Essayer un monospace en 2022, outre le fait d’être passé de mode, tient de l’exception puisqu’ils se font désormais rares sur le marché du véhicule neuf. Délaissés au profit du SUV sous toutes ses formes, le monospace était pourtant LA solution des familles au début des années 2000, si bien que même les constructeurs premium allemands s’y sont mis à l’image de Mercedes avec la Classe A première du nom et BMW, très tardivement puisque la première tentative remonte à 2014 avec la Série 2 Active Tourer, que nous essayons désormais dans sa version renouvelée. Preuve que le passé a un avenir ? Réponse ci-dessous.
Pourquoi l’essayer ce 218i Active Tourer ? La question est légitime, d’autant que parmi mes amis proches connaissant mes goûts automobiles, la surprise fut grande d’apprendre quel serait mon destrier pour 4 jours dans les Alpes par une météo idyllique. Outre le fait de toucher du doigt un produit de la gamme bavaroise que je n’avais pas côtoyée depuis longtemps en essai, mon intérêt pour un monospace trouve son origine dans plusieurs événements récents :
- mes collègues de bureau, pères/mères de famille pour beaucoup, qui vénèrent ce type de carrosserie et exècrent à ma grande surprise les SUV de tous type
- ma compagne, bien peu attirée par la chose automobile et qui ne trouve un intérêt que dans ce type de véhicule
- le définitivement très recommandable et hautement bien rédigé article de mon estimé collègue Jean-Baptise, ode au monospace
- mes tendres souvenirs d’enfance à l’arrière d’un monospace, qui n’a cessé d’être remplacé par des véhicules ô combien plus luxueux, mais ô combien moins habitables
La réponse à ces 4 stimulus ? Qui eut pu croire que ce pourrait être une BMW. Pourtant, avec plus de 400 000 unités écoulées à travers le monde depuis 2014, l’Active Tourer n’est pas le soupçon d’un échec commercial, bien au contraire. D’où la volonté du côté des ingénieurs bavarois de donner une descendance au monospace flanqué du fameux logo à hélice, et quelle descendance.
Une descendance reconnaissable entre mille notamment grâce à cette imposante calandre faisant la part belle au fameux double haricot, immanquable dès le premier regard, encore plus lorsque la teinte de la carrosserie permet un tel contraste avec la grille de calandre. Si l’Active Tourer F45 était un monospace, l’U06 se veut avant tout une BMW, au moins pour ce qui est du style. Optiques effilées, boucliers particulièrement travaillés (notamment dans notre finition M Sport), jantes diamantées et j’en passe. La firme bavaroise a mis les petits plats dans les grands pour tenter de conférer à son monospace une ligne désirable rappelant d’ailleurs plus celle d’une grosse compacte. Point de sabots en plastiques pour “crossoveriser” (c’est un nouveau mot) un véhicule qui n’en est pas un et c’est très bien comme ça ! Monospace oui, mais compact puisqu’il reste sous la barre des 4,40 m de long tout en gagnant 3,2 cm par rapport à la génération précédente. Il gagne également respectivement 24 mm en largeur et 21 mm en hauteur. Pour autant, l’habitabilité semble inchangée de même que le volume de coffre qui ne gagne que 2 L proposant ainsi 470 L, c’est 15 de plus qu’une Mercedes Classe B.
Passons à l’intérieur, qui est pour la planche de bord en tout cas, très proche de ce que vous pouvez espérer d’un Active Tourer d’entrée de gamme à 35 750 €. En effet, le double écran incurvé est proposé de série, associé à la dernière génération du BMW Live Cockpit Navigation Plus et à l’intégration smartphone Apple CarPlay & Androïd Auto. Sur notre modèle d’essai en finition M Sport, nous bénéficions d’un volant 3 branches M spécifique, sans aucun doute LA pièce maitresse de l’habitacle en matière de design.
Les sièges similicuir/alcantara à surpiqûres bleures sont eux également spécifiques et se marient à merveille avec notre teinte extérieure optionnelle Bleu Portimao. On pourrait toutefois leur reprocher leur fermeté, surtout à bord d’une voiture à vocation familiale, ainsi que leurs réglages manuels, évidemment non mémorisables. Du reste, n’importe quel gabarit trouvera une position de conduite à son goût avec un gros plus pour la jante du volant plus épaisse que chez les autres constructeurs qui implique une prise en mains idéale. Les finitions intérieures sont absolument parfaites. Matériaux et ajustements font sans aucun doute figure de références sur le segment. Inserts en aluminium, plastiques moussés, détails soignés jusqu’au dessin des poignées intérieures de portières, c’est du très beau travail. On trouvera seulement à redire au niveau des comodos au plastique pas très flatteur au toucher comme au bruit lorsqu’on les actionne (je parle ici du bruit même du commodo et non du clignotant), négligeable au regard de l’ensemble de la copie rendue.
BMW n’a pas délaissé non plus les détails pratiques pour son monospace compact en proposant à l’avant des bacs de portières dignes de ce nom, un large espace de rangement sous l’accoudoir central ainsi qu’un petit batant permettant de caler son téléphone une fois en position sur la dalle de recharge à induction. On retrouve également le même fil conducteur à l’arrière avec une banquette coulissante en profondeur 60/40 et rabattable 40/20/40. Deux prises USB-C viennent compléter la dotation. Seul le tunnel de transmission vient légérement entâcher le résultat. Comble du bonheur pour les passagers, l’habitacle est baigné de lumière même à l’arrière, notamment grâce à des vitres latérales aux dimensions généreuses (rarement le cas sur les SUV aux lignes profilées) et au toit panoramique ouvrant (en option à 1450 €). On retrouve enfin un hayon à ouverture électrique, proposé de série lui aussi.
Quelques rappels à propos de la composition de la gamme, qui propose 3 niveaux de finitions (Active Tourer, Luxury, Business Design & M Sport) ainsi que 5 motorisations toutes associées à une boite automatique à 7 rapports :
- 2 essences : 218i 136 ch et 220i 170 ch
- 2 hybrides rechargeables : 225e xdrive 245 ch & 230e xdrive 326 ch
- 1 diesel : 218d 150 ch
La gamme démarre à 35 750 € tandis que notre 218i M Sport s’échange contre 45 595 € options comprises (lien de la configuration ici).
C’est finalement, en bonne BMW, derrière le volant que s’apprécie le plus notre 218i Active Tourer, bien que l’on soit loin, très loin du plaisir de conduite d’une traditionnelle berline bavaroise en propulsion. Le seul monospace de la gamme ne manque pourtant pas d’arguments en proposant l’une des plus larges gamme de fonction d’aides à la conduite jamais expérimentées sur une BMW. Je ne les avais pas toutes et pour être très franc avec vous : elles ne m’ont pas manqué, si ce n’est la caméra 360 à laquelle on s’habitue très vite lorsque l’on conduit autre chose qu’une citadine en parcours urbain. Dans un tel environnement, le seul bémol tient dans le comportement de la boite parfois un peu brutal au redémarrage après un arrêt à un stop ou un feu rouge par exemple.
Malgré les 1470 kg à vide à tracter, le 3 cylindres 1.5 L essence n’est pas loin de faire des miracles puisqu’aucun sentiment poussif ne m’a effleuré l’esprit lors de cet essai, réalisé d’ailleurs en bon père de famille, siège passager occupé par Madame à l’oreille interne “plus sensible tu meurs” oblige. Les 136 ch sont délivrés entre 4400 et 6500 tr/min tandis que le couple maximal de 230 Nm est disponible dès 1500 tr/min et jusqu’à 4000 tr/min. En résulte une souplesse d’utilisation assez surprenante pour un moteur de taille si modeste. Loin d’arracher le bitume, le 218i Active Tourer s’en sort avec les honneurs en abattant le 0 à 100 km/h en à peine 9 secondes, chiffre que j’ai bien envie de croire au regard des nombreux départs post-péages effectués. La frugalité est également au rendez-vous puisqu’un aller-retour Paris/Annecy m’a valu un très respectable 6.4 L / 100 km. De quoi en faire le compagnon de voyage quasi-idéal si ces satanés sièges pouvaient être plus moelleux de même que l’amortissement (merci les suspensions adaptatives M). L’insonorisation est admirablement gérée . Bruit de roulement, bruits aérodynamiques malgré le physique camionesque, bruit du 3 cylindres souvent trop présent sur ce type de moteur, rien ne passe dans l’habitacle. La quiétude des passagers est néanmoins trop souvent troublée au moindre chevauchement de ligne qui réveille alors le Lane-Assist assénant un nombre de bips largement exagéré, j’ai eu vite fait de le couper via le raccourci situé près de l’accoudoir central qui ouvre directement le menu dédié sur l’écran principal. Dernière remarque, la position de conduite haute implique un regard naturellement positionné bien au dessus du tableau de bord et serait donc idéalement secondée par le HUD (Head-Up Display = affichage tête haute), malheureusement proposé en option via un pack à 3300 €…
Une fois dans les cols alpins, ma main droite se retrouve de nouveau près de l’accoudoir central pour dérouler les 3 modes de conduite disponibles et m’empresser de sélectionner Sport. Outre le grognement instantané de ma passagère, c’est surtout l’affermissement totalement caricatural de l’assistante de direction qui m’a en quelques minutes contraint à revenir aux modes plus conventionnels “Eco” et “Personal”. Bien que je n’attendais aucun miracle sur le plan dynamique, la seule sélection du mode Sport et ce satané volant transformé inutilement en enclume gâche toute l’expérience (c’était d’ailleurs mon constat l’année dernière au volant de la 128ti à vocation pourtant plus sportive). C’est d’autant plus dommageable qu’en mode “Personal”, le feeling de direction est étonnement précis, accentuant ainsi le sentiment de maturité dans la délivrance des sensations de conduite de cet Active Tourer, la patte BMW sans doute. Bien évidemment, tout ceci est à remettre dans son contexte : je juge bien ici de la conduite d’un monospace avant tout.
Finalement, est-ce bien raisonnable d’acheter un monospace en 2022 ? Si j’en crois cet essai, j’aurais tendance à dire que oui. L’Active Tourer dans cette déclinaison 218i est délicieusement pertinent. Il propose des prestations routières au niveau de ce que l’on peut attendre d’un SUV premium, embarque toutes les technologies et aides à la conduite nécessaires (malheureusement en devant bien souvent passer par la case options) tout en ne laissant rien passer côté praticité. Bien dans son époque en somme si ce n’est une seule tare aux yeux de tous, ne pas être un SUV. Ne rougissez pas, osez l’Active Tourer et vous pourrez même vous payer le luxe de gratter un X1 18i similairement motorisé à la sortie du péage. Un luxe qui a un prix, inférieur cependant à celui de ce même X1, ça laisse songeur.
Quelques chiffres
Dimensions : 4386x1824x1576
Poids à vide : 1470 kg
Volume coffre : 470 L
Volume réservoir : 55 L (grand réservoir)
Consommation mixte constatée (WLTP) : 6.4 L/100 kms
Rejet CO2 moyen annoncé pour notre configuration (WLTP) : à partir de 140 gCO2 / km
Moteur : 3 cylindres 1499 cc
Puissance max combinée : 136 ch entre 4400 et 6500 tr/min
Couple max : 230 Nm entre 1500 et 4000 tr/min
Vitesse max : 214 km/h
0 à 100 km/h : 9.0 sec
Crédits Photos : Maurice Cernay