… ils volaient avec des idées simples : vendre des voitures. Pour un peu, nos constructeurs nationaux se prendraient pour De Gaulle…
Dans ses Mémoires de guerre, le Général de Gaulle commençait ainsi son chapitre consacré au Proche et Moyen-Orient : “Je volais vers l’Orient compliqué avec des idées simples”. Auquel il ajoutait : “Je savais qu’au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s’y jouait. Il fallait donc en être.” Quelques 70 années plus tard, peu de choses ont changé puisque après avoir vendu beaucoup de voitures via Pars et Iran Khodro, PSA et Renault ont quitté l’Iran au début de l’année 2012 pour le premier et à l’été 2013 pour le second… pour mieux se décider à y retourner en cette fin d’année 2013 voire au début 2014 ? En effet, entre temps, les sanctions économiques infligées à la République Islamique contre son programme d’enrichissement d’uranium seront levées pour 6 mois, à la suite du dernier accord diplomatique conclu à Genève.
C’est au Salon Automobile de Téhéran, ouvert samedi 30 novembre, que se sont pressés les marques françaises, mais aussi d’autres constructeurs étrangers. Restés plus longtemps sur place que leurs concurrents, et ce malgré les sanctions économiques, Renault et PSA bénéficieraient de relais plus actifs et puissants pour revenir sur le marché automobile iranien. Un avantage qu’ils ne voudraient bien-sûr pas voir gâché par un retard à l’allumage, ou une trop grande détermination de la diplomatie hexagonale à entraver l’économie persane. Ainsi, Yves Moulin, Directeur des Opérations Internationales chez PSA, a déclaré que “si les conditions étaients à nouveau réunies, il faudrait quelques semaines pour réactivité l’activité”. A l’AFP, PSA déclarait que “le groupe suit avec attention l’évolution de la situation concernant l’Iran, mais l’heure n’est pas à la reprise de nos activités commerciales demain matin. (…) Le jour où les sanctions n’existent plus, on pourra regarder à nouveau comment reprendre nos activités”.
Comme vous le disait Frédéric dans un récent article, malgré l’embargo Etats-Unien, les constructeurs américains essaient depuis quelques temps de tisser des liens en Iran. En outre, on rappellera que le départ de PSA de la République Islamique était présenté par le groupe français comme une condition à son alliance avec General Motors. Problème, si le marché Iranien rapportait peu à PSA (1,5 à 2% de chiffre d’affaires), c’était son deuxième marché en volume après la France (depuis dépassée par la Chine), et elle était bénéficiaire d’une dizaine de millions d’euros chaque mois… En outre, et ce n’est pas une des moindres données, PSA captait en 2011 30 % (458 000 voitures assemblées) du marché automobile Iranien, qui se chiffrait cette année-là plus d’1,6 million de véhicules.
Côté Losange, l’effet d’aubaine dû au départ de PSA ne fut que de courte durée : après une montée de ses ventes en 2012 avec 103 000 modèles écoulés, le groupe français en est à son tour parti à l’été 2013. A propos des récentes actualités diplomatiques, on se contente de dire chez Renault que “c’est une bonne nouvelle pour le groupe car le marché iranien était important pour nous. (…) Nous n’avons jamais dit que c’était la fin de notre activité en Iran. Renault ne reste pas les bras croisés”. De quoi laisser supposer qu’à Boulogne-Billancourt on réfléchit également activement à un retour en production des Logan/Tondar 90 et Mégane Classic locales.
Afin que le retour soit complet, il faut néanmoins que l’accord de Genève soit suivi d’effets : ce n’est que dans quelques semaines que l’on saura si le secteur automobile fait partie ou non des domaines où les sanctions économiques seront allégées. Selon la FIEV (Fédération des Industries des Equipements de Voitures), “on ne connaît pas la portée de l’accord qui est annoncé”. A suivre donc, car même avec des idées simples, l’Orient reste compliqué…
Crédit photographique : Google Images ; Best Selling Cars
Via Le Monde, Reuters, Le Point, L’Express