Essai Nissan GT-R : Godzilla est toujours en forme

Essai Nissan R35 GT-R 570 ch (2017/2018) - PhotosLa Nissan GT-R a su s’imposer depuis de très nombreuses années mais, et malgré l’absence d’information officielle, devrait tirer sa révérence très prochainement. Afin de ne surtout pas louper sa retraite et célébrer ses 10 ans en concession cette année, il nous fallait absolument la prendre en main rien que pour vous. C’est lors de mon sublime road trip en Italie que la bonne nouvelle est tombée : je vais donc bien poser mes fesses dans la japonaise dans les prochaines semaines. Dès ce jour, je n’ai eu de cesse d’y penser ; me demandant si j’allais savoir emmener ce genre d’engin sur nos routes sinueuses le temps d’un weekend. La réponse tout de suite !

La découverte…

La prise en main se fait au sein même de Nissan France dans les Yvelines sous un joli soleil qui, par chance, m’accompagnera tout au long du week-end. Après un rapide tour de présentation, le moment est venu d’enfoncer pour la première fois mon pied droit sur l’accélérateur, en douceur. Pendant plusieurs kilomètres je prends tranquillement le temps de découvrir la voiture. Les boutons, le dosage des pédales d’accélérateur et de frein, ma vision panoramique, le feeling dans le volant : je passe tout au crible. J’ai même pris le temps de m’arrêter devant le premier dos d’âne sur mon chemin pour bien me familiariser avec sa garde au sol. Épreuve accomplie avec succès, me voilà rassuré et de plus en plus en confiance. Pile au bon instant, la première ligne droite en sortie de rond-point s’offre à moi. Je ralentis, me place sur la file de gauche, les roues bien droites, et j’enfonce fermement la pédale. BOUM ! Me voilà écrasé dans mon siège et catapulté à une vitesse stratosphérique que je n’ai même pas le temps de déterminer. L’autre voiture qui s’est engagée en même temps n’a pas dû comprendre ce qu’il venait de se passer, moi non plus d’ailleurs. Est-ce un vaisseau spatial ? Non non, c’est bien une Nissan GT-R. Suis-je en train de rêver ? Non non, toujours pas, je suis bien agrippé au volant de cette fusée japonaise.

Nous sommes vendredi, fin de journée, les franciliens partent en week-end ou en vacances et les routes sont bien chargées. Mon week-end sera en plus bien rempli et il n’est alors pas encore question de vider un plein dès maintenant. J’en profite pour remarquer que la GT-R est une véritable GT, à l’aise dans les bouchons et au milieu de la circulation. Même si il est impossible de passer inaperçu pour se sentir comme tout le monde on profite d’un réglage confort qui permet aux suspensions de ne pas être trop tape-cul, à la boîte d’être très douce, et au niveau sonore de se faire discret. J’ai d’ailleurs fortement apprécié le mode « Save », dont je déplorais l’absence dans une certaine Infiniti Q60. Ce mode permet de rendre un peu plus amorphe le monstre et de nous économiser quelques litres de carburant. Tout ça me permet de rentrer à la maison sans encombre afin de passer une bonne nuit…

On tape dans les tours…

C’est le lendemain, après m’être évadé de la jungle urbaine pour atterrir en campagne que j’ai enfin pu lâcher la cavalerie. Et bon dieu ce qu’elle est en forme, cette cavalerie ! Avec 570 chevaux sous le capot : accélérations, reprises, dépassements, tout ça ne devient que formalité. A chaque petite pression de l’accélérateur c’est un tout autre monde qui s’offre à moi.

Essai Nissan GT-R R35 570 ch (2017/2018) - PhotosAlors qu’elle avait fait preuve de sagesse jusque-là, m’amenant de mon point A à mon point B presque comme une voiture normale, dès lors que l’on passe tous les modes en Race, on fait face à un tout nouveau caractère, bien plus difficile à dompter. Tout va aller encore plus vite : la zone rouge est atteinte en un clin d’œil, le passage de rapport est fulgurant et non sans un sympathique coup de pied au cul, tandis qu’elle bondit littéralement de virage en virage. Et pour être bien emmenée, je m’aperçois qu’elle demande une véritable implication de ma part, la conduite se veut en effet musclée. Mais une fois parfaitement concentré, je ne sais pas par quel tour de magie elle se connecte à notre cerveau pour se placer là où on veut, avec tellement de panache, de la même manière que l’on peut diriger nos pieds lors d’un sprint par exemple. C’est bluffant.

A un rythme soutenu, on attrape les cordes avec tellement de facilité qu’on ne peut s’empêcher d’augmenter encore et toujours la cadence. Avec des relances entre chaque courbe toujours aussi ahurissantes. Quand en 2ème on rechigne à passer le rapport supérieur pensant perdre un peu de puissance, paf ça repart (!), quand arrivé à 5000 tr/min on pense qu’elle va s’étouffer, paf ça repart (!), elle a du souffle à n’en plus finir. On a d’ailleurs pas du tout envie que ça s’arrête. Et vous savez quoi ? Elle vous autorisera sans soucis à ne pas arrêter. Avec même pas 20 secondes pour atteindre 250 km/h le compteur de vitesse peut vite s’affoler (jusqu’à 315 km/h de vitesse de pointe). Mais ici, dans ma campagne du jour, où plus aucun animal ne se risque à traverser, une nouvelle épingle apparaît et il faut brutalement taper dans les freins. Le poids de la bête se fait ici ressentir, plus de 1800 kg sur la balance. Quand une 488 GTB ou une Huracán en revendiquent au minimum 300 kg de moins, ça fait mal. Mais une fois assimilé, les disques associés aux étriers Brembo font le job, et on s’inscrit précisément en courbe avant de repartir tout aussi rapidement, non sans une petite glisse du train arrière. Elle nous offre tous les ingrédients rêvés pour s’amuser !

Le tour du propriétaire…

Après tant d’émotion, la machine réclame une pause (où serait-ce plutôt moi qui en a besoin ?). J’en profite alors pour parler un peu du style. Et à ce sujet, je suis bien content de mettre la main sur le dernier millésime. En effet, après autant d’années sur le marché et la centaine d’exemplaires croisés ici et là j’avais fini par me lasser et j’arrivais même à franchement trouver moche l’intégration des feux de jour. Mais là, avec cette toute nouvelle bouche encore plus béante, le bouclier – superbement – redessiné et les nouvelles lames proéminentes à l’avant comme à l’arrière s’inspirant de la Nismo, elle s’offre une sacrée cure de jouvence, le tout avec un grain de sportivité encore plus marqué. Et puis, à la différence des dizaines de GT-R blanches ou noires que l’on a souvent l’habitude de voir, cette Orange Mécanique est une pure tuerie.

En tous cas, force est de constater qu’elle fait toujours son petit effet au près d’une très large population. Jeune, moins jeunes, hommes, femmes : tous se retournent sur son passage et nombreux sont ceux qui discrètement, sortent leur smartphone pour immortaliser le moment. Petit clin d’œil justement au conducteur d’une 911 qui m’a réellement fait prendre conscience de l’auto que j’avais entre les mains, en prenant lui-même une photo. Et je ne compte même plus le nombre de sourires, de pouces en l’air ou de discussions spontanées, franchement ça fait plaisir. Puis de mon côté, c’est simple, j’en suis de nouveau tombé amoureux. Comme quoi, ça tient à peu de choses…

J’en profite aussi pour découvrir un peu plus en détail ce tout nouvel habitacle. Là c’est un peu moins le coup de foudre. J’avais été très agréablement surpris avec les photos il y a de ça plusieurs mois, mais en vrai la magie n’opère pas pleinement. Ça manque peut-être ici d’un peu de couleur (disponible au catalogue), ou de quelques matériaux un peu plus nobles, je ne sais pas vraiment, mais il manque un petit quelque chose ! Bon, l’énorme compte-tour central, la présence de carbone un peu partout et les sièges confortables et bien enveloppants font qu’on s’y sent quand même très bien à bord. Et en plus, on peut même emmener de petites passagères ou des enfants à l’arrière, de quoi ne laisser personne sur le palier. Sans oublier le coffre qui offre tout de même 315 litres de chargement, pas mal !

Bref… Ce petit bouton Start posé là au milieu de la console centrale me titille un peu. Je sens qu’il est temps de sortir à nouveau Godzilla de sa sieste.

Et si on retapait dans les tours…

Pour ce second round, je me décide à être le maître des rapports (qui sont au nombre de 6, oui, seulement). La plupart du temps les boîtes auto sont tellement bien calibrées et nous privent facilement des montées en régime qu’il est presque inutile d’utiliser les palettes. Or ici, en passant en manuel, j’ai eu l’impression d’avoir à faire à une toute autre voiture. On retrouve à ce moment-là comme un soupçon d’authenticité (je sens les puristes de la boîte manu se crisper 😛 ). Je m’explique. On titille la zone rouge à plus de 7000 tr/min, les coups de pieds au derrière se font plus puissants, on gère totalement la montée ou la descente des rapports dans un vacarme assourdissant, angoissant parfois quelques automobilistes, et le monstre qui sommeille en elle se veut encore plus caractériel. Avec tout ça, je me suis presque senti comme dans la peau d’un pilote des 24 Heures du Mans, on capte les mêmes sons que l’on peut entendre lors de l’entrée d’une LMP1 dans la pitlane. Ça grince, ça cogne, ça siffle, ça grogne, ça vie quoi !

Malgré une décennie d’existence, cette R35 n’a presque pas à rougir face à ses concurrentes. Là où elle perdra peut-être en performance pure cette supercar rustique le gagne en authenticité offrant une formidable expérience à son conducteur. Mais quoi qu’il en soit, quand je parle de performance pure je l’entends avec un pilote professionnel aux commandes. Lorsqu’un pilote du dimanche comme moi est derrière le volant, tout parait extraordinaire. Elle vire à plat, la direction est ultra-précise, les 570 ch et 637 Nm de couple déboulent de façon phénoménale, à n’importe quel moment, et la glisse sera même contrôlée jusqu’à une trentaine de degrés avant de vous remettre sur des rails. Alors franchement, je ne vois vraiment pas ce que j’aurais pu demander de plus.

D’ailleurs, quand il s’agit de quitter ce terrain de jeu, la GT-R ne vous laissera pas non plus tomber. Au quotidien elle se veut assez docile avec une maniabilité satisfaisante et une bonne gestion de la boîte dans toutes les situations. Le réglage de suspension permet de ne pas avoir l’impression d’être assis sur un bout de bois et le bon travail d’insonorisation aidera vos longs trajets à ne pas se transformer en calvaire. En plus, on peut même arriver à stabiliser la consommation à légèrement moins de 10l aux 100 km. Pas pour faire des économies hein, juste pour retarder l’énième passage à la pompe de la journée 😀 .

Alors, faut-il l’acheter ?

Si vous avez en poche quelques 99 911 € (notez le clin d’œil) ou 104 900 € pour cette Gentleman Édition (+ 2000 € de peinture) et êtes prêt à supporter des 0 à 100 km/h en à peine 3 secondes*, alors je crois bien que oui, vous devez l’acheter.

La GT-R n’est peut-être pas la supercar actuelle la plus aboutie ou la plus rapide ni même la plus exclusive, mais la banane que l’on a chaque accélération et la stupéfaction qu’elle provoque dans chaque virage font que le poids des années n’a absolument aucune emprise sur elle et qu’il est quasi impossible de ne pas être satisfait chaque fois que vous partirez pour une petite virée.

J’espère sincèrement avoir réussi à vous retranscrire les sensations et émotions que l’on ressent, sans simplement faire un banal état des lieux de ses capacités. Et afin de prolonger encore un peu le plaisir je vous laisse terminer avec toutes les images de l’essai dont beaucoup d’inédites !

Je remercie grandement Nissan France ainsi que Alain et ses équipes pour ce prêt exceptionnel et leur confiance.

Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)

* Ceci n’est pas une tentative supplémentaire pour vous convaincre.

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