Renault : Présentation du concept Twin’Run à Monaco (interviews)

F1 MONACO GRAND PRIX 2013

C’est le retour de la bombinette ! Pour le cinquième concept de la marguerite du “Cycle de la Vie”, l’équipe de Laurens Van Den Acker prend des accents nostalgiques et ressuscite une partie du passé de Renault, celle qui a trait aux petites citadines sportives. Parmi les rares constructeurs à proposer une véritable mini-citadine dédiée au sport (la Twingo RS), le Losange a dans son patrimoine des noms évocateurs, tels les R5 Turbo, R5 Turbo II, R5 Maxi-Turbo, Clio Williams, Clio V6… Autant de patronymes au doux parfum de “bombinette” que convoque le concept Twin’Run pour figurer le pétale “Play”, dans une teinte bleu ciel rayonnante !

La présentation du Concept Twin’Run avait lieu à Monaco, en marge des courses de monoplaces (GP2 et Formule 1) du week-end. Elle eut lieu en trois temps.

Révélation sur le circuit de Monaco

Dans un premier temps, la Twin’Run fit trois tours du circuit aux mains de Carlos Tavarès, suivie d’une R5 Turbo II pilotée par Jean Ragnotti et d’une Clio II.2 V6 conduite par Charles Pic, pilote pour l’écurie Caterham motorisée par Renault. Dans la même veine que la présentation l’an passé du concept Alpine A110-50, Renault et son Directeur Général ont attendu la fin de la course de GP2 avant de s’élancer, pour mieux montrer les réelles aptitudes de la Twin’Run. Et, outre son châssis rivé à la piste, le plus notable est le bruit du moteur, travaillé pour être le plus chantant et sonore possible : le V6 de 320 chevaux issu de la Mégane Trophy a du répondant !

Présentation à l’Hôtel de Paris

Dans un second temps, Renault a réuni photographes, journalistes et blogueurs à l’Hôtel de Paris, et c’est sur la terrasse du célèbre palace que vers 15 h le voile fut levé sur la Twin’Run, en présence de ses pères : Carlos Tavarès le D-G de Renault, Laurens Van Den Acker le Directeur du Design, Jean Ragnotti qui en a effectué les réglages sur le circuit du Ceram, et Alain Prost dans son rôle d’Ambassadeur du Losange qui la conduire en juillet prochain à l’occasion du Festival de Vitesse de Goodwood.

Si les détails les plus complets ont pu vous être révélés par Frédéric, j’en rappelle les grandes lignes : il s’agit d’un concept à moteur central arrière, qui pèse seulement 950 kg, soit le meilleur compromis entre puissance, agilité, et malgré tout un esprit fun et décalé ; de l’aveu même de M. Tavarès, même s’il aurait proposé d’autres réglages que ceux de M. Ragnotti, Twin’Run est “très agréable” et il s’est “bien amusé”.

Interviews avec les pères du concept Twin’Run

Viennent enfin dans un troisième temps les interviews des trois parrains de la Twin’Run, à savoir Carlos Tavarès, Laurens Van Den Acker, et Alain Prost. Les interviews ne se sont pas limitées au seul concept et se sont étendues sur les différentes stratégies engagées par Renault et ses marques sur le marché automobile. Les questions étaient posées par un groupe d’une dizaine d’intervenants, dont votre serviteur qui posa en quelques unes (signalées par le nom “BlogAutomobile” plutôt que “Question”).

Alain Prost, pilote automobile, Ambassadeur de la marque Renault

Question : Y a-t-il un avenir pour l’essence ? La plupart du temps, les concepts présentés sont électriques, hybrides, voire hydrogène… Pourquoi avoir fait un concept à moteur essence ?

Alain Prost : L’essence a encore de l’avenir. On fait évoluer le carburant vers plus d’écologie, notamment avec l’E-85 des moteurs flex-fuel, et plus récemment le passage du Sans-Plomb 95 à l’E-10, avec de l’éthanol. Si l’essence est encore un carburant pertinent et utile, alors un concept dessus n’est pas inutile. Il y aura toujours des voitures essence, même si à côté il y aura également des voitures électriques. L’évolution des tendances prendra des décennies, et clairement, aujourd’hui et pour encore longtemps l’électrique se limite à l’usage en ville. La mission de Renault, c’est donc d’investir dans l’électrique avec Renault ZE (Zéro Emission, NDLA) mais aussi de continuer à travailler sur l’essence. Il ne faut jamais rester figé : il faut toujours évoluer.

Q : Vous êtes ambassadeur de Renault… et d’Alpine aussi, demain ?

A.P. : Ce n’est pas moi qui décide ! Renault a beaucoup de marques, Alpine va bientôt s’y rajouter, mais il y a aussi Dacia…

Q : Et d’ailleurs, Dacia, vous aviez couru pour eux récemment ?

A.P. : Ce n’était que pour le Trophée Andros, et encore, dans un cadre précis, celui de la communication sur la présentation, en 2010-2011 du Duster, puis en 2011-2012 du Lodgy. C’est une niche de compétition, qui n’est pas appelée à perdurer puisque Dacia n’y a pas participé cet hiver. Et pour moi, c’était dans un autre cadre que dans mon rôle d’Ambassadeur de Renault.

Q : Une question sur le sport maintenant. Ce week-end c’est le Grand Prix de Monaco, et toi Alain tu l’as remporté 4 fois… Que faut-il faire pour réussir ici ?

A.P. : A Monaco il faut avoir une approche différente que celle qu’on peut avoir sur les autres circuits. C’est un très long week-end de 4 jours, qui commence dès le jeudi, et surtout le circuit est totalement atypique. Je dirais que la plus grave erreur, ce serait de l’aborder tel un Grand Prix comme les autres : au contraire, il faut l’appréhender autrement. Par exemple, ça ne sert à rien d’attaquer dès le début : c’est sur la durée, sur les 78 tours, qui sont sur un tracé éprouvant et extrêmement répétitif, qu’on peut arriver à gagner en étant plus endurant que les autres. Il faut y avoir une concentration optimale, de tous les instants.

Q : Et la Formule 1 aujourd’hui, qu’en penses-tu ? Il y a quelques années tu parlais de tes déceptions, depuis la réglementation a changé : ton avis dessus aussi ?

A.P. : J’ai une opinion qui n’est plus aussi tranchée qu’elle pouvait l’être avant. Et je ne suis pas foncièrement critique. Vous savez, la F1 c’est un monde très compliqué, trop même ! Avant on disait qu’il n’y avait pas assez de spectacle ; maintenant, avec le choix de pneus qui se désagrègent en quelques tours, on trouve les courses avec 4 arrêts au stand trop compliquées à suivre ! Pareil pour les dépassements : on se plaignait qu’il n’y en ait pas assez ; depuis on a mis en place le DRS, seulement on estime que c’est trop dangereux et que ça incite les pilotes à slalomer de façon inconsidérée… C’est compliqué de trouver les bons dosages, les bons compromis. Mon avis, c’est que le spectacle ne doit pas prendre le pas sur le sportif. Avec le changement de réglementation en 2014, on va reparler de technique, donc de Renault. Et il ne faut pas oublier que ce qui se fait aujourd’hui et se prépare demain, c’est la conséquence directe de ce que l’on voulait que la Formule 1 soit, de ce que l’on a demandé par le passé à la FIA.

Q : Donc tu trouves que c’est mieux aujourd’hui ? Ou pas si mal ?

A.P. : Le compromis d’aujourd’hui est plutôt bon : on ne sait pas qui gagnera le dimanche, que ce soit le pilote ou même l’écurie. Et ça c’est bien, car il y a encore quelques années on se plaignait de championnats verrouillés par quelques équipes ou pilotes seulement. Après, je pense que ça doit encore être le meilleur qui gagne, et là on peut dire que Fernando Alonso méritait tout autant que Vettel d’être Champion du Monde en 2012. C’est la dure loi du sport…

Q : C’est donc un regard positif que tu poses sur la F1 pour 2014 ?

A.P. : Oui. La course a toujours apporté des progrès techniques, donc c’est bien que la législation change pour l’an prochain vers plus d’innovations. Les nouveaux moteurs V6 Turbo électrique vont vraiment faire évoluer les choses, et actuellement dans les bureaux d’études, tout change ou presque tous les 15 jours sur les solutions à adopter ! Le seul souci, c’est de trouver comment en parler aux gens : la place de motoriste de Renault reste technique, abstraite. Sinon les décisions prises vont dans le bon sens : à puissance équivalente, on consomme moins, c’est ce vers quoi on doit aller.

BlogAutomobile : Et des monoplaces de Formule 1 100 % électriques, vous pensez que c’est possible, voire crédible ?

A.P. : Je ne crois pas que cela le soit. Je suis à 100 % pour les véhicules électriques ZE, mais en Formule 1 ça ne semble pas pertinent : on n’est pas en train de faire un court trajet en ville, mais une longue course de deux heures, avec des machines qui doivent être légères, rechargeables quasi instantanément si besoin, des écueils contre lesquels l’efficience du moteur électrique, en terme d’accélération et de puissance, ne peut pas grand chose. Mais il faut toujours trouver des compromis, c’est toujours le plus dur !

Q : Sinon, les championnats 1982 et 1983, perdu à cause de la fiabilité… Quel dommage ! Tu as réussi à tourner la page ?

A.P. : Oh, depuis, oui ! Cela fait partie de la vie d’un pilote normal, il faut accepter de perdre, d’échouer si près du but… On ne peut pas faire autrement.

Merci, M. Alain Prost.

Si l’auteur du design extérieur de la Twin’Run, Csaba Wittinger (photo ci-dessus), était présent parmi les invités pour découvrir sa création, c’est son Directeur, Laurens Van Den Acker, qui est intervenu pour répondre aux questions des journalistes et blogueurs. Et, se souvenant de sa visite avec Adrien lors du dernier Mondial de l’Automobile, il nous a même gratifié d’un “Oui, je connais le BlogAutomobile !” Voici les questions qui lui furent posées, et les réponses qu’il y apporta.

Laurens Van Den Acker, chef du Design Renault-Dacia-Alpine

Question : Bonjour Laurens ! On te retrouve pour la cinquième fois pour ces concepts du “Cycle de la Vie”, et nous nous demandions d’où te venait ton inspiration ? La marguerite, la nature, c’est original, et peu commun dans le monde automobile.

Laurens Van Den Acker : Le thème de la marguerite, c’est celui de la beauté. C’est un thème simple, et large : si on sait où on doit aller, on ne sait pas encore ce qu’on va faire. Quand on a fait DeZir, on n’envisageait pas forcément “Play” telle qu’elle est aujourd’hui. Justement, pour “Play”, on a voulu jouer sur tous les sens du mots, en prenant un petit véhicule de ville joueur, facile, mais aussi original et sportif : vous avez pu entendre Jean Ragnotti (durant la conférence de presse, NDLA) en parler, il a 67 ans et il s’est tellement engagé sur ce projet… C’est vraiment lui, l’esprit “Play” ! Je pense que Renault doit avoir un grain de folie, être original, et ça nous aide en interne. Il faut être optimiste, il faut se battre… Il faut “Play”, “jouer” !

Q : Mais as-tu des sources d’influence précise ?

L. VDA. : Mon job, c’est d’exprimer Renault, l’esprit Renault : c’est un marque sensuelle et populaire, qui doit rendre la vie plus belle à tous. Donc je pars de l’humain, du corps humain, qui nous inspire et qui nous dirige.

Q : Et que peux-tu nous dire d’Alpine ?

L. VDA. : Alpine, c’est un cadeau, même plus que ça c’est un rêve. Créer de belles voitures, vous savez, ça reste une histoire de personnes. Sans Carlos Tavarès, nous n’aurions jamais eu Alpine. Je crois encore que l’automobile reste une question de passion et de personnes. L’avantage de travailler avec Carlos Tavarès, c’est qu’il est passionné mais qu’il reste conscient du business : à côté de l’enjeu, ça reste quand même une question de business.

BlogAutomobile : “L’enjeu”, de quel enjeu s’agit-il ?

L. VDA. : L’enjeu, c’est de repartir après un “trou” de 20 ans pour Alpine. Et si 20 ans c’est court sur la durée, c’est extrêmement long pour l’image. On repart quasiment de zéro : il faut recréer les racines modernes de la marque. A savoir, des voitures belles, agiles, légère, facile à conduire, joueuses, puissantes, sportives… En fait, il faut que l’on crée la “911 ” d’Alpine, une icône, pour qu’ensuite on puisse jouer autour de ce pilier et pourquoi pas bâtir une gamme comme Porsche l’a fait. Aujourd’hui, je suis fier de la petite équipe qui travaille dessus, avec Anthony Lo qui est directeur du Design extérieur Alpine, et je suis confiant.

Q : Confiant jusqu’à quel point ?

L. VDA. : Suffisamment confiant pour dormir tranquille la nuit ! Alors qu’à mon arrivée… on m’avait franchement dit, “bon courage”, voire pire. Maintenant, le centre de Design Renault, c’est comme un magasin de rêves : on a plein de projets, plein d’idées, plein d’inspirations, plein d’envies… Mais pour Alpine, tout dépendra du succès du premier modèle : c’est sur ce succès qu’on pourra ensuite avoir plusieurs autres Alpine. Un peu comme on a fait avec DeZir pour le nouveau style Renault: c’est parce que DeZir a bien commencé, a bien été reçue, que désormais on sait où on va, on a fait Clio, on a fait Captur, c’est-à-dire qu’on ne réfléchit plus parce qu’on a une bonne base de départ. Et pour Alpine, la base c’est le concept A110-50.

BlogAutomobile : Les Renault sont badgées Dacia sur beaucoup de marchés dans le monde. Or Dacia a un design très différent de Renault… Comment réussir à faire le grand écart entre ces deux marques au design différent, sans pour autant donner l’impression que seule la calandre change ?

L. VDA. : Dacia c’est une toute autre approche, moins latin, plus germain. Dacia, ce sont des clients qui veulent en avoir pour leur argent, alors que les clients de Renault rajoutent l’émotion et la technologie. Pour Renault, il fallait d’abord revenir à l’humain et aux voitures à vivre, puis leur donner un visage reconnaissable entre tous, et enfin différencier le Losange du Blason de Dacia. Vous savez, pendant un temps des gens ont eu peur que l’un bouffe l’autre ! Alors qu’aujourd’hui c’est clairement du passé : vous avez eu Sandero et Clio l’an passé et ce sont vraiment des produits différents, avec beaucoup de moins de cannibalisation.

BlogAutomobile : Oui mais à l’international, une Dacia devient bien une Renault…

L. VDA. : A l’international il y a moins de problème. Renault a une image différente de celle qu’elle a en Europe. On a pris Dacia comme nom en Europe pour protéger la réputation de Renault, c’était plus rapide, mais à l’international ça reste des Renault. De plus, on l’a vu avec nouvelle Sandero et nouvelle Logan, mais on fait plus qu’un simple changement de calandre : c’est tout l’ensemble aile, bouclier, capot qui change, et l’intérieur change également. A l’avenir, pour les troisièmes ou quatrièmes générations, j’espère qu’on pourra faire deux voitures réellement différentes.

Q : Au fait Laurens, qu’est-ce tu conduis comme voiture ?

L. VDA. : En ce moment j’ai la dernière Clio RS. Mais si je suis pas un aussi bon pilote que Carlos (Tavarès, NDLA), je préfère conduire qu’être piloté.

Q : Et sinon, toi dans le sport automobile, tu es plus F1 ou WRC ?

L. VDA. : Je suis plus Formule 1 que Rallye. Mais ce qui me fascine encore plus, c’est la catégorie des Groupe C. J’ai vécu à Turin en Italie pendant mes études, et le week-end j’allais à Monza voir tourner les voitures, avec les prototypes Peugeot, fermées, blanches avec des rayures et un gigantesque aileron ! Peugeot… 906, c’est ça ?

Q : 905 plutôt !

L. VDA. : Oui, Peugeot 905 ! Je suis plus LMP1 que Formule 1, parce que fermée la voiture est un véritable objet d’art, de design fonctionnel alors que la F1 c’est beaucoup trop brut.

BlogAutomobile : Vous avez présenté à la Foire de Milan le concept Twin’Z et maintenant vous présentez la Twin’Run : les deux sont complémentaires. Et pourtant, on sait que la prochaine Twingo III sera une 5 portes. Alors, quel est l’intérêt de présenter un concept à 3 portes ?

L. VDA. : On ne fait pas des concepts que pour les médias ou pour le public : on les fait aussi pour nous, pour nos designers, nos ingénieurs, pour leur donner envie. Sans DeZir, on n’aurait jamais osé la Clio IV. Et pareil avec Captur : sans le concept on n’aurait jamais eu un tel design, même s’il est adapté aux contraintes de la série. L’an passé, on a présenté l’Alpine A110-50 pour relancer Alpine, pour donner un cap ; Twin’Run c’est pareil, on lance l’idée d’une “bombinette” et on espère un jour pouvoir faire ça sur une Twingo 3 portes.

Q : Mais pourquoi n’y a-t-il pas de concept Dacia alors ?

L. VDA. : Nous sommes contre (Dacia n’a eu que deux concept : la Logan Steppe en 2007 et le Duster en 2009, NDLA). Nos clients voient ça comme de l’argent gâché, et ils disent que Dacia n’est pas une marque qui doit faire rêver. Moi je n’en suis pas sûr, mais j’accepte ça, pour le moment. De toute façon, Renault avait davantage besoin d’une vision que Dacia.

BlogAutomobile : Comment envisagez-vous de faire évoluer le design Renault ?

L. VDA. : Il y a deux façons de faire : soit on fait comme Volkswagen, et on fait à chaque fois mieux par petit bouts, petits détails ; soit on se réinvente à chaque fois. Mais avant de se réinventer, il faut sentir qu’on en a besoin. Pour le moment je pense que Renault est sur la bonne voie, a trouvé son cap et n’a pas besoin d’en changer.

BlogAutomobile : Deux dernières questions rapides : on sait que le concept “Wisdom” sortira à Francfort, vous nous confirmez qu’il sera un crossover entre Espace, SUV, et bel et bien de couleur violet ? Et ensuite, vous avez fait un cycle de 6 thèmes, abordés à travers 7 concepts : est-ce que comme vous aviez fait à Francfort en 2009 en réunissant les 4 concepts ZE vous allez mettre les 7 concepts sur votre stand ?

L. VDA. : Je vous confirme que Wisdom sera bien violet, avec un esprit crossover entre monospace et SUV. Et pour les 7 concepts, on essaie de les mettre tous ensemble pour Francfort, ça va être dur mais on va essayer !

Merci pour vos réponses, M. Laurens Van Den Acker.

Après les regards croisés du pilote et du designer, passionnés l’un et l’autre par leurs disciplines, il nous reste à voir le point de vue de celui qui décide de tout ces projets, Carlos Tavarès. Les interviews ayant pris du retard, les échanges qui suivent ont été plus rapides et précipités, d’où de nombreuses questions et de courtes réponses.

Carlos Tavarès, Directeur Général de Renault.

BlogAutomobile : Bonjour M. Tavarès, et merci beaucoup pour votre invitation. Tout d’abord, pourquoi avez-vous choisi de faire venir des blogueurs ?

Carlos Tavarès : Nous cherchons un autre horizon, plus décalé. Toutes les approches sont intéressantes et celle des blogueurs l’est autant que les autres. Pour ma part, j’essaie de rencontrer les médias blog à chaque salon, je pense même que ça devrait être systématique chez les constructeurs automobiles (et en effet, BlogAutomobile avait pu interviewer M. Tavarès au dernier Mondial de l’Automobile avec Eddy)

Q : Le retour de Renault dans le sport automobile, on le doit à vous, M. Tavarès ?

C.T. : Non, on le doit à Renault ! Je ne suis qu’un catalyseur de passion : ma flamme doit aider, mais je ne revendique rien. C’est avant tout la marque, qui doit avoir de sacrées voitures, séduisantes, et pas à pas on essaie de faire des voitures remarquables. L’idée, c’est de toute façon de donner réalité à ce que je disais au Mondial de l’Automobile, à savoir que “Renault is back on products”, Renault est de retour sur les produits, sur le centrage de ses productions sur le marché. Cela va nous prendre 5 à 6 ans, c’est du long terme, mais les poteaux sont plantés et il suffit de suivre le parcours balisé.

Q : Et dans tout ça, il faut aussi convaincre “l’autre” Carlos (Ghosn, NDLA) ?

C.T. : Vous savez, Carlos Ghosn n’est opposé ni au sport ni à nos projets. Il me laisse libre, et on a les moyens d’avancer seuls de notre côté.

BlogAutomobile : Vous présentez un concept qui s’appelle Twin’Run. On a compris que “Twin” c’était pour Twingo. Et Run ?

C.T. : Ah, Run… Il faut se dire que Twin’Run est un concept car, pas un showcar. C’est une expression stylistique d’un véhicule urbain agile, en clin d’oeil à la Clio V6 et la R5 Turbo, qui démontre avant tout notre capacité à surprendre plutôt qu’il annonce un vrai véhicule de masse. De toute façon, la Twingo III devra réunir les clients homme et femme en un seul et même produit.

BlogAutomobile : Un produit qui aura 5 portes ?

C.T. : Je ne dirai pas ça.

BlogAutomobile : Mais vous ne l’infirmez pas pour autant ?

C.T. : En effet.

Q : Avec Twin’Run, même si on a compris qu’elle ne passerait pas en production, ça n’empêche qu’elle a un parfum Abarth. Et vous pourriez faire un duo comme Fiat, entre 500 et Abarth…

C.T. : Rien n’est impossible, mais il faut imaginer ça pour dans 7 ans environ.

Q : BlogAutomobile : le moteur est un V6 de 320 Chevaux ? Pourquoi avoir préféré ce bloc à un autre ?

C.T. : Avec Renault Sport, nous avons de vrais professionnels de la sportivité, qui ont l’habitude de la compétition. Nous avons donc choisi de leur faire confiance, comme on le fait toujours.

Q : Des noms de PME et de partenaires sont inscrits sur la voiture. C’est rare ça !

C.T. : Et pourquoi pas ? Il ne faut rien s’interdire vous savez, Renault est une entreprise ouverte, et collaborative : nous agrégeons les talents et les savoirs faire.

Q : Pourquoi avoir fait le choix de Jean Ragnotti comme pilote pour faire les réglages de la Twin’Run ?

C.T. : Jean, c’est un talent, une convivialité, un professionnalisme de tous les instants… En un sens, c’est un peu Renault à lui tout seul !

BlogAutomobile : Puisque nous revenons au sport automobile, nous savons tous que Renault se plaît dans son rôle de motoriste, même, de premier motoriste de Formule 1. Mais le changement de Directeur sportif chez Caterham va-t-il vous faire changer d’avis?

C.T. : Cyril Abiteboul vient d’arriver comme Team Manager de Caterham F1 et en effet c’est un ancien de l’aventure Renault F1 Team. Cependant, non, il n’y a pas de retour prévu en Formule 1 pour Renault : nous devons rester excellents sur ce que nous savons faire de mieux, des moteurs. Pour les châssis, nous sommes avec d’excellentes écuries, et y investir aujourd’hui, en temps de crise, ce n’est pas réaliste du tout.

BlogAutomobile : Dernière question sur la Formule 1 : RedBull Racing, avec qui vous êtes trois fois Champion du Monde, est devenue “Infiniti Red-Bull Racing” et non plus “Red-Bull Racing-Renault”. Cela ne vous choque pas ?

C.T. : Je n’ai pas à donner mon avis là-dessus, c’est à Red Bull qu’il faut poser la question. Après, ce que je peux vous dire, c’est qu’Infiniti paie Red-Bull pour apparaître sur ses voitures, et que Red-Bull nous paie nos moteurs, sans que nous ayons eu à nous plaindre jusqu’à maintenant (Renault devenant même le motoriste de Toro Rosso pour 2014, NDLA).

Merci pour votre accueil, M. Carlos Tavarès.

Avec Twin’Run, en duo avec Twin’Z pour l’interprétation du pétale “Play”, Renault prouve qu’il sait toujours susciter des émotions, y compris sur de petites citadines. A la lumière des propos des interviews, si l’on comprend que la future Twingo III se trouve décalquée dans ces deux concepts, c’est surtout l’étonnante passion qui innerve ces hommes, à jamais acquis à la cause de l’automobile, qui impressionne. Et si pour eux aussi, l’automobile n’était que “Play” ? Un jeu sérieux bien-sûr, surprenant à tout instant, et pour longtemps encore, espérons-le.

Crédit photographique : François M. & Renault
Merci à toute l’équipe média de Renault pour son accueil, son écoute et son attention de chaque instant durant ce court moment passé en leur compagnie à Monaco.

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