Une nuit au Castellet avec Audi Sport

En général, mes vendredi soirs n’ont rien de palpitant : ou bien avec des amis ou bien devant Netflix. Cette fois-ci, ce sera différent puisque je me retrouve sur le paddock du Castellet avec toute la gamme Audi Sport vrombissant autour de moi. Ça va chauffer !

La nuit tombe sur le circuit Paul Ricard. Les prochaines heures promettent d’être douces, sèches et sans mistral : des conditions parfaites pour limer la piste. L’Audi Sport Night peut commencer ! Dès l’arrivée sur le circuit, on comprend qu’on va s’amuser : l’ensemble des autos prévues pour la nuit sont présentées en file indienne. RS6, RS5, RS4, RS3, TT RS, R8 V10 Plus… Sans compter deux RS3 LMS nous souhaitant elles aussi la bienvenue. Après un petit mot de bienvenue de la part du staff d’Audi France, on passe à l’indispensable briefing de sécurité. Avec une première bonne surprise : on sera seuls dans les voitures avec une Leading Car menant chaque groupe, donnant le tempo et les trajectoires. Enfin, c’est à double tranchant : c’est cool qu’on ait autant de liberté, mais ça ne me rassure pas plus que ça. Parce que je n’ai jamais conduit aucune des voitures présentées, moi. Et que la seule fois où j’ai roulé sur le Castellet, c’était en passager et j’ai passé la plupart du temps à regarder la piste à travers la fenêtre latérale.

Pour mieux s’y retrouver, je vous ai mis le plan du circuit. Audi nous avait gâté en nous ouvrant le grand circuit (le même, donc, que celui du GP de F1 l’année prochaine) : on fera donc les kékés sur la mythique boucle de 5.86 km de long et la longue ligne droite du Mistral dans son intégralité. Le briefing prend fin, on arrive dans les stands et… « Jean-Baptiste dépêche-toi tu commences tout de suite, prend la R8 ! »

Ah. Hem. Je vais donc découvrir le circuit à bord d’un monstre embarquant un V10 atmosphérique crachant 610 ch et 560 Nm de couple. Je prends une cagoule, un casque et je me retrouve sans trop savoir ce qui se passe dans un habitacle confiné, gainé de cuir et d’alcantara. Pendant que les autres terminent de prendre place, j’essaye de prendre mes marques –encore une fois, c’est la première fois que je rentre dans cette voiture. Je parviens sans aucune difficulté à trouver une position de conduite parfaite, je fais défiler quelques infos sur le Virtual Cockpit, je peaufine quelques réglages (mode Dynamic activé, échappement Sport, boîte de vitesse en manuel)…et il est déjà temps de décoller. 45 km/h dans les stands, jusque-là je maîtrise, puis on arrive sur la piste, j’écrase la pédale de droite et BRROOAAAAAAAAAAAAAAAA

Je me retrouve collé au siège et je découvre les joies d’un V10 atmo. Une bande-son déchirante, rauque, métallique. Une allonge phénoménale, sans aucun signe d’essoufflement jusqu’à la zone rouge de 9 000 tr/min (!) et une volonté d’aller toujours gratter un peu plus haut dans les tours. Enfin, une réactivité démentielle, avec un bottage de cul systématique à chaque sortie de virage. Virages, tiens, parlons-en. J’ai l’impression qu’on peut jeter cette R8 V10 Plus dans n’importe quel courbe à n’importe quelle vitesse avec l’assurance d’en ressortir encore plus vite et en un seul morceau. Sérieusement, la direction est d’une telle précision et le châssis si rigide que les changements de cap se font instantanément, sans jamais ciller. Et jamais la voiture ne se cabre, se vautre encore moins, annihile le mot « roulis » du vocabulaire. Le quattro transmet toute la puissance et tout le couple aux roues sans le moindre défaut. Les freins céramiques, au feeling parfait, sont indécents de puissance. Machine de guerre, qui en redemande encore et toujours.

Et moi, là-dedans ? Moi, je me cramponne au volant, en essayant de comprendre ce qu’il m’arrive. Je vais finir par être lourd mais, encore une fois, je suis sur un circuit inconnu, de nuit, au volant d’une voiture inconnue et ô combien aiguisée. Je dois intégrer une infinité de paramètres en très peu de temps. Et c’est là que je comprends le piège de la R8. Car cette super Audi, voyez-vous, va vous faire croire que vous savez piloter. Bah ouais, en fait, c’est facile. Vous écrasez la pédale de frein (même un peu tard, c’est pas grave), vous jetez la voiture dans le virage sans vous soucier de l’angle du volant, de la vitesse, des gaz ou même de la trajectoire et, quand vous voyez la piste redevenir droite, vous mettez tout votre poids sur l’accélérateur. Hop c’est plié merci d’être venu.

Ceci dit, et c’est là que ça devient génial, c’est que la R8 est capable de vous gratifier quand vous en prenez soin, quand vous la titillez gentiment. Quand les freinages sont suffisamment dégressifs, quand les trajectoires sont soignées, quand on l’accompagne dans les changements de trajectoire. Et là, la R8 communique avec vous. À travers nos reins, à travers la direction. C’est vraiment ce combo efficacité extrême / communication qui m’a le plus époustouflé, honnêtement. Cerise sur le gâteau, on aura droit à six tours complets pour en profiter un maximum. Le rêve.

C’est donc dans un état un peu second que je sors de la supercar. Un organisateur me chope au passage « ah bah pas la peine d’enlever ton casque, tu enchaînes avec le baptême en RS3 LMS ». Ah ok pas de problème. L’Audi RS3 LMS, donc ! 4 cylindres 2.0 TFSI de 330 ch/410 Nm, traction, 1 180 kg à vide, arceau cage, baquets 6 points – tout en gardant 60 % de pièces communes avec la version de série. De ce tour en passager, mené de main de maître, j’en retiendrai la chose suivante : ce n’est ni l’accélération ni la vitesse de pointe qui sont impressionnantes (comparables à celles d’une RS3 de série), mais plutôt la partie virage. Par rapport à la R8, le point de freinage est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard, le freinage en lui-même beaucoup, beaucoup, beaucoup plus violent, la vitesse de passage en courbe beaucoup, beaucoup, beaucoup plus élevée. C’est physique. Que les gens qui pensent que « le sport auto, c’est pas du sport » viennent faire un tour…

Viennent aussi le tour des autos plus “civilisées” – façon de parler : RS3, TT RS, RS5 et, en petite exclu, la toute nouvelle RS4 Avant, avec deux tours pour chaque modèle. J’ai un peu honte de le dire, mais la prise en main de la RS5 aura surtout permis de me recalibrer après les deux missiles d’avant. Eh oui, une voiture “normale” tangue un peu dans les freinages, prend du roulis en courbe et pardonne moins facilement les écarts de trajectoire. Ces éléments pris en compte, il est temps de s’apercevoir que ce grand coupé Audi est sacrément plaisant ; d’abord grâce au V6 3.0 biturbo de 450 ch/600 Nm linéaire, certes, mais diablement mélodieux, mais aussi grâce à l’efficace compromis stabilité/agilité. Mais les deux tours sont déjà terminés et je dois libérer ma place…

Vient donc la surprise de la soirée : la nouvelle RS4 Avant. Dévoilée à Francfort, elle reprend le moteur de la RS5, mais y ajoute un grand coffre et une cinquième place. Et là, mes amis ! On peut clairement dire que j’ai kiffé ma race. Pour préciser, c’est le châssis qui m’a mis de fort bonne humeur : on place la grosse Audi où on veut, quand on veut. On relève un peu le pied de l’accélérateur, hop, l’arrière enroule gentiment, juste ce qu’il faut, tandis que le conducteur est parfaitement informé de ce qu’il se passe. Pas une trace de sous-virage mais plutôt d’une agilité assez stupéfiante. Et elle met ultra rapidement en confiance : il me semble que je passais à certains endroits au moins aussi vite qu’avec la R8. Inutile de vous préciser que j’en suis ressorti avec des étoiles dans les yeux. Ce qui est cool c’est que, en en discutant avec d’autres invités, ils ont à peu près tous eu la même sensation. C’est cool !

Pour les deux restants, la RS3 et le TT RS, je serai malheureusement un peu moins disert. L’idée, c’est que j’ai eu ces deux autos en toute fin de soirée, et qu’elles donc vécu quatre heures de piste à balle avant moi. Les pneumatiques et les plaquettes en ont fait les frais… Cependant, il est assez impressionnant de voir ce que les deux voitures sont capables de faire en étant complètement rincées. Elles partagent le fameux 5 cylindres maison, ici dans une version turbo de 400 ch et 480 Nm. Alors j’aime beaucoup les 5 cylindres de façon générale, et j’ai vraiment beaucoup aimé ce 5 cylindres-ci : Audi nous prouve qu’il sait en faire et qu’il sait bien en faire. Ça chante divinement bien, ça pousse sacrément fort (0 à 100 en 3.7 s avec le TT) et le quattro à Haldex est remarquablement efficace…même s’il n’est pas forcément très drôle : à l’inverse du duo RS5/RS4, les deux “petites” sont ici bien plus neutres dans leurs comportements, avec un peu de sous-virage aux limites. Mais bon, encore une fois, les pneumatiques étaient au bord du trépas : sans doute aurez-vous plus d’informations en allant lire l’excellent essai du TT RS par notre Gab à nous.

Mais voilà, c’est déjà fini… Finalement pas une si mauvaise chose : on tend à oublier à quel point la conduite sur piste est un exercice fatiguant. Mais quelle expérience ! Un circuit de nuit, ça a toujours quelque chose de magique. Combinez ça avec la découverte de cinq modèles assez fantastiques et vous obtenez un cocktail particulièrement savoureux. Une soirée qui restera à coup sûr longtemps dans ma mémoire…

Un remerciement particulier à l’équipe organisatrice pour le déroulement absolument parfait de la soirée. Bravo !

Crédits photos : Audi France (il faut vraiment que je bosse mes photos de nuit)

Je suis sur Twitter : @JBPssx.

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