Essai Mazda 3 1.5 SkyActiv-D 105 ch, le remède ?

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Compacte. Diesel. 105 ch. Rhaaa, la déprime. « Docteur, je peux avoir des antidépresseurs ? » « Je vais plutôt vous prescrire une Mazda 3 ».

C’est là l’éternel débat entre les rêveurs et les pragmatiques. Car qui, sinon un être rationnel, rêve d’une compacte Diesel de 105 chevaux ? Hein, qui, si ce n’est une personne qui a calculé le meilleurs compromis entre la polyvalence (le quotidien + les vacances + l’espace dans le coffre pour aller à Carrefour Drive + l’espace derrière pour Junior) et le coût global d’achat et d’utilisation, et qui en est arrivé à cette finalité car un petit Diesel de 105 chevaux, ça doit quand même pouvoir permettre de tenir le mois en laissant de quoi rentrer une ou deux grilles de tiercé. Qui, si ce n’est une âme grise et bassement comptable ou alors se trouvant sous la coupe une wife peu portée sur la gaudriole (c’est pas un peu machiste comme remarque, ça ? si ? non ?) et soucieuse des finances du foyer ?

Car nous autres, amis lecteurs et fans d’Automobile, on a un peu plus d’ambition, ambitions prenant généralement la forme d’un châssis de Caterham ou d’un gros V8 culbuté (mais un flat-six en porte à faux, ça peut le faire aussi) voire, idéalement, d’une Lamborghini Espada.

Seulement voilà : comme l’a si bien dit Didier Barlelivien avant nous, entre vivre ses rêves ou rêver sa vie, il faut parfois faire un choix et au moment de faire les comptes (ou de se faire refiler une voiture de fonction), la voilà qui sort du bois. La fameuse compacte Diesel de 105 chevaux. Relire cette phrase en ayant en tête les violons suraigus de la scène de la douche dans Psychose de Hitchcock.

Compacte. Violons. Diesel. Violons. 105 chevaux. Violons.

Putain, c’est encore moins excitant que la perspective d’une soirée Scrabble® avec Christine Boutin. Je dirais même plus : ça fout les jetons ! Là, on peut penser à changer de job, à braquer une banque ou à se pendre, trois hypothèses qui, dans chaque cas, comportent des aspects positifs, mais aussi, il faut le dire, passablement négatifs.

Que ce dilemme ne soit pas submergé par l’ombre glaciale de la déprime et du renoncement ! Car voici, mesdames et messieurs (lumières façon arc-en-ciel ou publicité Juvabien-Juvamine et petite musique magique à base de grelin-grelin) : la Mazda 3 1.5d SkyActiv-D 105 ch !

Et de la grisaille surgit une voiture grise !

Ces petits riens qui changent tout

Que nous ne méprenions pas avec cette introduction qui, je le reconnais, est quand même un brin enthousiaste. Car la Mazda 3 en question monte de 0 à 100 en 11,6 secondes et pointe à 185 km/h, grâce aux 105 ch (à 4000 tr/mn) et aux 270 Nm (à 1600 tr/mn de son petit bloc de 1499 cm3. Pour le grand frisson, faut être honnête : on repassera.

Un petit moteur d’entrée de gamme mais qui fait sacrément bien le boulot

En même temps, on ne peut pas en vouloir à Mazda. Jusqu’ici, la 3 était leur représentante des compactes dans un marché où près de 80 % du volume s’écoule avec des petits Diesel d’à peine plus de 100 chevaux, alors que la 3 n’avait jusqu’alors qu’un 2.2 de 150 ch (essayée ici). C’est ballot et voilà donc qui est réparé, et ce qui va normalement permettre à Mazda de doubler ses ventes de 3 vendues. Ainsi, la 3 se dote d’une motorisation déjà essayée dans le petit SUV CX-3, mais c’était en boîte auto.

Et cette petite motorisation n’a rien d’une punition pour plein de raisons que je vais vous lister. Un, la technologie SkyActiv-D avec son faible taux de compression (14,8 :1) donne un petit moteur Diesel extrêmement silencieux, qui ne vibre pas, et qui n’a même pas tendance à jouer des castagnettes à froid et au ralenti. Une sorte de prouesse pour ceux qui, comme moi, ont peu d’appétences pour les mécaniques agricoles. En plus il est souple, n’a pas l’affreux turbo-lag de certains de ses concurrents et est quasiment capable de reprendre à un coin de rue en troisième sur le régime de ralenti. Ensuite, il pousse de manière constante et linéaire jusque 3500 tr/mn, mais ça ne sert pas vraiment d’aller au-dessus chercher les tout derniers chevaux.

Autre bonne nouvelle : la sélection des rapports. Le petit levier de la boîte 6 tombe bien sous la main et surtout, il se caractérise par des débattements courts et des engagements francs. Pour ceux qui aiment conduire, cela fait partie de ces petits riens qui changent tout et auxquels nous sommes tellement attachés. Que l’on soit en mode cruising où des petits mouvements du poignet suffisent, ou à l’attaque en passant les rapports à la volée, c’est direct et précis dans les deux cas, et c’est bon.

Une boîte 6 à débattements courts, ça vous change la vie !

Encore une bonne nouvelle : le châssis. Oh, il y a bien un tout petit peu de roulis en entrée de virage (c’est une 3, pas une MX-5 et elle ne vire pas complètement à plat) mais la franchise du train avant et l’excellent compromis compression / détente des suspensions permettent de préserver à la fois le confort et la tenue de route. Bien, tout ça, fort bien.

Morale de ce paragraphe : on peut donc rouler en Mazda 3 Diesel de 105 ch sans s’ennuyer au volant ni tomber dans la déprime.

Pratique, mais oui…

On demande aussi à une compacte d’être pratique et la Mazda 3 l’est. Son coffre n’est peut-être pas le plus grand de la catégorie avec 364 litres, mais il permet de coller tout le barda nécessaire, la combine de cuir et tout le reste, pour aller faire du side-car de course.

364 litres, c’est assez pour les journées piste

Tiens, nous sommes ici à la limite du hors sujet, mais pas tant que cela, puisque que l’on va surtout parler de mécanique. Avant donc que vous ne partiez en courant, voici 2 chiffres : 315 kilos avec les pleins (la Mazda 3, elle, pèse 1270 kilos) pour 200 chevaux. C’est ça, la fiche technique des side-car des Champions de France des Rallyes Routier 2015 et 2016 qui me tendent les bras à peine descendu de la Mazda 3. Ça promet de dépoter. Et ça tient ses promesses.

Au fait, est-ce que quelqu’un vous a déjà parlé de la poésie d’un side-car de course ? A l’instabilité chronique d’un side-car (un side va naturellement dévier vers la gauche au freinage et tirer à droite à l’accélération), ceux-ci ajoutent une belle rigidité structurelle liée à leur train avant triangulé, leurs pneus carrés venant d’automobiles à vocation racing, et un châssis tubulaire largement dimensionné. Et avec les 200 chevaux du 4 cylindres 1340 cm3 de Suzuki Hayabusa, les accélérations sont carrément soutenues. Moments de poésie quand, dans le panier, vous faites contrepoids de votre corps pour l’empêcher de se délester, avec la tête au ras du bitume qui défile, le coude à un millimètre du pneu (et parfois ça frotte) et l’échappement qui crachote des vapeurs d’huile, moins d’un mètre devant vous.

Moment de poésie quand au guidon, vous arrivez à le faire glisser dans les virages à gauche et que vous maintenez la dérive à l’accélération en le sentant reprendre du grip en cisaillant sur le bitume. Les pros, eux, arrivent à le faire glisser et lever en même temps, ce qui laisse plus de facilité dans les trajectoires. Quoiqu’il en soit, accroché au guidon ou centrifugé au fond du panier, le side-car de course, ça vous fait carrément les bras !

Une belle philosophie

Sortant de l’expérience totalement rincé, ça me faisait une nouvelle bonne raison de retrouver la Mazda 3 et son habitacle accueillant. Lorsque j’avais fait l’essai de l’Infiniti Q30 en version 1.5 dCi 105 ch, un charmant lecteur m’avait fait remarquer que la Mazda 3 était mieux et moins cher. Sur le plan de l’agrément dynamique, oui, sans aucun doute. Mais en termes de présentation, l’Infiniti est plus cossue, en phase avec son positionnement et son tarif plus premium. Que l’on se méprenne pas : la Mazda 3 est bien construite et bien équipée, mais reste moins luxueuse. La preuve étant qu’Infiniti utilise du beau Plastiwood® quand Mazda s’obstine à décorer l’intérieur du volant et des contreportes avec du Carboplast® bas de gamme. Le Carboplast®, c’est nul. On se console avec les belles surpiqûres rouges du volant.

Beau volant à surpiqûres rouges. Et du Carboplast(r) au milieu…
Et encore une belle planche de Carboplast(r) sur les contre-portes

En tous cas, le tableau de bord est super lisible avec son gros compte-tours central, son indicateur de rapport engagé dans la fenêtre à droite, et l’affichage tête haute, impeccable. Le bandeau en alu égaie la planche de bord et que ce soit au niveau de l’écran (tactile… à l’arrêt seulement) ou de la molette de commande et, à côté, celle de réglage du volume audio, tout est parfaitement et logiquement agencé. Par contre, une fois n’est pas coutume, j’ai rencontré quelques petits soucis avec le GPS au moment de valider une adresse et ce dernier a eu du mal à me calculer le temps de route vers une adresse qui était pourtant à proximité de l’autoroute A6. Un cas isolé ? Car je n’ai pas ce genre de souvenir lors de mon dernier essai d’une Mazda, la 6 SW AWD.

Tableau de bord plutôt bien fini

Pour la route, Mazda a fait le choix d’une démultiplication un poil longue : en sixième, comptez 1700 tr/mn à 90 km/h et 2400 tr/mn à 130. Et, encore une fois, dans un grand silence de fonctionnement. Mais là, ce sont les bruits de roulements qui prennent le dessus, notamment au niveau des passages de roues sur revêtements granuleux.

Comme souvent sur les Japonaises, les passages de roues méritent une meilleure insonorisation

Toujours est-il qu’on est plutôt bien dans cet habitacle pour abattre des kilomètres par centaines. Les sièges restent confortables (même si je ne suis pas vraiment fan de leur horrible revêtement en tissu façon « pyjama des années 30 »), dans ma version d’essai « Dynamique » à 27 000 €. Celle-ci se situe deux niveaux au-dessus de l’entrée de gamme « Harmonie » (à 23 500 €, voire à 20 700 € si vous voulez absolument une Mazda 3, mais dans ce cas ce sera avec le moteur essence de 100 ch) et un peu au-dessus de l’ « Elégance » à 25 200 €. La Dynamique offre les feux automatiques au xénon, les feux arrière à LEDs, les jantes de 18 pouces, un insert en alu sur la planche de bord, l’audio Bose avec 9 HP, l’affichage tête haute et l’aide au stationnement avant.

Sièges confortables mais un peu tristes

Si vous voulez à tout prix un intérieur cuir, il faut passer sur la version « Sélection » à 30 400 € (et dans ce cas, on vous recommande alors l’option cuir « Off White » à 150 €. Mais dans ces calculs, la série spéciale « Graphite » n’est pas inintéressante : c’est une « Elégance » avec l’intérieur mi-cuir mi-suède, les jantes de 18 « dark gunmetal » les feux auto au xénon. Pas mal pour 26 300 €.

En conso, Mazda annonce 3,8 l/100 et je m’en sors à 5,9 l/100 (soit moins que les 6,1 enregistrés avec l’Infiniti Q30 1.5d). Mais avec une différence : avec la Mazda 3, j’ai un peu tout le temps conduit avec le couteau entre les dents, alors que j’ai roulé plus peinard avec l’Infiniti. Je sais, c’est mal. Mais ça démontre une fois de plus l’efficience énergétique de la technologie SkyActiv Mazda.

De l’eau. Un panneau. Une Mazda 3

Photos : Gabriel Lecouvreur & SJ (& Caroline Benetier pour le premier side, & Ben Meulin pour les deux autres – merci à eux).

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