Qu’on pose les bases tout de suite : le Renault Koleos premier du nom n’a pas vraiment connu un succès fulgurant. Pour autant, cela ne doit pas être une raison pour bouder cette nouvelle version car il revient en force avec de profonds changements. En fait, il n’a plus de Koleos que le nom.
Lancé en 2008, l’ancien Renault Koleos s’est vendu à tout de même 400 000 exemplaires mais seuls 100 000 se sont écoulés en Europe. Renault revient ici avec une nouvelle stratégie. En effet, le marché des SUV a connu une croissance de 50% sur les deux dernières années avec une domination des constructeurs premium. Mais c’est petit à petit en train de changer. Renault espère bien se positionner avec ce tout nouveau Renault Koleos qui se place dans le haut de sa gamme.
A l’extérieur, il faut bien avouer que le changement est radical, à tel point qu’on ne peut le comparer à l’ancien. La calandre, les phares avants et les feux arrières sont repris de la Talisman. Pour le reste, on a un design bien équilibré, puissant, musclé. Ce Koleos a une belle prestance et donne une impression de qualité. L’arrière peut paraître un peu massif, mais pour un SUV de tout de même 4,67 mètres, on ne peut trop rien dire. Avec ses protections de bas de caisses et d’arches de roues, on irait même lui faire faire du hors piste sans appréhension. Je ne sais pas pour vous mais à titre personnel, je suis content de ce renouveau.
Pour l’essai routier, nous démarrons avec le 2.0 dci 175 chevaux accouplé à la boite CVT (transmission à variation continue), qui s’appelle ici X-Tronic. Le premier point notable est le confort à bord, aussi bien du point de vue des excellents sièges de cette finition Initiale, que du châssis qui filtre la moindre irrégularité. Mais ce n’est pas pour cela que la tenue de route en pâtit. Néanmoins, même si le roulis est peu présent et la tenue de route correcte, ce châssis n’a pas la dynamique que l’on peut connaitre sur le reste du segment. Tant du point de vu des allemandes, que de son concurrent sochalien le Peugeot 5008. D’ailleurs, la direction va dans ce sens avec une démultiplication un peu longue.
Pour qui regrette le confort des voitures d’antan ou qui emprunte régulièrement des routes au profil précaire, ce Renault Koleos sera le compagnon idéal. Surtout qu’avec ses vitres feuilletés, en finition Initiale, le silence est de mise. Mais pour qui conduit dynamiquement sur nos routes de campagne ou de montagne, cela risque d’être la déception. En l’occurrence, nous sommes en Finlande pour cet essai et régulièrement la route se mue en piste où ce SUV est tout à son aise. Nous l’avons même quelque peu malmené hors des sentiers battus pour vous dégoter les meilleurs clichés, il s’en est sorti avec les honneurs et a préservé de belle manière nos lombaires.
Mon avis restera en revanche plus que mitigé sur l’ensemble boite/moteur. Le 2.0 dci est vieux et cela se ressent. S’il est puissant et coupleux : 175 chevaux à 3 750 trs/mn et 380 Nm à 2 000 trs/mn, il est très sonore. De plus, il est totalement desservi par une boîte qui n’est absolument pas au niveau de ce que l’on peut attendre d’une boite automatique moderne. Cette CVT rebadgée X-Tronic lisse totalement les performances et donne une très mauvaise impression. Surtout lorsqu’il s’agit d’imprimer un tant soit peu de dynamisme à son rythme de conduite.
En outre, Renault a décidé de simuler des rapports de boîte de vitesse classique sur cette boîte à variation continue. Le but est de palier le désintérêt pour ce type de transmission en Europe. Lorsque vous appuyez franchement sur l’accélérateur, ce système se met en place et ne fait que faire mouliner le moteur dans un bruit de tracteur affreux. Coté consommation, Renault annonce 5,4 l/100km, plutôt raisonnable.
Je préfère être honnête : je suis l’un des seuls à avoir aussi peu apprécié cette boîte. Les autres essayeurs la trouvant agréable et confortable. Ce n’est pas tout à fait faux. Pour qui souhaite un confort total et se fiche de l’agrément d’une boîte de vitesse, je reconnais qu’il s’agit là d’un excellent choix. Elle possède aussi un gros avantage que nous verrons plus tard.
A l’intérieur, la finition et les assemblages sont très corrects. Le cuir est de bonne facture, surtout sur la finition Initiale. Les plastiques moussés de bonne qualité se sont multipliés. Les sièges, même en finition de base, sont d’un confort très appréciable. Et mention spéciale pour certains éléments très qualitatifs à l’image des sièges de la finition Initiale, de son cuir nappa et des poignées de maintien en cuir surpiqué. De plus, ce Renault Koleos possède des éléments de confort haut de gamme avec les sièges avants chauffants et ventilés, les sièges arrières chauffants, le volant chauffant, le pare-prise dégivrant, l’alerte de franchissement de ligne blanche (au bruit… douteux), le freinage d’urgence et j’en passe.
Néanmoins, Renault échoue à quelques marches de ses concurrents en négligeant certains points. Des technologies, forts utiles, manquent à l’appel. C’est le cas de l’afficheur tête haute ou du régulateur de vitesse actif. On notera également des économies de bout de chandelle qui font tâche : comme des plastiques durs à des endroits visibles. Ou encore, l’absence de lèves vitre à impulsion coté passager avant et à l’arrière. C’est dommage.
En ce qui concerne l’interface multimédia, le système R-Link 2 est complet. Le tactile permet de naviguer avec fluidité, de revenir aux informations importantes rapidement et les menus sont clairs et bien construits. La taille de l’écran est correcte mais on regrettera un manque de définition. Dans tous les cas, il simplifie la console centrale en lui ôtant la plupart de ses boutons, ce qui est bienvenu.
Il est compatible Android Auto et Apple Carplay. A noter que ce dernier est beaucoup mieux construit que le premier : on retrouve la même interface que sur son iPhone. Dans les deux cas, le système est très bien intégré et permet d’utiliser le GPS de son smartphone tout en utilisant la musique de la voiture et vice versa. On peut d’ailleurs switcher d’un des deux systèmes à celui de la voiture très facilement. Petit plus, le système Bose, de série en finition Initiale, est de très bonne facture. Il distille un son bien spatialisé, clair et sans faire déborder les basses. Petit moins, le GPS est hors d’âge même si à jour.
Au niveau de l’espace à bord, rien à redire, le Renault Koleos est habitable. Les places arrières sont généreuses et on y accède très facilement grâce aux grandes ouvertures de porte. A défaut de proposer 7 places, comme certains de ses concurrents, le coffre offre une dimension conséquente de 579 litres et même jusqu’à 1795 litres avec les sièges rabattus et son plancher plat. D’ailleurs, l’ouverture du coffre est électrique.
Le lendemain, nous essayons la version 1.6 dCi 130 avec la boite manuelle 6 vitesses. Ce moteur est un soulagement. Il déplace parfaitement ce Renault Koleos, enroule sur le couple facilement et silencieusement. Il en reste de même si on le sollicite un peu dans les tours. Il reprend bien et la boite de vitesse manuelle, sans être parfaite, convient parfaitement. Les reprises sont correctes mais il faudra peut être se méfier si on est amené à charger enfants et bagages. La consommation annoncée en cycle mixte passe à 4,6 l/100km.
A la fin de ces essais nous attendait un atelier 4×4, épreuve où je n’attendais pas du tout le Renault Koleos. Pourtant, Renault avait l’air bien sûr de lui car le parcours n’était pas une promenade de santé. Seul le moteur 175 chevaux peut recevoir les 4 roues motrices, aussi bien en boite manuelle qu’en CVT. Me voilà parti avec mon petit Koleos, et sa fameuse boite CVT, à l’assaut de ce parcours de torture. L’aurais-je sous-estimé ? C’est un euphémisme. Chose à savoir, le Renault Koleos dispose d’un vrai mode 4×4 qui permet de le bloquer en 50/50. Il possède une garde au sol de 210 millimètres et pour les plus connaisseurs, il a des angles d’attaque et de fuite respectifs de 19° et 26°.
Ce Renault Koleos chemine, imperturbablement et dans un confort optimal. Il se joue des montées et des descentes avec une facilité insolente. Si ça ne passe pas, on maintient les gaz et le système 4×4 fait le reste. Jamais on ne manquera de motricité, jamais on ne frottera un bas de caisse, jamais on ne se sentira en insécurité. Seul petit bémol, pas d’assistance à la descente. Et cette boite CVT, sur laquelle j’ai pesté, devient le compagnon idéal. En effet, sa variation continue permet d’éviter toute rupture de couple lors des franches montées et c’est un plus indéniable. Dans cette situation, elle devient la plus adaptée.
Positionné à partir de 29 900€, il est plus cher que le prix du base de son concurrent direct le Peugeot 5008. Cependant, il sera mieux équipé et possède un moteur plus puissant. Pour arriver sur un équivalent chez Peugeot, il faudra alors rajouter presque 3 000 €. Le Peugeot 5008 possède pour lui son design, une vraie boite automatique, de meilleur équipements et la possibilité d’avoir 7 places. Le Renault Koleos, bien équipé et bien remodelé, a l’avantage du prix et du franchissement. En finition Initiale, qui dispose de presque tous les équipements, le prix grimpe à 43 400€ avec la boite automatique, le moteur le plus puissant et les quatre roues motrices. Un prix somme toute raisonnable au regard des prestations.
Qu’en conclure ? Si c’était la météo, je dirais que le Renault Koleos est un soleil caché par quelques nuages. Il offre un beau renouveau, des prestations de haut niveau avec un prix très attractif. Il échoue en revanche sur des détails qui font la différence comme des équipements absents et des aspects de finitions pas aux standards actuels. De même, sur le plan routier, il excelle par son mode 4×4 étonnant mais échoue du point de vue moteur/boite avec un 2.0 diesel en retard sur la concurrence. En plus de ne proposer que deux motorisations. Le 1.6 130 dci est en revanche une bonne surprise.
Alors faut-il l’acheter ? Tout dépendra de votre utilisation. Si vous cherchez un certain dynamisme, il est possible que vous soyez déçu. En revanche, si vous cherchez du confort, des équipements et éventuellement un mode 4×4, alors il sera intéressant de se diriger vers ce Renault Koleos qui pourrait se révéler être le compagnon idéal.
Un grand merci à Renault pour l’organisation de cet essai dans un cadre idéal.
Photos, vidéos: Aymeric V.