C’est quoi la passion automobile ?

Lecteurs fidèles ou non de ce blog, vous avez forcément quelque part en vous une forme d’intérêt pour l’automobile. Souvent, vous avez entendu ou prononcé la phrase type « moi, j’aime les bagnoles, c’est ma grande passion », avec toutes ses variantes imaginables. Au fil du temps, mon esprit s’est ouvert (la “sagesse” disent les vieux comme moi) et je me suis largement rendu compte que sous une devise identique, on pouvait y mettre des dizaines d’acceptations. Non seulement on n’a pas la même voiture mais on n’a pas vraiment la même passion non plus (désolé Alex). Je me suis donc piqué de creuser un peu le sujet, discutons passion. 

Safe space warning : mauvaise foi et gentil cynisme sont présents dans la suite de ce billet. Rendez-vous directement en conclusion si vous y êtes allergique.

Le poseur

La voiture n’est qu’un accessoire parmi d’autres. Signe extérieur de richesse (ou de simili richesse), l’automobile n’a pour seul objet que d’asseoir un statut social, une visibilité ou compenser une absence de personnalité. Qu’il s’agisse d’une Ferrari ou d’une GTi, elle n’a pas plus d’importance que les bijoux ou la piscine à débordement. Le poseur parade dans les lieux qu’il affectionne, qu’il s’agisse du dernier restaurant à la mode à Monte Carlo ou le rassemblement drag race clandestin à 2h du matin (il n’y participe pas). Difficile de voir dans le poseur un passionné sincère de l’automobile. Elles sont toutes interchangeables tant qu’il pourra y voir un moyen de flatter son ego. La personnalisation à outrance, d’un goût souvent douteux, vient parfois achever ce tableau assez peu flatteur. 

Note de passion : 1/10

Le jeune influenceur

Pour tous ceux nés après 1998, les réseaux sociaux sont un second cerveau ou un moyen d’éviter de travailler dans un bureau un peu terne. Passion assez largement partagée, l’automobile a permis à certains de sortir d’un relatif anonymat et de quitter le domicile parental sans pour autant avoir obtenu leur bac. Le jeune influenceur se caractérise par un débit de parole rapide mais au volume sonore juste suffisant pour atteindre le micro de sa caméra. Il court souvent, tourne autour de chaque voiture en en tentant une description plus ou moins sérieuse. Les modèles datant d’avant 2015 ne lui parlent pas et le bolidage est largement apprécié. Malheureusement, plus intéressé par le reach que par l’automobile, il est rarement un grand connaisseur et se lassera rapidement de sa nouvelle passion quand il comprendra que tout le monde n’est pas Shmee150.

Note de passion : 3/10

L’inculte

Débordant d’enthousiasme, fréquentant tout ce que l’internet compte de groupes, forums, sites dédiés, prosélyte de son entourage, l’inculte vit l’automobile … mais n’y connaît finalement pas grand-chose. N’entrant dans aucune autre catégorie déjà citée, il semble que sa vraie passion soit d’en avoir une. Il sera le premier à courir derrière une Murcielago mais vous demandera en revenant « c’était quoi cette Ferrari ? ». Il sera dithyrambique sur le duel Max/Lewis mais ignore qui est Mika Häkkinen. Un peu agaçant au début, l’inculte est souvent attachant, tant sa passion peut être communicative et tant il est avide de combler ses lacunes. A bien y réfléchir, on a tous été incultes un jour.

Note de passion : 5/10

Le photographe

Il a commencé son activité dans le seul but de garder des souvenirs des autos qu’il a croisées. Le temps passant et l’internet grandissant, il a voulu mettre de l’impact dans ses clichés, qu’ils soient un peu plus que des albums photos. Évidemment présent sur les réseaux, il est passé de Facebook à Instagram et a oublié Flickr depuis longtemps. A la recherche de LA photo, il parcourt les événements et les rues des plus belles villes d’Europe et espérant être le seul sur le coup. Éternel insatisfait, il achète du matériel de plus en plus couteux (comme si ça achetait la compétence avec) et démarche les propriétaires pour des shootings privés. S’il a du bagout et suffisamment de maîtrise technique (ne parlons pas de talent), il arrivera peut-être à en vivre. Ce qui le passionne, c’est avant tout le design automobile puisqu’on ne voit que ça sur sa production. Parfois, il en oublie même que l’important, ce sont les voitures et pas la photo.

Note de passion : 6/10

L’hédoniste

S’il apprécie en général les charmes de la voiture plaisir, l’hédoniste ne peut concevoir sa passion automobile sans la partager en de multiples expériences sociales. Membre d’un club, actif sur les groupes dédiés, il est toujours partant pour aller poser sa voiture sur le parking d’un modeste rassemblement ou sur les pelouses prestigieuses de Chantilly. Pour l’hédoniste, la passion automobile se vit au volant et à plusieurs. Il parcourt les routes, le roadbook à ses côtés, dans un convoi plus ou moins organisé. Chaque photo de weekend ou de vacances verra sa monture agrémenter les paysages. La voiture, c’est avant tout un mode de vie, qu’il s’agisse d’un VW Combi ou d’une Porsche 911.

Note de passion : 7/10

Le sportif

Les voitures, c’est intéressant mais ce qui compte, c’est lorsqu’elles sont alignées sur un circuit et se battent pour la victoire. Des 24h du Mans au Grand Prix de Monaco en passant par le rallye des 1000 Lacs, le sportif peste contre l’Equipe et ses trop nombreuses approximations. De la guerre Hamilton / Verstappen, il choisira toujours Senna. Le sportif prête une oreille distraite aux voitures de route, elles n’ont d’intérêt que si elles financent une écurie compétitive. 95% des sportifs sont tifosi, évidemment.

Note de passion : 8/10

Le mécanicien

Prendre des photos et connaître sur le bout des doigts l’historique complet des Ferrari de tourisme ne l’intéresse guère. Le principal attrait de l’automobile pour le mécanicien, c’est bien évidemment de démonter, remonter, modifier, entretenir l’objet de sa passion. Le réglage des carburateurs, l’alignement des cames, la gestion de l’amortissement, la remise à niveau des freins : les tâches sont multiples et mobilisent plus de temps que la simple conduite. Les voitures modernes ne l’intéressent guère : trop d’électronique, trop cloisonnées, pas assez d’odeur d’essence et d’huile. Revers de la médaille, on se demande parfois si la passion ne serait pas la même pour les locomotives ou tout autre mécanique à bricoler.

Note de passion : 8/10

Le pilote

D’un profil assez proche du mécanicien, changez juste « bricoler » par « piloter ». Sa vie se pare de rose lorsqu’il prend le volant, les paillettes arrivent lorsqu’il peut le faire sur une autoroute allemande, un circuit ou, synthèse parfaite, au Nürburgring. L’Enfer Vert est son temple, sa destination préférée pour les weekends voire les vacances. Sa passion tourne autour de la gestion des trajectoires et du choix de la meilleure monte pneumatique pour améliorer sans cesse ses chronos. Le pilote s’intéresse avant tout aux versions radicales des sportives communes et ne daigne même pas acheter sans une option harnais au catalogue. La 911 GT3 RS a été conçue pour lui mais il regrette que tant l’achètent pour ne parader qu’en ville avec un tel bijou.

Note de passion : 8/10

Le spécialiste

Au fil du temps, il a créé une passion au sein de sa passion. Pour les non-initiés, tout ceci n’est que métal sur 4 roues mais pour lui, un modèle ou une marque les surpassent tous. Qu’il soit Mercedes ou Brabus, il est parfaitement incollable sur son constructeur ou son modèle préféré. Mêmes ceux qui peuvent considérer s’y connaître en voitures sont largués. Il reconnaît chaque numéro de châssis à la rayure sur la portière gauche. Le spécialiste navigue dans les liasses comptables mieux que le CFO du constructeur. Il corrige les publications des prétentieux community managers qui connaissent les social medias mais pas trop leur marque. Il finira par écrire un livre, en 4 ou 5 ans, référence pour les 30 ans à venir.

Note de passion : 9/10

Le collectionneur

Le principe de la collection est un comportement humain largement partagé. Seul hic de celle de voitures : elle prend notablement plus de place et coûte particulièrement cher. Il n’empêche, le collectionneur vit sa passion dans la possession et la possibilité de jouir lui-même de ses automobiles. Prenant diverses formes, les collections peuvent être mono-marque, mono-époque, mono-modèle ou un joyeux mélange de tout et n’importe quoi tant que la voiture procure un semblant d’émotion. Qu’il partage ou garde jalousement secret son amoncellement, le collectionneur consacre du temps et des ressources significatives à sa passion. On les apprécie d’autant qu’ils partagent bien souvent, sans forcément le dire d’ailleurs.

Note de passion : 9/10

Voilà, c’est fini. En guise de conclusion, avouons humblement que ces quelques caricatures sont inspirées de faits réels et que chacun d’entre nous a quelques points de pourcentage de chaque profil en lui. Profitez-en !

Crédit photos : Thomas D, Ugo Missana, Pierre Clémence

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