Essai croisé : Peugeot Rifter / Citroën Berlingo. Tuto différenciation

Coucou les loulous, j’espère que vous allez bien, aujourd’hui on se retrouve pour un article un peu spécial puisqu’on va voir ensemble comment faire pour différencier deux voitures techniquement identiques. Mais avant n’oubliez pas de vous abonner, d’activer les notifications, de commenter, de partager l’article à tous vos amis et de mettre un petit pouce en l’air hihihihihi !

Bon on va tout de suite arrêter le ton blogueuse mode parce que ça va vous soûler aussi vite que moi. J’explique l’idée de l’article : avant, le seul moyen d’identifier un ludospace PSA était de loucher sur la calandre pour y déceler le logo. Sauf que Carlos Tavares est arrivé et a mis les choses au clair : à chaque marque sa stratégie, son marché et sa gamme bien à elle. Problème : comment faire lorsque les contraintes de coût sont plus que présentes et que les marges de manœuvre limitées ? J’ai voulu creuser l’affaire en me rendant aux présentations des nouveaux Citroën Berlingo et Peugeot Rifter.

Chapitre I : le discours marketing

Eh oui ! C’est peut-être même un des plus gros leviers de différenciation : comment la marque parle de son modèle. Même si cela ne changera absolument aucune caractéristique de la voiture, ça permet de la situer dans la gamme du constructeur et -surtout- par rapport à la concurrence.

Chez Citroën par exemple, on n’a qu’un mot à la bouche : famille. La marque n’hésite pas à écrire trois pages sur l’histoire de ses petits utilitaires, et ressuscite pour l’occasion la 2CV Fourgonnette, l’Acadiane…et même le C15 ! Avant d’enchaîner sur le premier Berlingo, dévoilé en 1996, le premier de ces engins utilitaires aménagés qu’on nommera ludospaces –contrairement aux idées reçues, le Kangoo n’arrivera qu’un an plus tard. Le gros avantage de cette nouvelle race d’autos tient en sept mots : beaucoup de place pour un tarif serré. Et ça marche : 2.9 millions de Berlingo ont été immatriculés dans le monde ! L’idée de la famille se retrouve un peu partout dans le dossier de presse, à commencer par le slogan publicitaire : « On n’a pas inventé la famille, mais la voiture qui va avec ». Un slogan qui, je trouve, sied parfaitement à l’esprit du Berlingo : une voiture sans agressivité, tourné vers ses occupants, soucieuse de leur bien-être. C’est également ultra raccord avec l’esprit des dernières créations de la marque, que ce soit la Cactus, la C3 ou encore le C5 Aircross ! Carton plein pour Citroën sur ce chapitre.

Ambiance radicalement différente chez Peugeot. Dès les premières lignes du dossier de presse, on nous promet que le Rifter « bouscule l’offre du segment » grâce à une « expérience de conduite intense » et un style « solide », « robuste » et « authentique » afin de pouvoir se tailler la part du lion dans la « jungle urbaine ». Un vocabulaire beaucoup plus offensif donc, et une réelle volonté de tourner la page du Partner puisque pas une seule fois n’apparaît son nom -pas plus que celui de ludospace. A la place, on préfère vanter les détails de style typés SUV (on y reviendra) ou la présence d’une version GT-Line dotée de fonds de compteur à damiers qui permettent à eux seuls de gagner 15 chevaux. Détail amusant : les aspects pratiques sont relégués à la toute fin du communiqué de presse, après les technologies embarquées ou l’offre de motorisations. Le message est clair : le Rifter, c’est d’abord et avant tout une Peugeot, parfaitement intégrée à la gamme actuelle. Tout ce qui définit une 308 ou une 508 est bien là, promis juré : un style dynamique, un intérieur raffiné et une conduite au top. Beaucoup de promesses ! Mais un discours complètement cohérent vu la stratégie de montée en gamme de la marque : il aurait été mal vu d’y insérer un véhicule volontairement dépouillé.

Deux positionnements totalement différents donc, mais totalement raccords avec la philosophie de chaque marque. Pour l’instant aucune faute, et il est temps d’arriver sur des « vrais » points de différenciation, à commencer par…

Chapitre II : le style extérieur

J’imagine bien la toute première réunion avec les équipes de style Peugeot & Citroën.

« Directeurs projet : – Bon les gars il va falloir nous faire deux voitures complètement différentes à partir d’une même base. Vous avez carte blanche tant que vous ne touchez à rien d’autre que le bouclier et les optiques avant.

Designers : – … »

 

Et pourtant… Et pourtant ils y sont arrivés, les bougres : mettez côte à côte un Peugeot Rifter et un Citroën Berlingo et je suis sûr que la majorité des gens verront deux voitures totalement différentes. Les spécificités de chaque marques sont bien présentes : au Berlingo le bandeau reliant les feux de jour aux chevrons, les phares à l’étage inférieur et les ponctuelles de couleur autour des antibrouillards et des Airbumps –ou du moins ce qu’il en reste. Le Rifter, lui, adopte un dessin plus agressif avec un bloc phares-calandre plus massif et des feux de jours rappelant avec un peu d’imagination ceux de la 508 en version miniature. Les protections de carrosserie sont bien plus présentes que sur le Citroën, histoire de rattacher le Rifter aux poules aux œufs d’or que sont les 3008 & 5008.

Mon préféré entre les deux ? J’avoue complètement craquer pour les dernières créations Citroën, surtout pour leur côté doux et dénué d’agressivité ; pour autant, à choisir, je préfère le Rifter. Je le trouve plus trapu, plus racé, plus valorisant, plus…réussi. Reste que trouver un ludospace valorisant, ça reste une sacrée avancée.

Chapitre III : l’habitacle

 Je ne m’attendais pas à trouver beaucoup de spécificités dans l’habitacle de ces deux autos ; après tout, une planche de bord n’a pas le pouvoir différenciant que peut avoir une calandre, par exemple. Tout faux ! BAM, deux tableaux de bord radicalement différents. Si le Citroën propose quelque chose de finalement assez classique, le Rifter en met plein les yeux en allant piquer aux 508, 308 et 3008 l’i-Cockpit. Les trois éléments sont bien là : l’écran central tactile, le combiné d’instrumentation en hauteur et surtout le petit volant ! Voilà quelque chose à laquelle je n’aurais pas pensé une seule seconde en songeant à un ludospace. Le Citroën, quant à lui, essaye de se différencier avec des tissus chatoyants, d’autant plus si vous optez pour le pack XTR : à vous les bandeaux oranges sur les sièges, sans compter cette incroyable coiffe de tableau de bord kaki. C’est peut-être très bizarre en photo mais juste génial en vrai. Bravo d’avoir osé !

Sinon, les deux se rejoignent sur un point : les aspects pratiques. Ça commence par un choix de deux tailles de carrosseries : une M de 4.40 m et une XL de 4.75 m. Si les deux proposent en option sept sièges d’office, la version XL sera logiquement plus logeable : en configuration cinq places, le coffre propose 775 litres en version M et 1 050 litres en XL ! D’autant plus que les formes cubiques permettent un remplissage optimal. Seconde bonne nouvelle : les trois sièges indépendants du rang 2 sont rabattables et forment un plancher plat, tandis que le siège passager peut faire de même, portant la longueur totale de chargement à 2.70 m en version M et même 3.05 m en XL…

Les rangements ne sont pas oubliés, puisqu’il y en a 28 disséminés dans tout l’habitacle : de quoi caser 186 litres de bonbons, doudous, lingettes et gâteaux. L’implantation de l’airbag passager dans le pavillon (comme dans la C4 Cactus) permet de caser deux boîtes à gants réfrigérées. Seul regret : quel dommage de ne pas avoir mis de revêtement antidérapants dans les vide-poches… Tout valdingue au premier virage !

Chapitre IV : la conduite

Voilà une partie pour laquelle Berlingo & Rifter promettent beaucoup. Pourquoi ? Parce que la génération précédente incarnait à merveille l’expression « véhicule utilitaire aménagé ». La position de conduite digne d’un camion et la direction oscillant entre « beaucoup trop collante » et « beaucoup trop floue » n’aidaient certainement pas à se sentir à bord d’une vraie voiture. Pour tourner la page, le Peugeot et le Citroën adoptent l’excellente plate-forme EMP2 dont la qualité n’est plus à démontrer et font le plein côté technologies embarquées. Notons un régulateur adaptatif capable de gérer les embouteillages, un accès et démarrage mains-libre, une reconnaissance des panneaux de signalisation ou encore le freinage automatique d’urgence. Avec en cerise sur le gâteau du Rifter, le fameux i-Cockpit décrit plus haut qui intrigue quant aux qualités dynamiques de l’auto.

Mission réussie ? Oh que oui. Conduire un Berlingo ou un Rifter n’a rien d’une punition : on est bien au volant d’une vraie voiture. La position de conduite est tout à fait acceptable, la très douce direction offre un ressenti naturel, rien ne choque véritablement ni ne trahit leurs origines roturières –si ce n’est le siège passager manquant de longueur d’assise dû à sa nature amovible. Il faut également relever un confort absolument remarquable. Sur ce point, le Berlingo et le Rifter se tiennent dans un mouchoir de poche, avec peut-être un léger avantage pour le Citroën ; le Peugeot se rattrape avec un maintien de caisse bien plus rigoureux, évitant à la voiture de s’effondrer au moindre virage – le Berlingo ne peut pas en dire autant. En parlant de virages, les rayons de braquage sont assez impressionnants : les voitures tournent dans un mouchoir de poche ! Il faut aussi relever un confort auditif de très bon niveau, avec une bonne insonorisation et une sono très correcte –et vous savez à quel point une bonne sono est importante à mes yeux.

Côté moteurs, l’offre est identique sur les deux voitures : en diesel, des BlueHDi de 75, 100 et 130 ch ; en essence, le PureTech 110 BVM, en attendant la déclinaison 130 EAT8 l’année prochaine (vous pouvez en attendant retrouver l’essai de ce bloc sur la 308 SW essayée par Gab’). J’ai essayé les mêmes blocs sur le Rifter et le Berlingo : le BlueHDi 130 EAT8 et le PureTech 110 BVM6. Mes ressentis sont les mêmes : pour le diesel, un bloc tout à fait honnête avec une BVA quasiment parfaite, mis à part quelques à-coups aux redémarrages ; un point déjà relevé sur la 308 GT225. Le bloc essence, lui, est d’une douceur sans nom et ajoute encore une touche au confort général. Il faudra juste penser à ne pas avoir de trop petits bras, puisque les débattements de la boîte sont assez longs… Un très rapide tour dans un Rifter BlueHDi 75 m’apprendra que le bloc n’est pas déshonorant, mais que la BVM5 souffre de verrouillages terriblement durs.

Chapitre V : la tarification

On l’a vu : jusqu’à présent, le Berlingo incarne à merveille les valeurs de Citroën, à savoir une voiture populaire, accessible et simple ; le Rifter, quant à lui, surfe sur la vague du « haut de gamme généraliste » cher à la marque depuis quelques années. Est-ce que la grille tarifaire va suivre les mêmes trajectoires ? Oui ! Le Berlingo est en effet bien plus agressif à ce niveau-là…grâce à une petite astuce. Le prix de base de 21 850 € est en effet obtenu avec le diesel de 75 ch qui ne figure pas sur la grille tarifaire du Rifter… Il faut partir sur le PureTech 110 pour obtenir une base égale : 21 950 € pour un Berlingo Live contre 23 150 € pour un Rifter Active, ça fait quand même un p’tit écart.

D’autant plus que la dotation de série est sensiblement identique, avec de série les deux portes coulissantes à l’arrière, la climatisation, le régulateur de vitesse, le freinage automatique d’urgence et l’autoradio Bluetooth. Le reste de la gamme (Allure et GT Line chez Peugeot, Feel et Shine chez Citroën) est moins comparable car des équipements proposés chez l’un ne le sont pas forcément chez l’autre… Toujours est-il que le Berlingo est toujours à l’avantage en prix facial. N’empêche qu’en version haut de gamme -et sans compter les 1 000 € supplémentaires pour la version XL-, on dépasse avec les deux les 30 000 €…pour un ludospace diesel de 130 ch, rappelons-nous. Ça commence à faire.

Chapitre VI : la conclusion

Prenez une base technique réussie, ajoutez une face avant et quelques gimmicks de style rappelant la gamme actuelle, incorporez une épaisse couche de discours marketing et assaisonnez le tout d’une grille tarifaire en raccord avec la philosophie de votre marque. Passez le tout au shaker, servez dans une piscine de glaçons et vous tenez votre ludospace flambant neuf, prêt à en découdre !

Plus sérieusement, le Peugeot Rifter et le Citroën Berlingo sont deux belles preuves qu’on peut réussir à créer des produits avec de réelles différences malgré un pedigree identique. Mais quand vient l’heure du choix, la question se pose : que recherchez-vous ? Si le rapport qualité/prix est une priorité pour vous, le Berlingo, plus accessible à tous points de vue, saura vous combler –sans parler de l’Opel Combo, le troisième larron de la famille que je n’ai pas évoqué une seule fois tout au long de l’article mais qui promet d’être encore meilleur marché. Si en revanche vous souhaitez vous faire un peu plaisir, le Rifter est pour vous ! Toujours est-il que, quel que soit votre choix, vous aurez hésité entre deux voitures du Groupe PSA ; c’est sans doute la seule chose qui importe à Carlos T.

Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux

Merci à Peugeot & Citroën pour les invitations.

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