La puce de Volkswagen se remet à jour et surtout, se dote d’un turbo. Bilan : 90 chevaux et un vrai dynamisme en ville et sur route.
« Tiens, y’a plus d’argent dans la presse auto ? C’est quoi cette micro bagnole ? T’es devenu alcoolo et t’as plus de permis ? », me demande ma sœur d’un air goguenard en découvrant la up ! garée devant la maison familiale à l’occasion des vacances de Noël ; trajet que la petite auto a d’ailleurs réalisé sans broncher, soit dit en passant. Comme ma dernière visite de courtoisie avait été faite au volant d’un Mitsubishi Pajero 3.2 DI-D, forcément, bonjour le contraste. Voilà ce que c’est quand la famille s’habitue au luxe, et c’est un tort : cette petite up ! est carrément digne d’intérêt !
Rembobinons le film. Depuis la Cox originelle et le Golf 1, on sait que les voitures ont tendance à prendre du volume. Les petites d’hier deviennent les moyennes d’aujourd’hui, et depuis que la Polo actuelle a pris le gabarit d’une ancienne génération de Golf, ça laisse donc de la place pour occuper du terrain en entrée de gamme. Or, on ne peut pas dire que VW ait connu un succès fulgurant en la matière, la Lupo ayant connu une réussite mitigée tandis que, concernant la première génération de up !, lancée en 2011, on ne peut pas dire non plus qu’on en croise à tous les coins de rue. Il était donc nécessaire de relancer un peu la machine : c’est l’objectif de ce nouveau millésime qui, en plus, en offre un peu plus sous le capot.
Un turbo sous le capot !
A son lancement, la up ! venait avec un petit 3 cylindres de 999 cm3 disponible dans deux versions de 60 et 75 chevaux. Pour la ville, ça le faisait bien. Pour le reste, un peu moins. La faute, aussi, à une démultiplication longuette. J’ai des souvenirs d’avoir parfois dû repasser la troisième dans des montées d’autoroute un peu raides en Auvergne lors d’un road trip avec la version 75 chevaux en 2012.
Mais là, les choses devraient changer, avec l’arrivée d’une version turbo du petit 3 pattes : le TSI 90 délivre sa puissance maxi à 5000 tr/mn et un couple de 160 Nm à 1500 tr/mn seulement. Ne cherchez pas beaucoup du côté de la transmission : ce sera une boîte manuelle à 5 rapports et puis c’est tout. Par contre, on voit déjà bien l’écart de chiffres avec la version 75, qui délivrait sa puissance maxi à 6200 tr/mn et qui, en termes de reprises, n’offrait qu’un chétif 95 Nm à 3000 tr/mn. Ça promet autre chose !
Mais avant de mettre le pied au plancher, restons bien élevés et faisons le tour du propriétaire : la up ! s’est gentiment modernisée, mais il faudra un œil bien acéré pour déceler la nouvelle version. Du moins de face (les phares abritent des feux de jours à diodes et les clignotants sont sur les rétroviseurs) car de dos, des feux à LEDs font leur apparition et s’intègrent bien dans le hayon en verre noir. Il y a aussi de nouvelles couleurs (bleu, doré…).
A l’intérieur, quelques menus changements : toujours pas d’écran intégré pour l’infodivertissement, c’est votre smartphone qui s’en chargera. Et si vous n’avez pas de smartphone ? Ben chacun sa vie…
Pas de bois nobles et d’aluminiums soignés, le tableau de bord fait appel à du plastique. Mais, en fait, c’est plutôt bien fait, compte tenu de son positionnement de petite citadine. On note aussi que la tablette arrière est désormais solidaire du hayon et que le coffre, avec un double plancher, permet de caser un gros sac de voyage avec ses 251 litres.
Ma version d’essai était une série limitée Beats Audio, qui se caractérise par la présence d’une sono de 300 Watts avec 6 HP et un subwoofer intégré dans le logement de la roue de secours, en plus d’une déco spécifique (stickers intérieurs et extérieurs, jantes, rétros…). Correspondant au niveau de finition intermédiaire Move up !, elle est déjà bien équipée, avec de série le freinage d’urgence City Brake Assist, les feux à LEDs, le pack visibilité (feux et essuie-glace automatiques), la clim’, le bluetooth®, des ports USB, un volant cuir multifonction réglable en profondeur, des jantes en alliage de 15’’, des vitres arrière surteintées à 65 %, ainsi qu’un éclairage d’ambiance (en blanc, il n’y a pas 65 couleurs comme dans d’autres véhicules haut de gamme, mais ça suffit pour donner une atmosphère assez quali de nuit).
A bord…
Malgré son petit gabarit (3,60 m de long – mais on apprécie quand même la caméra de recul !- sur 1,64 de large), j’arrive à loger ma grande carcasse dans le siège monobloc, recouvert d’un tissu assez sympa dans cette finition et j’arrive aussi à trouver une position de conduite qui me convienne parfaitement (ce qui n’était pas le cas dans la Twingo III, de gabarit équivalent).
Evidemment, les habitués de l’ancien modèle ne crieront pas au scandale : tout est bien à sa place, il faut juste s’habituer à la commande du régulateur de vitesse (un petit ergot situé sur le commodo des clignotants) et avoir le smartphone adhoc pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Contact : discrétion à l’échappement, le 3 cylindres ne vibre pas et il faut tendre l’oreille pour découvrir quelle architecture moteur anime cette petite auto. Moi j’aime les 3 cylindres (ça me rappelle un peu l’univers de la moto) pour leurs ronflements profonds et leur capacité à prendre des tours sans beaucoup d’inertie et à changer de tessiture en fonction de la manière dont on module les gaz. Bref : celui-ci est bien élevé, sonne juste, accélère avec envie.
Première grosse surprise : pour un petit 999 cm3, le sentiment d’allonge est bien présent, au point que l’on restera plus souvent en 3ème en ville à vitesse légale. Mais, alors que l’on est dans le trafic, la puissance semble déjà bien disponible…
De fait, malgré l’absence d’un Stop & Start, la up ! est une excellente citadine. Mais ça, on le savait déjà. La question que pose cette version TSI 90 est : peut-elle sortir de la ville ?
L’appel des grands espaces…
Réponse : oui ! Déjà, en regardant la fiche technique, on se dit que le nouveau moteur élargit les horizons. Le TSI 75 faisait le 0 à 100 en 13,2 secondes et pointait à 171 km/h ; le TSI 90 s’enorgueillit de 9,9 secondes et 185 km/h. Ne cherchez pas : ça change tout !
Qu’un aussi petit gabarit puisse claquer le 0 à 100 sous les dix secondes, ça nous renvoie bien en arrière, du temps de la première génération des GTI ! Ce a quoi, d’ailleurs, notre up ! rend hommage, avec un rapport poids /puissance assez proche. Oh, ne rêvez pas, sécurité et écologie sont passées par là et ont déposé leur deux grosses mamelles sur nos routes : réglages de châssis et rapports de boîte n’ont plus rien à voir avec le passé.
Il n’empêche : avec son couple maxi dispo dès 1500 tr/mn, la up ! TSI 90 dévoile de vraies capacités routières. En gros : la puissance est dispo tout de suite, et c’est vraiment agréable. Selon des sources bien informées, la TSI 75 demandait 28 secondes pour passer de 80 à 120 km/h en 5ème. C’est super long et c’est même carrément dangereux si l’on veut doubler, d’autant qu’on l’a dit, la up ! tire long sur le dernier rapport. Mais sur le même exercice, la TSI 90 ne demande que 15 secondes, ce qui change tout même si, encore une fois, ça fait démarrer l’exercice à moins de 2000 tr/mn en cinquième. Morale de l’histoire : avec la TSI 75, il fallait repasser en 3ème pour repartir vigoureusement ; avec la TSI 90, un coup de 4ème suffit…
Je regrette un peu, d’ailleurs, que la up ! TSI 90 doive se coltiner cette démultiplication. J’espère que la prochaine up ! GTI de 115 ch aura si ce n’est une DSG, au moins une BM6 à rapports rapprochés.
Dommage, parce que à part ça, il est vraiment bien, ce moteur ; bien rempli dès 1500 / 2000 tr/mn, il propulse la petite up ! en avant avec un vrai dynamisme, avec une sonorité qui devient un peu plus profonde passé 3500 tr/mn. Certes, la puissance chute brusquement à 5000 tr/mn et il n’est pas nécessaire d’aller jusque la zone rouge située 1000 tours plus haut, mais en exploitant toute l’allonge disponible, on se retrouve quand même à 140 km/h en 3ème, ce qui donne pas mal de ressources pour une conduite bien dynamique sur les petites départementales viroleuses. Le châssis n’offre pas de tranchant particulier, mais les freins sont bons et c’est plus dans la direction précise et le poids contenu que se trouve le plaisir.
Revenu à un rythme plus raisonnable sur les grands axes, la up ! se fait presque oublier. Presque parce que le moteur ronronne à un tout petit 2000 tr/mn à 90 km/h, mais parce que les bruits de roulements au niveau des passages de roue sont assez élevés (et encore plus sous la pluie). Volkswagen n’a pas optimisé l’insonorisation, en même temps n’oublions pas qu’il s’agit là d’une citadine dont les tarifs commencent à 10 400 € (12 740 € pour la Beats Edition en 60 ch ; 14 120 € en TSI 90, auxquels il faut ajouter 500 € pour les 5 portes et 790 € pour le toit ouvrant panoramique de mon modèle d’essai ainsi que 590 € de « pack contrôle », avec le régulateur de vitesse et le park pilot).
Du coup, la Beats Audio édition prend tout son sens avec une sono correcte qui permet de masquer un peu les bruits de roulement ! Car au final, cette up ! TSI 90 est carrément homogène et, face à une Twingo de puissance équivalente, elle perd des points à cause de son système d’infodivertissement un peu daté mais gagne en qualité de présentation, en agrément moteur et en confort global.
Côté conso, elle est annoncée à 4,7 l/100 en officiel mixte dans cette définition. J’ai enregistré du 5,1 l/100 sur départementale, du 5,6 l/100 sur nationale et 4 voies rapides, et du 5,5 l/100 lors du quotidien dans Paris malgré l’absence de Stop & Start. Pas si mal, non ?
Photos : Gabriel Lecouvreur & SJ