Essai Peugeot 308 SW 1.2 Puretech 130 EAT8 : anonymement parfaite

Oh, une 308 grise !

Attention à ne pas se tromper dans le titre : anonymement parfaite, ce n’est pas du tout comme parfaitement anonyme. Le fait est que la nouvelle version de la 308 est terriblement efficace, dans son genre.

La « nouvelle » 308, nouvelle depuis son restylage, vous a déjà été présentée sur le blog dans la combinaison Puretech 225 ch EAT8 par mon collègue l’excellentissime JB, ce même JB qui, en plus, c’était tapé une partie de la gamme au moment de ce restylage, justement.

Vous devez vous dire, c’est bon, la 308, on connaît, montre nous des voitures plus sympa, Gab’. Et vous n’aurez pas tort. Sauf qu’entre temps, le catalogue a vu l’entrée d’une combinaison intéressante : la boîte EAT8, dont Peugeot nous avait dit au départ qu’elle ne serait accolée qu’aux « gros » moteurs, avec le « petit » Puretech 1.2 dont le trois cylindres développe ici 130 chevaux. Bref, en ces temps de perte de parts de marché du Diesel, voilà une combinaison intéressante.

Car depuis des années que je reprochais aux constructeurs français de ne pas avoir de boîte de vitesses automatique pouvant rivaliser, en performances comme en agrément, avec les meilleures productions allemandes, voici le moment de dire que ce temps-là est révolu.

La discrète

Vendue à près de 800 000 unités lors de ses quatre premières années de commercialisation, la 308 fait partie du paysage et ses codes stylistiques sont un peu éclipsés par l’audace du 3008. Bref, en gris et dans cette déclinaison SW, voici une auto parfaitement anonyme. Encore que : grâce à l’action de notre gouvernement qui nous veut toujours plus de bien, ce ne sera peut-être plus si anonyme que cela, une 308 ; notamment celles qui font office de voitures radar privées et qui officient en Normandie, et que l’on verra, espérons-le, bientôt recouvertes de tags genre « collabo, facho, traître, ta mère elle suce des ours » et autres joyeusetés qui nous permettrons de les distinguer dans le trafic, et de conduire en regardant la route au lieu de chercher à repérer les pièges du Trésor Public.

En attendant, nous voici donc avec une 308 SW Phase II. Grise. Pas de quoi se relever la nuit avec le palpitant en zone rouge, je vous l’accorde. Il n’empêche : le style ne fait pas daté et les évolutions, pour subtiles qu’elles soient (nouvelle face avant, capot plus plat, calandre plus verticale, des entrées d’air plus larges, et attention au détail qui tue, une trappe à carburant qui n’est plus ronde mais rectangulaire) sont élégantes. C’est mieux aussi à l’intérieur, avec outre un nouvel écran de GPS, des assistances qui n’étaient pas là auparavant : système de maintien de ligne actif, assistance au créneau, régulateur de vitesse adaptatif et système de freinage d’urgence). Bref, elle est moderne, cette 308.

En route

A l’intérieur, on retrouve le nouveau levier de vitesse, qui offre une parfaite préhension. Autre nouveauté : la touche qui permet de basculer sur un mode de conduite « éco » ou « sport ». Quoi, une touche « sport » dans un break 1.2 ? Ben oui…

Touches “éco” ou “sport”, au choix…

Les premiers kilomètres, après avoir quitté le parc presse Peugeot, se font sur des autoroutes urbaines et un périphérique moyennement encombré. Oui, c’est un miracle, mais c’était aussi les vacances. A part un très léger petit râle du trois cylindres, lors de la première accélération à froid, la 308 SW se distingue déjà par un excellent silence de fonctionnement et une boîte qui fait très bien le job, puisque les rapports s’enchaînent de manière quasiment imperceptible et que le fait d’avoir un « petit » moteur n’est nullement sensible dans ces conditions.

J’ai apprécié aussi le confort des sièges, l’espace à bord, et l’ergonomie d’ensemble. Si j’ai pesté au début contre le petit volant, j’ai fini par m’y faire et ajuster ma position de conduite idéale (qui me prive cependant de la lecture du bas du tableau de bord).

Bel espace à l’arrière

On rappellera que le Puretech fait ici 130 ch à 5500 tr/mn et 230 Nm à 1750 tr/mn, et que les performances sont très correctes pour un moteur de cette cylindrée, avec le 0 à 100 donné pour 10,2 secondes (0,4 de plus qu’avec la berline équivalente), le 1000 DA en 31,2 secondes et 203 km/h chrono en vitesse de pointe, le tout pour une consommation officielle mixte allant de 5,2 à 5,4 l/100 selon la configuration de jantes…

Au-delà des chiffres, il y a les impressions. Et là, j’ai beau mobiliser mon esprit le plus critique, je n’ai rien à reprocher à cette EAT8. Au contraire, que du bon : les vitesses passent en douceur et en rapidité (le seul moment d’hésitation, en pinaillant un peu, c’est vers 35 km/h en seconde sur le périphérique, quand elle ne sait pas trop si elle doit passer la trois ou remettre un peu de patinage, et cela provoque un micro à-coup), sinon, elle fait toujours travailler le moteur dans la plage de couple et du coup cette 308 SW se révèle parfaitement en phase avec le trafic actuel, voire même assez vive.

Une belle allonge

Par contre, l’EAT8 n’est pas Eddy-Friendly. Eddy ? Oui, Edouard P., notre sauveur qui va nous faire rouler à 80 km/h pour le bien-être et la sauvegarde de la Voie Lactée. En effet, si vous ne faites que de la départementale, achetez une vieille EAT6, ça sera bien assez. Car, et je vous le fait à la louche, sur du plat et dans le cadre d’une conduite apaisée, le 7ème rapport de l’EAT8 passe vers 95 km/h et le 8ème vers 110 km/h, tandis qu’à la décélération, la boîte conserve la 8ème jusque 90 et la 7ème jusque 80 (et au passage, bravo encore à sa réactivité en mode tout auto, un peu moins avec les palettes d’ailleurs). Ces données sont un peu plus basses en mode « éco », mode qui n’a de sens qu’en cas de conduite méga super zen dans un environnement assez bouché, car les relances sont impactées par le fait que la boîte fait fonctionner le moteur en dessous de sa courbe de couple et que c’est là que la « petite » cylindrée de la 308 se ressent alors. Par contre, il y a une fonction « coasting » qui est appréciable.

Mode Sport inside. Sur un break 1.2…

En mode « sport », le tableau de bord s’illumine entièrement de rouge et l’accélérateur a une réponse plus vive. Par contre, la sonorité est méga fake (on a l’impression qu’une Suzuki Hayabusa vient de vous percuter dans le coffre) et on s’en lasse assez vite. Non, ce que j’ai aimé dans cette combinaison 1.2 Puretech 130 & EAT8, c’est la réponse du moteur en toutes circonstances, sa souplesse au quotidien, sa réactivité en cas de dépassement. Bref, on oublie qu’on est dans une auto de 1.2 ! Et le tout avec une consommation réelle de 7,8 l/100.

Quant au prix, il est hélas à la hauteur des prestations : si un 308 SW en finition Allure de milieu de gamme (mon modèle d’essai) commence à 26 400 € en Puretech 110 BVM6, il faut compter 27 450 € pour le même en 130 chevaux. Et un supplément de 1800 € pour l’EAT8….

Pas donné, certes, pour une auto anonymement parfaite, mais pas parfaitement anonyme.

Crédit photos : Gabriel Lecouvreur

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