Depuis quelques années, nombreux sont les pères de famille à avoir abandonné leur traditionnel monospace pour un SUV/Crossover au look souvent plus attrayant et signe de nos jours de réussite sociale. Malgré tout, les constructeurs généralistes continuent sur cette voie. Alors que Renault vient tout juste de présenter son nouveau Scénic optant pour un style résolument différent et orienté Crossover, VW entend bien dominer le marché grâce à la nouvelle mouture du Touran apparue fin 2015 avec des formes plus conventionnelles. Pari osé ou risque mesuré ? Essai.
Dévoilée au salon de Genève de l’année passée, la 3ème génération (ou plutôt 2ème, le Touran 2010-2015 n’étant qu’une grosse mise à jour du premier) repose sur l’incontournable plateforme MQB. Il bénéficie en outre d’un design et d’un habitacle complètement revus. Aucune surprise extérieurement, le Touran 2016 reprend sans complexe les traits étirés initiés par la dernière Passat et par la Golf Sportsvan. Il gagne par la même occasion plus d’une dizaine de centimètres en longueur afin de se démarquer de cette dernière et éviter la concurrence interne. Il se positionne ainsi comme un rival des futurs Grand Scenic et Citroën Grand Picasso.
Le design a été particulièrement travaillé et se différencie nettement du nouveau Tiguan. Ce dernier est plus mastoc tandis que le Touran adopte des lignes plus fines. La nervure parcourant tout le flanc ajoute un côté dynamique à l’ensemble et rompt l’effet « boîte à chaussures » bien souvent reproché aux monospaces. Je dispose pour cet essai d’une finition Carat (sommet de gamme) correctement optionnée. Mon Touran d’essai est ainsi équipé de jantes de 17 pouces (selon moi le compromis idéal entre style et confort), du pack LED (vu la prestance qu’il lui confère, il faudrait être soit très bête soit très radin pour ne pas le prendre), d’une teinte extérieure Brun Noisette (donnez-moi du Bleu Caraïbes !), d’un toit panoramique ouvrant et enfin de vitres arrières surteintées. Sobre, élégant voire racé, le millésime 2016 opte pour un design aux traits saillants laissant de côté des années de rondeurs retouchées maintes fois. Il ne choquera pas pour autant les adeptes de la firme de Wolfsburg.
Sur une finition Carat, je m’attendais à du cuir à profusion, il n’en sera rien. La sellerie proposée est composée de tissu et d’alcantara noir titane, choix pertinent en y repensant au regard de la vocation familiale du véhicule. La présentation générale tout comme la finition intérieure restent de bonne facture, c’est sobre, fonctionnel, bref c’est allemand. La bande de couleur noir laqué vient même ajouter un peu de cachet à l’ensemble et abrite une trappe permettant d’accéder à la carte SD du GPS. Le toit panoramique ouvrant devenu indispensable pour une voiture de cette taille apporte toute la luminosité nécessaire pour éclaircir cet habitacle entièrement noir, qui plus est lorsque vous disposez de la troisième rangée de sièges comme dans le cas présent. Parlons-en de cette troisième rangée.
Les familles nombreuses avec plus de 3 enfants s’orienteront tout naturellement vers le Sharan, plus spacieux (mais aussi plus cher !). Alors ces sièges sont-ils uniquement là en cas d’urgence ou peuvent-ils réellement accueillir des passagers sur des longs voyages ? La réponse est présente un peu plus haut. Si VW a choisi d’allonger le Touran de 13 cm, ce n’est pas pour rien ! Mes 1,84 m ont en effet essayé de s’y glisser, sièges de la deuxième rangée rabattus ensuite afin de me faire une idée. Premier bon point : ma tête dispose d’encore un peu d’espace avant d’atteindre le plafonnier. Mes genoux touchent le dossier de devant mais il suffit d’avancer un peu le siège de la deuxième rangée pour me sentir presque à mon aise. Ces derniers sont en effet indépendants, modulables et escamotables !
Alors bien évidemment, je ne ferai pas 1000 km installé de la sorte (quoique, il doit y avoir pire comme situation…), mais 200 à 300 km sont envisageables. De plus, rares seront les utilisateurs à demander un Touran pour transporter des adultes sur la troisième rangée. Dans le cas contraire, faites un beau sourire à votre banquier et optez plutôt pour la nouvelle voiture du Père Noël apparue sur ces pages il y a quelques semaines (le nouveau Multivan, visible ici). En configuration 5 places, le coffre du Touran offre un volume record pour la catégorie de 824 litres. Petite astuce lorsque vous voulez déplier les sièges de la troisième rangée : un espace de rangement est dédié sous le plancher à la plage arrière souple, ingénieux !
Le Touran dispose en outre de nombreux rangements (même sous les accoudoirs de la troisième rangée), de quoi ravir le père de famille cherchant de manière excédée les petites voitures Hot Wheels égarées çà et là par ses chers bambins. Que du bonheur la vie de famille ! Famille que vous pourrez même concevoir à l’arrière du Touran tous sièges repliés, le plancher plat ainsi que l’espace libéré constituent une réelle invitation à copuler comme vous le démontre mon très estimé photographe du jour n’attendant que de se prêter à l’exercice. Mo-du-la-ri-té on vous dit !
L’équipement est plutôt conséquent mais souffre pourtant de quelques manques, surtout à ce niveau de finition, à commencer par la caméra de recul, malgré la présence de radars anticollision avant et arrière. Le français moyen macho très terre à terre arguera sans nul doute que la caméra de recul reste un gadget inutile pour femmes incapables de faire une manœuvre correctement. Toujours est-il qu’un tel « gadget » (là encore présent chez la concurrence) vous évitera de frotter la si belle carrosserie brun noisette d’ailleurs très exposée notamment en ville.
La ville, parlons-en ! Le choix d’une motorisation essence n’est pas anodin. Revenant d’un essai d’une voiture hybride la semaine dernière, je n’étais pas prêt à repasser au bruit produit par un diesel. De plus, le confort de conduite apporté par le TSI couplé à l’inégalable DSG 7 devrait ravir les amateurs de « luxe, calme et volupté ». Pour le luxe, la finition Carat est là pour ça. Le calme est quant à lui assuré par la douceur du couple moteur/BVA tandis que l’insonorisation exemplaire et le système audio se chargent de vous apporter la volupté. En résumé, il fait bon vivre à bord de ce Touran.
En ville, le frein à main s’actionne automatiquement dès l’arrêt complet et se déverrouille d’une simple pression sur l’accélérateur. Vous ne touchez ainsi jamais le levier et restez détendu au feu rouge ou dans les bouchons (si cette commande n’est pas à votre goût, il est bien évidemment possible de la désactiver). Petit bémol : j’ai trouvé les redémarrages au feu rouge brusques même en effleurant simplement la pédale de droite, le start & stop demanderait un petit ajustement. Ce calme est malheureusement perturbé par les radars anticollisions qui s’actionnent sans cesse dès qu’un scooter passe à vos côtés ou que vous collez un peu trop la voiture de devant. Cependant, c’est pour votre bien, VW proposant de ce fait l’assistance de conduite en embouteillages utilisable jusqu’à 60 km/h (à cette vitesse, ce n’est plus vraiment de l’embouteillage). Toujours du côté des assistances, le système de parking automatique “Park Assist” est également proposé de série sur le niveau Carat.
Peu avant l’essai, j’avais eu quelques retours à propos du cruel manque de couple à bas régime. Lors de mes déplacements urbains, il n’a en effet pas été rare de me retrouver en 5ème à 50 voire 40 km/h ! Heureusement, le « kick-down » est très réactif et permet de rétrograder rapidement sans être gêné à mon goût par un manque de réaction du véhicule. Tout est une histoire d’économie d’énergie une fois de plus. Comptez cependant en ville une consommation moyenne d’environ 8 l/100 km en conduite « cool ».
Sur petite route, les 150 ch suffisent à des relances plutôt dynamiques sans pour autant vous coller au siège. On regrette toutefois de ne pas disposer de palettes au volant. Je n’ai personnellement ressenti aucune différence entre le mode normal et le mode sport, ah si, le moteur gueule plutôt fort ce qui surprend après des heures passées à son volant sans la moindre gène sonore. La tenue de route est plutôt correcte mais la caisse se met vite à tanguer dans les virages serrés. Tous les efforts du monde ne suffiront pas à gommer cet effet ressenti sur un monospace, ce n’est pas une sportive !
Mais le but premier d’un monospace, c’est le voyage en famille. Faute de famille, je me suis tout de même penché sur le voyage. Plus de 400 km à son bord sur l’autoroute, j’ai eu le temps de me faire une idée… Premier constat, il apparait clairement que le nouveau Touran n’est pas encore très répandu sur nos routes. Chaque dépassement est l’occasion d’un regard insistant des autres usagers, la signature LED se rapprochant rapidement dans leurs rétroviseurs n’y étant certainement pas pour rien.
C’est d’ailleurs en dépassant un Touran de 2ème génération que je me suis rendu compte comme les changements apportés sur le millésime 2016 (qualifié de restylage par certains autres médias) peuvent donner un coup de vieux à la génération précédente. Il m’est clairement apparu que le profil du Touran entre 2003 et 2015 n’avait strictement pas changé !
Revenons sur la conduite.
À l’intérieur du Touran TSI, le silence est d’or. Je ne parviens même pas à entendre le moteur, seules les violentes bourrasques de vent se font entendre, et sentir ! J’avais oublié ce à quoi ressemblait la conduite d’un monospace ou d’une camionnette par temps de grand vent… Ça tangue quelque peu, ne bénéficiant pas pour ce modèle d’essai du Dynamic Line Assist (étonnant d’ailleurs, disposant pourtant d’options telles que l’entrée KeyLess, l’ouverture électrique du hayon, le Light Assist. Mesquinerie VW ?), c’est à moi de garder la bonne trajectoire. Décidément il faut tout faire dans ce Touran…
Je règle le régulateur adaptatif sur la vitesse choisie et me laisse aller au fil des km sans jamais ressentir le besoin d’une pause malgré des heures enchainées à son volant, la conduite est des plus reposante. De plus, lorsqu’une voiture est trop proche de moi, la vitesse s’adapte automatiquement afin de conserver une distance de sécurité raisonnable (vous pouvez d’ailleurs moduler vous-même cette distance via une commande sur le volant) et le Touran ré-accélère de lui-même lorsque j’actionne le clignotant gauche, ce qui me permet de ne pas me retrouver sur la file de gauche à la même vitesse que mon prédécesseur et de dégager rapidement la voie à la vue d’une Golf GTD arrivant à vive allure dans mon rétroviseur. Je l’aurais bien titillée (entre VW, il faut bien s’amuser) mais les limites de mon TSI 150 ch se feront rapidement sentir (étonnant n’ayant qu’à déplacer 1.5 tonnes à peine). C’est d’ailleurs à partir de 130 km/h qu’il peine un peu à la reprise, heureusement que les allemands disposent de la version 180 ch (non disponible à la vente en France), les autoroutes illimitées demandant justement de la reprise.
Sur un trajet Lille/Paris (avant d’arriver dans les bouchons de la capitale), ma consommation moyenne est montée à 7,2 L/100km. On est quand même assez loin des chiffres annoncés bien que ces derniers ne soient pas démentiels, le rodage peut-être.
On retrouve enfin pour les amateurs de nouvelles technologies le système CarPlay qui sera progressivement étendu au reste de la gamme VW. La prise USB est située en bas de la console centrale, dans un petit compartiment “range-tout” qui ne dispose d’ailleurs pas de fermeture (franchement, des économies OK mais à ce point, surtout vu le nombre de trappes disponibles ailleurs…). On retrouve les fonctionnalités principales de l’iPhone, iMessage, Téléphone, Deezer/Apple Music/Spotify. Mais à force de proposer autant, le client devient gourmand et regrettera sans aucun doute de ne pas pouvoir retrouver Waze (pour ne citer que cette application) parmi les applications proposées sur l’écran de contrôle. Dommage, surtout lorsque l’on sait qu’une bonne partie des automobilistes actuels l’utilise, un futur partenariat à envisager ?…
Le prix le prix le prix ! Oui oui oui ça arrive. Les idées préconçues veulent qu’une VW soit plus chère que la concurrence à équipement similaire. Et bien balayez vos préjugés ! Je me suis rendu par curiosité sur le configurateur Citroën, un C4 Grand Picasso avec plus ou moins le même équipement revient à environ 38 000 €, soit à quelques centaines d’euros près le même prix que notre Touran ici présent (l’entrée de gamme avoisine les 24 000 €). Entre style avant-gardiste ou classicisme et sérieux germanique, le choix vous appartient.
En somme, le Touran équipé de ce TSI 150 ravira les amateurs de silence et de douceur. Malgré quelques petites mesquineries pour ce niveau de finition, le Touran propose en option tous les équipements dont vous pourriez avoir envie/besoin. Modularité et qualité sont les maîtres mots de ce monospace bien plus nouveau qu’il n’y parait. Le confort d’utilisation, bien aidé par la DSG 7, est exemplaire, de quoi rester zen même avec des « Papaaaaa, pipiiiiiii », « Papaaaa, trop tard ! » toutes les 20 minutes (je vous souhaite bien du courage). Souriez, et vivent les voyages en famille !
Un grand merci à Volkswagen France pour la mise à disposition du véhicule et pour leur confiance.
Merci également à Nicolas Rhein de s’être prêté au jeu et d’avoir apporté son aide précieuse tout au long de cet essai.
Crédits Photos : Nicolas Rhein