Nous sommes abreuvés de messages publicitaires vantant les prix d’appels de nombreuses voitures. Ce n’est pas pour autant que la majorité des clients opte pour une version d’entrée de gamme, ce n’est pas non plus pour autant qu’on nous les fait essayer. Alors la vraie question que nous sommes en droit de nous poser est : Alain Delon est-il l’incarnation de Dieu sur Terre ? Que vaut vraiment une version de base ? Pour le savoir, je me suis fait violence et ai renoncé aux joies des sièges électriques, du régulateur de vitesse, du toit ouvrant, des xénons, des grosses jantes de 17 pouces qui brillent : direction la mer Noire à bord de la nouvelle Golf dans sa définition la plus simple. On est comme ça au Blog Automobile, on n’a pas peur de se mouiller.
C’est toujours facile de ne pas se tromper ?
En tous cas, ça reste accessible : notre modèle d’essai est une Golf Trendline cinq portes motorisée par le 1,2 l TSI 85 chevaux BVM5 tarifée à 18 780 €. Les options ? Pas grand-chose à se mettre sous la dent : la case radio a fort heureusement été cochée, elle implique de prendre l’accoudoir central avant. La seule couleur gratuite étant le blanc, notre magnifique Gris Urano était donc payant… Pour un rendu qui hésite entre la poubelle JCDecaux et le mélange de toutes les couleurs avec de la gouache (on a tous essayé de voir ce que ça donnait quand on était jeune). On aboutit à une sorte de couleur qui n’existe pas et qui vous fait dire que le blanc n’était finalement pas si indigent. Résultat des courses : 19 628 € prix catalogue avec ces options. Il est donc possible de rouler en Golf pour moins de 20 k€ avant négociations. A ce prix, vous aurez, outre le splendide coloris, les enjoliveurs de roues, les rétros et poignées de porte en plastique grainé et… C’est tout. Aucun artifice de style n’est à attendre. Mais s’agissant de la dernière Golf, vous avez aussi droit à une tôlerie impeccable, des pièces sérieusement embouties et aux jeux et affleurements précis, de jolies soudures laser pour le pavillon ou le volet de coffre, des doublures de portes soignées et des joints à l’aspect qualitatif. Bref, une vraie VW.
Super, mais concrètement, il y a quoi dedans ?
On a un plip pour ouvrir les portes… Mais s’il permet de fermer les quatre vitres (à impulsion) à distance, il n’en autorise pas l’ouverture. C’est dommage et pourtant très pratique quand il fait 36 degrés à Bucarest. A bord, vous bénéficierez de la climatisation manuelle, agréablement dotée de buses d’aérations aux places arrière. Le tissu de siège basique et noir, relayé par du TEP au dos est clairement là pour vous faire comprendre que vous auriez mieux fait d’opter pour un niveau de gamme supérieur tandis que la boite à gants réfrigérée et l’ordinateur de bord assez complet vous prouveront que votre radinerie n’est pas tant punie qu’elle devrait l’être. Dotée de la radio « Composition Media » (i.e. la moins chère), vous aurez tout de même droit à 8 HP, une restitution sonore très convenable, un écran tactile, une prise jack, une fiche USB ainsi qu’un capteur de mouvement faisant apparaître des menus lorsqu’on approche la main dudit écran. C’est tout bête, pas très utile, mais ça donne un peu de cachet à la chose. La lecture MP3 en streaming est aisée, les appels en Bluetooth ne posent aucun problème, le micro permettant de converser sans hausser la voix. Cet infotainment de base est satisfaisant. Un seul regret : le tuner n’est pas ce qui se fait de mieux. Oubliez aussi les commandes au volant : c’est la version de base, vous dit-on. Faut bien vous inciter à monter en gamme…
Quel que soit le tarif de votre Golf, l’habitabilité est inchangée : à l’image de la blanquette de veau, elle est bonne. Le coffre de 380 litres est bien dessiné à défaut d’être aussi logeable que celui de la C4 essayée l’an passé, l’ergonomie ne pose quant à elle aucun problème : tout est bien placé. On trouve également de nombreux rangements de proximité à l’image du bac masqué par un volet cachant la connectique audio et doté d’un tapis antidérapant. De quoi y caser votre lecteur MP3 et le cacher au besoin. Bons points également pour les deux porte-gobelets et les vastes bacs de portes. En revanche, notre modèle était affecté d’un problème au sphincter : le lave-glace arrière était incontinent et ne cessait de couler sur la lunette au moindre feu vert ou accélération un tant soit peu appuyée. A l’avant, un défaut de miction semblait priver le pare-brise du moindre jet… Fichue qualité allemande ! C’était en tous cas la seule tâche dans cet océan de qualité perçue. L’habitacle de cette Golf 1,2 l de base est même plus valorisant que celui d’une Mégane ou d’une Focus milieu de gamme, la cohérence des grains, les ajustements, la console centrale agrémentée d’un écran tactile valorisant et l’aspect de la plupart des plastiques jouant en la faveur de l’allemande.
Une Golf 1.2 ? Et pourquoi pas une Focus 1.0 tant qu’on y est ?
Il va falloir s’y faire : on n’avait pas vu de si faibles cylindrées dans les compactes depuis une trentaine d’années. La tendance est au downsizing, comme on dit en bon français, et ce petit moteur turbo à injection directe est chargé de mouvoir les 1210 kilos de la bête. Seule la boîte manuelle 5 vitesse est proposée à ce niveau de puissance. Il faut savoir que ce 1,2 l essence est également disponible en version 105 chevaux BVM6 ou DSG7 moyennant un supplément. Mais ce serait de la triche : on se contentera de cette version 85 chevaux. Côté punch, pas de miracle, la voiture manque de vigueur à bas régime, nuisant un peu à l’agrément en ville, sans pour autant que cela ne soit rédhibitoire. Sur route, la voiture s’en tire honorablement à vide mais ne me demandez pas ce que ça donne avec cinq passagers et des bagages, je doute que ce soit glorieux. Dotée d’un stop&start très convaincant, cette Golf redémarre en toute discrétion et vous fera profiter de son calme durant les arrêts. Mais équipée de la climatisation manuelle, la voiture est dépourvue de sonde de température d’habitacle. Autrement dit, le moteur ne redémarrera pas seul pour relancer la climatisation en cas d’arrêt prolongé. Et Peggy sue, comme le déplorait Buddy Holly, il est alors nécessaire de relancer la voiture durant les fortes chaleurs afin de prévenir lesdites sudations de Peggy. Ou de quelque passager que ce soit.
Côté tenue de route, rien à dire, la filtration de la chaussée est bonne mais pas exceptionnelle, cette Golf étant un ton en dessous de la C4, probablement la plus confortable du segment. Dynamiquement, la VW m’a semblé un peu moins bonne que la Focus, pour autant, la Golf s’en tire très convenablement, la marque allemande ayant fait des progrès notoires en la matière. Les sièges de la voiture manquent de maintien aux épaules, encore une fois, la Citroën C4 fait mieux, sans parler de la Volvo V40. La commande de boîte est bien guidée et bien isolée (moins sujette aux vibrations que celle d’une Audi A6 TDI) et la consommation semble raisonnable : 6,7 litres sur un parcours majoritairement autoroutier. L’immense volant présente une jante fine et peu agréable. Quelque chose me dit que la nouvelle 308 risque d’être plus sympathique à prendre en main à ce sujet. Quoi qu’il en soit, l’insonorisation est soignée et malgré l’absence de sixième rapport, la voiture ne se montre jamais fatigante. Enfin, le frein de parking électrique fonctionne très bien, détecte le point de patinage et s’enclenche et se désengage au bon moment. Qu’il s’agisse de cet équipement ou du stop&start, la voiture démarre promptement sans vous infliger de temps de latence. VW maîtrise ce sujet.
Peut-elle prendre en chasse une Logan de la police sur des routes défoncées une fois débarquée d’une barge traversant le Danube ?
Bonne question, mais difficile d’y répondre en dépit de la banalité de la scène : la voiture de police s’est arrêtée à la frontière bulgare tandis que je poursuivais ma route devant des panneaux en cyrillique. Mais suis-je vraiment tenu de répondre à une question aussi saugrenue ?
Au final, que vaut la plus basique des Golf ?
Moins de 20 000 € options incluses, vous dis-je. Plus sérieusement, difficile de se montrer enthousiaste dans la mesure où il s’agit de la version d’accès d’un véhicule populaire. Sans aucun artifice et parée d’un design sobre, cette Golf est assurément la version la plus monocorde de la gamme. Inutile de dire qu’elle sert avant tout à drainer du monde dans les showrooms grâce au prix d’appel, voire à satisfaire quelques « conducteurs malgré eux ». Que retenir de la Golf 1,2 l TSI 85 ch ? Tout d’abord, une qualité perçue de bon aloi et un habitacle probablement plus valorisant que celui de ses rivales en versions de base. C’est ensuite un moteur loin d’être déméritant et dont la boîte fait bonne figure tandis que le stop&start fonctionne parfaitement. C’est enfin un infotainment très correct. En revanche, côté confort ou liaisons au sol, il y a mieux. Comparée aux entrées de gammes de la Focus ou de la nouvelle 308, la Golf est la seule à offrir le stop&start. Mais pour un maigre supplément, on peut se payer le moteur Ecoboost de la Ford et avoir une voiture a priori plus sympa à conduire (et moins valorisante). Question de priorités. Quant à la 308, il se peut que ses qualités dynamiques et son confort la placent loin devant la Golf : Philippe ira l’essayer pour nous le mois prochain. Quoi qu’il en soit, cette Golf ne déçoit pas, mais honnêtement, difficile d’être emballé : cette version relève autant de la passion que l’élection du Pape relève de la mosquée de Paris. Pourquoi vous contenter de l’entrée de gamme alors qu’une version toutes options vous coûtera à peine deux fois plus cher ? Non, vraiment, je suis trop précieux pour apprécier la version de base ! Et si jamais vous optez pour une Golf, faites-moi plaisir : choisissez une vraie teinte de caisse…
Le gris Urano n’est pas une fatalité, des solutions existent. Parlez-en à votre concessionnaire.