage, avec un train avant qui accepte pas mal de contraintes et des suspensions qui ne pompent pas trop. Ne pesant que 1280 kilos, ce petit Seat se laisse malmener avec plaisir sur les petites routes.

L’Ateca Cupra (300 ch ?) ayant été aperçu en train d’aligner des tours sur le Nürburgring, ça donne envie !

En fait, je l’ai bien aimé, cet Ateca 1.0 TSI. Il est discret, ne promet pas plus qu’il ne peut donner, mais il est honnête, va à l’essentiel en termes d’équipement comme de prestations : de l’espace, du confort, du silence, un moteur qui marche correctement (certes, un rien pénalisé par une démultiplication longuette), un caractère enjoué, un SUV aux lignes établies (c’est du VW Group pur jus, pas du low cost), et un tarif et une consommation contenues, l’ensemble tient bien la route.

Du coup, comme j’ai bien aimé, j’attends avec impatience les Volkswagen Touareg, Skoda Kodiaq et l’Audi Q7 1.0 TSI !

 

Photos : Benoît Meulin (© Blue Door Prod)

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